L’approche de l’OTAN en matière de lutte contre la désinformation

Qu’est-ce que la désinformation ?
En quoi la désinformation est-elle dangereuse ?
Pourquoi l’OTAN se préoccupe-t-elle de la désinformation ?
Que fait l’OTAN pour combattre la désinformation ?
Comment enrayer la propagation des fausses informations ?

Qu’est-ce que la désinformation ?

On entend par « désinformation » le fait pour un acteur hostile d’utiliser une information fausse ou inexacte pour tromper délibérément autrui. En général, l’objectif recherché est de susciter auprès du public ciblé une forte réaction émotionnelle (colère, peur, écœurement) qui prenne le pas sur la raison et l’esprit critique.

La désinformation appartient à un éventail beaucoup plus large d’activités d’information hostiles qui reposent sur de nombreuses tactiques, techniques et procédures.

Les principales notions à connaître :

• Désinformation – fait de diffuser délibérément une information fausse ou inexacte dans le but de manipuler l’opinion et le comportement d’autrui
• Mésinformation – fait de diffuser, sans intention de nuire, une information fausse ou inexacte susceptible de causer un préjudice
• Propagande – procédé souvent utilisé à des fins politiques par des acteurs étatiques dans le cadre de campagnes prolongées dans l’intention de manipuler le public ciblé et de l’amener à adopter l’opinion ou le comportement voulus,
• Récit hostile – récit élaboré spécifiquement dans le but de discréditer ou de diffamer une cible donnée
• Activités d’information hostiles – large éventail d’actions coordonnées destinées à susciter la méfiance de l’opinion et à la manipuler en recourant généralement à une ou plusieurs des méthodes et techniques précitées (memes fallacieux, théories du complot, photos ou vidéos « deepfake », citations hors contexte, voire mensonges purs et simples destinés à manipuler autrui)
• Manipulation de l’information et ingérence dans la sphère de l’information de la part d’acteurs étrangers – comportement répété qui nuit ou est susceptible de porter atteinte aux valeurs, procédures et processus politiques du pays ciblé. S’ils ne sont généralement pas illicites, les actes en question sont commis de manière délibérée et coordonnée par des acteurs étatiques ou non étatiques dans l’intention de manipuler le public ciblé, y compris par l’intermédiaire de tiers agissant depuis l’intérieur ou l’extérieur de leur territoire
• Guerre hybride – emploi de moyens militaires et non militaires, dissimulés ou non (y compris la désinformation, les cyberattaques, la pression économique, le déploiement de groupes armés irréguliers et l’utilisation de forces régulières) destiné à brouiller la distinction entre guerre et paix, à instiller le doute dans l’esprit des populations visées et à déstabiliser et affaiblir la société

En quoi la désinformation est-elle dangereuse ?

La désinformation ronge le tissu social : elle sape la confiance de la population à l’égard des médias d’information traditionnels qui, contrairement aux acteurs de la désinformation, sont déontologiquement et juridiquement tenus de ne relayer que les faits, ceux-ci se révélant souvent plus complexes et moins exaltants que les récits hostiles simplistes. Elle érode aussi la confiance de la population à l’égard de l’État et des institutions publiques. Elle vise généralement à réveiller nos instincts, nos peurs et nos préjugés les plus vils en nous opposant, en dressant les groupes sociaux les uns contre les autres, en validant et en attisant l’extrémisme et en minant notre sentiment d’appartenance à une communauté ou à un pays, l’objectif ultime de toutes ces manœuvres étant de diviser la société sur le champ de bataille informationnel pour mieux régner.

Le but de la désinformation n’est pas toujours de nous faire croire quelque chose. Parfois, il s’agit plutôt de semer la confusion en diffusant des informations contradictoires pour qu’on ne soit plus en mesure de distinguer la réalité de la fiction. Résultat : certains se laissent berner par les fake news et les relaient ; d’autres finissent par saturer face au flux d’informations mensongères et décident de se couper purement et simplement de l’information. Dans un cas comme dans l’autre, les acteurs hostiles qui cherchent à nuire à la résilience de la société sont gagnants.

La désinformation peut causer des préjudices très concrets dans la vraie vie. La protection des citoyens contre ces menaces est donc une question de sécurité nationale prioritaire, et l’OTAN et les pays qui en sont membres ont un rôle essentiel à jouer en la matière.

Pourquoi l’OTAN se préoccupe-t-elle de la désinformation ?

L’efficacité de la défense collective assurée par l’OTAN repose sur la force et la détermination de ses pays membres, les Alliés. Il est donc normal que l’Organisation se préoccupe des manipulations de l’information ou des ingérences dans la sphère de l’information auxquelles se livrent les acteurs étrangers qui cherchent à affaiblir les sociétés des Alliés, et partant, à éroder sa capacité à les protéger.

En outre, étant une alliance de pays démocratiques, l’OTAN tire sa légitimité de la confiance et de l’appui que lui témoignent les citoyens des pays membres. C’est la raison pour laquelle l’Organisation est la cible de campagnes de désinformation lancées par des acteurs malveillants – y compris la Russie et la Chine -, qui cherchent à saper la confiance de la population et à affaiblir la solidarité de l’Alliance. Ces acteurs se livrent à toute une série d’activités de désinformation contre l’OTAN (voir OTAN-Russie : mise au point pour quelques exemples concrets).

Que fait l’OTAN pour combattre la désinformation ?

Pour combattre la désinformation, l’Alliance suit une approche axée sur deux fonctions : « Comprendre » et « Agir ».

Fonction « Comprendre » : analyse de l’environnement informationnel

Pour répondre efficacement aux activités de désinformation, l’OTAN doit avoir une bonne compréhension de l’environnement informationnel. À cette fin, elle suit et analyse en continu les informations pertinentes, y compris en surveillant et en repérant les sources de désinformation et en analysant les récits hostiles à mesure qu’ils surgissent et se propagent. Grâce à ses capacités d’analyse de l’environnement informationnel (professionnels qualifiés, processus répétitifs et technologies), l’OTAN cherche à tirer parti des informations publiques pour orienter la planification et l’exécution de ses activités de communication et définir la réaction de l’Alliance en cas de menace informationnelle. En plus d’analyser la désinformation, l’Organisation évalue par ailleurs l’efficacité de sa propre communication. Elle améliore également sa compréhension de l’environnement informationnel en conduisant régulièrement des activités de veille et d’analyse médiatiques.

Fonction « Agir » : communication avec le grand public

Le meilleur moyen pour l’OTAN de contrer la désinformation consiste à diffuser des informations fiables de manière proactive. En communiquant de façon ouverte, transparente et claire, l’Organisation peut désamorcer la désinformation en réfutant en amont les récits hostiles.

L’Alliance recourt à une multitude de canaux pour s’adresser au grand public : médias sociaux, presse et site Web de l’OTAN. Pleinement attachée à la transparence, elle publie régulièrement des informations sur ce qu’elle fait et ce qu’elle prévoit de faire. Le calendrier des exercices de l’OTAN et des pays de l'Alliance est publié bien à l’avance, par exemple. Toutes les activités de communication de l’Organisation sont conformes aux valeurs démocratiques fondamentales de l’Alliance, y compris la liberté d’expression et la liberté de la presse.

En plus des activités de communication qu’elle mène en ligne et auprès des médias, l’OTAN dialogue aussi directement avec les populations des pays membres (les Alliés) et des pays non membres (les partenaires) pour les sensibiliser à son rôle, à ses valeurs, à ses politiques et à ses activités. Par ces initiatives, l’Organisation tisse des relations avec les citoyens et concourt à renforcer la résilience des groupes susceptibles d’être la cible de campagnes de désinformation menées par des acteurs hostiles. Ces groupes peuvent alors transmettre à leurs propres réseaux les connaissances et les outils qu’ils ont acquis et contribuer à leur tour à renforcer la résilience de la population contre la désinformation. L’OTAN octroie des bourses aux organisations non gouvernementales, aux universités et aux think tanks pour financer des projets qui contribuent à mieux faire connaître l’Alliance dans leur pays.

Pour atteindre les populations qui sont moins susceptibles de suivre ses activités, l’OTAN mène aussi des campagnes de communication ciblées. Par exemple, dans le cadre de sa campagne « Protéger l’avenir », l’Organisation a collaboré avec de jeunes créateurs de contenu originaires de divers pays membres : elle les a invités à visiter les coulisses de son siège, où ils ont pu rencontrer des experts et en apprendre davantage sur ses activités, une expérience que chacun de ces jeunes a ensuite pu relayer à sa façon auprès de sa communauté. Les campagnes de communication sont aussi un excellent moyen de réfuter en amont les fausses informations.

Quand les mises au point s’imposent

Le ton employé dans les fake news est souvent sensationnel et provocateur, l’objectif étant de déclencher des réactions qui viendront les amplifier et qui concourront à leur propagation. Dans bien des cas, le meilleur moyen de combattre la désinformation consiste donc d’abord à la détecter, puis à s’abstenir d’y réagir. Toutefois, quand un récit hostile s’est déjà largement propagé, il importe de s’y attaquer et de tordre le cou aux mythes que les acteurs hostiles cherchent à répandre.  Dans de tels cas, l’OTAN publie une mise au point sur son site Web et sur ses médias sociaux et le secrétaire général et les hauts responsables de l’Organisation font des déclarations à la presse et au public. Par exemple, l’OTAN a dénoncé directement et à plusieurs reprises la litanie de mensonges déversée par le Kremlin concernant sa guerre d’agression contre l’Ukraine et elle continue de déconstruire les mythes répandus par la Russie à son sujet.

Coordination avec les Alliés et les partenaires

L’OTAN coopère étroitement avec les Alliés et les pays partenaires dans le cadre de l’action qu’elle mène pour contrer les activités d’information hostiles. Elle collabore avant tout avec les gouvernements nationaux de ses pays membres, mais coopère aussi avec les gouvernements des pays partenaires et avec d’autres organisations internationales (Union européenne, Mécanisme de réponse rapide du G7, Organisation des Nations Unies, etc.). L’Organisation travaille également avec des sociétés privées, des organes de presse, des plateformes de médias sociaux et des établissements universitaires pour en apprendre davantage sur la désinformation et mettre au point des stratégies pour la contrer. Tous les acteurs de l’environnement informationnel, aussi bien les grandes organisations comme l’OTAN que les citoyens des pays membres et partenaires, ont un rôle à jouer dans la lutte contre la désinformation.

Comment enrayer la propagation des fausses informations ?

Face à l’avalanche de fausses informations, on peut finir par ne plus savoir à qui ni à quoi se fier sur Internet. Heureusement, il existe un moyen assez simple de démêler le vrai du faux. Naviguez dans la galerie d’images ci-dessous pour faire défiler les cinq bons réflexes à acquérir pour repérer une fake news et arrêter sa propagation.