Plan d’action de l’OTAN sur le changement climatique et la sécurité

  • 14 Jun. 2021 -
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  • Mis à jour le: 14 Jun. 2021 15:53

Incidences du changement climatique sur la sécurité

1. Le changement climatique est l’un des plus grands défis de notre temps. Il est un multiplicateur de menaces et a des incidences sur la sécurité des Alliés, tant dans la zone euro-atlantique que dans son voisinage.

2. Le changement climatique rend le travail des armées plus ardu. La hausse des températures extrêmes, l’élévation du niveau de la mer, les modifications rapides des régimes de précipitations et l’accroissement de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes mettent à l’épreuve la résilience de nos installations militaires et de nos infrastructures critiques, nuisent à l’efficacité de nos capacités et peuvent rendre plus difficiles les conditions dans lesquelles sont menées nos opérations et missions militaires.

3. Les effets du changement climatique façonnent notre environnement géopolitique et peuvent influer sur le comportement des États. Par exemple, la fonte du permafrost, la désertification et l’ouverture de nouveaux couloirs de navigation sont des évolutions qui peuvent contribuer à une instabilité et à une concurrence géostratégique accrues.

4. Parmi les incidences du dérèglement climatique figurent la sécheresse et l’érosion des sols ainsi que la dégradation de l'environnement marin. Ces phénomènes peuvent entraîner des famines, des inondations et la perte de terres et de moyens de subsistance. Ils ont en outre un impact disproportionné sur les femmes et les filles ainsi que sur les personnes pauvres, vulnérables ou marginalisées, et ils peuvent aggraver la fragilité d’un État, attiser des conflits et provoquer des migrations, des déplacements et des mouvements de population, créant des situations qui peuvent être exploitées par des acteurs étatiques ou non étatiques représentant une menace ou un défi pour l’Alliance.

Contexte pour l’Alliance

5. L’OTAN s’intéresse aux défis environnementaux depuis plus d'un demi-siècle. Initialement, elle les a traités surtout comme un objet de science et de recherche. Depuis le début du XXIe siècle, un certain nombre de normes et de directives environnementales ont été élaborées. Le changement climatique a été évoqué dans le concept stratégique de 2010, un cadre pour la défense verte a été adopté en 2014, et les questions climatiques sont soulignées dans les déclarations publiées lors des sommets, et ce depuis celui de Lisbonne, en 2010. Toutefois, de nouveaux efforts et une ambition politique s’inscrivant dans la durée sont nécessaires pour que l’OTAN soit tout à fait prête à continuer d’exécuter sa mission dans un environnement soumis au changement climatique.

6. En tant que parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et signataires de l’accord de Paris, les Alliés ont pris acte de la nécessité de trouver une réponse efficace et progressive à la menace pressante que constitue le changement climatique, et ont souscrit à l'objectif qui consiste à limiter la hausse des températures à 2°C, et de préférence à 1,5°C, par rapport aux niveaux préindustriels. Ces dernières années, les Alliés ont relevé leur niveau d’ambition, et ils prennent des mesures concrètes, au niveau national et au travers d’efforts coordonnés au sein de l’Organisation des Nations Unies et de l’Union européenne, selon le cas, pour opérer une transition vers la durabilité.

7. Même si l’OTAN n’intervient pas en première ligne pour toute difficulté liée au changement climatique, l’Alliance a un rôle à jouer dans un effort global de lutte contre ce phénomène. Elle doit aussi tenir compte des incidences du changement climatique sur la sécurité si elle veut être capable de s'acquitter de ses trois tâches fondamentales (défense collective, gestion de crise et sécurité coopérative).

Un agenda de l’OTAN sur le changement climatique et la sécurité

8. Les 23 et 24 mars 2021, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Alliance ont entériné l’agenda de l’OTAN sur le changement climatique et la sécurité. Cet agenda propose une approche à 360 degrés ainsi que des mesures visant à renforcer la prise de conscience, au sein de l’OTAN et de ses pays membres, des incidences du changement climatique sur la sécurité. Il prévoit aussi l’établissement de mesures bien précises d’adaptation et d’atténuation et une ouverture plus poussée, sans compromettre la crédibilité de la posture de dissuasion et de défense de l’Alliance ni remettre en question les priorités que sont la sécurité du personnel militaire, l’efficacité opérationnelle et l’efficience. Cette démarche s’appuie sur les initiatives, les structures et les mécanismes existants, elle renforce les efforts en cours en y apportant de la cohérence et elle définit de nouvelles politiques et de nouveaux outils, lorsque c’est nécessaire. Elle permettra à l'OTAN de se mobiliser face aux incidences du changement climatique sur la sécurité, dans les limites de son mandat et de sa mission. Les décisions prises par les chefs d'État et de gouvernement à leur sommet de 2021 à Bruxelles, dans le cadre de l’initiative OTAN 2030, intègrent pleinement la problématique du changement climatique et de la sécurité.

Mise en oeuvre de l’agenda de l’OTAN sur le changement climatique et la sécurité

9. Le présent plan d’action constitue le cadre de la mise en oeuvre de l’agenda de l’OTAN sur le changement climatique et la sécurité, qui doit contribuer à la réalisation des trois tâches fondamentales de l’OTAN et garantir la sécurité de l’Alliance. Il définit des objectifs spécifiques pour l’Alliance, assigne des tâches à l’OTAN en tant qu’organisation et propose un mécanisme qui permet d’exercer un suivi, de donner de la visibilité aux travaux et de laisser la maîtrise du processus aux Alliés. Dans le cadre de ce plan d’action, l’OTAN prendra les mesures décrites ci-après.

9.1 Premièrement, sensibiliser davantage les Alliés. À cette fin, l’OTAN réalisera chaque année une étude des incidences du changement climatique sur la sécurité. Il s’agira d’analyser l’impact du changement climatique sur l’environnement stratégique de l’OTAN ainsi que sur ses moyens, ses installations, ses missions et ses opérations. Dans cette perspective, l’OTAN intégrera des considérations relatives au dérèglement climatique dans les évaluations portant sur les risques en matière de sécurité et sur la résilience, ainsi que dans les avis civils sur la situation en matière de sécurité dans les régions qui présentent un intérêt majeur pour l’Alliance. En outre, elle mettra à profit ses programmes scientifiques et technologiques, et les communautés qui s’y rattachent, pour soutenir la recherche relative aux incidences du changement climatique sur la sécurité, en y intégrant la dimension de genre, conformément à la politique OTAN sur les femmes, la paix et la sécurité.

9.2 Deuxièmement, s’adapter au changement climatique. En s’appuyant sur les évaluations qui auront été effectuées, l’OTAN intégrera des considérations relatives au changement climatique dans les travaux qu’elle mène concernant la résilience, la préparation du secteur civil, la planification de défense, la mise à disposition de capacités, les moyens et installations, les normes, l’innovation, l’entraînement, les exercices et la réponse aux catastrophes. En outre, elle examinera la nécessité d’adapter ses capacités au changement climatique, particulièrement pour ce qui est de ses pratiques d’acquisition et de son partenariat avec l’industrie. Par ailleurs, elle évaluera les répercussions que le dérèglement climatique pourrait avoir sur sa posture de dissuasion et de défense, et notamment sur la disponibilité opérationnelle, la facilitation, le renforcement et la mobilité militaire.

9.3 Troisièmement, aider à atténuer les effets du changement climatique. L’Alliance mettra au point une méthode OTAN de cartographie et d’analyse des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités et aux installations militaires. Cette méthode aidera les Alliés dans leur travail d’évaluation de leurs émissions et pourrait encourager la définition d’objectifs volontaires de réduction des émissions de gaz à effet de serre liées au secteur militaire. En outre, les données relatives à la demande et à la consommation énergétiques dans le secteur militaire pourraient éclairer les décisions d’investissement des Alliés, aider à définir l’apport des technologies émergentes et des technologies de rupture ainsi que des innovations technologiques écoénergétiques et durables, et guider la planification opérationnelle. Pour mettre au point cette méthode, l’OTAN s’appuiera sur les bonnes pratiques existant dans les pays de l’Alliance et pourra aussi mettre à profit l’expertise des pays partenaires et d’autres organisations internationales, notamment l’Union européenne. Elle examinera en outre s’il est possible d’accorder une plus grande place aux technologies innovantes à faible taux d’émission de carbone au travers de ses propres pratiques d’acquisition.

9.4 Quatrièmement, accroître l’ouverture sur l’extérieur. L’OTAN renforcera les échanges avec les pays partenaires ainsi qu’avec les organisations internationales et régionales qui s’intéressent de près à la problématique du changement climatique et de la sécurité, notamment avec l’Union européenne, l’Organisation des Nations Unies et d’autres encore, selon les besoins. En outre, elle intensifiera le dialogue avec la société civile, les milieux universitaires et l’industrie sur la problématique du changement climatique et de la sécurité pour faire avancer ses travaux et contribuer à l’effort global de réponse au changement climatique. 10. Un premier rapport d’étape sur le changement climatique et la sécurité sera établi pour le sommet de 2022. Il rendra compte des progrès réalisés, donnera l’occasion de réévaluer le niveau d’ambition et alimentera la réflexion sur la suite des travaux.

10. Un premier rapport d’étape sur le changement climatique et la sécurité sera établi pour le sommet de 2022. Il rendra compte des progrès réalisés, donnera l’occasion de réévaluer le niveau d’ambition et alimentera la réflexion sur la suite des travaux.