Opération Active Endeavour (2001-2016)
Dans le cadre de l’opération Active Endeavour, des navires de l’OTAN effectuaient des missions de patrouille en Méditerranée, où ils surveillaient le trafic maritime pour décourager et déjouer les actes de terrorisme, ainsi que pour s'en défendre et s'en protéger. Cette opération s’inscrivait dans le prolongement de la réaction immédiate de l'OTAN aux attentats terroristes perpétrés le 11 septembre 2001 contre les États Unis.
- L'opération Active Endeavour était l'une des huit initiatives lancées en réponse aux attentats terroristes perpétrés contre les États‑Unis le 11 septembre 2001. Elle a pris fin en octobre 2016, laissant la place à l’opération Sea Guardian.
- Elle a permis aussi, par la localisation et le contrôle de navires, de protéger l'une des routes commerciales les plus fréquentées au monde.
- L'opération Active Endeavour, initialement menée à partir de plateformes, est ensuite devenue une opération réseaucentrée, combinant unités disponibles sur appel et missions d'opportunité au lieu de s'appuyer sur des forces déployées.
- Grâce à l’expérience acquise dans le cadre de l'opération Active Endeavour, l’OTAN a atteint un niveau inégalé de savoir‑faire dans la dissuasion d'activités de terrorisme maritime en Méditerranée, en particulier s'agissant de la lutte contre la prolifération et le trafic d'armes de destruction massive ainsi que de la coopération renforcée avec des pays non membres de l’OTAN et des organismes civils.
- Mise en place en application de l'article 5, l'opération Active Endeavour a bénéficié du soutien de pays non membres de l'OTAN à partir de 2004.
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Objectif de l’opération et missions en cours
L’opération Active Endeavour (OAE) est la seule opération antiterroriste relevant de l’article 5 que l’OTAN ait jamais eue. Elle a été lancée immédiatement après les attentats du 11‑Septembre pour soutenir les États‑Unis. Elle visait un double objectif : démontrer la solidarité de l’OTAN et sa détermination à lutter contre le terrorisme, et contribuer à décourager et à déjouer les actes de terrorisme en Méditerranée.
Les forces de l’OTAN ont ainsi interpellé plus de 128 000 navires marchands et visité 172 bâtiments suspects. La présence de l’OTAN en Méditerranée dans le cadre de ces opérations maritimes de lutte contre les activités terroristes, et la sensation accrue de sécurité que cette présence a induite, ont profité à l’ensemble du trafic maritime dans le détroit de Gibraltar. L’OTAN a contribué à assurer la sécurité des mers, à protéger le trafic maritime et à contrôler les navires suspects. Cette opération a permis en outre à l’OTAN de renforcer ses relations avec les pays partenaires, en particulier avec ceux qui participent au Dialogue méditerranéen.
Assurer la sécurité des mers et protéger le trafic maritime
Il est essentiel pour la sécurité de l’OTAN de maintenir ouvertes les routes maritimes commerciales très fréquentées de la Méditerranée et de les protéger. Rien qu’en termes d’énergie, quelque 65 % du pétrole et du gaz naturel consommés en Europe occidentale transitent chaque année par la Méditerranée, et d'importants pipelines relient la Libye à l'Italie et le Maroc à l'Espagne. C'est pourquoi les navires de l'OTAN ont procédé, de manière systématique, à des reconnaissances préalables des routes maritimes dans les goulets d'étranglement ainsi que dans les passages et les ports importants de l'ensemble du bassin méditerranéen.
Poursuivre et contrôler les navires suspects
À partir d’avril 2003, l’OTAN a visité systématiquement les navires suspects. Ces visites se sont déroulées avec l’accord du commandant de bord et de l’État du pavillon, conformément au droit international.
Concrètement, les navires marchands traversant la Méditerranée orientale pouvaient être interpellés par des unités navales de l’OTAN qui patrouillaient dans ces eaux, et être invités à préciser leur identité et leur activité. Les informations obtenues étaient alors transmises au Commandement maritime allié à Northwood (Royaume‑Uni). Si le moindre élément semblait inhabituel ou suspect, des équipes de 15 à 20 personnes montaient à bord pour vérifier les documents et la cargaison. Les visites coopératives de navires ne pouvaient être effectuées qu'avec le consentement de l’État du pavillon et/ou du capitaine. Sinon, les personnels OTAN pouvaient aussi communiquer ces informations aux autorités de police compétentes à l’escale suivante du navire. Le navire suspect était alors suivi jusqu’à ce qu’une autorité appropriée prenne les mesures nécessaires, ou jusqu’à ce qu’il entre dans les eaux territoriales d’un pays.
Avantages inattendus
Bien que son mandat se soit limité à décourager et à déjouer les actes de terrorisme, ainsi qu'à s'en défendre et à s'en protéger, l'OAE a eu un effet tangible sur la sécurité et la stabilité en Méditerranée, ce qui s'est avéré bénéfique pour les activités commerciales et économiques.
Les navires et les hélicoptères de l’OTAN sont également intervenus à plusieurs reprises pour porter secours à des civils bloqués sur des plateformes pétrolières ou des navires en perdition, sauvant ainsi les vies de plusieurs centaines de personnes au fil du temps. L'opération a servi de cadre au volet maritime de l’aide fournie par l’OTAN au gouvernement grec à l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques qui se sont tenus en août et en septembre 2004. Des navires de surface des forces navales permanentes, soutenues par des avions de patrouille maritime et des sous‑marins, ont ainsi assuré, dans le cadre de la force opérationnelle Endeavour, des opérations de surveillance et une présence, et elles ont effectué des visites coopératives de navires dans les eaux internationales autour de la péninsule grecque, en coordination avec la Marine et les garde‑côtes grecs.
Coopération plus étroite avec les pays partenaires
La présence accrue de l'OTAN en Méditerranée a également renforcé le programme de coopération en matière de sécurité associant l'Alliance et sept pays de la région méditerranéenne au sens large – Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Maroc, Mauritanie et Tunisie. Ce programme, créé en 1994 et baptisé Dialogue méditerranéen, a pour vocation de contribuer à la sécurité et à la stabilité régionales et de permettre à l’OTAN et à ses partenaires méditerranéens de mieux se comprendre.
Préoccupés eux aussi par la menace terroriste, les pays participant au Dialogue méditerranéen ont coopéré avec l’OTAN dans le cadre de l'OAE, notamment en communiquant des renseignements sur les navires suspects naviguant dans leurs eaux territoriales.
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Commandement et structure de l’opération
L’opération relevait du Quartier général du Commandement maritime à Northwood (Royaume‑Uni), qui la dirigeait par l'intermédiaire d’une force opérationnelle déployée en Méditerranée.
La force opérationnelle Endeavour était constituée d’un ensemble équilibré d’unités de surface, de sous‑marins et d’avions de patrouille maritime. L’opération s’appuyait régulièrement sur deux frégates OTAN à niveau de préparation élevé, prêtes en permanence à intervenir et capables de mener un large éventail d’opérations maritimes.
Le schéma opérationnel prévoyait d’utiliser les forces de surface comme unités de réaction pour l’exécution de tâches spécifiques telles que la localisation, la poursuite, la notification et la visite de navires présumés suspects d'après les données du renseignement.
Les forces navales permanentes de l'OTAN se relayaient pour fournir un soutien régulier à l’OAE, soit en organisant des opérations intensifiées (lorsque l'ensemble d'une force intervenait) soit en fournissant des unités prêtes à intervenir lorsque l'opération ne disposait pas de forces affectées.
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Évolution
Un déploiement relevant de l’article 5
Ce déploiement en Méditerranée comptait parmi les huit mesures prises par l'OTAN afin de soutenir les États‑Unis au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001 et après l’invocation, pour la première fois de l’histoire de l'Alliance, de l'article 5 du traité de Washington – la clause de défense collective de l’OTAN.
Lancé le 6 octobre 2001, ce déploiement a été officiellement baptisé opération Active Endeavour le 26 octobre. Avec l'envoi aux États‑Unis d'avions AWACS (systèmes aéroportés de détection et de contrôle), c'était la première fois que l'OTAN mobilisait des moyens à l'appui d'une opération relevant de l'article 5.
À partir d’octobre 2001, des navires de l’OTAN ont patrouillé en Méditerranée, surveillé le trafic maritime et visité les bâtiments suspects. Essentielles au succès dans la durée de l’opération, les visites coopératives n’avaient d’autre objectif que d’essayer de déterminer si un navire était impliqué dans des activités terroristes.
En mars 2003, la mission de l'OAE a été élargie de manière à inclure l'escorte, dans le détroit de Gibraltar, des navires non militaires des pays alliés qui en faisaient la demande. Cet élargissement de la mission – la force opérationnelle STROG (Straits of Gibraltar) – avait pour but de prévenir des attaques terroristes comme celles lancées au large du Yémen contre l'USS Cole en octobre 2000 et contre le pétrolier français Limburg deux ans plus tard. Le détroit de Gibraltar est considéré comme une zone particulièrement vulnérable car il est extrêmement étroit, et quelque 3 000 navires de commerce le franchissent chaque jour. Au total, 488 navires ont bénéficié d’une escorte de l’OTAN, jusqu’à la suspension de la mission en mai 2004. Toutefois, les forces sont restées prêtes à se déployer sur préavis de 30 jours.
Couvrir l’ensemble de la Méditerranée
Un an plus tard, en mars 2004, le succès de l’OAE en Méditerranée orientale a conduit l'OTAN à étendre le champ d'action de la mission à l'ensemble du bassin méditerranéen.
Au sommet d’Istanbul, en juin 2004, les dirigeants des pays de l'Alliance ont décidé de renforcer l’OAE. Ils se sont également félicités des offres de soutien faites par les pays partenaires.
Une opération qui a évolué
Dans le concept d’opération révisé, approuvé par le Conseil de l’Atlantique Nord le 23 avril 2009, le Comité militaire a mis en relief deux éléments : la nécessité de développer le partage de l’information entre l’OTAN et d’autres acteurs de la région et le fait que, dans certains cas, l’absence d’accord pour la conduite de visites coopératives de navires suspects entravait l’opération.
Par ailleurs, le plan d'opération, approuvé en janvier 2010, a transformé une opération axée sur des plateformes en une opération réseaucentrée, combinant unités disponibles sur appel et missions d'opportunité au lieu de s'appuyer sur des forces déployées. Le plan d’opération prévoyait aussi le renforcement de la coopération avec les pays non OTAN et les organisations internationales en vue d’améliorer la connaissance de la situation maritime. Toutes les options pour les modifications ultérieures du mandat de l'opération devaient être examinées sur la base de la stratégie maritime de l'Alliance, adoptée en janvier 2011. L'OAE a permis d'assurer les quatre rôles mentionnés dans cette stratégie : la dissuasion et la défense collective, la gestion de crise, la sécurité coopérative et la sûreté maritime.
En février 2013, comme suite à la réforme de la structure de commandement militaire menée en 2011, l'opération a été placée sous un nouveau commandement. À l'origine, l’OAE relevait du commandement de forces interarmées (JFC) de Naples et était dirigée depuis le Commandement de composante maritime alliée de Naples (Italie) (CC‑Mar Naples). À partir du 22 février 2013, elle a relevé du Quartier général du Commandement maritime (QG du MARCOM) à Northwood (Royaume‑Uni), qui en assurait la direction.
Le rôle de l'Alliance en matière de lutte contre le terrorisme s'est précisé au fil des années, et le mandat de l'opération a été réexaminé et élargi au fur et à mesure. En plus de poursuivre et de contrôler les navires suspects pour assurer la sécurité des mers, il consistait aussi à établir une image de l'activité maritime en Méditerranée. À cette fin, les unités participant à l'OAE menaient régulièrement des actions d'information auprès de divers navires pour rassurer les marins et les informer des mesures destinées à préserver la sécurité de la communauté maritime.
Grâce à l’expérience acquise dans le cadre de l'OAE, l’Alliance a atteint un niveau inégalé de savoir‑faire dans la dissuasion d'activités de terrorisme maritime en Méditerranée. Ces compétences peuvent s’appliquer dans le cadre d’autres activités internationales générales de lutte contre le terrorisme – en particulier de lutte contre la prolifération et le trafic d'armes de destruction massive – ainsi que dans le cadre d’une coopération renforcée avec des pays non membres de l’OTAN et des organismes civils. L’OAE a pris fin en octobre 2016, lorsque Sea Guardian est devenue opérationnelle. Au sommet de Varsovie, en juillet 2016, les dirigeants des pays de l’OTAN ont décidé de mettre en place une opération maritime plus large en Méditerranée. Sea Guardian est une opération maritime caractérisée par sa souplesse et sa capacité à exécuter, sur décision du Conseil de l’Atlantique Nord, la gamme complète des tâches de sûreté maritime. Elle mène actuellement trois tâches en mer Méditerranée : connaissance de la situation maritime, lutte contre le terrorisme en mer et soutien au renforcement des capacités.
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Pays contributeurs
Lancée en vertu de l’article 5, l’opération Active Endeavour ne comptait initialement que des pays de l’OTAN. Certains d’entre eux, notamment la Grèce, l'Italie, l'Espagne et la Turquie, ont apporté une contribution directe à l'opération en mettant à disposition des moyens navals. Des patrouilleurs rapides de pays alliés d’Europe du Nord (Allemagne, Danemark et Norvège) ont été déployés pour les opérations d’escorte dans le détroit de Gibraltar. L'Espagne a fourni aussi des moyens supplémentaires dans le détroit. L'appui logistique de l'OAE était assuré dans une très large mesure par les Alliés méditerranéens de l'OTAN.
À partir de 2004, des pays partenaires et des pays non membres de l’OTAN ont proposé de contribuer à l’opération.
Toutes les offres ont été examinées au cas par cas. Des échanges de lettres ont été signés entre l’OTAN et Israël, le Maroc, la Russie et l’Ukraine. En outre, la Finlande et la Suède ont exprimé de manière informelle le souhait de contribuer à l’opération. La Géorgie et Israël ont envoyé des officiers de liaison au QG du MARCOM à Northwood suite à la signature de mémorandums d'entente tactiques avec l'OTAN pour l'échange d'informations. La Russie a déployé des navires à deux reprises (en 2006 et en 2007), et l’Ukraine à six reprises après 2007. La Nouvelle‑Zélande a également déployé un navire (avril‑mai 2015).