La sécurité énergétique, un facteur important de la sécurité internationale
La question de l’énergie n’est pas sans rapport avec la sécurité : ainsi, les voies d’approvisionnement et les infrastructures critiques, de plus en plus interconnectées, sont fréquemment prises pour cibles par les terroristes, les cybercriminels et les pirates ; par ailleurs, les forces déployées doivent diminuer leur consommation d’énergie, par mesure d’économie et pour réduire leur empreinte écologique ; enfin, la croissance de la demande mondiale d’énergie et de certaines ressources limitées risque d’être source de conflits. Le 6 septembre 2013, le secrétaire général de l’OTAN, M. Anders Fogh Rasmussen, a inauguré officiellement le Centre d’excellence OTAN pour la sécurité énergétique, implanté à Vilnius (Lituanie). À cette occasion, il a insisté sur l’importance grandissante que revêt la sécurité énergétique pour l’Alliance.
« Je suis convaincu que la plupart des questions énergétiques seront résolues par les forces du marché, et non par la force armée », a souligné M. Rasmussen au cours de son allocution. « Parler de sécurité énergétique, ce n’est pas lancer un appel aux armes. Mais l’OTAN doit être en première ligne pour ce qui est d’analyser les incidences que les évolutions de l’échiquier mondial des ressources ont sur la sécurité. »
L’Alliance a un rôle à jouer face à ces défis. Ainsi, la mission OTAN de lutte contre la piraterie contribue à protéger les voies d’approvisionnement maritimes. Et en ce qui concerne la protection des infrastructures énergétiques critiques, l’OTAN offre une plateforme pour le partage du renseignement, pour l’entrainement et la formation ainsi que pour l’échange des meilleures pratiques avec les pays partenaires, d’autres institutions et le secteur privé.
Par ailleurs, les Alliés prennent des mesures pour réduire la dépendance de leurs forces armées à l’égard des énergies fossiles, en développant le recours à des sources d’énergie alternatives et en travaillant sur des projets dans le domaine de « l’énergie intelligente ». Dans un contexte d’austérité financière et de hausse du prix des carburants, réduire la consommation d’énergie est une nécessité. Depuis la Seconde Guerre mondiale, la consommation moyenne de carburant par soldat a plus que décuplé. Ces dernières années, plus de quatre millions de litres de carburant ont été utilisés chaque jour par les forces de l’OTAN en Afghanistan. Le transport de ces carburants se fait en grande partie par voie terrestre, ce qui implique de traverser des zones où les risques d’attaques meurtrières par l’insurrection sont élevés.
« Il ne s’agit pas seulement d’économiser de l’argent », a expliqué le secrétaire général. « Il s’agit de sauver des vies et de préserver l’environnement. » Réduire le nombre de convois de carburant, c’est aussi réduire le nombre de soldats qui doivent risquer leur vie pour les protéger. En outre, l’utilisation plus efficace de l’énergie atténue l’empreinte écologique des opérations militaires.
Encourager l’excellence
Homologué comme centre d’excellence de l’OTAN depuis octobre 2012, le centre lituanien a pour objectif de présenter aux organismes, aux pays et aux partenaires de l’OTAN des évaluations, des recommandations et des propositions concernant la mise au point de solutions énergétiques qui soient à même de répondre aux besoins militaires de manière efficace et économique. La Lituanie, l’Estonie, la France, l’Italie, la Lettonie et la Turquie financent directement le Centre, dont le travail consiste notamment à concevoir des activités de formation et d'entraînement, à organiser des exercices ainsi qu’à réaliser des analyses scientifiques, techniques et théoriques dans le domaine de la sécurité énergétique.
Des approches novatrices destinées à réduire la consommation de carburant ont été présentées dans un camp écoénergétique mis sur pied à l’occasion de l’exercice « Capable Logistician 2013 », qui a eu lieu en juin en Slovaquie. Les démonstrations ont aidé l’Équipe Énergie intelligente (SENT) à formuler des recommandations visant à améliorer les normes et les pratiques de l’OTAN en matière d’économies d’énergie.
L’Équipe Énergie intelligente est codirigée par le Centre d’excellence OTAN pour la sécurité énergétique et par le service interarmées de l’environnement des forces armées suédoises. Elle est financée sur le programme pour la science au service de la paix et de la sécurité. Elle a été créée en 2012 dans la foulée du sommet de Chicago, où les dirigeants des pays de l’Alliance s’étaient engagés à « s’efforcer d'améliorer de façon significative l'efficacité énergétique de [leurs] forces militaires ».
Rendre la défense plus respectueuse de l’environnement et plus intelligente ne soulagerait pas uniquement les finances publiques. C’est aussi une nécessité pour la planète, compte tenu des inquiétudes que suscitent de par le monde le changement climatique et les risques à long terme qui pèsent sur l’environnement.