Rapport annuel 2023 du secrétaire général
Le 14 mars 2024, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a publié son rapport annuel 2023.
Ce rapport passe en revue les activités et les réalisations de l’Organisation au cours de l’année écoulée, notamment l’adhésion de la Finlande, devenue le 31e Allié, le sommet de Vilnius, lors duquel l’Alliance a renforcé sa défense collective et pris des décisions qui ont aidé l’Ukraine à se rapprocher de l’OTAN, et l’approfondissement de la coopération avec les partenaires de l’Indo-Pacifique.
Le rapport contient également les résultats des derniers sondages sur la manière dont l’OTAN est perçue par l’opinion publique.
Vous trouverez ci-dessous une brève description des principaux éléments du rapport annuel ainsi que les liens directs vers ceux-ci.
- Avant-propos
- L'OTAN en bref
- À tous les militaires au service de l'Alliance
- L'OTAN en 2023: s'adapter dans une période cruciale
- Dissuasion et défense : protection des citoyens
- Investir dans la défense : une alliance parée pour l'avenir
- Approche globale de l'OTAN en matière de résilience
- Communiquer avec les citoyens des pays de l'OTAN, mieux les sensibiliser
- Adapter l'Alliance à un monde axé sur la compétition stratégique
- Prévention et gestion des crises
- Partenariats : la coopération et le dialogue pour une sécurité commune
- Sécurité humaine et « femmes, paix et sécurité »
- Organisation
- Annexes
Vous pouvez également télécharger le rapport annuel dans son intégralité
Le drapeau de la Finlande, 31e pays à avoir rejoint l'Alliance, flotte aux côtés de ceux des autres pays de l'OTAN, devant le siège de l'Organisation – Bruxelles (Belgique), avril 2023.
Avant-propos
La guerre d'agression que la Russie a lancée contre l'Ukraine continue de faire rage, et une nouvelle guerre a commencé au Proche-Orient. Les pays de l'Alliance font face à une compétition de plus en plus vive de la part d'États autoritaires, dont la Chine, et demeurent confrontés à d'autres menaces pour leur sécurité, comme le terrorisme, les cyberattaques et le changement climatique. Et pourtant, dans ce monde devenu plus dangereux, l'OTAN est plus forte.
Au cours de l'année écoulée, l'Alliance s'est agrandie et a gagné en efficacité. Elle a accueilli en son sein la Finlande et, tout récemment, la Suède. Elle a également poursuivi le renforcement de son dispositif de défense. Au sommet de Vilnius, elle a adopté de nouveaux plans qui doivent lui permettre de défendre efficacement chaque centimètre carré de son territoire. Ces plans reposent sur plusieurs centaines de milliers de soldats, mobilisables sur court préavis et appuyés par des moyens aériens et maritimes très performants, ainsi que sur huit groupements tactiques déployés sur le flanc oriental, de la Baltique à la Méditerranée, dont la taille peut être portée au niveau brigade.
En 2023, les dépenses de défense des Alliés européens et du Canada ont augmenté de 11 %, une hausse sans précédent. Depuis l'adoption du premier engagement en matière d'investissements de défense, en 2014, ces pays ont consenti un effort supplémentaire de plus de 600 milliards de dollars.
En 2024, deux tiers des Alliés devraient atteindre ou dépasser le seuil des 2 % du produit intérieur brut (PIB) consacrés à la défense. Par ailleurs, au sommet de Vilnius, les pays de l'OTAN ont approuvé un plan d'action sur la production pour la défense, qui doit les aider à accélérer la production et à reconstituer leurs stocks d'armes et de munitions. De premiers contrats ont été conclus avec l'industrie, pour une valeur totale de plusieurs milliards de dollars, avec, à la clé, plus de sécurité pour les Alliés, davantage de matériel pour l'Ukraine et la création d'emplois hautement qualifiés en Europe et en Amérique du Nord.
En plus de renforcer son dispositif de défense collective, l'Alliance a continué de soutenir l'Ukraine. Il est absolument crucial que celle-ci l'emporte et demeure un État indépendant et souverain. Une victoire du président Poutine enverrait un signal dangereux : d'autres dirigeants autoritaires pourraient en conclure que la violence et la guerre sont de bons moyens de parvenir à leurs fins. Aider l'Ukraine n'est pas un acte de charité. Il en va de notre sécurité.
Grâce aux décisions prises au sommet de Vilnius, l'Ukraine est aujourd'hui plus proche de l'OTAN que jamais. Le Conseil OTAN-Ukraine, créé à cette occasion, offre aux pays de l'Alliance et à l'Ukraine un espace où ils peuvent se réunir, sur un pied d'égalité, pour prendre des décisions sur les enjeux de sécurité communs. Les Alliés aident l'Ukraine à passer des équipements et normes hérités de l'ère soviétique à leurs équivalents OTAN.
Par ailleurs, ils ont décidé de la dispenser de l'étape du plan d'action pour l'adhésion, raccourcissant ainsi considérablement le chemin qu'il lui reste à parcourir. Tous s'accordent sur le fait que l'Ukraine deviendra membre de l'OTAN.
La Chine nous observe de près. Elle ne partage pas nos valeurs, porte atteinte à nos intérêts et s'aligne de plus en plus sur Moscou. Nous continuerons d'entretenir des contacts et d'avoir des échanges commerciaux avec elle, mais nous devons maîtriser les risques et nous préparer à une compétition de longue haleine.
L'OTAN a beau être une alliance régionale, les défis auxquels elle fait face sont d'envergure mondiale. C'est pourquoi les partenariats qu'elle a noués dans le monde sont essentiels pour la sécurité de ses pays membres. L'OTAN continue de travailler en étroite collaboration avec l'Union européenne sur toute une série de questions en lien avec la sécurité, et elle s'emploie à approfondir la coopération avec ses partenaires de l'Indo-Pacifique, à savoir l'Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande et la République de Corée. Par ailleurs, un groupe d'experts a été chargé de mener une réflexion sur l'approche de l'Alliance à l'égard de son voisinage méridional.
En 2024, l'OTAN célèbrera son 75e anniversaire. Incarnation du lien entre l'Europe et l'Amérique du Nord, elle a assuré pendant toutes ces années la sécurité de ses pays membres et de leur population. Au sommet de Washington, en juillet, nous porterons un message fort : nous sommes unis, solidaires, et déterminés à empêcher la guerre et à préserver la paix.
Jens Stoltenberg
Secrétaire général de l'OTAN
Réunion de la Commission OTAN-Ukraine sous la présidence du secrétaire général délégué de l'OTAN, Mircea Geoana., en présence de la vice-première ministre ukrainienne chargée de l'intégration européenne et euro-atlantique, Olha Stefanichyna – Bruxelles (Belgique), juin 2023.
L'OTAN en bref
La raison d'être de l'OTAN
L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord a été créée en 1949, dans le contexte de l'après-guerre. Sa mission est de préserver la liberté et la sécurité de tous ses membres, par des moyens militaires et non militaires. Le principe de la défense collective est au coeur du Traité de l'Atlantique Nord, le texte fondateur de l'OTAN. Les Alliés sont liés entre eux par ce principe, inscrit à l'article 5 du Traité, qui dispose qu'une attaque armée contre l'un des pays de l'Alliance sera considérée comme une attaque dirigée contre tous. L'OTAN s'attache à préserver en Europe une paix durable fondée sur des valeurs communes : la démocratie, les libertés individuelles, les droits de la personne et le règne du droit.
Les pays membres
Les pays de l'Alliance totalisent un milliard d'habitants et représentent environ la moitié de l'économie et de la puissance militaire mondiales. Ils sont plus forts et plus en sécurité ensemble que seuls.
Les douze membres fondateurs, qui ont signé le Traité de l'Atlantique Nord en 1949, sont la Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la France, l'Islande, l'Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni.
Le Traité de l'Atlantique Nord permet aux pays européens qui le souhaitent d'entrer dans l'Alliance si tous les pays qui en sont déjà membres donnent leur accord. Tout pays candidat à l'adhésion doit partager les valeurs fondamentales de l'OTAN et avoir la capacité ainsi que la volonté de contribuer à la sécurité de la zone euro-atlantique.
Au fil du temps, vingt autres pays ont ainsi intégré l'OTAN : la Grèce et la Türkiye (1952), l'Allemagne (1955), l'Espagne (1982), la Tchéquie, la Hongrie et la Pologne (1999), la Bulgarie, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie (2004), l'Albanie et la Croatie (2009), le Monténégro (2017), la Macédoine du Nord (2020), la Finlande (2023) et la Suède (2024).
En 2022, la Finlande et la Suède ont remis leurs lettres officielles de demande d'adhésion à l'OTAN. Au mois de juillet 2022, une fois les pourparlers d'adhésion menés à bien, les Alliés ont signé les protocoles d'accession de ces deux pays, qui ont alors été autorisés à assister aux réunions de l'OTAN en qualité de « pays invités ». Après que les Alliés ont ratifié son protocole d'accession conformément à leurs procédures nationales, la Finlande est devenue, en avril 2023, le 31e pays membre de l'Organisation. Pour ce qui concerne la Suède, le processus d'adhésion était arrivé à son terme au moment d'imprimer le présent rapport.
Une médecin de l'armée de l'air allemande (Samantha M.) en mission dans le cadre de l'exercice Rapid Viking 2023 – Islande, août 2023 (gauche). Un soldat finlandais sur le terrain dans le cadre de l'exercice Northern Forest – Nord de la Finlande, mai 2023 (droit).
À tous les militaires au service de l'Alliance
La mission de l'OTAN, clairement exprimée dans le Traité de l'Atlantique Nord, est simple : « sauvegarder la liberté [des] peuples [de ses pays membres], leur héritage commun et leur civilisation, fondés sur les principes de la démocratie, les libertés individuelles et le règne du droit ».
Depuis la signature du Traité, en 1949, l'accomplissement de cette mission a nécessité un travail acharné et d'immenses sacrifices.
En 2023, les soldats, marins et aviateurs des pays de l'OTAN ont continué d'oeuvrer pour préserver la sécurité et la liberté de leurs concitoyens, soit un milliard de personnes. En se mettant en danger jour après jour pour nous protéger, ils nous font un cadeau inestimable. Qu'ils patrouillent dans l'Atlantique Nord, le long des frontières terrestres de l'Alliance ou dans l'espace aérien au-dessus du flanc est, leur savoir-faire et leur professionnalisme font d'eux les artisans de la paix et de la sécurité.
Il ne saurait y avoir de sécurité sans une défense forte. Et il ne saurait y avoir de défense forte sans des forces armées performantes.
À l'approche du 75e anniversaire de l'Alliance, et dans un contexte de grands bouleversements, il nous est permis d'envisager l'avenir avec confiance en sachant que nous pouvons compter sur les hommes et les femmes qui servent dans nos forces armées. L'OTAN ne serait rien sans eux.
Ils ont toute notre gratitude et notre admiration.
Photo officielle des chefs d'État et de gouvernement des pays de l'OTAN – Sommet de Vilnius (Lituanie), juillet 2023.
L'OTAN en 2023: s'adapter dans une période cruciale
Si, en 2023, l'OTAN a dû faire face à de nombreux défis, elle n'en a pas moins enregistré un certain nombre de succès : elle a accueilli son 31e membre, la Finlande, et elle a pris d'importantes décisions pour renforcer son dispositif de défense collective et s'adapter au nouveau contexte de sécurité.
Tout au long de l'année, la Russie a poursuivi sa guerre brutale contre l'Ukraine, semant la violence et la mort au coeur de l'Europe, et elle a cherché à diviser l'OTAN. C'était sous-estimer à la fois la détermination du peuple ukrainien et l'unité des Alliés. L'Ukraine a défendu sa population sans fléchir et libéré plus de la moitié du territoire que les forces russes avaient conquis au début de la guerre.
Quant aux Alliés, ils ont fait preuve d'une solidarité inébranlable envers l'Ukraine. Comme la majorité des pays membres de l'ONU, ils sont restés pleinement mobilisés pour la souveraineté du pays, son indépendance et son intégrité territoriale à l'intérieur de ses frontières internationalement reconnues. À Kyïv, en avril et en septembre, le secrétaire général a convenu de l'importance d'une paix juste et durable, et il a réaffirmé que l'OTAN se tenait aux côtés de l'Ukraine, pour le court et le long terme. Les Alliés ont continué de prêter mainforte à l'Ukraine pour qu'elle puisse exercer son droit à la légitime défense, et ils l'ont aidée à se rapprocher de l'OTAN au travers d'un resserrement des liens politiques et d'un renforcement du soutien pratique.
Une paix qui a volé en éclats – Réponse à l'agression russe
Pendant plusieurs décennies, l'OTAN s'est efforcée de construire un partenariat avec la Russie. Toutefois, ces dix dernières années, ce pays n'a cessé de violer les règles et les principes qui avaient contribué à la stabilité et à la prévisibilité de l'ordre de sécurité européen. La guerre d'agression, brutale et illégale, que Moscou mène contre l'Ukraine depuis février 2022 a fait voler en éclats la paix, chèrement acquise, qui régnait en Europe.
Comme l'énonce le concept stratégique adopté par l'OTAN en 2022, la Fédération de Russie constitue la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés et pour la paix et la stabilité dans la zone euro-atlantique. Par la coercition, la subversion, l'agression et l'annexion, elle tente d'exercer un contrôle direct et d'établir des sphères d'influence. Elle emploie des moyens conventionnels, cyber ou hybrides contre l'OTAN et ses partenaires. Sa posture militaire coercitive, sa rhétorique et le fait qu'elle soit manifestement prête à mettre la force au service de ses objectifs politiques ébranlent l'ordre international fondé sur des règles. La Russie modernise ses forces nucléaires et étend ses nouveaux vecteurs à double capacité, aux effets perturbateurs, tout en brandissant la menace nucléaire. Elle s'attache à déstabiliser des pays situés à l'est ou au sud du territoire de l'Alliance. Dans le Grand Nord, sa capacité à entraver le renfort d'Alliés par le nord de l'Atlantique ainsi que la liberté de navigation dans cette zone constitue un défi stratégique pour l'Alliance. Le renforcement de son dispositif militaire, notamment dans les régions de la mer Baltique, de la mer Noire et de la Méditerranée, ainsi que son intégration militaire avec le Bélarus portent atteinte à la sécurité et aux intérêts des Alliés.
Compte tenu des politiques et des agissements hostiles de la Russie, l'OTAN ne peut pas considérer ce pays comme un partenaire. Pour que ses rapports avec ce pays évoluent, il faudra que celui-ci se départisse de son attitude agressive et qu'il se conforme pleinement au droit international. L'OTAN reste disposée à maintenir ouverts les canaux de communication avec Moscou pour gérer et réduire les risques, prévenir toute escalade et accroître la transparence. Elle ne cherche pas la confrontation et ne représente aucune menace pour la Russie.
Au sommet de Vilnius, en juillet, les Alliés sont convenus de continuer de mener des consultations et d'évaluer les incidences des politiques et des agissements de la Russie sur leur sécurité, ainsi que de répondre de façon concertée et responsable aux menaces et aux actes d'hostilité de ce pays.
Le soutien pratique de l'OTAN à l'Ukraine – En bref
Afin d'aider l'Ukraine à exercer son droit de légitime défense, consacré par l'article 51 de la Charte des Nations Unies, les Alliés lui ont apporté un soutien d'une ampleur inédite.
Grâce à l'aide financière substantielle que lui versent Alliés et pays partenaires, l'OTAN se charge de fournir au pays les moyens non létaux dont il a cruellement besoin. Elle s'emploie ainsi à mettre à la disposition de l'Ukraine une aide matérielle à court terme tout en lançant des projets à plus longue échéance visant à remettre sur pied le secteur ukrainien de la défense et de la sécurité, pour aider Kyïv à parvenir à l'interopérabilité avec l'OTAN.
L'OTAN fournit un soutien à l'Ukraine depuis le début de la guerre d'agression russe, s'efforçant de répondre aux besoins urgents dont Kyïv lui fait part. Concrètement, en 2023, elle a coordonné le financement et la livraison de matériel non létal pour une valeur totale de 117 millions d'euros, au travers de son fonds d'affectation spéciale pour l'ensemble complet de mesures d'assistance. De nouveaux contrats, d'un montant équivalent, ont d'ores et déjà été signés, et le matériel correspondant sera livré à l'Ukraine prochainement.
L'assistance fournie par l'OTAN en 2023 a pris des formes multiples : carburant, trousses médicales, systèmes antidrones, équipements de protection CBRN (agents chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires), systèmes Starlink, abris, groupes électrogènes, ou encore systèmes de pontage. En réaffectant le solde des contributions qu'ils avaient versées au fonds d'affectation spéciale pour l'armée nationale afghane, les Alliés et les pays partenaires ont dégagé quelque 24 millions de dollars à utiliser pour l'ensemble complet de mesures d'assistance en faveur de l'Ukraine, et ils ont par ailleurs fourni des contributions en nature à hauteur de 10 millions d'euros, sous la forme d'équipements et notamment de vêtements et de fournitures médicales.
L'ensemble complet de mesures d'assistance a également continué de servir à coordonner les activités de soutien prévues par l'OTAN pour le moyen et le long termes. Les activités en question, dont le délai d'exécution varie entre deux et cinq ans, ont pour objet d'aider l'Ukraine à transformer son secteur de la défense et de la sécurité et à se défaire des systèmes hérités de l'ère soviétique pour adopter du matériel aux normes OTAN. Développés en concertation étroite avec l'Ukraine, les projets sont exécutés grâce au soutien financier et politique solide des Alliés et des pays partenaires.
Des Panzerhaubitze 2000 appartenant à des unités d'artillerie mobiles de l'armée croate ouvrent le feu dans le cadre de l'exercice Griffin Shock 2023 – Bemowo Piskie (Pologne), mai 2023.
Dissuasion et défense : protection des citoyens
L'OTAN se modernise à l'aube d'une nouvelle ère de défense collective – et continue de mettre à profit les mesures prises après l'annexion, illégale et illégitime, de la Crimée par la Russie en 2014. Depuis 2020, deux grands concepts militaires guident l'Organisation dans sa démarche d'adaptation : le concept de dissuasion et de défense pour la zone euro-atlantique, axé sur le présent, et le concept-cadre sur la capacité à combattre, qui s'inscrit dans le long terme. Depuis que la Russie a déclenché sa guerre d'agression contre l'Ukraine en 2022, l'Alliance s'emploie à accélérer davantage encore l'adaptation de sa posture de dissuasion et de défense.
Dans son nouveau concept stratégique, adopté au sommet de Madrid de 2022, l'OTAN a redéfini les fondements de sa posture de dissuasion et de défense suivant son approche à 360 degrés, sur terre, dans les airs, en mer, dans le cyber et dans l'espace, afin de pouvoir contrer toutes les menaces et relever tous les défis.
La frégate HDMS Triton, de la marine royale danoise, dans les eaux groenlandaises – Novembre 2023.
Investir dans la défense : une alliance parée pour l'avenir
Le retour de la guerre sur le continent européen a remis au coeur du débat la question des investissements à consacrer à la défense. Les Alliés ne peuvent pas se permettre de baisser la garde. Au sommet de Vilnius, les chefs d'État et de gouvernement ont considéré qu'il était important que les Alliés continuent d'investir dans la défense et honorent les engagements qu'ils ont souscrits, notamment en répondant aux besoins en équipements majeurs repérés de longue date et en atteignant les objectifs capacitaires fixés dans le cadre de l'OTAN. Ils ont également considéré qu'il était important d'assurer le financement des nouveaux plans de défense et du nouveau modèle de forces de l'OTAN, et de contribuer aux opérations, missions et activités de l'Organisation.
En 2023, les Alliés ont continué d'accroître leurs dépenses de défense, de développer leurs forces et leurs capacités et de contribuer aux opérations, missions et activités de l'Alliance. Les dépenses de défense des Alliés européens et du Canada ont augmenté neuf années de suite, affichant en 2023 une hausse de 11 % en valeur réelle par rapport à 2022.
En 2023, 11 Alliés atteignaient la barre des 2 % du PIB consacrés à la défense ; début 2024, leur nombre est passé à 18, contre 3 seulement en 20141.
Le PIB des États-Unis représentait 53 % du PIB de l'ensemble des Alliés, et les dépenses de défense de ce pays 67 % de celles de l'ensemble des Alliés. On estime qu'en 2023, le total des dépenses de défense des pays de l'OTAN se situait aux alentours de 1,1 billion de dollars.
En outre, les Alliés se sont rapprochés de l'objectif consistant à consacrer au minimum 20 % de leurs dépenses de défense à l'acquisition d'équipements majeurs : ils sont aujourd'hui 28 à respecter la consigne des 20 %, contre 7 en 2014.
Cet effort d'investissement accéléré renforce la capacité de dissuasion et de défense de l'Alliance. Il permet aux Alliés de mettre à disposition davantage des capacités plus lourdes et du haut du spectre dont l'OTAN a besoin, et d'améliorer la préparation, la déployabilité, la soutenabilité et l'interopérabilité de leurs forces. Il est impératif, pour les années à venir, de continuer à investir dans les capacités voulues.
Une équipe mobile britannique des opérations aériennes prépare une charge « sous élingue » pour un hélicoptère Merlin pendant l'exercice Joint Viking – Norvège, mars 2023.
Approche globale de l'OTAN en matière de résilience
Dissuasion et résilience : les deux faces d'une même médaille
La résilience est un élément clé de la posture de dissuasion et de défense de l'Alliance. Face à ce constat, les dirigeants des pays de l'OTAN ont décidé, en 2023, d'adopter une série d'objectifs en matière de résilience. Ces objectifs – les premiers du genre – aideront l'OTAN et les Alliés à mieux se préparer aux chocs et aux perturbations stratégiques. S'ils sont mis en oeuvre de manière coordonnée, ils tiennent toutefois compte des besoins spécifiques des différents Alliés. Ils doivent permettre, entre autres, d'améliorer l'aptitude des Alliés et de l'OTAN à assurer la continuité des pouvoirs publics et des services essentiels et à fournir un soutien civil aux opérations militaires, en temps de paix comme en période de crise ou de conflit. Les Alliés comptent s'appuyer sur ces objectifs au moment d'élaborer, au niveau national, des buts et des plans de mise en oeuvre en matière de résilience.
Point de presse de Jens Stoltenberg au début de la réunion des ministres de la Défense des pays de l'OTAN tenue au siège de l'Organisation – Bruxelles (Belgique), juin 2023.
Communiquer avec les citoyens des pays de l'OTAN, mieux les sensibiliser
L'Alliance ne peut être forte ni efficace sans le soutien et la compréhension des citoyens de ses pays membres. C'est pour cela que l'OTAN mène des activités de communication et des échanges ciblés avec toute une série de médias internationaux et de leaders d'opinion et qu'elle met en place des actions de communication numérique sur de multiples plateformes en respectant une charte graphique claire et cohérente.
En plus d'expliquer aux citoyens ce qu'elle est et ce qu'elle fait, l'OTAN s'emploie à lutter contre les activités de manipulation de l'information et d'ingérence, y compris de désinformation, menées par des acteurs étrangers, en suivant une approche reposant sur une communication publique factuelle et crédible.
Des chasseurs F-35 Lightning II de l'armée de l'air des Pays-Bas volent en formation avec des Rafale de l'armée française de l'Air et de l'Espace au cours d'une activité d'entraînement, dans le cadre de la mission OTAN de police du ciel dans les États baltes – Espace aérien polonais, mars 2023.
Adapter l'Alliance à un monde axé sur la compétition stratégique
Investir dans des capacités de pointe et interopérables
On entend par « interopérabilité » l'aptitude à agir ensemble pour atteindre des objectifs communs, notamment en utilisant des équipements normalisés. L'interopérabilité permet une coordination et une coopération entre forces multinationales et est donc essentielle pour que l'OTAN soit en mesure de faire son travail.
L'Alliance accomplit des missions et tâches multinationales extrêmement diverses, pour lesquelles elle a besoin de capacités de pointe interopérables. Au sommet de Vilnius, les Alliés ont réaffirmé leur engagement à améliorer l'interopérabilité de leurs forces, entre autres en investissant davantage dans les capacités adéquates.
Pour les aider dans cette entreprise, l'OTAN a créé un instrument multinational souple, évolutif et adaptable : les projets à haute visibilité, axés sur une ou plusieurs de ses priorités de planification de défense et durant le cycle de vie desquels elle met du personnel à la disposition des Alliés. Cette approche multinationale a permis aux pays de l'Alliance ainsi qu'à certains partenaires de pallier des insuffisances capacitaires clés, à moindre frais et tout en étant assurés d'une interopérabilité optimale.
En 2023, plusieurs de ces projets à haute visibilité ont franchi des étapes clés et contribué de manière significative au renforcement de la posture de dissuasion et de défense de l'OTAN.
Entraînement au parachutisme lors de l'exercice Hemex-Orion – Frontignan (France), février 2023. Crédit photo : Thomas Prudeleux, forces armées françaises.
Prévention et gestion des crises
La prévention des crises et leur gestion constituent l'une des trois tâches fondamentales de l'OTAN. Comme le souligne le concept stratégique de 2022, il est dans l'intérêt des Alliés de contribuer à la stabilité et de gérer les conflits ensemble, dans le cadre de l'OTAN. L'Alliance est déterminée à prévenir les crises qui sont susceptibles de porter atteinte à la sécurité de ses pays membres, ainsi qu'à répondre à de telles crises.
La prévention des crises et des conflits contribue de façon durable à la stabilité, ainsi qu'à la sécurité des Alliés. L'OTAN est résolue à prévenir les crises, notamment dans le cadre de programmes de formation et de renforcement des capacités. Ces programmes aident les partenaires à développer leurs compétences, à accroître leur sécurité et à être mieux à même de répondre aux crises survenant à l'intérieur ou à l'extérieur de leur territoire. Cela fait des décennies que l'Organisation s'emploie, avec succès, à renforcer les institutions et capacités de défense des partenaires situés dans son voisinage et au-delà, avec le concours de ces derniers.
L'OTAN possède des compétences et une expertise particulières dans le domaine de la gestion des crises, des atouts qui lui permettent de coordonner, de mener et de soutenir, y compris dans la durée, des opérations multinationales de réponse aux crises.
Un soldat suédois et un marine des États-Unis se serrent la main lors d'une journée réservée aux visiteurs de marque, pendant l'exercice Aurora 23 – Sud de la Suède, mai 2023.
Partenariats : la coopération et le dialogue pour une sécurité commune
Les partenariats sont essentiels au fonctionnement de l'OTAN. Ils jouent un rôle important à l'appui des trois tâches fondamentales de l'Organisation et de son approche à 360 degrés en matière de sécurité. Dans un environnement stratégique plus complexe et imprévisible, il est d'autant plus important que l'OTAN et ses partenaires travaillent main dans la main pour répondre aux défis de sécurité communs, protéger les espaces internationaux et renforcer la résilience. Les partenariats de l'OTAN reposent sur un respect et des intérêts mutuels.
L'OTAN a noué des partenariats avec 35 pays à travers le monde et avec plusieurs organisations internationales21. Les partenaires participent à de nombreuses activités essentielles, allant du partage d'expertise au renforcement des capacités, en 21 La Suède n'est pas comptabilisée dans ce total. passant par le développement de l'interopérabilité et la contribution à la prévention et à la gestion des crises. En 2023, 18 partenaires ont pris part à 16 exercices dirigés par l'OTAN, tandis que 11 ont affecté plus de 30 militaires à la structure de commandement et à l'État-major militaire international de l'Organisation. Les partenaires ont également apporté leur concours aux missions de l'OTAN en Iraq et au Kosovo, contribué financièrement aux fonds d'affectation spéciale gérés par l'Organisation, et proposé des aides en nature via les centres de formation et d'entraînement des partenariats.
L'OTAN gère des bureaux de liaison à Belgrade, à Chisinau, à Koweït, à Kyïv, à New York, à Tbilissi et à Vienne, ainsi qu'au sein de son Quartier général à Sarajevo.
Une militaire danoise à couvert dans les bois dans le cadre de l'exercice Crystal Arrow – Lettonie, mars 2023.
Sécurité humaine et « femmes, paix et sécurité »
Dans son concept stratégique 2022, l'OTAN considère le programme « femmes, paix et sécurité » (FPS) et le programme « sécurité humaine » comme de grands thèmes transversaux devant être intégrés dans les trois tâches fondamentales de l'Alliance, un principe que les Alliés ont réaffirmé en 2023, au sommet de Vilnius. Ceux-ci ont souligné que, pour y parvenir, il était important de favoriser la mise en application de ces deux programmes au travers de politiques et de directives solides ainsi que d'une coopération continue avec les partenaires, les autres organisations internationales et la société civile.
Les partenariats restent indispensables à la mise en oeuvre des deux programmes, à l'échelle de l'OTAN et au-delà. En 2023, des objectifs sur mesure ayant trait au domaine FPS et à la sécurité humaine ont été inclus dans les programmes de partenariat individualisés de l'OTAN avec l'Irlande, le Japon, la République de Corée et la Suisse. La Colombie s'est quant à elle associée à la politique FPS de l'OTAN, ce qui montre toute l'importance qu'elle lui accorde dans le cadre de son partenariat avec l'Organisation. Les récents déplacements effectués en Australie, en Géorgie, en République de Corée et en Ukraine par la représentante spéciale du secrétaire général pour les femmes, la paix et la sécurité ont été l'occasion de renforcer les synergies entre l'OTAN et ses partenaires.
Des agents de l'OTAN accompagnés de leurs proches à l'issue de la « Course pour tous », une initiative qui cherchait à promouvoir l'instauration d'un environnement de travail plus inclusif pour les minorités ethniques, les personnes LGBTQ+ et les parents-travailleurs – Bruxelles (Belgique), octobre 2023.
Organisation
Siège de l'OTAN
Le siège de l'OTAN, à Bruxelles, abrite le Secrétariat international et l'État-major militaire international de l'Organisation, ainsi que les délégations et les représentations militaires des 31 pays membres, les missions de 18 pays partenaires et plusieurs agences. C'est principalement là, au travers de débats et de consultations, que se décident la politique et l'action de l'Organisation.
La Force pour le Kosovo
La KFOR, dirigée par l'OTAN, a pour mission de contribuer au maintien d'un environnement sûr et sécurisé et de garantir la liberté de mouvement pour toutes les communautés du Kosovo, en vertu du mandat défini dans la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'ONU, adoptée en 1999. Dans le cadre de ses activités, l'OTAN s'associe et prête son assistance à l'ONU, à l'Union européenne et à d'autres acteurs internationaux, selon les besoins, pour favoriser l'établissement d'un Kosovo stable et pacifique. La KFOR aide également à la mise en place de structures de sécurité professionnelles, démocratiques et multiethniques au Kosovo.
Lire le chapitre dans le rapport annuel (PDF)
Les dépenses de défense des pays de l'OTAN
L'OTAN recueille des données sur les dépenses de défense des Alliés et les publie régulièrement. Le ministère de la Défense de chaque pays membre communique les données relatives aux dépenses de défense actuelles et futures selon une définition agréée des dépenses de défense. Ces montants représentent les paiements qu'un État a effectués ou devra effectuer au cours de l'exercice pour satisfaire les besoins de ses forces armées, des Alliés ou de l'Alliance. Dans les graphiques et tableaux qui suivent, l'OTAN recourt également à des informations économiques et démographiques mises à disposition par la direction générale des affaires économiques et financières de la Commission européenne ainsi que par l'Organisation de coopération et de développement économiques.