Interview
Le général de brigade Brännström : partenaire pour le maintien de la paix
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Le général de brigade Anders Brännström est l’officier supérieur suédois qui commande la Brigade multinationale (MNB) Centre au Kosovo au sein de la mission de la KFOR dirigée par l’OTAN. La MNB Centre est déployée dans le centre et le Nord-Est de la pro
Le travail est, en vérité, très facile. C’estle résultat de dix années de coopération avec l’OTAN dans le cadredu Partenariat pour la paix, ainsi que de notre expérience enBosnie-Herzégovine, où la Suède a déployé douze bataillons pendantsix ans, dans les années 1990. Qui plus est, au Kosovo, nouscollaborons depuis cinq ans. L’essentiel, c’est que tous les hommesprésents – qu’ils appartiennent ou non à l’OTAN – soient avant toutdes soldats possédant une formation et des valeurs similaires. Celarend l’expérience globale extrêmement positive.
Mon plus grand défi est le même que celuiauquel tout officier commandant serait confronté dans la mêmesituation, qu’il appartienne à un pays partenaire ou à un paysmembre de l’OTAN. Il consiste à tirer le meilleur des huit pays quicomposent la MNB Centre. Il consiste également à faire du caractèremultinational de ses troupes une force, plutôt qu’unefaiblesse.
L’harmonisation des procédures relatives aupersonnel et des systèmes de communication est extrêmementimportante. Pour le reste, en ce qui concerne la formation et lapréparation des jeunes soldats, des sous-officiers et des officiersà des opérations multinationales, la compétence de base la plusimportante réside dans les connaissances linguistiques. Il estabsolument essentiel que toutes les personnes impliquées soientcapables de communiquer efficacement en anglais.
Les soldats de la paix doivent être justes,fermes et amicaux. Et cela, à tous les échelons d’une opération demaintien de la paix. La population locale doit constater qu’unsoldat de la paix est amical avec les personnes qui coopèrent aveclui, mais qu’il peut se montrer dur avec celles qui ne le font pas.De la sorte, les soldats de la paix obtiennent le respect de lapopulation locale comme des autres organisations internationalesqui opèrent sur le terrain, ce qui est crucial à la réussite d’unemission. Les compétences essentielles sont, en fait, simplementcelles d’un bon soldat. Et un bon soldat force le respect de toutesles parties.
Les différences ne se fondent pas sur desquestions ethniques. Globalement, la population locale – qu’ellesoit albanaise ou serbe – éprouve autant de respect pour lessoldats des pays partenaires que pour ceux des pays de l’OTAN. Jedois, toutefois, attirer l’attention sur une exception à cetterègle. Alors qu’ordinairement, les personnes honnêtes, quelle quesoit leur origine ethnique, adoptent une attitude très positiveenvers les soldats de la paix, les éléments criminels et lespersonnes aux vues politiques destructrices s’avèrent hostiles ànotre encontre. Il s’agit peut-être là d’un bon indice, puisqu’ilpermet de penser que nous faisons du bon travail.
Il est extrêmement important pour tous lessoldats de la paix et, en particulier, pour quiconque assume uneresponsabilité de commandement d’étudier le contexte du conflit etl’histoire de la région et de ses habitants. A cet égard, jepossède un grand avantage car j’étais l’officier commandant lebataillon suédois présent ici au cours de l’été 2000 et que je peuxdonc m’appuyer sur mon expérience. La fonction de commandant degroupement tactique diffère, naturellement, de celle de commandantde brigade, mais ma précédente assignation de six mois m’aidebeaucoup dans mes fonctions actuelles. Pour le reste, il estessentiel de disposer de bons conseillers. Avant mon retour auKosovo, j’ai veillé à m’entourer de personnes extrêmementcompétentes.
Ma tâche consiste à protéger toutes lesethnies, personnes et organisations, ainsi que tous ceux qui sontmenacés et tout ce qui est menacé. Je n’ai pas de statistiques surla quantité de temps que nous consacrons à une communauté parrapport à une autre. De toute façon, nous nous occupons de cesquestions en collaboration avec les forces de police. Je pense quela sécurité constitue un facteur important dont tiennent compte lescandidats au retour au moment de prendre leur décision. Mais cen’est pas le seul. Les perspectives de retour dépendent, en fait,d’une combinaison de plusieurs facteurs. C’est ainsi que l’état del’économie revêt, par exemple, une très grande importance. Noussoutenons tous ceux qui souhaitent revenir et, à cette fin, nousessayons de rendre l’environnement le plus sûrpossible.
Si je compare la situation actuelle aveccelle d’il y a trois ans, je ne constate aucune différence dans lapopularité de la KFOR et je ne prévois aucun changement aussilongtemps que nous continuerons à nous acquitter correctement denotre mission. Une solution politique finale pour le Kosovofaciliterait probablement mon travail. Toutefois, nous devons tousrespecter le fait qu’il s’agit-là d’un processus qui exigerainévitablement du temps, car il est extrêmement difficile derésoudre la multitude de problèmes liés au Kosovo. Je dis à meshommes que leur tâche consiste à travailler pour créer unenvironnement sûr et j’espère que cela contribuera à générer unesolution.
J’aimerais attirer l’attention sur deuxfacteurs. Le premier est notre longue histoire en matière demaintien de la paix. La Suède est impliquée dans des missions demaintien de la paix depuis les années 1940 et les soldats de lapaix suédois ont acquis leur expérience aussi bien au Moyen-Orient,à Chypre et au Congo qu’en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo. Noussommes fiers de notre tradition de maintien de la paix et del’expérience que nous apportons à la KFOR. Le second facteur est lesystème de conscription suédois. Nous articulons tous nosdéploiements à l’étranger autour de personnes formées lors de leurservice militaire et qui se portent volontaires pour une missionspécifique. De la sorte, chaque soldat suédois apporte descompétences civiles à des opérations telles que la KFOR et nouscomptons parmi nos rangs aussi bien des professeurs, des plombiers,des policiers que de nombreuses autres professions. Ces compétencesnon militaires peuvent s’avérer extrêmement utiles lorsd’opérations de soutien et de maintien de la paix, en particulierlorsqu’on est amené à collaborer avec des civils.
Avant de venir au Kosovo, nous avons dûméticuleusement nous préparer pour cette mission. En collaborantavec les forces de l’OTAN sur le terrain, nous avons été en mesured’apprendre les méthodes de travail et les procédures pratiques del’Alliance, ainsi que la manière dont l’OTAN pratique laplanification opérationnelle. Parallèlement, en travaillant dans uncadre OTAN ou, d’ailleurs, dans n’important quel autre cadreinternational, nous sommes en mesure d’établir une comparaison auquotidien entre nos troupes et les soldats des autres armées. Il nes’agit pas d’une compétition, mais bien d’un échange constructifd’informations et d’opinions, qui s’avère positif. En tantqu’officier suédois, tant comme professionnel que comme individu,je considère l’expérience comme extrêmement positive. Je bénéficied’un bon soutien de l’OTAN, de mon commandant le général de corpsd’armée Holger Kammerhoff et des huit pays qui fournissent destroupes dans le cadre de la MNB Centre.
D’après différentes études de l’opinionpublique suédoise effectuées par des instituts de sondage commeGallup, la majorité des Suédois ne souhaite pas l’adhésion àl’OTAN. Une question qui n’est toutefois jamais posée dans cessondages est ce que pensent les Suédois de la collaboration de leurpays avec l’OTAN. Je suis sûr que la plupart des Suédois sont trèssatisfaits de cette collaboration dans le cadre du PpP et desmissions de maintien de la paix ici au Kosovo, enBosnie-Herzégovine et éventuellement en d’autres endroits àl’avenir. Je considère que nous apprenons beaucoup de notrecollaboration avec de nombreuses armées, nationalités etorganisations différentes dans le cadre de la structure de l’OTAN.Et je suis persuadé que nous pouvons continuer à contribuer auxefforts internationaux communs consentis ici. Quant à la questionde savoir si nous pourrions un jour adhérer à l’Alliance, ils’agit-là d’une question politique que vous devez poser à unpoliticien : il sera plus compétent pour y répondre.