Tout savoir sur le langage inclusif, outil en faveur de l’égalité des genres

  • 07 Oct. 2022 -
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  • Mis à jour le: 21 Oct. 2022 10:16

Ne sous-estimons pas le poids des mots. La manière dont nous communiquons, à l’oral comme à l’écrit, influe sur l’émetteur et le destinataire du message, ainsi que sur les tierces personnes qui en prennent connaissance. Les mots que nous choisissons se font l’écho de notre raisonnement, façonnent bien souvent celui des autres, et peuvent nous amener, sans que nous en ayons conscience, à entretenir des idées reçues sur le genre. C’est ainsi que le langage et sa transmission reflètent l’état de notre société et les préjugés qui l’imprègnent. Nos modes de communication sont en constante évolution, ce qui est loin d’être anodin. Ils transcendent notre vie personnelle et professionnelle, dans la mesure où ils forgent parfois les grandes questions de société, telles que l’égalité des genres.

Talk the Talk: Gender-Inclusive Language to Advance Gender Equality

Alors que les femmes constituent la moitié de la population, le genre masculin est surreprésenté parmi les termes et les expressions que nous employons. Ceux-ci contribuent, d’une manière subtile mais systématique, aux stéréotypes au sujet des rôles masculins et féminins.

Le langage inclusif aide à déjouer nos préjugés inconscients, favorise une plus grande égalité des genres et nous éclaire sur l’origine de nos perceptions et comportements. En adhérant aux droits de la personne et au principe d’égalité, les individus comme les institutions peuvent s’efforcer de combattre les systèmes de croyance néfastes qui ont le pouvoir de renforcer les discriminations envers les femmes.

À l'OTAN

Afin d’institutionnaliser le langage inclusif, l’Unité Sécurité humaine de l’OTAN (équipe Femmes, paix et sécurité), ainsi que le Service Traduction du Secrétariat international et les autres divisions concernées, ont élaboré un outil d’information destiné à l’ensemble du personnel civil et militaire de l’Alliance.

Le manuel de l’OTAN sur le langage inclusif est une ressource précieuse qui propose des techniques de communication à utiliser pour notre correspondance quotidienne. De l’usage des pronoms aux intitulés de postes, ce manuel, traduit en français, aide les individus et les organisations à mieux comprendre et à utiliser le langage inclusif, exemples à l’appui.

En pratique

En mettant en œuvre le programme FPS et en élaborant des outils comme le manuel sur le langage inclusif, l'OTAN ouvre la voie à un grand changement de paradigme institutionnel. Ce manuel, qui se veut à la fois théorique et pratique, a permis d'obtenir des résultats simples mais probants.

Chairman → Chair

En mai 2021, les chefs d'état-major de la défense des 30 pays de l'Alliance se sont réunis dans l'enceinte du Comité militaire de l'OTAN pour débattre de l'initiative OTAN 2030, de l'adaptation et de la planification stratégiques au niveau militaire, ainsi que des opérations, missions et activités dirigées par l'OTAN. Au cours de cette réunion, le général d'armée aérienne Sir Stuart Peach, qui présidait alors le Comité militaire, a annoncé que l'intitulé anglais de sa fonction allait évoluer : le terme de Chair remplacerait celui de Chairman. Les chefs d'état-major se sont félicités de cette décision et sont convenus que les forces armées devaient refléter les sociétés qu'elles protègent et inclure les profils les plus divers. En français, si le contexte le permet, on parlera de la « présidence du Comité militaire » ou on utilisera le doublet abrégé « président(e) du Comité militaire » afin de préserver une certaine neutralité. Si l'identité de la personne est connue, on dira directement « le président » ou « la présidente ».

« Il est crucial d'établir et d'appliquer des normes exigeantes pour nous-mêmes, et il est également important de montrer l'exemple et d'encourager d'autres forces militaires dans le monde à adopter un tel niveau d'exigence. Nous avons progressé et, même s'il reste encore beaucoup à faire, je suis fier de la manière dont nous faisons évoluer notre langage. »

- Général d'armée aérienne Sir Stuart Peach, ancien président du Comité militaire

Manpower → Workforce

Le Comité militaire s'efforce de ne plus utiliser le terme anglais de manpower, sous quelque forme que ce soit. Deux comités (NATO Defence Manpower Committee et NATO Defence Manpower Audit Authority) ont donc vu leur intitulé anglais remanié. Depuis le 1er juillet 2021, le Comité militaire et l'ensemble de ses organes subordonnés privilégient le terme anglais de workforce. Ce changement en anglais n'a pas eu d'impact sur le terme français, déjà neutre sur le plan du genre.
 

Termes non inclusifs :
Termes inclusifs :
Chairman of the Military Committee (CMC)
Chair of the Military Committee (CMC) / Président(e) du Comité militaire / Présidence du Comité militaire (CMC)
NATO Defence Manpower Committee (NDMC)
NATO Defence Workforce Committee (NDWC) / Comité des effectifs de défense de l'OTAN (NDWC)
NATO Defence Manpower Audit Authority (NDMAA)
NATO Defence Workforce Audit Authority (NDWAA) / Autorité de contrôle des effectifs de défense de l'OTAN (NDWAA)


Le manuel sur le langage inclusif a trouvé un vaste écho au Secrétariat international de l'OTAN.

« Le Bureau OTAN des ressources élabore chaque année des centaines de documents, accessibles à un large public composé de diverses entités, allant des autorités militaires de l'OTAN aux Alliés et partenaires. Selon les mots que nous utilisons, nous pouvons tantôt inclure, tantôt exclure les parties prenantes. Il nous incombe à toutes et à tous de défendre le principe d'inclusivité en choisissant nos mots avec discernement. Le manuel sur le langage inclusif est là pour nous aider. »

- Dana Bekri (Bureau OTAN des ressources)

Inclusion et impact

Pour le dire simplement, les mots ont de l'importance. Les concepts auxquels ils donnent forme régissent en grande partie nos comportements. Le langage véhicule, souvent à notre insu, des attentes différentes à l'égard des femmes, des hommes et de leurs rôles, ce qui freine l'avancement de l'égalité des genres. Il est de notre responsabilité de déconstruire les préjugés présents dans notre discours et de faire preuve d'ouverture dans notre vie personnelle et professionnelle. Ce faisant, nous écarterons les dangers d'un langage discriminatoire et favoriserons des échanges plus équitables pour toutes et tous. Un tel objectif nécessite de faire évoluer nos mentalités et de nous attacher à promouvoir l'égalité des genres dans la manière dont nous communiquons. Nous le savons, l'intégration de la dimension de genre ne se fera pas en un jour. L'OTAN entend bien traduire ses paroles en actes en ancrant le principe de l'inclusion dans le langage qu'elle utilise au quotidien.