L’OTAN et la logistique
Vecteur primordial de la puissance d’une armée, la fonction logistique recouvre un ensemble intégré d'activités de soutien (mise à disposition des équipements, des effectifs et des services voulus, acheminement, maintenance, etc.) qui sont exécutées à l’appui de la gamme complète des opérations. Qu’il soit assuré par des intervenants publics (militaires ou civils) ou par le secteur privé, le soutien logistique doit être pensé en amont, pour toutes les étapes d’une opération militaire, depuis la planification initiale jusqu’à la phase d’exécution. L’OTAN contribue au processus de développement des capacités logistiques en produisant des normes opérationnelles et des éléments de doctrine propres à renforcer les compétences fonctionnelles des pays de l’Alliance et des pays partenaires.

La fonction logistique en action : des mécaniciens des forces armées suédoises préparent le système d’armes d’un chasseur Gripen.
- La capacité d’action d’une armée dépend de l’efficacité de son système logistique, qui doit fournir aux forces les équipements, le matériel et les approvisionnements et services essentiels dont elles ont besoin pour exécuter les opérations et missions qui leur sont confiées. Le dispositif logistique de l’Alliance doit lui permettre de déployer des forces et d'assurer leur soutien dans la durée, dans tous les milieux : les responsables politiques et militaires disposent ainsi de toute une gamme d'options pour faire face aux menaces, quelles qu'elles soient. Grâce à cet ensemble intégré d’activités de soutien, l’OTAN est en mesure de générer une puissance de combat, de la déployer sur de longues distances et de la soutenir dans la durée, tout au long d’une opération ou d’une mission.
- Les Alliés doivent continuellement investir dans leurs capacités logistiques individuelles et collectives, les étoffer, les éprouver et les maintenir en puissance. Ces capacités doivent pouvoir répondre aux besoins associés à tous les types d’opérations, y compris celles qui s'inscriraient dans un scénario de défense collective tel qu’envisagé à l’article 5 du traité de Washington.
- Par hypothèse, toute opération qui serait menée au titre de l’article 5 serait vaste et complexe et supposerait de mobiliser du personnel, des moyens et des infrastructures civils et militaires. Un tel scénario exigerait que les forces armées des pays de l’OTAN puissent accéder rapidement aux stocks d’équipements de base et que la cadence de production soit suffisante pour couvrir les besoins en matériel et en approvisionnements de forces engagées dans des combats de haute intensité. Il faudrait également que les Alliés disposent de capacités de transport suffisantes pour acheminer ces ressources jusqu’à la ligne de front, depuis les bases d’attaches ou les sites de stockage avancé.
- La logistique est une capacité stratégique pour l’Alliance. Elle relève du champ de la facilitation, qui désigne l’ensemble des activités rendant possibles le renforcement et le soutien dans la durée du dispositif de forces, en temps de paix comme en période de crise ou de conflit. Ces activités, qui mobilisent tous les rouages de l'État, ont une place centrale dans les plans établis par l'OTAN.
- L’OTAN a sensiblement renforcé sa posture de dissuasion et de défense depuis que la Russie a annexé la Crimée, en toute illégalité, en 2014, et plus encore depuis que ce pays a entrepris d'envahir l'ensemble du territoire ukrainien, en 2022. Dans le cadre de l’adaptation de sa posture, l’OTAN a travaillé en particulier sur les questions de facilitation, pour faire en sorte qu’en cas de mobilisation par le Commandant suprême des Forces alliées en Europe (SACEUR), les forces des pays de l’Alliance soient à même d’opérer efficacement. Elle a notamment élaboré une nouvelle stratégie relative à la logistique, conçue pour répondre aux besoins associés à la défense collective. De plus, en 2024, les Alliés ont approuvé un plan d’action pour la logistique destiné à guider l’action de l’OTAN dans ce domaine pour le court et le moyen terme.
- Le Comité de la logistique est l’autorité qui coordonne l’ensemble des fonctions logistiques au sein de l’OTAN. Il fournit un soutien au Conseil de l’Atlantique Nord et au Comité militaire pour les questions liées à la logistique et rend des avis à l’usage d’autres organes concernés.
- Principes clés et fonctions de base
- Politiques et planification logistiques
- Organismes concernés
- La logistique OTAN au fil des époques
Principes clés et fonctions de base
Principes
Les principes ci-après président à l’élaboration des politiques et doctrines relatives à chacun des volets fonctionnels de la logistique. Complémentaires, ils forment le cadre global et unifié qui régit l’ensemble des activités de soutien logistique, quel que soit le type d’opération ou de mission concerné.
- Primauté des besoins opérationnels – La satisfaction des besoins opérationnels est la considération première, qui l’emporte sur tout autre principe. Toute activité de soutien logistique, qu’elle relève du secteur militaire, du secteur civil ou du secteur privé, doit viser en priorité à couvrir les besoins opérationnels associés à l’opération ou à la mission concernée.
- Unité d’action – Les activités de soutien logistique nationales, multinationales ou collectives doivent être optimisées au travers de mécanismes de coopération et de concertation, afin notamment que soit assuré un juste partage des charges. L’unité d’action de toutes les parties prenantes maximise les effets produits et garantit la continuité des fonctions logistiques en cas de bascule du temps de paix à une situation de crise ou de conflit.
- Souplesse – Le soutien logistique doit être adaptable et suffisamment réactif pour pouvoir répondre efficacement aux besoins opérationnels. L'idée est que l’OTAN et les Alliés puissent réagir rapidement en cas d’imprévu et s’adapter à l’évolution de la situation sur le terrain. Le principe de la mise à disposition garantie et la redondance des fonctions logistiques contribuent à la souplesse du dispositif.
- Mise à disposition garantie – Pour que le soutien logistique des forces puisse être assuré de manière adéquate, continue et fiable, avec la rapidité voulue, il faut que les ressources et capacités nécessaires soient en tout temps mobilisables. La bonne application du principe de la mise à disposition garantie suppose, d'une part, que les processus soient résilients et efficaces et, d’autre part, que les éléments facilitateurs soient bien gérés et puissent être fournis rapidement, y compris lorsqu’ils relèvent du secteur civil ou du privé.
- Économie de moyens – En matière logistique comme dans bien d'autres domaines, il convient de rechercher un juste équilibre entre efficience et efficacité.
- Autorité – Les pouvoirs délégués à un commandant OTAN par les Alliés et l’OTAN doivent être à la hauteur des responsabilités qui lui sont confiées, de sorte qu’il puisse mobiliser les ressources nécessaires pour fournir un soutien logistique efficace.
- Visibilité et transparence – Ce sont là deux grandes exigences applicables à l’information logistique. Le commandant OTAN doit pouvoir disposer, en temps utile, d’informations exactes et pertinentes qui lui permettront de prendre des décisions éclairées concernant la planification, la coordination et l’exécution des activités de soutien logistique.
Fonctions
Le dispositif logistique de l’OTAN englobe un certain nombre de fonctions essentielles, qui peuvent parfois se recouper :
- Approvisionnement – Cette fonction concerne tous les matériels utilisés pour l’équipement et le soutien des forces ainsi que pour la maintenance des moyens militaires. Elle couvre la détermination des niveaux de stocks, la prévision d’approvisionnement, la distribution et la reconstitution des stocks.
- Mouvement – Cette fonction recouvre l’ensemble des activités destinées à assurer l’acheminement de personnel et de matériel dans le cadre d’une opération militaire. Elle fait intervenir différentes capacités facilitatrices, dans différents domaines (mobilité, transport, infrastructures, gestion des flux, fonctions d’appui).
- Maintenance – La maintenance désigne les activités qui consistent à entretenir le matériel et les équipements non consommables pour que les forces puissent continuer de les utiliser à leur capacité et à leur rendement d’origine, pour l’usage auquel ils sont destinés. Elle englobe toutes les mesures qui sont prises en vue de garder ou de remettre ce matériel ou ces équipements dans un état spécifié.
- Services – Toute une série de services doivent être mis à disposition afin de répondre à des besoins militaires précis (compétences spécialisées, moyens et infrastructures, besoins en termes de fonctionnalité). Les services les plus couramment fournis concernent les installations, les moyens, la mise à disposition de personnel plus ou moins spécialisé, la restauration, le logement/l’hébergement, les inhumations, l’approvisionnement en eau, la blanchisserie, les installations sanitaires, le courrier/l’expédition, la traduction, ou encore la gestion des déchets.
Activités connexes
Les fonctions logistiques essentielles et facilitatrices reposent aussi sur une série d’activités relevant de domaines connexes :
- Soutien des personnels
- Soutien médical
- Génie militaire
- Budget et finances
- Soutien du pays hôte
- Soutien contractuel aux opérations
- Coopération civilo-militaire
- Coopération avec l’industrie
- Résilience
- Systèmes d’information et de communication
- Cyberdéfense
- Technologies émergentes et technologies de rupture, technologies numériques
- Renseignement
- Normalisation
- Interopérabilité
Tous ces éléments influent largement sur le succès des opérations. Par exemple, la normalisation est un aspect primordial de l’interopérabilité, c’est-à-dire de l’aptitude de forces de différents pays à travailler ensemble de manière efficace. Le niveau d’interopérabilité a une incidence directe sur la soutenabilité d’une mission et sur l’efficacité au combat. Pour que des forces soient interopérables, il faut au minimum que les concepts, doctrines et procédures qu’elles utilisent aient des caractéristiques communes (« communité »), que leurs équipements soient compatibles et que leurs stocks de combat soient interchangeables. À cet égard, l’OTAN joue un triple rôle : elle définit des normes communes, produit des accords de normalisation (STANAG) relatifs aux procédures, aux systèmes et aux composantes des équipements, et encourage chacun des Alliés à souscrire à ces normes et accords.
Politiques et planification logistiques
Le Comité de la logistique est l’autorité qui coordonne l’ensemble des fonctions logistiques au sein de l’OTAN. Il fournit un soutien au Conseil de l’Atlantique Nord et au Comité militaire pour les questions liées à la logistique et rend des avis à l’usage d’autres organes concernés.
Politiques
Les politiques de l’OTAN dans le domaine de la logistique sont énoncées dans différents documents de référence, qui forment un ensemble hiérarchisé. Au sommet figurent les politiques logistiques à portée stratégique, qui émanent du Conseil de l’Atlantique Nord et du Comité militaire. Viennent ensuite la doctrine logistique interarmées, la doctrine relative à la logistique de composante, les tactiques, techniques et procédures logistiques, et les directives logistiques.Tous ces documents réaffirment les principes énoncés plus haut.
Le plan d’action pour la logistique que les Alliés ont adopté en mai 2024 est un ajout récent à ce corpus de documents clés. Articulé autour de 20 mesures couvrant des thématiques variées, il doit guider l’action de l’OTAN en matière de logistique pour le court et le moyen terme. Sur la base de ce document, les Alliés peuvent déterminer comment s'y prendre collectivement pour répondre au mieux à des besoins toujours plus complexes et plus vastes en matière de soutien logistique, et ainsi faire en sorte que l’OTAN conserve l’avantage stratégique dont elle dispose dans ce domaine.
En règle générale, c’est aux pays qu’il appartient, en dernier ressort, d’équiper leurs forces et de fournir les ressources logistiques nécessaires pour assurer le soutien des forces affectées à l’OTAN en temps de paix, en période de crise et en cas de conflit. Ils conservent cette responsabilité jusqu’à ce que ces forces soient effectivement mises à la disposition de l’OTAN, dans le cadre de mécanismes agréés de transfert d’autorité.
Les pays et les autorités de l’OTAN veillent collectivement à ce que le commandant OTAN ait accès aux informations logistiques dont il a besoin. Le commandant OTAN contrôle les ressources mises en commun et en dispose selon les instructions qu’il a reçues. Il est chargé de définir les besoins logistiques pour toutes les phases de l'opération et d’élaborer un plan de soutien logistique à l’appui du plan d’opération. Il doit également veiller à ce que la structure des forces logistiques et les mécanismes de commandement et de contrôle (C2) requis soient bien en place et à même de soutenir l’opération. Il est essentiellement habilité :
- à assurer, selon les instructions qu’il a reçues, le commandement des ressources logistiques financées en commun ainsi que le contrôle opérationnel des unités logistiques intégrées multinationales (MILU) et des autres moyens logistiques mis à disposition ;
- à redistribuer les moyens logistiques que les pays mettent à disposition à l’appui des forces, selon des conditions et modalités qui auront été approuvées au préalable ;
- à contrôler la quantité et la qualité des moyens logistiques destinés au soutien des forces placées sous son commandement, et à demander l’établissement de rapports à ce sujet.
Planification
Les activités de planification de l’OTAN relèvent de deux grands cycles distincts : le processus OTAN de planification de défense (NDPP) et le processus de planification opérationnelle (OPP).
Le NDPP est un outil de planification sur le moyen et le long terme grâce auquel l’Alliance peut assurer, dans la durée, la disponibilité opérationnelle des capacités, des stocks et des ressources dont elle a besoin. Cela suppose de mobiliser tous les intervenants, civils comme militaires, afin que les mesures voulues soient prises pour que les systèmes logistiques des Alliés et de l’OTAN fonctionnent de manière cohérente et répondent aussi efficacement que possible aux besoins définis à l’échelle de l’Alliance.
L’OPP, quant à lui, concerne la planification et l’exécution des opérations et des missions de l’Alliance. Les besoins logistiques opérationnels qui en découlent sont définis en termes quantitatifs et qualitatifs, sur la base d’évaluations et d’estimations. À la lumière des données factuelles disponibles et des hypothèses de travail retenues, les Alliés décident de couvrir ces besoins au travers de solutions nationales ou multinationales (éventuellement financées en commun), qui seront mises en œuvre par la sphère militaire et/ou le secteur privé.
Les deux commandants stratégiques de l’OTAN – le commandant suprême des forces alliées en Europe et le commandant suprême allié Transformation – sont chargés de fixer les niveaux de stocks nécessaires. Les besoins correspondants sont énoncés dans la directive OTAN de planification des stocks, qui est revue tous les deux ans. La constitution de stocks est une exigence qui découle des principes de préparation et de soutenabilité logistiques. Dans leurs plans logistiques, les pays et l’OTAN doivent ainsi prévoir suffisamment de ressources, présentant le degré de qualité voulu et des niveaux de préparation et de déployabilité identiques, pour pouvoir assurer le soutien des forces jusqu’à ce qu’un système de réapprovisionnement soit mis en place. En outre, la puissance de combat doit pouvoir être maintenue pour la durée prévue des opérations, ce qui nécessite des stocks suffisants, ou du moins un accès garanti aux capacités du secteur industriel, ainsi que l’existence d’accords, de contrats de services d’urgence et d’autres arrangements (recours à des prestataires privés, notamment).
L’OTAN teste régulièrement ses politiques et plans logistiques dans le cadre d’exercices militaires, en vue de les affiner. Ces exercices, qui peuvent rassembler des dizaines de pays et des milliers de soldats sur de vastes pans du territoire de l’Alliance, sont l’occasion de mettre les réseaux logistiques des pays et de l’OTAN à l’épreuve et de vérifier qu’ils sont à même de soutenir le déploiement et le maintien en puissance de renforts en provenance des pays de l’Alliance.
Organes concernés
Les organes ci-après jouent tous un rôle, direct ou indirect, à l’appui des activités logistiques de l’OTAN.
Comités principaux et organes subsidiaires
- Comité de la logistique
- Groupe exécutif du Comité de la logistique (LCEG)
- Groupe Mouvements et transports (M&TG)
- Comité de l’énergie opérationnelle (OEC)
- Comité de la politique et des plans de défense (DPPC)
- Comité pour la résilience
- Comité des chefs des services de santé militaires au sein de l’OTAN (COMEDS)
- Comité de normalisation
Organes relevant des deux commandements stratégiques*
- Forum Mouvements et transports (Forum M&T)
- Groupe consultatif médical (MEDAG)
- Comité consultatif sur la planification logistique (LPAC)
(*Bi-SC signifies that the formation in question reports to both Strategic Commanders (SC).)
Agences
Le Comité de la logistique est le principal comité OTAN traitant de logistique. Le mandat du Comité comporte deux volets : traiter les questions de logistique dans le but d’améliorer l’efficacité générale, la soutenabilité et l’efficacité au combat des forces de l’Alliance, et exercer, au nom du Conseil de l’Atlantique Nord, un rôle de supervision et de coordination pour l’ensemble des fonctions logistiques au sein de l’OTAN. Il est appuyé dans ses travaux par ses organes subordonnés, à savoir le Groupe exécutif du Comité de la logistique, le Groupe Mouvements et transports et le Comité de l’énergie opérationnelle.
- Le Groupe exécutif du Comité de la logistique (LCEG) est le principal organe subordonné du Comité de la logistique, auquel il fournit un soutien, notamment consultatif, et pour le compte duquel il coordonne l’ensemble des questions relatives à la logistique au sein de l’OTAN.
- Le Groupe Mouvements et transports (M&TG) s’occupe des questions liées aux mouvements et aux transports civils et militaires.
- Le Comité de l’énergie opérationnelle (OEC) est le principal organe consultatif du Comité de la logistique pour tout ce qui concerne l’approvisionnement en énergie à l’appui des opérations de l’OTAN (durabilité et interopérabilité). Il est responsable des orientations générales et stratégiques, des directives de planification et de la coordination globale des activités relatives aux aspects énergétiques des opérations, notamment dans le contexte de la transition énergétique engagée au niveau mondial. Il s’occupe également des questions liées aux infrastructures de livraison, de stockage, de transport et de distribution d’énergie, notamment au réseau de pipelines de l’OTAN (NPS), et en particulier au réseau d’oléoducs en Centre-Europe (CEPS).
Les questions de logistique font intervenir des facteurs civils aussi bien que des facteurs militaires ; le Comité de la logistique relève donc à la fois du Comité militaire et du Conseil de l’Atlantique Nord.
Comité de la politique et des plans de défense
Le Comité de la politique et des plans de défense (DPPC) est l’organe consultatif OTAN de haut niveau chargé des questions relatives à la défense qui concernent tous les pays membres. Il est également responsable des aspects « défense » des relations entre l’OTAN et les pays partenaires. Le DPPC traite un vaste éventail de sujets allant de la transformation aux capacités de défense, en passant par la réforme des agences et les acquisitions financées en commun. Il joue un rôle clé en matière de politiques et de planification logistiques.
Le Comité pour la résilience est l’organe OTAN de haut niveau qui produit les orientations générales et stratégiques et les directives de planification relatives à la résilience, et qui coordonne l’ensemble des activités menées dans ce domaine. Il tient compte de la résilience globale de la société dans les pays de l’Alliance et promeut une approche qui mobilise tous les rouages de l’État.
Comité des chefs des services de santé militaires au sein de l’OTAN
Le Comité des chefs des services de santé militaires au sein de l’OTAN (COMEDS) est l’organe de référence pour l’étude et la coordination des questions relevant de la médecine militaire. Il formule des avis d’ordre médical à l’intention du Comité militaire.
Le Comité de normalisation est la haute autorité OTAN pour tout ce qui touche à la normalisation. Il exerce un rôle consultatif auprès du Conseil de l’Atlantique Nord. Le but des activités de normalisation OTAN est d’accroître l’efficacité opérationnelle de l’Alliance en faisant en sorte que les forces de l’OTAN soient interopérables les unes avec les autres ainsi qu’avec celles de pays partenaires ou d’autres pays. Pour toutes les questions relatives à la logistique, le Comité de normalisation travaille naturellement en concertation avec le Comité de la logistique.
Forum Mouvements et transports des deux commandements stratégiques (Forum M&T)
Le Forum M&T est l’instance de haut niveau au sein de laquelle les commandements stratégiques, les pays membres de l’OTAN et les agences désignées s'entretiennent des questions liées à la planification des politiques en matière de mouvements et de transports à l’échelle de l’Alliance. Il est saisi des questions relatives aux mouvements et transports qui relèvent de la responsabilité des commandants OTAN ou qui sont couvertes par les concepts et politiques élaborés par les services du siège de l’OTAN.
Groupe consultatif médical des deux commandements stratégiques (MEDAG)
Le MEDAG est l’enceinte au sein de laquelle les commandements stratégiques s’entretiennent des questions d’ordre médical qui relèvent de la responsabilité des commandants OTAN ou qui sont couvertes par les concepts et politiques élaborés par les services du siège de l’OTAN.
Comité consultatif des deux commandements stratégiques sur la planification logistique (LPAC)
Le LPAC rend des avis spécialisés sur toutes les questions relatives au développement et à la mise à disposition de capacités logistiques déployables et employables à l’appui des opérations actuelles et futures.
Agence OTAN de soutien et d’acquisition
Principal prestataire de services de l’OTAN, l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA) fournit un large éventail de capacités intégrées à l’usage de l’Alliance, de ses pays membres et de ses pays partenaires. La NSPA regroupe les activités de soutien logistique et d’acquisition de l’OTAN et propose des produits et des services en rapport avec ses cinq domaines d’activité essentiels, à savoir :
- la gestion des carburants, en particulier dans le cadre du programme du réseau d’oléoducs en Centre-Europe (CEPS) ;
- le transport et le stockage stratégiques, notamment au travers du programme OTAN de gestion du transport aérien (NAM) ;
- l’acquisition de systèmes et la gestion de leur cycle de vie ;
- les services logistiques et la gestion de projets ;
- le soutien aux opérations et aux exercices.
Agence OTAN d’information et de communication
L’Agence OTAN d’information et de communication (NCIA) est l'organisme OTAN de référence pour les technologies et le cyber. Son rôle en matière de logistique consiste à fournir les systèmes, les outils et les plateformes nécessaires à la bonne circulation de l’information.
La logistique OTAN au fil des époques
Pendant la Guerre froide
À l’époque de la Guerre froide, l’OTAN considérait la logistique comme un domaine de compétence purement national. Par conséquent, son action en la matière se limitait à définir des besoins globaux et à s’assurer de leur prise en compte. Cette conception, qui se reflétait clairement dans les plans et les activités de l’OTAN, a été remise en cause au début des années 1990 du fait de la mutation profonde de l'environnement stratégique.
Avant les années 1990, le champ de la logistique OTAN se limitait à la zone de l’Atlantique Nord. Les plans adoptés par l’Alliance prévoyaient une défense linéaire de l’Europe occidentale, avec des corps nationaux appuyés par des éléments de soutien nationaux. Les voies de communication en Europe s’étendaient alors jusqu’aux ports de la Manche et de la mer du Nord. Selon les plans établis à l’appui de la défense collective, des renforts et des approvisionnements en provenance des États-Unis et du Canada pouvaient être acheminés par voie maritime jusqu’à ces ports, puis transportés par voie aérienne jusqu’aux bases européennes, où les forces pourraient puiser dans des stocks d’équipement prépositionnés.
C’est à cette époque que le réseau de pipelines de l’OTAN a été étendu, l'objectif étant de pouvoir assurer l’approvisionnement des forces OTAN en Europe. C'est aussi à cette époque (dans les années 1950) qu'a été créée, au Luxembourg, l’Agence OTAN d’entretien et d’approvisionnement (NAMSA), qui allait par la suite être intégrée à l’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA). À l'origine, la NAMSA avait pour mission d'aider les pays européens à acquérir des avions de combat américains.
Dans les années 1990, l’OTAN a pris acte du fait que l’environnement de sécurité dans lequel elle opérait avait changé sous l'effet d'une série de facteurs : adhésion de nouveaux membres, mise en place du Partenariat pour la paix (PPP) et d’autres programmes de coopération avec les pays d’Europe centrale et orientale, coopération avec d’autres organisations internationales, et opérations de soutien de la paix dans les Balkans. Dans ce nouveau contexte, porteur de défis de taille pour ses services logistiques, l’OTAN a procédé à un remaniement complet de ses politiques logistiques.
L’expérience des Balkans
Le déploiement par l’OTAN de la Force de mise en œuvre (IFOR) en Bosnie-Herzégovine, en décembre 1995, a révélé des lacunes dans les structures de soutien logistique mises en place par l’Alliance à l’appui des opérations de soutien de la paix. Le déploiement et l’approvisionnement des 60 000 soldats de l’IFOR incombaient aux pays et se faisaient par route, rail, mer et air, via des voies de communication relativement courtes. Cette empreinte logistique très lourde, faite d’une juxtaposition de structures nationales redondantes, a nui à l’efficience et à l’efficacité de la Force.
Les opérations de la Force de stabilisation (SFOR), qui a remplacé l’IFOR en Bosnie-Herzégovine en 1996, et de la Force pour le Kosovo (KFOR), déployée en juin 1999, ont été marquées par le même cloisonnement entre les dispositifs de soutien logistique nationaux. La KFOR disposait ainsi de cinq hôpitaux de campagne, un par brigade, alors qu’elle n'en avait pas besoin d'autant.
Renforcement de la coopération multinationale
L'un des grands enseignements que l'OTAN a tirés du déploiement de l’IFOR, de la SFOR et de la KFOR était qu’il fallait renforcer la coopération multinationale dans le domaine de la logistique. L’Organisation a donc procédé à un réexamen en profondeur de ses politiques et procédures logistiques et de celles qui s’appliquaient dans le cadre du Partenariat pour la paix. L’intensification de la coopération multinationale en matière de soutien logistique se justifiait d’autant plus que la fin de la Guerre froide avait entraîné un redimensionnement à la baisse des ressources militaires. Dans ce nouvel environnement de sécurité, l’Alliance devait être en mesure d’assurer le soutien logistique d’opérations de réponse aux crises ne relevant pas de l’article 5, éventuellement dans des régions très éloignées des bases logistiques et industrielles de ses pays membres, ou en dehors du territoire de l’Alliance, dans des pays n'étant pas forcément disposés à fournir un soutien ou en mesure de le faire. Qui plus est, elle devait pouvoir assurer ce soutien dans un cadre juridique du temps de paix, c’est-à-dire en l’absence d'un ordre de mobilisation ou d’une législation d’urgence.
Concept stratégique de 1999
Dans ce contexte, la Conférence des hauts responsables de la logistique de l’OTAN (SNLC), à l’époque la plus haute instance dans le domaine de la logistique, s’est employée à traduire le concept stratégique de 1999 de l’Alliance en principes et dispositions logistiques adaptés, souples et interopérables. Elle a commencé par élaborer une nouvelle vision de la logistique OTAN, reposant sur l’idée d’une responsabilité exercée à titre collectif par l’OTAN et les pays participant à une opération ou une mission donnée.
Cette vision, qui se traduisait par une concertation et une coopération étroites entre les autorités nationales et celles de l’OTAN aux stades de la planification et de l’exécution des activités, mettait aussi davantage l’accent sur l’utilisation efficace des ressources civiles. Forts de l’expérience acquise dans le cadre des opérations et missions dirigées par l’OTAN, les pays mesuraient l’intérêt qu’il y avait à adopter une approche collective du soutien logistique, notamment pour les besoins de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) déployée en Afghanistan de 2003 à 2014.
La logistique OTAN en Afghanistan
Après les attentats du 11 septembre 2001 perpétrés contre les États-Unis, l’OTAN ne pouvait plus se permettre d’appliquer le même modèle logistique que dans les Balkans. Dans le cadre de la FIAS, déployée en Afghanistan, pays enclavé et éloigné de l’Europe, il lui a fallu surmonter un certain nombre de difficultés.
En effet, les voies de communication qui traversaient le pays étaient difficilement praticables, du fait du relief accidenté, de la mauvaise qualité des routes et des menaces de sécurité. La Force s’appuyait donc largement sur les transports aériens, aussi bien pour ses mouvements que pour les renforts et les approvisionnements. La plupart de ses besoins étaient satisfaits grâce à la mise à disposition d’avions américains ou russes, affrétés par le Grand quartier général des puissances alliées en Europe (SHAPE) par l’intermédiaire de la NAMSA, située au Luxembourg (avant l’annexion, illégale, de la Crimée par la Russie, en 2014, l’OTAN et Moscou coopéraient dans de nombreux domaines, y compris celui de la lutte contre le terrorisme).
Pour exécuter sa mission au-delà de Kaboul, la FIAS avait absolument besoin d’avions et d'hélicoptères : par la route, le voyage entre la capitale et les provinces pouvait prendre des jours, voire devenir impossible en hiver en cas de chutes de neige. La portée des activités de la FIAS s’est d’abord étendue au nord de Kaboul – avec la création, en janvier 2025, d’équipes de reconstruction provinciales (PRT) –, puis à l’ouest, au sud et à l’est.
Politique OTAN de coopération logistique
En 2001, l’OTAN s’est dotée d’une politique de coopération logistique destinée à améliorer la collaboration multinationale en la matière. Le cadre de mise en œuvre de cette politique, le « concept de coopération logistique », se compose de trois grands éléments :
- les documents de politique et d’orientation de l’Alliance qui, dans leur propre domaine, guident et infléchissent la logistique OTAN ;
- les mécanismes – politiques, doctrines, activités, systèmes, normes, procédures et capacités – qui favorisent la coopération logistique (appelés « mécanismes facilitateurs ») ;
- le mécanisme formel d’harmonisation, de coordination et de contrôle, qui permet de gérer de bout en bout les objectifs de coopération et les mécanismes facilitateurs, jusqu'à l’obtention des résultats escomptés.
Concept stratégique de 2022
Au sommet de Madrid, en 2022, les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’Alliance ont adopté un nouveau concept stratégique pour la défense et la sécurité des membres de l’OTAN. Expression de la détermination de l’Alliance à renforcer encore sa posture de dissuasion et de défense, particulièrement compte tenu de l’invasion à grande échelle lancée quelques mois plus tôt par la Russie contre l’Ukraine, ce concept stratégique posait le constat suivant : les forces des Alliés doivent disposer de tous les moyens et de tout le soutien nécessaires, notamment sur le plan logistique, pour produire rapidement les effets de dissuasion souhaités et, au besoin, défendre le territoire de l’Alliance. Les Alliés sont convenus qu’ils devaient continuer de travailler à améliorer leur aptitude individuelle et collective à déployer des forces et à les soutenir dans la durée.
Sommet de Vilnius de 2023
À Vilnius, en 2023, les dirigeants des pays de l’OTAN ont décidé de prendre des mesures d’ordre politique et militaire en vue de relever les défis liés à l’évolution de l’environnement de sécurité mondial, et ils ont acté le fait qu’une posture de dissuasion et de défense crédible repose nécessairement sur un socle robuste de capacités et de ressources logistiques. Ils ont aussi approuvé un manifeste du Comité de la logistique mettant en évidence l’ampleur du défi logistique à relever, et se sont engagés à investir davantage dans ce domaine sur le plan national. Ils ont en outre décidé de renforcer la coopération et la coordination à l’échelle de l’Alliance et, selon les besoins, d’assurer collectivement certaines fonctions logistiques.
Plan d’action sur la logistique
En mai 2024, sur la base du manifeste du Comité de la logistique, le Conseil de l’Atlantique Nord a approuvé un plan d’action pour la logistique destiné à ordonnancer et à guider les efforts à accomplir en vue d’opérer les changements voulus dans ce domaine, compte tenu des besoins à satisfaire aux fins de la dissuasion et de la défense, de l’exécution des plans de défense de l’OTAN et des opérations de gestion de crise menées par l’Alliance. Ce document récapitule ce qui peut être fait collectivement pour produire aussi efficacement que possible les effets voulus, notamment en misant sur l’innovation et la collaboration, et ainsi faire en sorte que l’OTAN conserve son avantage stratégique dans le domaine de la logistique.
En application du plan d’action, les Alliés doivent également renforcer le soutien qu'ils fournissent, en tant que pays hôtes, à l’appui de la défense collective. Élément indispensable d'une planification efficace et bien pensée du soutien logistique, le soutien du pays hôte est le soubassement du réseau de renforcement et de soutien dans la durée de l’OTAN. Il consiste à mettre en place les structures et les moyens nécessaires pour que les forces des pays de l’OTAN puissent être acheminées vers et à travers le territoire de l’Alliance et y mener des opérations avec la rapidité et l’efficacité voulues.