AWACS : les yeux de l'OTAN dans le ciel

  • Mis à jour le: 14 Nov. 2023 16:13

L’OTAN exploite une flotte de Boeing E-3A dotés d’un système aéroporté de détection et de contrôle (AWACS), reconnaissables à leur rotodôme monté sur le fuselage, qui permet à l’Alliance d'assurer la surveillance aérienne, le commandement et le contrôle, la gestion de l’espace de bataille et les communications. La base aérienne de l’OTAN de Geilenkirchen (Allemagne) abrite 14 avions AWACS.

 

  • L’OTAN exploite une flotte de Boeing E-3A dotés d’un système aéroporté de détection et de contrôle et équipés de capteurs passifs et d’un radar à longue portée capables de détecter des contacts aériens et au sol à de grandes distances.
  • La Force aéroportée de détection lointaine et de contrôle de l’OTAN (Force NAEW&C) est l’un des rares moyens militaires appartenant effectivement à l’OTAN et exploités par elle (la grande majorité des moyens militaires déployés sous la bannière de l’OTAN sont des capacités nationales appartenant aux différents pays membres).
  • Cette flotte exécute un large éventail de missions, qui vont de la police du ciel en temps de paix, du soutien aux activités de lutte contre le terrorisme, d’opérations d’évacuation, d’embargo, d’entrée en premier et de réponse aux crises à toute la gamme des missions du temps de guerre.
  • Dans des conditions normales, un appareil vole pendant environ 8 heures 30 à une altitude de 30 000 pieds (9 150 mètres) et assure la surveillance d'une zone de plus de 310 000 km². Un appareil est capable d’effectuer de plus longues opérations aériennes grâce à sa capacité de ravitaillement en vol.
  • La flotte est actuellement engagée dans les mesures d’assurance qui ont suivi l’annexion illégale et illégitime de la Crimée par la Russie en 2014, et dans les mesures d’assurance adaptées pour la Turquie. De plus, suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, la flotte surveille l’espace aérien de l’OTAN afin de donner des assurances aux Alliés et de les protéger.
  • Les AWACS de l’OTAN remplissent également une fonction de surveillance et de connaissance de la situation au service de la coalition mondiale contre l’EIIL, rendant par là même l’espace aérien plus sûr.
  • Les avions de surveillance AWACS ont joué un rôle important dans diverses opérations de l’Alliance, comme aux États-Unis après le 11-Septembre, en Libye et en Afghanistan. Ils fournissent également un soutien en matière de surveillance aérienne afin de sécuriser l’espace aérien au-dessus des sommets de l’OTAN ou d’autres événements internationaux organisés à l’échelle de l’Alliance.

 

Rôle et responsabilités
Contributions opérationnelles
Structure
Historique
Transformation et évolution
L'avenir

 

Rôle et responsabilités

L’E-3A de l’OTAN (ou AWACS) est un Boeing 707 modifié qui est équipé de capteurs passifs et d’un radar à longue portée capables de détecter des contacts aériens et au sol à de grandes distances. Les informations collectées par les AWACS peuvent être transmises directement de l’avion aux autres utilisateurs, qu’ils se trouvent à terre, en mer ou dans les airs, en temps quasi réel.

La Force aéroportée de détection lointaine et de contrôle de l’OTAN (Force NAEW&C) – le plus important projet en collaboration de l’Alliance – témoigne de ce que des pays membres de l’OTAN peuvent réaliser en mutualisant leurs ressources et en travaillant ensemble dans un cadre réellement multinational.

La Force NAEW&C mène un large éventail de missions, qu’il s’agisse de police du ciel, de soutien aux activités de lutte contre le terrorisme, de gestion des conséquences, d’opérations d’évacuation des non-combattants, d’embargo, d’entrée en premier, d’opérations de réponse aux crises ou d’opérations de démonstration de force.

L’E-3A peut assurer la détection, l’identification, la poursuite radar et le signalement des aéronefs potentiellement hostiles opérant à basse altitude et assurer le contrôle pour les avions de chasse alliés. Simultanément, des systèmes peuvent identifier et suivre des contacts maritimes, et contribuer à assurer la coordination des forces de surface de l’Alliance.

Dans des conditions normales, un avion AWACS peut voler à une distance maximale de 9 250 km ou pendant environ huit heures trente (et davantage avec un ravitaillement en vol), à une altitude de 30 000 pieds (9 150 mètres).

Les capteurs actifs de surveillance sont logés dans le rotodôme, qui rend les AWACS si reconnaissables. Cette structure effectue une rotation complète toutes les dix secondes, ce qui confère à ces AWACS une couverture radar à 360 degrés leur permettant de détecter des aéronefs distants de plus de 215 milles marins (400 km).

Un avion volant à une altitude de 30 000 pieds peut assurer la surveillance d’une zone de plus de 300 000 km² (ou environ la superficie de la Pologne), et trois avions dont les orbites coordonnées se chevauchent peuvent couvrir l’Europe centrale dans son intégralité.

L’appareil fait 46,6 mètres de long, 4,5 mètres de large, a une envergue de 44,43 m et est alimenté par quatre turboréacteurs TF-33-PW110A. Le rotodôme a un diamètre de 9,1 mètres. L’appareil est exploité par un équipage de trois personnes et une équipe de mission de douze personnes, qui peuvent être adaptés à la mission assignée.

En 2019, le cockpit a été modernisé et doté d’un cockpit tout écran destiné à répondre aux exigences européennes en matière de gestion de la circulation aérienne. L’E-3A de l’OTAN fait actuellement l’objet d’un important effort de modernisation de son système audio, baptisé le dernier programme de prolongation de la durée de vie, qui garantira la viabilité opérationnelle de l’appareil jusqu’en 2035.

 

Contributions opérationnelles

Ces dernières années, la Force a été déployée pour des missions tactiques de plus en plus complexes et exigeantes, notamment :

  • soutien des opérations maritimes ;
  • appui aérien rapproché ;
  • gestion de l’espace aérien ;
  • recherche et sauvetage au combat (RESCO) ;
  • secours en cas de catastrophe ;
  • lutte contre la piraterie.

Un outil déterminant pour la gestion de crise

Depuis 1982, année qui a marqué le début de ses opérations, la Force NAEW&C n’a cessé de démontrer qu’elle constitue un outil précieux pour la gestion de crise et les opérations de soutien de la paix.

À la suite de l’invasion du Koweït par l’Iraq en 1990, des avions de la composante E-3A de l’OTAN (rattachés à la base aérienne de l’OTAN de Geilenkirchen) ont été déployés dans l’est de la Turquie afin de contribuer au renforcement du flanc sud de l’Alliance pendant la guerre. Le but de l’opération Anchor Guard était, entre autres, d’assurer la surveillance du trafic aérien et maritime en Méditerranée orientale et la surveillance aérienne le long de la frontière entre l’Iraq et la Turquie. Cette mission a été menée d’août 1990 à mars 1991.

Pendant la majeure partie des années 1990, les flottes AEW&C de l’OTAN et du Royaume‑Uni ont effectué de très nombreux vols dans les Balkans, dans le cadre des opérations Deliberate Force et Allied Force, pour appuyer la mise en œuvre des résolutions des Nations Unies ainsi que les missions menées par l’Alliance en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo. Des AWACS de l’armée de l’air française et de l’armée de l’air des États-Unis ont également contribué à réaliser les objectifs assignés dans le cadre de ces missions.

Entre 2007 et 2016, la Force NAEW&C a apporté un soutien précieux aux activités de lutte contre le terrorisme en Méditerranée, dans le cadre de l’opération Active Endeavour.

Pendant l’opération Unified Protector en 2011, la Force NAEW&C a également eu une fonction cruciale : assurer le commandement et le contrôle de tous les moyens aériens de l’Alliance en opération au-dessus de la Libye. Sa mission consistait, entre autres, à donner des ordres tactiques en temps réel et à attribuer des tâches aux avions de combat, aux avions de surveillance et de reconnaissance, aux avions de ravitaillement en vol ou aux drones (UAV) de l’OTAN. Les AWACS ont également apporté un soutien aux navires et aux sous‑marins alliés chargés de faire respecter l’embargo maritime sur les armes décrété à l’encontre de la Libye, en offrant une capacité de surveillance maritime aérienne.

De 2011 à 2014, des appareils de la base aérienne de l’OTAN à Geilenkirchen ont été déployés en Afghanistan pour apporter un soutien à la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en assurant la surveillance aérienne dans le cadre de l’opération Afghan Assist. En Afghanistan, les AWACS ont mené des activités de surveillance aérienne et de gestion tactique des combats, comme des missions d’appui et de contrôle d’avions amis participant à des missions d’appui aérien rapproché, d’interdiction aérienne du champ de bataille, de recherche et de sauvetage au combat, de reconnaissance et de transport aérien tactique.

Le 25 septembre 2014, le dernier AWACS de l’OTAN est rentré à sa base de Geilenkirchen à l’issue de sa mission à Mazar-i-Sharif, en Afghanistan. L’OTAN avait décidé que les AWACS ne seraient pas nécessaires pour l’exécution de Resolute Support, une mission qui avait débuté le 1er janvier 2015 et qui visait à prodiguer formation, conseil et assistance aux forces afghanes.

Assurances à l'intention des Alliés

Début 2001, la Force a également soutenu le déploiement défensif de l’OTAN dans le sud-est de la Turquie au cours de l’opération Display Deterrence.

Au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis, des AWACS ont été déployés au-dessus du territoire américain, dans le cadre de l’opération Eagle Assist, afin de contribuer à la défense de l’Amérique du Nord contre toute nouvelle attaque. Cette opération a fait date dans l’histoire de l’Alliance car elle marquait le premier déploiement de moyens de l’OTAN en soutien de la défense de l’un des États membres.

Le 1er décembre 2015, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN ont pris des mesures devant permettre à l’Alliance de continuer à s’adapter aux défis de sécurité émanant du sud, et ils se sont accordés sur des mesures d’assurance spécifiques pour la Turquie afin de contribuer à la désescalade dans la région. Ce soutien comprend des vols de surveillance par des AWACS, un renforcement de la présence navale dans le secteur oriental de la Méditerranée, des escales des groupes de forces navales permanentes, la participation à des exercices, le renforcement des missions de la police du ciel, et des vols d'avions de patrouille maritime.

Les AWACS de l’OTAN effectuent des vols à l’appui des mesures d’assurance de l’Alliance depuis 2014. Ces mesures se traduisent par une série d’activités terrestres, maritimes et aériennes à l’intérieur, au-dessus et autour du territoire des pays membres de l’OTAN en Europe centrale et orientale, visant à rassurer les populations de ces pays et à décourager une agression potentielle. Elles ont été prises en réponse aux actions agressives de la Russie à l’est des frontières de l’OTAN, notamment à l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.

Coalition mondiale contre l'EIIL

Le 11 février 2016, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont approuvé, dans son principe, l’utilisation d’avions AWACS de l’OTAN pour suppléer aux capacités AWACS nationales, à l’appui de la coalition internationale contre l’EIIL. Cette décision faisait suite à une demande des États-Unis.

En juillet 2016, les Alliés ont donné leur accord de principe pour renforcer la contribution de l’Alliance à l’action de la coalition mondiale contre l’EIIL par un soutien direct des AWACS de l’OTAN, afin que la coalition ait une meilleure connaissance de la situation.

Le premier vol d’un AWACS de l’OTAN à l’appui de la coalition contre l’EIIL a eu lieu le 20 octobre 2016. Opérant depuis la base aérienne de Konya, en Turquie, les appareils contribuent à l’établissement de la situation aérienne générale de la coalition en remplissant une fonction de surveillance et de connaissance de la situation, rendant par là même l’espace aérien plus sûr.

Les AWACS de l’OTAN n’assurent pas la coordination de frappes aériennes de la coalition, pas plus qu’ils ne remplissent de fonctions de commandement et de contrôle pour les avions de combat. Ils évoluent uniquement dans l’espace aérien international et dans celui de la Turquie. Ces appareils, capables de détecter des avions à des centaines de kilomètres de distance, peuvent donc surveiller l’espace aérien de l’Iraq et de la Syrie depuis la Turquie. Il s’agit là d’une importante contribution à la lutte contre l’EIIL, qui montre clairement la détermination avec laquelle l’OTAN prend part au combat contre le terrorisme.

Protection des populations des pays membres de l’OTAN

À la suite des attentats du 11-Septembre, les gouvernements des pays de l’Alliance ont demandé à bénéficier de la capacité de surveillance et de contrôle aériens offerte par la Force NAEW&C afin de mieux sécuriser les grands rassemblements publics.

Ce fut le cas pour des événements très médiatiques comme les Jeux olympiques d’été de 2004 en Grèce, la Coupe du monde de football de 2006 en Allemagne, le Championnat d’Europe de football de 2012 en Pologne, et pour d’importantes réunions tenues par d’autres organisations internationales, comme le sommet du G7 de 2015 en Allemagne, les journées mondiales de la jeunesse de 2016 en Pologne et le sommet de l’UE de 2019 en Roumanie.

En outre, la flotte NAEW&C a régulièrement apporté son soutien aux sommets de l’OTAN, notamment à la réunion organisée à Londres en 2019 pour le 70e anniversaire de l’Organisation.

 

Structure

La principale caractéristique de l’Organisation de gestion du programme du système aéroporté de détection lointaine et de contrôle de l’OTAN (NAPMO) est la coopération multinationale. Actuellement, les 16 pays membres à part entière de la NAPMO sont les suivants : Allemagne, Belgique, Danemark, États‑Unis, Espagne, Grèce, Hongrie, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Turquie et Tchéquie.

La participation du Royaume-Uni en tant que membre de la NAPMO est limitée, mais sa flotte d’E-3D fait partie intégrante de la Force NAEW&C. La France a un rôle d’observateur et maintient une coordination permanente afin de s’assurer que sa flotte d’E-3F reste interopérable avec les autres flottes d’E-3. De plus, elle participe souvent à des opérations coordonnées avec la Force NAEW&C.

L’état-major de la Force NAEW&C, implanté sur la base aérienne de Geilenkirchen, assure le contrôle opérationnel de la Force, qui comprend deux composantes opérationnelles :

  • la composante E-3A, rattachée à la base aérienne de l’OTAN de Geilenkirchen, qui exploite les quinze E-3A appartenant à l’OTAN (les escadrons se composent d’équipages internationaux intégrés provenant de 19 pays) ;
  • la composante E-3D, rattachée à la base de la Royal Air Force (RAF) de Waddington (Royaume-Uni), qui exploite trois Boeing E-3D (l’effectif se compose exclusivement de personnel de la RAF). La RAF retire actuellement du service sa flotte d’E-3D et la remplace par des AEW&C E-7, plus modernes.

La Force dispose également de trois bases d’opérations avancées, à Konya (Turquie), à Aktion (Grèce) et à Trapani (Italie), et d’un emplacement d’opérations avancé, à Ørland (Norvège).

La gestion quotidienne du programme AWACS, y compris l’exécution des projets de modernisation, est assurée par l’Agence de gestion du programme NAEW&C (NAPMA), établie à Brunssum (Pays-Bas). Le personnel de l’Agence se compose d’officiers détachés et d’administrateurs civils provenant des pays participants. En 2011, le directeur général de la NAPMA a été désigné, par les pays membres de la NAPMO, autorité responsable de la navigabilité technique pour l’ensemble de la flotte E-3A de l'OTAN. Avec l’appui d’un bureau technique spécialisé, il est co-responsable de la certification de navigabilité aux côtés du commandant de la Force NAEW&C, qui est quant à lui responsable de l’exploitation et du soutien de la flotte et sert d’autorité de navigabilité opérationnelle.

 

Historique

Dans les années 1960, il est apparu clairement que, même en volant à très haute altitude, les avions militaires ne pouvaient plus échapper aux missiles sol-air. Pour survivre dans un environnement de défense aérienne de plus en plus létal, ces avions ont été contraints de voler pratiquement au ras des arbres. Dans les années 1970, le besoin de détecter les avions de combat très rapides, dotés d’une capacité de pénétration à basse altitude, a conduit à compléter le réseau de radars terrestres de l’OTAN par des moyens nouveaux.

Les autorités militaires de l’OTAN ont déterminé qu’une capacité de détection lointaine aéroportée permettrait de relever ce défi. Pour satisfaire au besoin opérationnel établi, le système de détection lointaine aéroportée de l’OTAN devait être capable de détecter de loin des petits avions intrus très rapides. Compte tenu des régions dans lesquelles l’appareil serait utilisé, le système devait également être capable de détecter des cibles maritimes de surface (comme des navires). Aux yeux des planificateurs OTAN, la mobilité et la souplesse inhérentes au système, surtout pour la fonction « contrôle », prédisposaient également celui-ci à doter les commandants des forces aériennes, maritimes et terrestres d’une capacité de commandement et de contrôle (C2) renforcée. La création d’une Force NAEW visait donc à apporter une contribution significative au dispositif de dissuasion de l’Alliance.

En décembre 1978, le Comité des plans de défense de l’OTAN a approuvé l’acquisition commune de 18 appareils basés sur le système aéroporté de détection et de contrôle (AWACS) de l’US Air Force, destinés à être exploités en tant que système aérien de détection lointaine et de contrôle appartenant à l’Alliance. Outre les 18 E-3A livrés entre février 1982 et mai 1985, le programme NAEW&C prévoyait la modernisation de 40 stations de l’infrastructure électronique de la défense aérienne de l’OTAN (NADGE), et l’établissement d’une base d’opérations principale à Geilenkirchen (Allemagne) ainsi que de trois bases d’opérations avancées et d’un emplacement d’opérations avancé.

 

Transformation et évolution

Initialement conçu comme une plateforme radar aérienne, l’AWACS a constamment évolué au cours des trente dernières années afin de s’adapter aux réalités des mutations géopolitiques et aux nouvelles missions de l’OTAN. En mettant l’accent sur l’aspect « contrôle » de l’AEW&C, l’AWACS est devenu une composante essentielle de la gestion du combat aérien, et il conserve toute sa pertinence opérationnelle à travers les programmes de modernisation successifs qui intègrent les derniers développements en matière d’ingénierie et de fabrication. Depuis le programme d’acquisition NAEW&C initial jusqu’au dernier programme de prolongation de la durée de vie, les pays membres de la NAPMO ont, ensemble, dépensé/engagé environ 13 milliards de dollars – ce qui est prohibitif pour un seul pays, mais réalisable avec la contribution collective des pays de la NAPMO.

Les AWACS font tous continuellement l’objet de modifications pour leur modernisation ainsi que pour les opérations et le soutien. La dernière série de modernisations, connue sous le nom de Follow-on Upgrade Programme (FUP), a permis d’améliorer les systèmes pour une meilleure connaissance de la situation des unités coopérantes (mode 5/mode S amélioré) et de remplacer l’instrumentation analogique du cockpit par une instrumentation numérique moderne (couramment dénommée « cockpit tout écran »). En décembre 2018, le dernier avion modernisé a été livré à l’OTAN par le contractant principal, assurant ainsi la conformité de la flotte aux prescriptions actuelles et prévues en termes de gestion de la circulation aérienne. En outre, des systèmes de communication utilisant le protocole IP sont actuellement mis au point et employés opérationnellement à l’appui des transmissions texte avec d’autres moyens de commandement et de contrôle (C2).

La flotte AWACS de l'OTAN entre actuellement dans une phase ultime de modernisation visant à prolonger sa durée de service jusqu’en 2035. Représentant un montant de un milliard de dollars et financé par les 16 Alliés participant au programme AWACS, cette modernisation permettra de doter les AWACS de toutes nouvelles capacités de communication et de mise en réseau, notamment pour ce qui est des capacités liaison de données et communications vocales de la composante E-3A de l’OTAN, ainsi que d’une capacité améliorée de mise en réseau aéroportée à large bande au-delà de la portée optique. Le contrat de modernisation a été attribué à Boeing en tant que contractant principal, et il est prévu que les industries d’autres Alliés apportent des contributions.

 

L'avenir

Il est prévu que la flotte E-3 AWACS de l’OTAN soit retirée du service peu après 2035. Au sommet de Varsovie, en 2016, les Alliés ont déclaré que « D’ici [2035], l’Alliance devra se doter de la capacité qui succédera aux AWACS E-3. Sur la base de besoins militaires de haut niveau, nous avons décidé d’entamer collectivement le processus de définition des options possibles pour les futures capacités de surveillance et de contrôle de l’OTAN. » Ce processus s’est depuis poursuivi sous la forme de l’initiative AFSC (future capacité de surveillance et de contrôle de l’Alliance).

En février 2017, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont décidé de passer à l’étape de conception de l’AFSC, comportant une série d’études visant à évaluer les nouvelles technologies et à étudier une approche « système de systèmes », y compris des possibilités d'utilisation combinée de systèmes aériens, terrestres, spatiaux ou sans pilote interconnectés pour recueillir et partager des informations. Ces études permettront par la suite à l'OTAN, aux Alliés à titre individuel ou à des groupes multinationaux de prendre des décisions éclairées concernant l'acquisition de nouveaux systèmes à l'avenir. Tous les Alliés coopèrent actuellement dans les domaines de la planification et de la mobilisation des ressources requises pour l’AFSC.

En décembre 2018, le Conseil de l’Atlantique Nord a déclaré que la première phase du stade de conception de l'AFSC avait été menée à bien conformément au calendrier et au budget fixés, et il a décidé de passer à la seconde phase. Au cours de cette seconde phase, à présent lancée, l’OTAN fait appel à des experts des industries des pays de l’Alliance. En 2020, six entreprises et consortiums transatlantiques ont élaboré – en faisant appel à des domaines d’expertise appartenant ou non au secteur de la défense – autant de concepts de haut niveau et les ont proposés à l’OTAN. Ces concepts exploitent des idées innovantes grâce auxquelles les missions des AWACS pourraient être remplies de manière originale, voire radicalement nouvelle. Les dirigeants des pays de l’Alliance ont sélectionné les meilleures de ces idées et se sont engagés à continuer de travailler avec l’industrie afin de les étoffer et de les affiner.

Une deuxième mise en concurrence sera lancée en 2021, et pour un montant pouvant aller jusqu’à 90 millions d’euros, les industriels seront invités à formuler des avis plus détaillés. L’OTAN préserve ainsi sa compétence et sa maîtrise des technologies, en s’appuyant sur une large gamme de développements industriels novateurs.