L’OTAN aide le Belarus et l’Ukraine à faire face aux risques de crues

  • 29 Nov. 2011 -
  • |
  • Mis à jour le: 06 Dec. 2011 13:46

Le bassin de la rivière Pripiat, à cheval sur la frontière entre le Belarus et l’Ukraine, est sujet à de graves crues dont les conséquences sont ressenties par les communautés et les économies locales. Le bassin inclut la zone d’exclusion de Tchernobyl, et l’eau de refroidissement d’une centrale nucléaire locale provient de l’un des affluents de la rivière, de sorte qu’une surveillance efficace est indispensable.

Les relevés étaient précédemment effectués manuellement, processus trop lent pour permettre une alerte adéquate et pour contribuer aux prévisions des crues. Cette situation commence à changer, grâce à un projet parrainé par l’OTAN qui aide à la mise en place d’un système automatique de surveillance en temps réel.

Au début du mois de décembre, le Belarus a inauguré, dans le cadre du projet parrainé par le programme pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS), sa première station automatique de relevés hydrométéorologiques. En Ukraine, les deux premières stations automatiques ouvertes cette année, à Lutsk, dans l’Oblast de Volyns'ka, et dans le village d’Hrenniki, dans l’Oblast de Rivne, recueillent des données et les transmettent toutes les 15 minutes au centre hydrométéorologique de Volyn.

« Grâce au système de surveillance en temps réel, les données seront disponibles globalement et presque instantanément, et permettront de mieux se préparer aux inondations et de déterminer les moyens de limiter les dégâts qu’elles provoquent, » déclare Susanne Michaelis, responsable de la sécurité énergétique au sein de la Division Défis de sécurité émergents de l’OTAN. « Le système élimine aussi, par l’enregistrement direct et électronique des données, le risque d’erreur humaine. »

Les inondations provoquent des difficultés économiques

Sur plus de 700 kilomètres, la rivière Pripiat coule en direction de l’est, traversant le nord-ouest de l’Ukraine et le Belarus, avant de pénétrer à nouveau en Ukraine. Elle reçoit les eaux d’un certain nombre d’affluents et s’écoule ensuite vers le Dniepr, qui se jette dans la mer Noire.

Au début de la fonte des glaces et des neiges, chaque printemps, les paysans et les habitants du sud du Belarus et du nord-ouest de l’Ukraine se préparent à faire face à la crue, souvent aggravée par des précipitations soudaines et violentes.

Mariya Mosyuk, une agricultrice du village ukrainien de Kopyllya, près de la rivière Styr, un affluent de la Pripiat, attend toujours la fin du mois d’avril pour planter ses pommes de terre et ses betteraves à sucre. Lorsque la fonte des neiges est suivie de fortes pluies, les terres sont submergées pendant trois mois, voire davantage, rendant la vie difficile pour les paysans comme Mariya.

La vulnérabilité des centrales nucléaires

Les eaux amenées par la crue posent un problème difficile parce qu’elles traversent la zone d’exclusion de Tchernobyl, et augmentent les niveaux de pollution radioactive. Problème supplémentaire, la rivière Styr, affluent oriental de la Pripiat, alimente la centrale nucléaire de Rivne en eau de refroidissement dont la qualité et la température doivent être surveillées.

« L’accident nucléaire survenu au Japon nous a rappelé à quel point le refroidissement est important pour les centrales nucléaires, » déclare Mme Michaelis. D’une part, explique-t-elle, il faut un volume suffisant d’eau de refroidissement. Et d’autre part, la rivière ne doit pas inonder la centrale. « Si on sait que le niveau de l’eau est trop haut ou trop bas, ou que sa température est trop élevée, les mesures adéquates peuvent être prises en temps utile, » dit-elle.

 

Données automatiques en temps réel

Il est prévu, au titre du projet, que sept stations automatiques au total auront été installées et raccordées au réseau d’ici la fin de 2012. L’OTAN a fourni le capital initial pour la concrétisation de ces premières stations.

Au cours des prochaines années, environ 70 stations de ce type seront nécessaires pour déterminer les crues et donner l’alerte de manière précoce. Les informations concernant les niveaux de l’eau, les précipitations atmosphériques, et les températures de l’air et de l’eau seront transmises aux centres hydrométéorologiques de Lutsk, en Ukraine, et de Brest, au Belarus, et publiées simultanément en ligne. D’autres instruments de mesures pourront y être facilement ajoutés à l’avenir, par exemple pour la surveillance des isotopes nucléaires.

Si le niveau des eaux s’élève de manière significative, des précautions immédiates peuvent être prises et un avis d’alerte transmis aux populations vivant dans les zones concernées. Grâce au flux continu de données, il est aussi beaucoup plus facile de repérer les tendances et d’établir de meilleures prévisions, ainsi que de trouver les moyens de minimiser les effets des crues. « On pourrait constater, par exemple, que l’extension de certaines zones humides pour absorber une plus grande partie des eaux pourrait réduire le niveau général des crues et les dommages qu’elles provoquent, » déclare Mme Michaelis.

La coopération est essentielle

Une enquête sur les « points chauds » en termes de sécurité environnementale en Europe de l’Est, réalisée en 2006, a inscrit la surveillance des risques de crue dans le bassin de la rivière Pripiat a parmi les questions prioritaires, tant pour l’Ukraine que pour le Belarus. Cette enquête a été conduite avec l’appui de l’OTAN, au titre de l’ Initiative environnement et sécurité (ENVSEC).*

« Les années qui ont suivi l’effondrement de l’Union soviétique ont été des années difficiles pour l’Ukraine, » déclare Mark Zheleznyak, Directeur adjoint de la recherche au Centre ukrainien pour les projets environnementaux et hydrauliques. L’Ukraine a demandé à l’OTAN de lui apporter un soutien, les services hydrométéorologiques du pays ne disposant pas d’équipements modernes.

« Les fleuves n’ont pas de frontières, » explique Vladimir Korneev, co-directeur de projet à l’Institut central de recherches sur les utilisations complexes des ressources en eau à Minsk, au Belarus. « Nous avons une bonne coopération avec nos collègues ukrainiens sur les questions hydrologiques, afin de mettre en œuvre ce projet avec succès. »

En 2010, 50 sections transversales des rivières Styr, Prostyr et Pripiat ont été établies en vue de recueillir les informations nécessaires à l’élaboration d’un modèle de prévision des crues. Des ordinateurs et des logiciels ont été installés dans les centres hydrométéorologiques des deux pays, et des techniciens ont été formée. L’Institut hydrométéorologique slovaque, à Bratislava, a aidé les équipes à mettre en œuvre le projet. 

Le projet est exécuté dans le cadre de l’ENVSEC, un partenariat entre six organisations internationales apportant une réponse intégrée aux défis en matière d’environnement et de sécurité.