Éliminer les vestiges de la Guerre froide en Azerbaïdjan

L’OTAN contribue à la sécurisation d’une ancienne base militaire

  • 08 Mar. 2010 -
  • |
  • Mis à jour le: 12 Mar. 2010 17:27

Il n’y a pas si longtemps encore, élever des moutons près de Saloğlu, dans le nord-est de l’Azerbaïdjan, n’était pas sans danger. Sur plus de cinq kilomètres carrés, des centaines de milliers d’explosifs étaient enfouis à différentes profondeurs dans ce paysage vallonné et boisé. Aujourd’hui, grâce à un projet faisant appel à un fonds d'affectation spéciale, une grande partie du terrain a été assainie et bientôt, l’ensemble de l’ancienne base militaire ne présentera plus aucun danger pour les habitants de la région.

Un travail dangereux

Saloğlu, qui comptait 138 entrepôts, était, à l’époque soviétique, l’un des quelque 35 grands dépôts militaires d’armes en Azerbaïdjan ; lorsque l’armée soviétique s’est retirée en 1991, elle a fait sauter tous ses dépôts. À Saloğlu, l’explosion a provoqué la dispersion de débris dangereux, que l’on appelle dans le jargon militaire les munitions explosives non explosées. Avant que l’OTAN n’intervienne en 2003, les accidents dus aux munitions explosives non explosées avaient fait des centaines de blessés et provoqué la mort d’au moins 32 personnes, dont 11 enfants.

« Les habitants des villages avoisinants essayaient de récupérer les vieux métaux, principalement le cuivre, » déclare M. Bulent Tudes, directeur du programme « services généraux » à l’Agence OTAN d'entretien et d'approvisionnement (NAMSA). « Notre projet a permis de mettre fin à ces activités dangereuses et il a sauvé de nombreuses vies dans la région. »

Il n’a pas été facile d’estimer l’ampleur des travaux d’assainissement, car la plupart des munitions explosives non explosées étaient enfouies et le terrain était couvert de taillis. C’est à proximité des endroits où se trouvaient les casernes que l’on a relevé la plus forte densité d’explosifs. D’après M. Tudes, quelque 560 hectares étaient contaminés, en surface et jusqu’à quatre ou cinq mètres de profondeur.

« Le travail s’est révélé d’autant plus délicat que le terrain était jonché d’énormes quantités de ferraille » explique Mme Nigar Azimova, directrice de la planification et du développement à l’Agence nationale azerbaïdjanaise de lutte contre les mines (ANAMA). L’ANAMA, organe créé par le gouvernement azerbaïdjanais et le Programme des Nations Unies pour le développement, est chargée des travaux d’assainissement dans le cadre du projet faisant appel à un fonds d'affectation spéciale.

La solution

Quand elle a été contactée en 2003 par les autorités azerbaïdjanaises, la NAMSA a soumis une proposition d’assainissement des munitions explosives non explosées de Saloğlu à la Turquie, pays pilote du projet. Le plan prévoyait la destruction de plus de 2000 tonnes de munitions qui étaient entreposées dans le village voisin de Poylu et dans la ville d’Agstafa. Ce projet, qui a débuté en novembre 2005, devrait s’achever début 2011 ; le terrain sera alors exploité à des fins civiles.

Ce sont des considérations humanitaires, mais aussi les liens historiques, fraternels et culturels qu’elle entretient avec l’Azerbaïdjan qui ont décidé la Turquie à piloter le projet de Saloğlu.

D’après la délégation de la Turquie auprès de l’OTAN, les mesures appropriées, associées à des politiques durables, peuvent aider à transformer des zones dangereuses et inoccupées et terres d’agriculture et d’élevage. Le projet peut donc contribuer à la sécurité du pays, mais aussi à son économie.

Pour assainir les zones contaminées, il faut commencer par rechercher et identifier les munitions explosives non explosées, évaluer les risques, puis soit détruire les munitions sur place en les faisant exploser, soit les transporter vers un endroit où des explosions à grande échelle sont déclenchées. Les vieux métaux susceptibles d’être récupérés sont alors transportés vers une fonderie pour être recyclés.

À ce jour, le projet a permis d’assainir 565 hectares de surface et 122 hectares de sous-sol. Plus de 550 000 munitions explosives non explosées ont été sécurisées.

De nouveaux projets

Les projets comme celui de Saloğlu contribuent à développer les moyens et le savoir-faire du pays. En juin dernier, l’agence de déminage a entrepris un nouveau projet à Guzdek, à proximité de Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan. Les anciens dépôts de Guzdek fournissaient des munitions à quatre commandements soviétiques et, comme à Saloğlu, l’armée les a fait sauter quand elle est partie. Les munitions explosives non explosées qui ont subsisté ont jusqu’à présent provoqué dix accidents qui ont coûté la vie à deux personnes.

L’expérience que l’ANAMA a acquise à Saloğlu devrait se révéler précieuse. « Cette expérience nous a permis de mettre au point de nouvelles méthodes pour l’élimination des munitions explosives non explosées en sous-sol et pour la destruction de grandes quantités d’explosifs,» explique Mme Azimova, « et elle devrait nous aider à mener à bien d’autres projets de ce type en Azerbaïdjan. »

L’Azerbaïdjan et l’OTAN

L’Azerbaïdjan a établi des relations officielles avec l’OTAN en 1992, lorsqu’il est devenu membre du Conseil de coopération nord-atlantique, appelé aujourd’hui Conseil de partenariat euro-atlantique. En 1994, il a rejoint le Partenariat pour la paix (PPP), programme qui vise à développer la coopération en matière de sécurité et de défense entre l’OTAN et les différents pays partenaires.

Le projet faisant appel à un fonds d'affectation spéciale pour l’opération d’assainissement à Saloğlu a pu être mis en place grâce au soutien et au financement de la Turquie, pays pilote du projet, et aux contributions financières de l’Azerbaïdjan, de la Bulgarie, de la République tchèque, de la Finlande, de l’Islande, de l’Italie, de la Lettonie, de la Lituanie, du Luxembourg, de la Norvège, de la Suisse, de la Turquie, des États-Unis, de l’Australie, du Japon et du Programme des Nations Unies pour le développement.

Les projets OTAN faisant appel à un fonds d'affectation spéciale permettent aux pays alliés et aux pays partenaires de travailler en collaboration pour traiter le grave problème – hérité de la Guerre froide - des munitions explosives non explosées, du propergol et des stocks d’armes et de munitions qui se détériorent en vieillissant.