Technologies émergentes et technologies de rupture
L’intelligence artificielle (IA), les systèmes autonomes et les technologies quantiques sont en train de changer le monde, et donc aussi la manière dont l’OTAN opère. Ces technologies ainsi que d’autres, qualifiées de technologies émergentes et de technologies de rupture (TE/TR), présentent à la fois des risques et des opportunités pour l’OTAN et les Alliés. C’est pourquoi l’Alliance collabore avec des partenaires du secteur public, du secteur privé, du monde universitaire et de la société civile pour développer et adopter de nouvelles technologies, pour établir au niveau international des principes d’utilisation responsable et pour faire en sorte que l’OTAN conserve son avance technologique grâce à l’innovation.

- Depuis plus de 70 ans, l’OTAN est à la pointe de la technologie lorsqu'il s'agit d'assurer la défense de ses pays membres et le succès de ses opérations.
- En février 2021, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont entériné une stratégie relative aux technologies émergentes et aux technologies de rupture, destinée à guider l’élaboration d’une politique OTAN sur les TE/TR dans des domaines spécifiques.
- Au sommet de Bruxelles, en 2021, au titre de l’agenda OTAN 2030, les dirigeants des pays de l’OTAN ont décidé de mettre en place un accélérateur d’innovation de défense pour l'Atlantique Nord (DIANA) et de créer un fonds multinational de capital-risque pour favoriser l’innovation dans l’ensemble de l’Alliance.
- Un an plus tard, au sommet de Madrid, tous les dirigeants des pays de l’Alliance ont approuvé la charte du DIANA et dévoilé l’emplacement des premiers centres d’essais et accélérateurs. En parallèle, les dirigeants de vingt-trois Alliés se sont engagés à contribuer au fonds OTAN pour l’innovation, doté d’une enveloppe d’un milliard d’euros. Premier fonds de capital-risque « multi-souverain » au monde, ce fonds permettra de réaliser des investissements dès 2023.
- Le Groupe consultatif OTAN sur les technologies émergentes et les technologies de rupture remet des avis externes à l’Organisation. Il a déjà publié deux rapports annuels et apporté diverses contributions aux grands chantiers et stratégies de l’OTAN dans le domaine des TE/TR.
- L’OTAN interagit avec d’autres organisations internationales, dont l’Union européenne (UE) et les Nations Unies (ONU), sur la thématique des TE/TR.
- Le contexte stratégique – Pourquoi l’OTAN s’intéresse-t-elle aux TE/TR ?
- Politique pour l’innovation – Quelle est la stratégie de l’OTAN pour les TE/TR ?
- L’innovation en pratique – Comment l’OTAN favorise-t-elle le développement et l’adoption des TE/TR ?
- Évolution
Le contexte stratégique – Pourquoi l’OTAN s’intéresse-t-elle aux TE/TR ?
Les technologies émergentes et les technologies de rupture gagnent peu à peu tous les aspects de la vie quotidienne – depuis l’électronique, via les téléphones et les ordinateurs, jusqu’aux activités de tous les jours, comme les achats dans les magasins d’alimentation et la gestion des comptes bancaires. Elles ont aussi un impact majeur sur la sécurité : les technologies innovantes offrent de nouvelles possibilités aux forces armées des pays de l’OTAN, qu’elles aident à devenir plus performantes, plus résilientes, plus efficaces à moindre coût et plus soutenables. Mais ces technologies sont aussi porteuses de nouvelles menaces car elles peuvent être utilisées par des acteurs étatiques ou non étatiques, non seulement contre des militaires mais aussi contre des civils.
Cette évolution se reflète dans le concept stratégique 2022 de l’OTAN, qui définit les principaux défis auxquels l’Alliance est confrontée et explique comment elle entend y faire face. Les technologies émergentes et les technologies de rupture en font partie, en ce sens qu'elles sont porteuses d’opportunités mais aussi de risques. Elles changent la nature des conflits, gagnent en importance sur le plan stratégique et sont en passe de devenir l’un des principaux champs de la compétition internationale. En conséquence, les Alliés sont convenus, dans le concept stratégique, d’encourager l’innovation et d’augmenter leurs investissements dans les TE/TR afin de préserver l’interopérabilité et l’avantage militaire de l’OTAN. Les Alliés s’emploieront ensemble à adopter de nouvelles technologies, à les mettre en œuvre, à coopérer avec le secteur privé, à protéger leurs écosystèmes d’innovation ainsi qu’à travailler à l’élaboration de normes, le tout en suivant des principes d’utilisation responsable reflétant les valeurs démocratiques qui sont les leurs de même que les droits de la personne. Les TE/TR font également partie des questions d’intérêt commun qui doivent faire l’objet d’une coopération accrue entre l’OTAN et l’UE.
Pour exploiter le potentiel offert par ces technologies tout en contrant les menaces qu’elles comportent, l’OTAN travaille, avec ses pays membres, à l'élaboration de politiques TE/TR responsables, innovantes et agiles qui peuvent être mises en œuvre au travers d’activités concrètes. En coopérant plus étroitement avec les partenaires concernés du monde universitaire et du secteur privé, l’OTAN entend préserver son avance technologique et sa supériorité militaire, afin de décourager toute agression et de défendre ses pays membres.
Les TE/TR sont par ailleurs l’un des axes majeurs de l’agenda OTAN 2030, une initiative qui vise à renforcer l’Alliance militairement et politiquement et à l’inscrire dans une perspective plus globale. L’objectif de l’initiative OTAN 2030 est de faire en sorte que l’Alliance reste prête aujourd’hui à relever les défis de demain. Promouvoir la coopération transatlantique dans le domaine des technologies critiques en est un aspect essentiel.
Politique pour l’innovation – Quelle est la stratégie de l’OTAN pour les TE/TR ?
Politique pour l’innovation – Quelle est la stratégie de l’OTAN pour les TE/TR ?
En février 2021, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont entériné le document intitulé « Stimuler et protéger : stratégie de l’OTAN pour une mise en œuvre cohérente des technologies émergentes et des technologies de rupture ». Cette stratégie globale, qui encadre le rapport de l’OTAN aux TE/TR, comporte deux grands axes d’effort : d’une part, favoriser une approche cohérente du développement et de l’adoption de technologies à double usage (c'est-à-dire des technologies principalement axées sur des marchés commerciaux mais pouvant également avoir des applications dans le secteur de la défense et de la sécurité) qui permettront à l’Alliance de conforter son avance et, d’autre part, créer une enceinte devant aider les Alliés à éviter que leurs TE/TR ne soient utilisées contre eux par des adversaires et des concurrents potentiels. Ces objectifs sont essentiels pour que l’OTAN conserve sa supériorité stratégique et son efficacité.
Les activités d’innovation menées par l’OTAN se concentrent actuellement sur neuf domaines technologiques prioritaires :
- l’intelligence artificielle (IA),
- les systèmes autonomes,
- les technologies quantiques,
- les biotechnologies et l’amélioration des capacités humaines,
- les systèmes hypersoniques,
- l’espace,
- les matériaux et procédés de fabrication innovants,
- l’énergie et les systèmes de propulsion,
- les réseaux de communication de nouvelle génération.
L’Alliance a entrepris d’élaborer des plans spécifiques pour chacun de ces domaines. En s’appuyant sur ces plans, l’OTAN va pouvoir innover plus vite et de manière responsable, et adopter rapidement des technologies modernes, ce qui va améliorer la prise de décision et permettre de piloter l’innovation transatlantique dans le secteur de la défense et de la sécurité conformément aux valeurs et aux normes des Alliés ainsi qu’au droit international.
La donnée est un élément facilitateur essentiel pour toutes les TE/TR. L’OTAN intensifie ses efforts dans le domaine de l’exploitation des données au travers de sa politique-cadre et de son plan stratégique. Conformément à la volonté d’accélérer son processus de transformation numérique, telle qu’énoncée dans le concept stratégique , l’OTAN a également élaboré une stratégie de mise en œuvre de la transformation numérique.
En octobre 2021, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont entériné la stratégie OTAN pour l’intelligence artificielle, qui explique comment l’Alliance entend adapter l’IA à ses besoins opérationnels, et l’intégrer plus rapidement et à plus grande échelle, de façon sûre et sécurisée, dans toute une série de capacités. La stratégie pour l’IA, qui repose sur les principes pour une utilisation responsable de l’IA dans le domaine de la défense, s’articule autour de deux axes de travail qui aideront l’Alliance à promouvoir le développement et l’adoption de l’IA, et à se protéger contre les menaces qui en découlent.
En octobre 2022, les ministres de la Défense des pays de l’OTAN ont approuvé un deuxième train de documents d’orientation et de mesures dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie globale relative aux TE/TR, notamment la mise en place du Comité de surveillance Données et intelligence artificielle et le plan OTAN de mise en œuvre pour les systèmes autonomes. Le Comité a pour mission d’opérationnaliser les principes d’utilisation responsable de l’IA tels qu’ils sont définis dans la stratégie OTAN pour l’IA, tandis que le plan promeut une approche cohérente des initiatives qui visent à développer et à protéger les systèmes autonomes de l’OTAN, dans le respect des normes et des valeurs de l’Alliance, et aussi du droit international.
L’innovation en pratique – Comment l’OTAN favorise-t-elle le développement et l’adoption des TE/TR ?
Pour relever les grands défis d’aujourd'hui et de demain, l’OTAN travaille directement sur le terrain avec les acteurs de l’innovation. Au travers de nouvelles initiatives et de nouveaux organismes conçus pour favoriser l’innovation dans le domaine des TE/TR et protéger ces travaux contre les adversaires et les concurrents potentiels, l’OTAN entretient activement un écosystème transatlantique d’innovation pour le secteur de la défense et de la sécurité.
Accélérateur d’innovation de défense pour l’Atlantique Nord (DIANA)
Au sommet de Bruxelles, en 2021, les dirigeants des pays de l'OTAN ont décidé de mettre en place l’Accélérateur d'innovation de défense pour l'Atlantique Nord (DIANA) afin de favoriser la coopération transatlantique sur des technologies critiques, d'encourager l'interopérabilité et de tirer parti des innovations du domaine civil au travers d'interactions avec le monde universitaire et le secteur privé. Le DIANA, nouvel organisme OTAN, travaille directement avec des chercheurs et des entrepreneurs de premier plan, qu’il s’agisse de jeunes pousses ou d’entreprises plus expérimentées, pour apporter, au moyen de technologies à double usage, une solution à des problèmes de défense et de sécurité critiques.
Le DIANA fonctionne au travers de programmes Défis et innovation. Pour chaque programme, qui porte sur un problème critique de défense et de sécurité, des acteurs de l’innovation sont invités à développer des technologies deep tech à double usage pour résoudre le problème en question. Les innovateurs sélectionnés pour ces programmes ont accès à des formules de financement non dilutif (c’est-à-dire qui ne les contraint pas à céder des capitaux propres ou une participation dans leur entreprise), ainsi qu’à une dizaine d'accélérateurs et à plus de 90 centres d’essais dans toute l’Alliance. Ils peuvent également faire appel aux conseils de scientifiques, d'ingénieurs, d'experts du secteur privé, d'utilisateurs opérationnels et de professionnels des marchés publics, ainsi qu’à un réseau d’investisseurs de confiance. Enfin, le DIANA offre un accès aux marchés de l’OTAN en tant qu’organisation et à ceux de ses pays membres.
Le DIANA a lancé ses trois premiers programmes Défis et innovation en 2023. En 2025, lorsqu’il aura atteint sa capacité opérationnelle totale, il pourra interagir chaque année avec des centaines d’innovateurs à travers un réseau encore plus vaste d'accélérateurs et de centres d’essais dans toute l’Alliance.
Fonds OTAN pour l’innovation
Au sommet de Bruxelles, en 2021, les dirigeants des pays de l’Alliance ont également approuvé la création d’un fonds OTAN pour l'innovation. Ce fonds de capital-risque d’un milliard d’euros permettra de réaliser des investissements stratégiques dans des start-up qui développent des TE/TR à double usage dans des domaines clés pour la sécurité des Alliés. Il s’agit du premier fonds de capital-risque « multi-souverain » au monde.
Bon nombre de start-up actives dans le domaine des deep tech peinent à attirer suffisamment d’investissements étant donné que les temps de mise sur le marché sont longs et que les recherches qu’elles mènent nécessitent énormément de capitaux. Le fonds OTAN pour l'innovation va permettre de résoudre ce problème car il est le seul à proposer un horizon d’investissement à 15 ans, davantage en adéquation avec les longs délais nécessaires pour les deep tech. Il sera axé sur les investissements à un stade précoce (à savoir les investissements de pré-amorçage, série A et suivantes) et injectera du capital-risque directement dans les start-up concernées, tout en se réservant également la possibilité d’investir dans d’autres fonds de capital-risque de premier plan dans le secteur des deep tech, qui répondent à ses trois objectifs stratégiques :
- rechercher des solutions technologiques de pointe aux problèmes auxquels l’Alliance est confrontée dans les domaines de la défense et de la sécurité ;
- soutenir des écosystèmes d’innovation deep tech à l’échelle de l’Alliance ;
- œuvrer au succès commercial de son portefeuille de start-up deep tech.
Au sommet de Madrid, en 2022, la liste des pays souscrivant au fonds a été arrêtée, les dirigeants des 22 pays membres de l’Alliance ci-dessous ayant signé la lettre d’engagement : Belgique, Bulgarie, Tchéquie, Danemark, Estonie, Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Espagne, Türkiye et Royaume-Uni. La Finlande a rejoint le fonds lors de son adhésion à l’OTAN, en avril 2023.
Le fonds est actuellement en cours de constitution et les premiers investissements débuteront dans le courant de 2023.
Comité de surveillance Données et intelligence artificielle
Le Comité de surveillance Données et intelligence artificielle est l’organe qui coordonne les travaux que l’OTAN mène pour piloter un développement et une utilisation de l’IA de manière responsable. À cet effet, il aide à opérationnaliser les principes pour une utilisation responsable de l’IA, qui ont été approuvés par les Alliés dans la stratégie OTAN pour l’IA, notamment au travers d’une norme de certification « IA responsable » (RAI). Le Comité crée des boîtes à outils RAI, donne des orientations pour la mise en œuvre de l’IA responsable à l’OTAN et apporte un soutien aux Alliés dans leurs initiatives à cet égard.
Chaque pays membre de l’OTAN désigne un représentant qui siège au sein du Comité. Ces représentants peuvent venir d'horizons différents – services publics, monde universitaire, secteur privé ou société civile –, ce qui garantit une approche multidisciplinaire. Le Comité peut également compter sur le soutien de ses sous-groupes d’experts externes, qui l’aident à s’acquitter de ses missions principales, en mettant notamment l’accent sur les outils RAI, les normes et le partage de connaissances.
Groupe consultatif OTAN sur les technologies émergentes et les technologies de rupture
Le Groupe consultatif OTAN sur les technologies émergentes et les technologies de rupture est une entité indépendante qui remet à l’OTAN des avis externes sur l’optimisation de ses activités d’innovation. Créé en juillet 2020, il se compose de 12 experts qui sont issus du secteur privé et du monde universitaire à l’échelle de l’Alliance, et qui ont dirigé des recherches de pointe, élaboré des documents d’orientation sur les TE/TR et piloté des initiatives en matière d’innovation.
En mars 2021, le Groupe a publié son premier rapport annuel, dans lequel il formulait quatre recommandations initiales : améliorer la connaissance de la technologie dans toute l’Organisation, établir un réseau efficace de centres d’innovation, concevoir et promouvoir de nouveaux mécanismes de financement de projets d’innovation avec des entreprises du secteur privé, grandes et petites, et lancer des initiatives de partenariat dans le domaine de l’innovation avec des acteurs extérieurs des TE/TR venant de l’industrie et du monde universitaire.
Dans son deuxième rapport annuel, publié en avril 2022, le Groupe s’est penché sur trois domaines de travail essentiels qui doivent permettre à l’OTAN et aux Alliés d’adopter rapidement de nouvelles technologies et de conserver une avance technologique : le DIANA, le fonds OTAN pour l’innovation et la politique pour l'innovation en matière de capital humain (qui énonce un certain nombre de recommandations sur les moyens d’attirer, de conserver et de former des collaborateurs talentueux possédant des compétences techniques et faisant preuve d’un esprit d’innovation). Ce deuxième rapport explique en quoi ces initiatives sont autant de signes concrets de la montée en maturité technologique de l’OTAN, et il décrit le rôle de pivot d’une défense holistique stimulée par les TE/TR que l’OTAN pourrait idéalement endosser.
Le Groupe consultatif, dont la composition est renouvelée tous les deux ans, continue de présenter des recommandations concrètes pour le court et le long terme sur l’approche à adopter par l’OTAN en matière de TE/TR. En 2023, ses contributions concernent entre autres la stratégie de l’OTAN relative aux technologies quantiques et celle sur les biotechnologies et l’amélioration des capacités humaines. Le Groupe, dont le président siège en qualité d’observateur au sein du Comité de direction du DIANA, reste par ailleurs un conseiller de confiance pour ce dernier.
Bureau de l’OTAN pour l’innovation
Présidé par le secrétaire général délégué, le Bureau de l’OTAN pour l’innovation rassemble de hauts responsables civils et militaires venant des quatre coins de l’Alliance. Il est chargé de faire le point sur les idées nouvelles développées à l’extérieur de l’Organisation, de susciter un débat, de favoriser l’adoption de bonnes pratiques et de rallier les pays de l’OTAN aux changements qui aideront l’Organisation à innover. Il reçoit à cet égard des recommandations du Groupe consultatif OTAN sur les technologies émergentes et les technologies de rupture.
Autres organismes OTAN agissant dans le domaine de l’innovation
D’autres organismes OTAN se consacrent aux activités menées par l’Alliance dans le domaine de l’innovation et contribuent au développement et à l’adoption de technologies innovantes à l'échelle de l’Organisation. Il s'agit notamment des entités suivantes :
- le Commandement allié Transformation (ACT)
- le Bureau de consultation, commandement et contrôle (C3B)
- la Conférence des directeurs nationaux des armements (CDNA)
- l’Organisation pour la science et la technologie (STO)
- le Programme pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS)
- le Centre pour la recherche et l'expérimentation maritimes (CMRE)
- l’Agence OTAN d'information et de communication (NCIA)
L’attention que l’OTAN accorde aux TE/TR est étroitement liée à la coopération avec des partenaires du secteur public, du secteur privé, du monde universitaire et de la société civile. Bon nombre d’applications des TE/TR à la défense sont développées par ou avec le secteur privé, de sorte que l’interaction avec l’industrie, et avec les start-up en particulier, revêt une importance cruciale. Le Conseil de l’Atlantique Nord a tenu plusieurs réunions consacrées à la technologie. Ces réunions sont l’occasion pour les représentants permanents d’avoir des contacts avec des acteurs de l’innovation technologique.
Évolution
Depuis sa création il y a plus de 70 ans, l’OTAN soutient l’innovation, tant pour les forces armées de ses pays membres que pour ses propres capacités. Mais la nouvelle vague de TE/TR amène des changements rapides et de grande ampleur – non seulement dans la vie quotidienne, mais aussi en termes de sécurité et de défense. La politique de l’OTAN en matière de TE/TR a connu plusieurs temps forts :
Décembre 2019 – Les dirigeants des pays de l’OTAN adoptent une feuille de route pour la mise en œuvre des technologies émergentes et des technologies de rupture, qui couvre à l’origine sept domaines : les données, l’IA, les systèmes autonomes, les technologies quantiques, les biotechnologies et l’amélioration des capacités humaines, les technologies hypersoniques et l’espace. Cette feuille de route doit servir à structurer les travaux menés à l’OTAN dans un certain nombre de domaines technologiques clés, et permettre aux Alliés d'étudier ces technologies et leurs incidences, par exemple sur la dissuasion et la défense ou sur le développement capacitaire.
Juillet 2020 – Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, met en place le premier Groupe consultatif OTAN sur les technologies émergentes et les technologies de rupture. Ce Groupe est constitué de 12 experts issus du secteur privé et du monde universitaire de divers pays membres à l’échelle de l’Alliance. Ces experts donnent à l’OTAN des avis sur l’adoption de nouvelles technologies et sur divers aspects qui sous-tendent l’innovation comme la formation, le financement et les écosystèmes.
Septembre 2020 – Le Groupe consultatif OTAN sur les technologies émergentes et les technologies de rupture (pour la période 2020-2022) présente ses recommandations au Bureau de l’OTAN pour l’innovation, notamment sur les technologies innovantes auxquelles l’Organisation devrait s’intéresser en priorité.
Février 2021 – Les ministres de la Défense des pays de l’OTAN entérinent la stratégie de l’OTAN pour une mise en œuvre cohérente des technologies émergentes et des technologies de rupture, l’accent étant mis sur les sept domaines définis dans la feuille de route pour la mise en œuvre des TE/TR de 2019.
Mars 2021 – Le Groupe consultatif OTAN sur les technologies émergentes et les technologies de rupture publie son premier rapport annuel, portant sur l’année 2020, dans lequel il formule quatre grandes recommandations : améliorer la connaissance de la technologie dans toute l’Organisation, établir un réseau de centres d’innovation, concevoir et promouvoir de nouveaux mécanismes de financement de projets d’innovation avec des entreprises du secteur privé, grandes et petites, et lancer des initiatives de partenariat dans le domaine de l’innovation avec des acteurs extérieurs des TE/TR venant de l’industrie et du monde universitaire.
Juin 2021 – Au sommet de Bruxelles, les dirigeants des pays de l'OTAN décident de mettre en place l’Accélérateur d'innovation de défense pour l'Atlantique Nord (DIANA) et de créer le fonds OTAN pour l'innovation.
Octobre 2021 – Les ministres de la Défense des pays de l’OTAN entérinent la stratégie OTAN pour l’intelligence artificielle et la politique-cadre en matière d’exploitation des données. Dix-sept Alliés s’engagent à élaborer le cadre définissant les modalités de fonctionnement pratique du fonds OTAN pour l’innovation. Quatre autres Alliés s’associeront à ce processus au cours des mois suivants.
Février 2022 – Les ministres de la Défense des pays de l’OTAN approuvent le premier rapport annuel sur l’innovation et sur les TE/TR, qui définit de nouvelles activités devant permettre d’accroître la maturité technologique de l’OTAN, et qui prévoit notamment l’ajout de deux nouveaux domaines : les matériaux et procédés de fabrication innovants, ainsi que l’énergie et les systèmes de propulsion.
Avril 2022 – Les ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN approuvent la charte du DIANA, qui présente sa mission et sa stratégie, les modalités juridiques, le mécanisme financier, les dispositions en matière de gouvernance, ainsi que les bureaux régionaux, les accélérateurs et les centres d’essais qui constitueront son empreinte initiale. Vingt et un Alliés approuvent le cadre régissant le fonds OTAN pour l'innovation.
Avril 2022 – Le Groupe consultatif OTAN sur les technologies émergentes et les technologies de rupture remet son deuxième rapport annuel, portant sur l’année 2021, dans lequel il examine trois axes de travail essentiels qui doivent permettre à l’OTAN et aux Alliés d’adopter rapidement de nouvelles technologies et de conserver leur avance technologique : le DIANA, le fonds OTAN pour l’innovation et la politique pour l’innovation en matière de capital humain.
Juin 2022 – Au sommet de Madrid, les dirigeants de 22 pays de l’Alliance s’engagent à souscrire au fonds OTAN pour l’innovation (la Finlande est devenue le 23e pays participant lors de son adhésion à l’OTAN, en avril 2023) Par ailleurs, les dirigeants des pays de l’OTAN dévoilent l’empreinte initiale actualisée du DIANA, composée de centres d’essais et d’accélérateurs dans toute l’Alliance.
Septembre 2022 – L’OTAN lance une série de réunions du Conseil de l'Atlantique Nord axées sur les technologies. Ces réunions sont l’occasion d’avoir des contacts avec des acteurs de premier plan dans les écosystèmes d’innovation des pays de l’Alliance.
Octobre 2022 – Les ministres de la Défense des pays de l’Alliance approuvent le plan OTAN de mise en œuvre pour les systèmes autonomes et la mise en place du Comité de surveillance Données et intelligence artificielle.
Février 2023 – Les ministres de la Défense des pays de l’OTAN approuvent le deuxième rapport annuel sur l’innovation et sur les TE/TR, qui présente l’approche choisie par l’OTAN pour promouvoir et protéger les TE/TR en 2023. Dans ce rapport, les réseaux de communication de nouvelle génération sont considérés comme un nouveau domaine TE/TR. Le rapport établit par ailleurs que les données ont été suffisamment intégrées dans les axes de travail de l’OTAN, s’agissant notamment de l’exploitation des données et de la transformation numérique, pour ne plus être considérées comme un domaine TE/TR à part entière.
Février 2023 – Le Comité de surveillance Données et intelligence artificielle (DARB) de l’OTAN se réunit pour la première fois et entame les travaux d’élaboration d’une norme de certification conviviale « IA responsable ».
Février 2023 – L’OTAN annonce le lancement de l’initiative APSS (capacité alliée de surveillance permanente depuis l'espace) qui vise à renforcer les capacités de surveillance et de renseignement spatiales de l’Alliance, pour améliorer la connaissance de la situation et la prise de décision.
Mars 2023– Le DIANA inaugure son premier bureau régional, implanté dans l’Innovation Hub de l’Imperial College de Londres (Royaume-Uni).
Juin 2023 – Le DIANA lance ses trois premiers programmes Défis et innovation, invitant les acteurs de l’innovation à se manifester.