Rencontre avec le capitaine Quentin, un pilote d’avion de chasse français protégeant l’espace aérien des pays baltes

  • 04 Jun. 2020 -
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  • Mis à jour le: 04 Jun. 2020 12:54

Le capitaine Quentin est pilote d’avion de chasse au sein de l’armée de l’air française. 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, il protège l’espace aérien des pays baltes depuis la base d’Amari, en Estonie.

© Etat-major des armées

« J’assure la mission de police du ciel, qui consiste à décoller sur alerte lorsqu’il y a un doute sur un appareil en vol, et qu’il est nécessaire d’aller constater visuellement ce qu’il en est », explique Quentin. La deuxième partie de son travail comprend un entrainement régulier au combat aérien dans le but d’être capable d’intervenir rapidement dans le cas où la situation le nécessiterait.

Les décollages sur alerte sont déclenchés en fonction des appareils disponibles et de la zone d’intervention, le but étant de rejoindre au plus vite les avions à contrôler. « Si un appareil ne remplit pas un certain nombre de critères qui permettent de l’identifier et de connaître ses intentions avec certitude, nous décollons pour aller le voir et nous assurer qu’il ne représente pas de danger », précise Quentin.

Les États baltes, comme tous les autres pays membres de l’OTAN, ont un espace aérien qu’ils doivent pouvoir protéger. Or, cela signifie avoir la capacité d’intervenir en tout temps et en tout lieu. « Cependant, les pays baltes n’ont pas de moyens aériens aptes à remplir cette mission de police du ciel », explique Quentin. « Elle est donc réalisée par l’OTAN qui, au nom de la solidarité entre Alliés, leur fournit cette capacité ».

Depuis 2004, cette mission de police de l’air est en effet assurée à tour de rôle par les pays membres de l’OTAN et vise à garantir l’intégrité de l’espace aérien des trois pays baltes. L’Espagne et le Royaume-Uni assurent depuis le 1er mai et pour 4 mois la même mission que la France, mais depuis la base aérienne de Siauliai, en Lituanie.

Une mission vitale qui se poursuit pendant l’épidémie de COVID-19

À bord de son Mirage 2000-5F, Quentin s’entraîne quotidiennement pour pouvoir réaliser des missions exigeantes. Lorsqu’il est en alerte, il vit à proximité des avions, tout comme l’autre pilote et les mécaniciens, afin d’être prêt à intervenir rapidement.

« Être opérationnel dans un autre pays que le sien nécessite deux choses : du matériel déployable, et des services de soutien et d’assistance de la base aérienne estonienne qui nous accueille », explique Quentin. « En cette période de coronavirus, il a également fallu nous assurer de ne pas propager l’épidémie en Estonie le temps de notre mission ». L’équipe a donc subi une période d’isolement de deux semaines avant de venir et se conforme aux restrictions imposées par les autorités locales.

Au total, le détachement français comprend quatre Mirages 2000-5F. Pour faire voler ces avions, cent militaires sont déployés. Ce sont des pilotes, des mécaniciens avion mais aussi des logisticiens, des informaticiens, du personnel médical, du personnel de sécurité, des pompiers et du personnel administratif.

S’il ne vole pas, pour entraînement ou après un décollage sur alerte, Quentin ne manque pas d’occupations. « Je fais des tâches administratives, du sport, ou d’autres activités avec les autres membres de l’équipe, bien évidemment, dans le plus strict respect des règles de prévention et de sécurité sanitaires ».

Mais ce que préfère Quentin, c’est voler sur un avion de chasse. « Cela procure une sensation de liberté et de mouvement dans l’espace inégalable », précise-t-il. « Ma famille sait que ce métier est une passion pour moi et elle est très heureuse de savoir que je peux la vivre au quotidien ».

En Estonie, Quentin a pu pratiquer une deuxième passion. « Je joue du piano et en arrivant dans le pays, j’ai découvert qu’il y en a un dans l’hôtel où le détachement est logé. Je profite donc parfois des heures entre les repas, où il n’y a personne, pour aller y répéter quelques morceaux », raconte Quentin.

La France, en tant que membre de l’OTAN, joue pleinement son rôle en participant à la surveillance de l’espace aérien des États baltes. « Je suis fier de pouvoir servir l’intérêt général de mon pays au travers de celui de ses Alliés », conclut Quentin.