Braver les éléments – En terrain boueux avec les soldats du groupement tactique multinational de l’OTAN en Roumanie

  • 21 Sep. 2022 -
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  • Mis à jour le: 21 Sep. 2022 12:27

En début d’année, les Alliés ont décidé de renforcer la présence de l’OTAN dans la partie orientale de son territoire en mettant sur pied quatre nouveaux groupements tactiques multinationaux en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie (en plus de ceux déployés depuis 2017 en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne). À présent, les soldats des pays de l’Alliance s’entraînent côte à côte dans ces nouvelles formations, témoignant de leur aptitude et de leur détermination à travailler ensemble, qu’il pleuve ou qu’il vente.

French soldiers observe a live-fire exercise at the new NATO multinational battlegroup in Romania, where they are working alongside their Polish and Romanian counterparts.

Des soldats français observent un exercice de tir réel conduit par le nouveau groupement tactique multinational de l’OTAN en Roumanie, auquel ils participent aux côtés de militaires polonais et roumains.

Pour un soldat, la pluie est une donnée avec laquelle il faut composer.

L’eau dégouline du rebord du casque en Kevlar ; l’uniforme de combat, froid et détrempé, adhère à la peau. Dans la zone d’entraînement de Cincu (Roumanie), le sol se transforme en une boue poisseuse qui colle aux bottes et qui alourdit chaque pas.

Mais les soldats français occupés à observer un exercice de tir réel ne semblent pas remarquer la pluie qui s’abat sur eux. Ils ont quitté leurs blindés, stationnés en ligne non loin de véhicules de combat d’infanterie polonais et roumains, et attendent l’ordre de quitter leur position. Peut-être se sont-ils simplement habitués à ce temps humide après plusieurs mois de déploiement en Roumanie dans le cadre de la Force de réaction de l’OTAN (NRF).

Enfin, le signal : « Allons-y ». Les militaires français, polonais et roumains saisissent leurs fusils et s’engouffrent dans l’habitacle exigu de leurs véhicules, avant de rejoindre rapidement le polygone de tir.

Des soldats français prennent position sous un ciel gris et nuageux pendant un exercice de tir réel à Cincu (Roumanie).

Des soldats français prennent position sous un ciel gris et nuageux pendant un exercice de tir réel à Cincu (Roumanie).

La France, qui assume cette année le rôle de pays pilote de l’élément à haut niveau de préparation de la NRF, a déployé des troupes en Roumanie suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier, aux côtés d’un contingent belge. En mai, la France et la Belgique ont officiellement institué le premier groupement tactique multinational de l’OTAN en Roumanie, rejoint quelques mois plus tard par un contingent néerlandais.

Des éléments d’infanterie mécanisée américains et polonais sont déployés par rotation à l’appui du groupement. Il s’agit notamment de soldats du 2e régiment de cavalerie de l’armée de terre des États-Unis, déployés depuis leur base de Vilseck (Allemagne), et de soldats de la 17e brigade mécanisée de l’armée polonaise. Même si elles ne sont pas placées sous le commandement direct de l’OTAN, ces unités renforcent considérablement la posture défensive de l’Alliance et se voient offrir une occasion unique de s’entraîner avec les troupes d’autres pays de l’OTAN.

Des soldats polonais  tiennent leur position après un exercice de tir réel à Cincu (Roumanie).

Des soldats polonais tiennent leur position après un exercice de tir réel à Cincu (Roumanie).

Alors que les blindés français, polonais et roumains roulent à vive allure vers le pas de tir sous d’épais nuages noirs, on ne peut se défaire de l’impression qu’il ne s’agit pas d’un exercice comme les autres : le ciel sombre est à l’image du climat qui règne en Europe, où la guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine a fait voler la paix en éclats et engendré la plus grave crise de sécurité qu’ait connue le continent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Les véhicules s’immobilisent avant d’ouvrir le feu dans la profondeur en direction de cibles fictives, le son de la mitrailleuse (de calibre 50 mm) montée sur le blindé de l’armée française se mêlant au bruit plus sourd des canons automatiques (de calibre 30 mm) montés sur les blindés polonais et roumains. Une fois passée la salve de tirs de neutralisation, les écoutilles s’ouvrent, laissant sortir les soldats, qui foncent rejoindre leur position de tir.

Chaque soldat tire en rafales pendant plusieurs minutes, ne s’arrêtant que pour recharger son arme, tandis que les véhicules de combat d’infanterie procèdent à des tirs ininterrompus. Le vacarme des armes est assourdissant. Lorsqu’il s’éteint enfin, ne s’élève plus que la voix des commandants de section français, polonais et roumains, qui confirment par radio que les munitions sont épuisées. Les soldats grimpent dans leurs véhicules et regagnent leur base dans le vrombissement des moteurs diesel.

À Cincu (Roumanie), un soldat du 93e régiment  d’artillerie de montagne de l’armée française franchit en rampant un obstacle  en fil de fer barbelé. Les soldats des groupements tactiques multinationaux de  l’OTAN sont soumis à un large éventail d’épreuves physiques et d’entraînements,  et participent à des exercices de tir réel.

À Cincu (Roumanie), un soldat du 93e régiment d’artillerie de montagne de l’armée française franchit en rampant un obstacle en fil de fer barbelé. Les soldats des groupements tactiques multinationaux de l’OTAN sont soumis à un large éventail d’épreuves physiques et d’entraînements, et participent à des exercices de tir réel.

Au même titre que les autres groupements établis en Bulgarie, en Hongrie et en Slovaquie, le groupement tactique multinational de l’OTAN en Roumanie est une manifestation concrète de l’évolution de l’environnement de sécurité en Europe depuis février. Les armées des pays de l’Alliance venaient déjà régulièrement s’entraîner en Roumanie, mais le passage à une présence permanente s’accompagne d’un sentiment de gravité palpable.

« La première semaine de déploiement, nous avons ressenti toute la portée historique du moment », se remémore le lieutenant-colonel Adrien, commandant adjoint du groupement, qui fait partie du premier contingent français déployé dans le cadre de la NRF.

« Nous avons également pris la mesure de la responsabilité qui nous incombe en tant que chefs du bataillon “fer de lance” du groupement », ajoute-t-il. « Nous devons faire la preuve de nos capacités et montrer que nous, soldats des pays de l’Alliance, sommes totalement préparés à remplir la mission qui nous a été confiée ».

Ces derniers mois, les quatre groupements ont accueilli de nouveaux soldats de divers pays de l’Alliance, lesquels sont en cours d’intégration dans la structure de commandement militaire de l’OTAN. Leur origine ou leur zone de déploiement importe peu : aux côtés de leurs camarades d’autres pays de l’Alliance, ils vont vivre, travailler et s’entraîner dans des conditions extrêmes, par tous les temps.

Une militaire roumaine du groupement tactique  multinational nouvellement créé en Roumanie s’entraîne avec des soldats  d’autres pays de l’OTAN.

Une militaire roumaine du groupement tactique multinational nouvellement créé en Roumanie s’entraîne avec des soldats d’autres pays de l’OTAN.

Cet article fait partie d’une série de dépêches montrant à quoi ressemble le quotidien des forces armées des pays membres et des pays partenaires de l’OTAN sur le terrain. Consultez les autres articles pour en apprendre plus sur ces soldats qui explorent de nouveaux pays, bravent les éléments et opèrent conjointement avec leurs camarades.