Les activités maritimes de l’OTAN
Partout dans le monde, les océans nous relient les uns aux autres. Ils sont essentiels au commerce mondial et à notre mode de vie. Aujourd'hui, le transport maritime achemine 90 % de l'ensemble du commerce international des matières premières et des produits manufacturés, et les navires citernes transportent plus de la moitié du pétrole mondial. Le milieu maritime est d’une importance stratégique pour l’OTAN, qui est déterminée à aider à protéger ses Alliés contre d'éventuelles menaces en mer ou venant de la mer. Les forces maritimes jouent un rôle crucial dans la protection des lignes de communication maritimes et des goulets d'étranglement ainsi que pour l’acheminement de renforts et le réapprovisionnement par les routes transatlantiques en période de crise et de conflit.

- La stratégie maritime de l'Alliance, adoptée en 2011, établit clairement les paramètres pour les activités maritimes de l’OTAN, qui relèvent des domaines suivants : défense collective, prévention et gestion des crises, sécurité coopérative et sûreté maritime.
- Les forces maritimes contribuent de plus en plus à la dissuasion, à la défense et à la projection de la stabilité, au travers de trois fonctions principales : stratégique, de sécurité et de combat.
- L’OTAN renforce sa posture maritime et prend des mesures concrètes pour améliorer la connaissance de la situation maritime globale de l’Alliance, assurer la dissuasion et la défense face à toutes les menaces dans le milieu maritime, préserver la liberté de navigation, sécuriser les routes maritimes et protéger ses principales lignes de communication.
- L'Alliance dispose de forces navales permanentes, qui constituent une capacité maritime OTAN de réaction immédiate hautement entraînée.
- Le programme d'exercices maritime et interarmées de l’OTAN est essentiel pour assurer l’interopérabilité et améliorer les compétences de base pour le combat.
- L’OTAN dirige actuellement l’opération Sea Guardian en Méditerranée et apporte un soutien dans la gestion de la crise des réfugiés et des migrants en mer Égée.
- L’intensification de la coordination et de la coopération avec l’Organisation des Nations Unies et l’Union européenne, ainsi qu’avec d’autres organisations régionales telles que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et l’Union africaine, est fondamentale pour les efforts déployés dans le milieu maritime.
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La stratégie et la posture maritimes de l'Alliance
La stratégie maritime 2011 de l’Alliance définit quatre rôles maritimes : dissuasion et défense collective, gestion de crise, sécurité coopérative, et sûreté maritime. Depuis 2014, l’adaptation de l'Alliance face à l’évolution de l'environnement de sécurité se fait suivant deux axes essentiels : renforcer la posture de dissuasion et de défense de l'Alliance, et accroître la contribution de l'OTAN à la projection de la stabilité. Le renforcement de la posture maritime de l'Alliance doit être considéré comme un élément constitutif et transversal de la mise en œuvre de ces deux axes ; il a été réaffirmé dans le concept stratégique 2022.
La stratégie maritime de l'Alliance décrit les quatre rôles stratégiques de l’Alliance : autrement dit, ce que fait l’Alliance dans le milieu maritime. La posture maritime de l'Alliance décrit les fonctions de l’OTAN : autrement dit, comment elle utilise le milieu maritime et les forces navales de l’Alliance.
L’OTAN renforce sa posture de dissuasion et de défense dans tous les milieux. Le milieu maritime comprend des océans et des mers au-dessus et en dessous de la surface s'étendant dans toutes les directions. C’est un espace continu, pleinement connecté à d’autres milieux et d’autres zones. Les forces navales de l’Alliance comprennent les forces, capteurs et autres capacités maritimes sous commandement national ou OTAN qui contribuent à la sécurité de l'Alliance.La posture maritime de l'Alliance englobe les forces navales de l’Alliance, leur présence dans le milieu maritime et les activités opérationnelles et coopératives qu’elles mènent au titre de l’exécution des trois fonctions ci-après, qui contribuent à la sécurité de l'Alliance.
Fonction stratégique : la présence de forces maritimes produit des effets stratégiques et dissuasifs, y compris en matière d'assurance et de communication, et montre que l'OTAN entend opérer sans contrainte et en fonction des besoins. La flexibilité des forces maritimes permet de disposer quasi instantanément d’ensembles de forces intrinsèquement adaptables offrant tout un éventail d’options politiques et militaires intéressantes, mesurées et viables.
Fonction de sécurité : la sûreté maritime est devenue le pilier des activités maritimes de l'OTAN. Les Alliés ont développé des compétences, tactiques, techniques et procédures sophistiquées en rapport avec la sûreté maritime. Le maintien d'un environnement maritime sûr et sécurisé passe par diverses opérations et/ou activités de sûreté maritime. Les forces maritimes peuvent offrir un mécanisme souple et opérationnel ainsi qu’une capacité très polyvalente permettant de mener des missions et tâches très diverses et de grande ampleur.
Fonction de combat : en temps de paix comme en cas de crise, les forces maritimes sont, par nature, essentiellement dissuasives. Elles peuvent contribuer aux opérations conventionnelles, à la dissuasion nucléaire et à la défense antimissile balistique, pour défendre les intérêts de sécurité de l'Alliance. Elles assurent la dissuasion et la défense dans les mers adjacentes aux pays de l'Alliance, étendant ainsi la défense des territoires nationaux, et peuvent projeter la puissance à distance. Les forces maritimes peuvent rapidement passer de missions et tâches de faible intensité à des missions et tâches de haute intensité. Les capacités et les forces opérant en surface, en dessous de la surface et au-dessus de la surface travaillent ensemble pour instaurer une interdiction ou un contrôle de l'espace maritime, soutenir le renforcement, protéger les moyens, projeter la puissance et aider à la mise en œuvre de forces interarmées et d'effets interarmées.
Les exercices maritimes et interarmées sont essentiels pour maintenir et développer les compétences de combat et améliorer la préparation et les compétences maritimes communes des Alliés pour toutes les opérations. Certains domaines et compétences actuellement intégrés dans les futurs exercices sont par exemple les capacités de combat du haut du spectre, comme la protection des lignes de communication maritimes et le renforcement rapide, l’intervention de porte-avions, les forces amphibies, la lutte anti-sous-marine, les attaques au sol, les frappes de précision dans la profondeur, la défense aérienne et antimissile intégrée, la lutte contre les menaces hybrides dans le milieu maritime, et la lutte contre les menaces dans le cyberespace.
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Les forces navales permanentes et les capacités de l'OTAN
L’OTAN dispose de forces navales permanentes (SNF) qui offrent en continu à l’Alliance une capacité maritime crédible et agile pouvant être déployée rapidement en périodes de crise ou de tension. Les SNF constituent une force multinationale de dissuasion qui est capable de réagir rapidement face à un adversaire potentiel, et de contribuer à la gestion de crise, à la coopération en matière de sécurité avec les partenaires, et à la sûreté maritime. Elles suivent un programme préétabli d’exercices, de manœuvres et d’escales. En février 2022, lorsque l’OTAN a activé ses plans de réponse graduée en réaction à la guerre en Ukraine, elles ont été intégrées dans la Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation de l’OTAN.
Les SNF de l'OTAN se répartissent en quatre groupes : les deux groupes maritimes permanents OTAN (SNMG1 et SNMG2) et les deux groupes permanents OTAN de lutte contre les mines (SNMCMG1 et SNMCMG2). Ces quatre groupes font partie de la force de réaction rapide de l'Alliance, la Force de réaction de l'OTAN (NRF).
SNMG1 et SNMG2
Les groupes permanents OTAN de lutte contre les mines (SNMCMG1 et SNMCMG2) sont des forces multinationales qui participent principalement à des opérations de recherche et de neutralisation des explosifs et munitions. Le SNMCMG2 mène par ailleurs des opérations de neutralisation d'engins explosifs « historiques » afin de réduire la menace que représentent les mines datant des deux guerres mondiales, contribuant ainsi à la sécurité de la navigation mondiale.
Ils opèrent en fonction des besoins opérationnels de l’Alliance, ce qui contribue à maintenir une flexibilité optimale. Ils comptent en général de deux à six navires fournis par autant de pays membres de l’Alliance.
Au sein des forces navales permanentes de l’OTAN, le SNMG1 et le SNMG2 relèvent du commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR). En décembre 2012, le Commandement maritime allié (MARCOM) est devenu le pôle opérationnel pour toutes les opérations maritimes de l’Alliance. Il se voit donc généralement confier l’autorité sur les SNMG ainsi que le commandement opérationnel de ces derniers.
Basé à Northwood (Royaume-Uni), le MARCOM abrite également le Centre OTAN de la navigation commerciale (NSC), qui fait la liaison entre l’OTAN et la communauté de la marine marchande. Doté d'un effectif permanent par l’OTAN, le NSC est le principal point de contact pour l’échange d’informations sur la marine marchande entre les autorités militaires de l’OTAN et la communauté internationale de la navigation commerciale. Il joue également un rôle important dans la lutte contre la piraterie.
SNMCMG1 et SNMCMG2
Les groupes permanents OTAN de lutte contre les mines (SNMCMG1 et SNMCMG2) sont des forces multinationales qui participent principalement à des opérations de recherche et de neutralisation des explosifs et munitions. Le SNMCMG2 mène par ailleurs des opérations de neutralisation d’engins explosifs « historiques » afin de réduire la menace que représentent les mines datant de la Deuxième Guerre mondiale.
Les deux SNMCMG sont des atouts essentiels de la NRF ; ils peuvent remplir un large éventail de fonctions, depuis les missions humanitaires jusqu’aux opérations. Ils peuvent se déployer sur court préavis et sont souvent les premiers moyens introduits sur un théâtre d’opérations.
Le SNMCMG1 a vu le jour dans le port d’Ostende (Belgique), le 11 mai 1973, avec pour finalité de garantir la sécurité de la navigation autour des ports de la Manche et du nord-ouest de l’Europe. Le groupe, qui s’appelait à l’origine « Force navale permanente de la Manche », a été rebaptisé plusieurs fois pour refléter l’élargissement de sa zone d’opérations. Aujourd’hui, il est capable d’opérer pratiquement n’importe où dans le monde.
Le SNMCMG2 est issu d’une force d’intervention en Méditerranée, disponible sur appel, créée en 1969. Cette force a elle aussi évolué au fil du temps et à l’aune de ses nouvelles responsabilités.
Les noms actuels de ces groupes (SNMCMG1 et SNMCMG2) leur ont été attribués en 2006.
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Les opérations/activités maritimes de l’OTAN
Les opérations maritimes de l'OTAN, qui s'appuient sur la puissance de ses forces navales, ont démontré la capacité de l'Alliance à atteindre des objectifs stratégiques dans des contextes très différents.
Opération « Sea Guardian »
En novembre 2016, l’opération Sea Guardian a été lancée : il s’agissait d’une opération flexible, susceptible d’assurer jusqu’à sept tâches liées aux opérations de sûreté maritime (MSO). Jusqu’à présent, cette opération a permis de mener trois tâches permanentes liées aux MSO : renforcement des capacités de sûreté maritime, soutien à la connaissance de la situation maritime, et appui au contre-terrorisme maritime. L’opération Sea Guardian est déployée en Méditerranée. Avec l'accord du Conseil de l’Atlantique Nord - la plus haute instance politique décisionnelle de l’OTAN - l'opération Sea Guardian peut exécuter n'importe laquelle des quatre autres tâches liées aux MSO : respect de la liberté de navigation, interdiction maritime, lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, et protection des infrastructures critiques.
L’opération Sea Guardian rassemble des moyens navals de plusieurs pays de l'Alliance pour des périodes déterminées. Ces opérations ciblées sont menées au rythme de trois semaines ininterrompues tous les deux mois, soit un total de six opérations par an. Bien que des navires ne soient pas présents en permanence en mer tout au long de l’année, la connaissance de la situation maritime est assurée grâce au réseau d'information du Commandement maritime allié.
Soutien dans la gestion de la crise des réfugiés et des migrants en mer Égée
L’OTAN a contribué aux efforts internationaux dans le cadre de la gestion de la crise des réfugiés et des migrants. Ainsi, depuis février 2016, les navires de l’OTAN effectuent des missions de reconnaissance, de suivi et de surveillance des traversées en mer Égée, en coopération avec les autorités nationales compétentes et les services concernés de l’Union européenne. Les navires de l’OTAN récoltent des informations précieuses qui sont utilisées à la fois par les marines et les garde-côtes grecs et turcs et par Frontex (l’agence de l’UE chargée de la gestion des frontières) pour intervenir, par exemple pour intercepter des bateaux de migrants repérés d’abord par l’OTAN. Le partage d’informations entre l’OTAN et Frontex s’est révélé très utile.
Opération « Ocean Shield »
De 2009 à 2016, l'opération Ocean Shield a contribué à l'action internationale visant à réprimer la piraterie et à protéger l'acheminement de l'aide humanitaire au large de la Corne de l'Afrique, succédant à l’opération Allied Protector (mars à août 2009) et à l’opération Allied Provider (octobre à décembre 2008). L’OTAN reste engagée dans les efforts de lutte contre la piraterie dans cette zone, au travers de la connaissance de la situation maritime et des liens étroits qu’elle entretient avec les acteurs de la lutte contre la piraterie.
Opération « Active Endeavour »
De 2001 à 2016, l'opération Active Endeavour (prédécesseur de l’opération Sea Guardian) a contribué à décourager, à détecter et, si nécessaire, à faire obstacle à la menace terroriste en Méditerranée. Cette opération s’inscrit dans le prolongement de la réaction immédiate de l'OTAN aux attentats terroristes perpétrés le 11 septembre 2001 contre les États-Unis. Et en 2011, l'opération Unified Protector a servi de cadre à la projection de puissance depuis la mer et à l'imposition d'un important embargo maritime sur les armes à l'encontre de la Libye.