• Mis à jour le: 13 Oct. 2020 09:28

L'approche de l'OTAN en matière de lutte contre la désinformation : le cas de la COVID-19

Introduction

La crise sanitaire de la COVID-19 affecte pratiquement tout le monde, dans tous les pays de l'OTAN. Il est vital qu'elle ne se transforme pas également en crise de sécurité mondiale.

L'OTAN a démontré qu'elle était capable de poursuivre ses opérations, ses missions et ses activités, et de maintenir sa disponibilité opérationnelle malgré la pandémie. Aujourd'hui, face à la perspective d'une deuxième vague, l'Alliance se prépare : plan d'opération, stocks de matériel médical, financements. Mais elle s'emploie également à accroître la résilience des sociétés qui la composent. En effet, les organisations internationales telles que l'OTAN, de même que ses pays membres et ses partenaires, sont confrontées depuis le début de la pandémie à une multiplication des activités de désinformation, de propagande et de mésinformation.

L'OTAN définit la désinformation comme la création et la diffusion délibérées d'informations fallacieuses ou manipulées, dans le but d'induire en erreur ou de tromper. La désinformation vise à exacerber les divisions au sein des pays de l'Alliance ainsi qu'entre eux, et à saper la confiance des populations en leurs élus. Il s'agit d'un problème auquel l'Alliance fait face depuis sa création ; elle lutte d'ailleurs activement contre une intensification significative de la désinformation et de la propagande depuis l'annexion illégale de la Crimée par la Russie en 2014.

L'OTAN a redoublé d'efforts pour contrer la désinformation, suivant les orientations claires données par les chefs d'État et de gouvernement des pays de l'Alliance dans la déclaration du sommet de Bruxelles, en 2018. Comme ceux-ci l'indiquaient alors, « nous sommes confrontés à des menaces hybrides, prenant notamment la forme de campagnes de désinformation et de cyberactivités malveillantes ». En réponse, l'OTAN renforce son aptitude à assurer la préparation, la dissuasion et la défense face aux tactiques hybrides visant à porter atteinte à notre sécurité et à nos sociétés (déclaration de Londres, 2019).

L'OTAN réagit en restant unie et en coopérant étroitement avec ses pays membres et ses partenaires. Elle apporte une réponse mesurée et responsable, en luttant contre la désinformation par une communication publique factuelle et crédible. Elle réfute publiquement les allégations mensongères ainsi que les principaux messages de désinformation qui visent l'Alliance, et coordonne la mise en commun des informations, des éclairages et des bonnes pratiques.

Pour lutter contre la désinformation, l'OTAN collabore également avec l'Union européenne, les Nations Unies, le G7 et la société civile. Des médias libres et indépendants, avec des journalistes libres de poser des questions difficiles et de vérifier leurs sources, constituent la meilleure ligne de défense contre la désinformation et la propagande.

La crise de la COVID-19 a permis à de nombreuses personnes de prendre conscience du problème chronique que représentent la désinformation, la propagande et la mésinformation, ainsi que du mal que celles-ci peuvent faire. Lors d'une pandémie, une communication claire et factuelle peut sauver des vies. Elle est essentielle au maintien de la sécurité publique ainsi qu'à la protection des valeurs communes aux pays de l'Alliance que sont la liberté, la démocratie et l'état de droit. En travaillant de concert, les pays de l'OTAN et leurs partenaires renforcent la résilience de nos sociétés et la sécurité de nos populations.

2. L'approche de l'OTAN : comprendre et agir

L’OTAN aborde la lutte contre la désinformation suivant une double approche axée sur les fonctions « Comprendre » (« Understand ») et « Agir » (« Engage »).

La fonction « Comprendre » correspond aux évaluations de l’environnement informationnel, qui permettent de suivre, de surveiller et d’analyser de façon régulière les informations présentant de l’intérêt pour la mission de l’OTAN. L’OTAN peut ainsi évaluer l’efficacité de sa communication.

La fonction « Agir » consiste à assimiler ces données pour que l’OTAN puisse adapter sa communication stratégique et lutter le plus efficacement possible contre la désinformation.

La communication de l’OTAN est factuelle, ponctuelle, transparente et coordonnée. Elle lui permet d’avoir une place de choix dans l’environnement disputé qu’est l’espace informationnel.

La coordination avec les Alliés et les partenaires est la pierre angulaire de tous les travaux menés par l’OTAN pour comprendre l’environnement informationnel et communiquer avec le public. Elle revêt une importance particulière lorsqu’il s’agit de faire face à une crise évoluant aussi rapidement que celle de la COVID-19. Il est crucial pour l’OTAN que les pays, d’autres organisations internationales comme l’UE, ainsi que la société civile et le secteur privé, travaillent ensemble au renforcement de la résilience de nos sociétés.

Comprendre l'environnement informationnel

Il est crucial, pour une réponse crédible, de comprendre parfaitement l'environnement informationnel, en particulier la désinformation. L'OTAN étudie régulièrement l'environnement informationnel pour fournir des enseignements et des recommandations utiles qui serviront pour sa communication et celle des Alliés.

Les acteurs étatiques comme les acteurs non étatiques ont exploité la pandémie de COVID-19 à des fins de désinformation et de propagande et dans le but de déstabiliser et de fragiliser les sociétés occidentales. Ces dix dernières années, une série d’acteurs étatiques en particulier ont développé et mis en œuvre des techniques de marketing numérique, renforcées par des opérations cyber et psychologiques. Leur objectif est de donner une autre vision du monde, préjudiciable aux valeurs démocratiques 1.

Les médias contrôlés par l’État, comme Russia Today (RT) et Sputnik, diffusent des reportages mêlant informations authentiques et informations mensongères, qui déjouent les filtres naturels permettant de détecter la désinformation. À travers des organisations comme l’usine à trolls de Saint-Pétersbourg - officiellement appelée « Agence de recherche sur internet », la Russie utilise des comptes falsifiés ou automatisés pour diffuser des « informations » destinées à amplifier certains récits sur les réseaux sociaux et les sites de blogss 2 .

L'OTAN a été la cible d'un certain nombre d'attaques spécifiques axées sur la désinformation entre mars et juin 2020, période qui a coïncidé avec le confinement dans de nombreux pays de l'Alliance.

En deux jours seulement (20 et 21 avril), l’OTAN a détecté trois attaques coordonnées contre la présence de ses troupes en Lettonie, en Lituanie et en Pologne. Ces attaques ont notamment pris la forme d’un faux courrier du secrétaire général de l’OTAN au ministre lituanien de la Défense, Raimundas Karoblis, annonçant à ce dernier que l’OTAN avait l’intention de retirer ses troupes du pays ; d’une fausse interview affirmant que les forces canadiennes en Lettonie avaient introduit le virus dans le pays ; et d’un faux courrier dans lequel un responsable militaire polonais critique la présence de soldats américains 3.

Depuis le début de la pandémie, la Russie fait circuler de fausses affirmations selon lesquelles l’OTAN continue d’organiser des exercices de grande envergure sans se soucier de limiter la propagation du virus. Par exemple, Sputnik a affirmé que l’exercice OTAN Steel Brawler en Lettonie allait mettre des civils en danger et entraîner une hausse des cas de COVID-19 4. Il a prétendu plus ou moins la même chose à propos de l’exercice maritime BALTOPS en mer Baltique 5. En réalité, Steel Brawler a eu lieu uniquement sur des sites d’entraînement militaires, le but étant justement d’éviter tout contact avec la population locale, et BALTOPS s’est déroulé presque exclusivement en mer 6.

L’exercice Defender-Europe 20, dirigé par les États-Unis et dans le cadre duquel des milliers de soldats basés aux États-Unis ont été déployés en Europe, a régulièrement été la cible d’activités de désinformation 7 8. En raison de la pandémie, le périmètre et la portée de l’exercice ont été réduits 9, pourtant des sources russes continuent d’affirmer que les restrictions imposées aux déplacements n’ont pas été respectées et que cet exercice a propagé le virus dans toute l’Europe.

Bien qu’elle ait critiqué les exercices de l’OTAN, qui seraient soi-disant un vecteur de la propagation du virus, l’armée russe a continué d’organiser des exercices 10 pendant la pandémie. Le ministre russe de la Défense a annoncé le début du programme des exercices militaires qui sont habituellement organisés l’été 11 et indiqué que près de 3 600 activités d’entraînement au combat seront organisées entre juin et septembre 2020.

À mesure que la crise liée au coronavirus s’est étendue, la communication de la Chine a évolué et s’est durcie 12, ce qui lui a valu d’être qualifiée de « diplomatie du loup combattant » 13 ou de « diplomatie des masques ». L’objectif semble double : rejeter toute critique de la gestion chinoise de la pandémie et donner de la Chine l’image d’un leader mondial responsable, doté d’un modèle de gouvernance supérieur.

Pour faire taire les critiques, les sources officielles chinoises s’emploient à semer le doute sur l’origine du virus, allant jusqu’à rendre des Alliés responsables de l’éclatement de la pandémie. Le tabloïd chinois « Global Times », contrôlé par l’État, a laissé entendre dans un tweet 14 que le virus pourrait être venu d’Italie, tandis que le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a indiqué sur Twitter que l’armée des États-Unis pourrait avoir amené l’épidémie à Wuhan 15. Aucune preuve n’est venue étayer ces propos.

En avril 2020, l’ambassade de Chine en France a publié sur son site web un article qui prétendait que le personnel d’une maison de retraite française avait abandonné les résidents, les condamnant à « mourir de faim et de maladie »16. Jean-Yves Le Drian, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, a réagi aux déclarations de l’ambassade de Chine en convoquant l’ambassadeur chinois le 14 avril. Dans une déclaration, il a qualifié les agissements de l’ambassade de Chine de « non conformes à la qualité de la relation bilatérale entre nos deux pays » et il a exprimé sa désapprobation 17.

Tout en mettant en doute les origines du virus, les médias étatiques chinois s’emploient à mettre en avant les divisions entre les Alliés dans leur réponse à la pandémie et insinuent que si un vaccin est mis au point, les pays occidentaux ne comptent pas le partager. La chaîne télévisée publique CGTN a affirmé que le soutien de l’OTAN aux Alliés et aux partenaires était inefficace 18.

Des acteurs non étatiques tentent aussi d’exploiter la pandémie dans leur communication. Des groupes terroristes essaient soit de recruter de nouveaux partisans et de préparer des attentats, soit d’améliorer leur image. Dans sa lettre d'information, intitulée Al-Naba, l’EIIL affirme que commettre des actes terroristes immunise les djihadistes contre la COVID-19, et il encourage ses adeptes à profiter de la situation pour monter de nouvelles attaques. Tant l’EIIL qu’Al-Qaida soutiennent que la pandémie est une manifestation de la colère de Dieu contre les « infidèles ». Al-Qaida encourage ceux de ses sympathisants qui vivent en Occident à utiliser ce temps pour étudier ses enseignements et se convertir à l’islam.

Études de cas

La présente section donne des exemples précis d'opérations de désinformation et de propagande liées à la COVID-19 qui ont cherché à appuyer des discours généraux anti-OTAN ; nombre d'entre elles se sont déroulées en même temps et ont ciblé différents pays de différentes manières. Le premier exemple est l'étude approfondie d'une des campagnes coordonnées décrites dans le deuxième exemple.

Étude de cas : désinformation contre le groupement tactique de l'OTAN en Lituanie

En avril 2020, une opération de désinformation en plusieurs phases a consisté à diffuser de fausses allégations indiquant qu'en raison d'une flambée de cas de COVID-19 au sein du groupement tactique multinational de l'OTAN en Lituanie, l'Organisation avait décidé de retirer ses troupes.

Cette information fallacieuse et mensongère s'appuyait sur un faux courrier du secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, au ministre lituanien de la Défense, Raimundas Karoblis. Ce courrier contenait de multiples récits hostiles mensongers concernant un nombre croissant de cas de COVID-19 parmi les soldats de l'OTAN et des informations fallacieuses concernant la réaction des autorités lituaniennes de santé publique à la pandémie.

Il ressort de l'horodatage de cette opération que la campagne a débuté par la publication de deux postes sur des blogs, l'un en lituanien et l'autre en anglais. Chaque version contenait des informations fallacieuses et mensongères différentes au sujet de l'impact des cas de COVID-19 sur place. Ces blogs ont ensuite été partagés sur divers réseaux sociaux et sites web marginaux au moyen de faux comptes éphémères, dont le compte usurpé d'un vrai journaliste lituanien. Les comptes utilisés avaient pour l'essentiel été créés les jours précédant la publication des postes initiaux sur les blogs, ce qui montre que l'opération avait été minutieusement planifiée.

En plus du faux courrier et des articles non authentiques diffusés à l'appui de celui-ci, l'opération a également fait intervenir une vidéo trafiquée sur YouTube. Il s'agissait d'une recontextualisation d'une conférence de presse donnée par le secrétaire général à la réunion des ministres de la Défense des pays de l'OTAN du 14 avril 2020. La vidéo a été modifiée pour faire croire à une conférence de presse consacrée uniquement à l'impact de la COVID-19 sur les soldats de l'OTAN en Lituanie.

La fausse lettre a ensuite été envoyée directement par courriel au siège de l'OTAN au moyen d'une adresse électronique censée provenir d'un commandement OTAN, mais en réalité usurpée. Même s'il tentait d'imiter une communication officielle de l'OTAN, le courriel était de mauvaise qualité et contenait plusieurs erreurs de formatage, de syntaxe et de grammaire qui rendaient sa crédibilité douteuse.

Voici ce qu'a déclaré le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, au Baltic News Service : « Ils n'ont pas réussi car, d'abord, il a été clairement révélé que cette lettre est un faux ; et ensuite, nous avons vu que les Alliés restent déterminés, qu'ils restent unis, et qu'en réalité ils s'entraident face à la crise liée au coronavirus. » 19.”

Malgré les efforts manifestes de planification et de coordination consentis, la campagne n’a pas réussi à susciter un intérêt important en ligne, en raison de la réaction rapide du ministère lituanien de la Défense 20et de la coopération étroite mise en place avec l’OTAN pour réfuter l’information. Les postes sur les réseaux sociaux, les blogs et les médias marginaux n’ont pas réussi à générer un intérêt important, le contenu en question ayant été partagé moins de 200 fois.

Étude de cas : des campagnes de désinformation coordonnées

Les 21 et 22 avril 2020, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne ont fait l’objet de campagnes de désinformation simultanées menées en plusieurs phases. Les trois campagnes ont eu recours aux mêmes tactiques, techniques et procédures et se sont inscrites dans le cadre d'une action coordonnée visant à semer la discorde au sein de l’Alliance. L’OTAN a agi rapidement, en étroite coordination avec les Alliés, dans les trois cas, pour faire en sorte que les informations communiquées ne montent pas en puissance dans les grands médias.

LETTONIE

Dans une fausse interview et dans une capture d’écran truquée provenant de la page Facebook du groupement tactique de l’OTAN dirigé par le Canada en Lettonie, il a été prétendu à tort que des soldats canadiens avaient introduit la COVID-19 en Lettonie malgré les mesures de quarantaine en vigueur.

L’article a ensuite été blanchi par de multiples blogs et médias marginaux. Il a également été envoyé par courriel, à partir d'un faux compte censé appartenir à un journaliste letton, au ministère letton de la Défense, dans le but de susciter une réaction quant au contenu.

LITUANIE

Un faux courrier du secrétaire général de l’OTAN au ministère lituanien de la Défense affirmait à tort que l’OTAN retirerait ses troupes en raison de l’apparition d'un foyer de COVID-19 au sein du groupement tactique stationné en Lituanie.

En plus de cette lettre, une nouvelle inventée de toutes pièces et une vidéo truquée ont été diffusées par une série de blogs et de médias marginaux, ainsi que par YouTube.

En dernier lieu, la lettre a été envoyée directement par courriel au siège de l’OTAN au moyen d'une adresse électronique censée provenir d’un commandement OTAN, mais en réalité usurpée.

POLOGNE

Dans le cadre d’une cyberopération de désinformation, un faux courrier du général de brigade polonais Ryszard Parafianowicz, publié sur le site internet de la Polish War Studies Academy (la plus haute académie militaire polonaise), critiquait la présence de soldats américains en Pologne ainsi que l’exercice Defender-Europe 20 prévu sous la conduite des États-Unis.

Cet article a été blanchi par de multiples blogs et médias, et aussi envoyé par courriel à des médias polonais, à partir de l’adresse électronique usurpée d’un ancien parlementaire, dans le but d’en favoriser la propagation.

Chaque campagne a eu recours aux techniques suivantes :

DOCUMENTS FALSIFIÉS

Lettres contrefaites de mauvaise qualité, faux postes dans les médias sociaux, fausses interviews.

FAUX PROFILS

Comptes anonymes éphémères créés pour partager du contenu puis abandonnés.

MENSONGES

Multiples faux récits concernant l'unité et les exercices de l’OTAN et des Alliés pendant la pandémie de COVID-19.

AMPLIFICATION

Blanchiment de récits hostiles par des sites de presse marginaux pro-russes.

SAUT LINGUISTIQUE

Recours à des profils pour faciliter le transfert de contenus fabriqués de leur source d’origine vers des médias anglophones.

DIFFUSION

Courriels frauduleux envoyés à l’OTAN ou à des médias pour susciter une réaction.

Étude de cas : des laboratoires OTAN ont créé la COVID-19

Des médias contrôlés par l’État russe et des organes d’information pro-Kremlin ont laissé entendre que le coronavirus pourrait avoir été fabriqué par un laboratoire letton. Ils ont également accusé des « laboratoires secrets des États-Unis/de l’OTAN » en Géorgie, au Kazakhstan, en Moldova et en Ukraine d’avoir créé la COVID-19 pour en faire une arme biologique. L’existence de ces laboratoires dans les pays précités n’est pas un secret et, en réalité, certains d’entre eux ont mobilisé leurs ressources pour lutter contre la pandémie.

C’est le 20 janvier 2020 qu’un expert russe, interrogé par Zvezda TV21, une chaîne de télévision publique dirigée par le ministère russe de la Défense, a suggéré pour la première fois que des laboratoires militaires américains pourraient être à l’origine de la COVID-19.

Le 27 janvier, Ren TV, soutenue par le Kremlin, a essayé d’imputer la responsabilité de la pandémie au centre de recherche en santé publique Richard Lugar, un laboratoire biologique américain installé en Géorgie, à Tbilissi. La Russie a continué d’insinuer que les États-Unis exploitaient des laboratoires secrets en Géorgie « à un moment où le monde devrait rechercher l’unité ».

De la même manière, des acteurs de la désinformation russe ont pris pour cible le laboratoire central de référence implanté par les États-Unis à Almaty, au Kazakhstan, qu’ils ont présenté comme une « base militaire américaine et OTAN non enregistrée » utilisée pour développer des armes biologiques contre la Russie et la Chine. Le site web en langue russe « Rythme d’Eurasie » a publié un article 22 affirmant que la COVID-19 avait été créée par des scientifiques du Kazakhstan il y a deux ans et que le département de la Défense américain était l’initiateur du projet.

Le 21 avril 2020, des organes d’information pro-russes en Moldova ont avancé l’idée que ce pays pourrait devenir un « Tchernobyl biologique » car il abrite un « laboratoire biologique américain secret », dans lequel le coronavirus pourrait être fabriqué par l’homme et utilisé comme arme biologique.

À la fin du mois d’avril et en mai, des médias d'État russes ont formulé des allégations similaires dans de nombreux articles faisant référence à 13 laboratoires financés par les États-Unis en Ukraine 23.

Le 13 mai 2020, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a fait la déclaration suivante : « la réticence de Washington à garantir la transparence de ses activités biologiques militaires dans différentes parties du monde soulève des questions quant à ce qui s’y passe réellement et quant aux véritables objectifs poursuivis ».

Le ministère géorgien des Affaires étrangères a réagi à une « nouvelle contre-vérité concernant le fonctionnement du Centre de recherche de santé publique Richard Lugar en Géorgie », 24 et la présidente de ce pays, Salomé Zourabichvili, a fustigé la Russie pour ses « propos diffamatoires concernant le centre Lugar ». 25

Le 22 avril, l’ambassade des États-Unis en Ukraine a indiqué ceci : « le programme de réduction de la menace biologique du Département de la défense américain vise, en collaboration avec le gouvernement ukrainien, à regrouper et à sécuriser des agents pathogènes et des toxines préoccupants du point de vue de la sécurité dans des installations du gouvernement ukrainien, tout en permettant d’effectuer des recherches à des fins pacifiques et de développer des vaccins » 26.

Le ministère des Affaires étrangères du Kazakhstan a apporté la confirmation suivante : « aucune activité de développement d’armes biologiques n’est en cours au Kazakhstan, et il n’existe aucun programme de recherche dirigé contre un quelconque autre État 27 ».

Étude de cas : la propagande russe vise les médias occidentaux

En avril, le journal italien La Stampa a été la cible d'une campagne de propagande orchestrée par des responsables russes. Après que le journal eut publié un article mettant en question l’utilité de l’aide apportée par la Russie à l’Italie, l’auteur de cet article a été menacé dans un message posté sur Facebook par le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, un message citant le proverbe selon lequel « celui qui creuse une fosse y tombera ».28 

D’autres responsables russes, dont le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov 29 et la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova 30, ont accusé La Stampa de déprécier l’aide russe à l’Italie, de propager des informations mensongères et de pratiquer la désinformation. Les ministères italiens des Affaires étrangères et de la Défense ont dénoncé le ton utilisé par Igor Konachenkov et insisté sur le fait que « dans la situation d’urgence planétaire actuelle, le rôle de vérification et d’analyse de la presse libre reste plus essentiel que jamais » 31

Revenant sur les propos d’Igor Konachenkov à l’occasion d’un entretien accordé à La Stampa, le secrétaire général délégué de l’OTAN, Mircea Geoană, s’est exprimé comme suit : « toute menace à l’encontre des journalistes est inacceptable, et c’est là que réside la vraie différence entre les sociétés libres et les pays qui ne partagent pas nos valeurs » 32.

En mai, Maria Zakharova a accusé le New York Times et le Financial Times de faire de la désinformation à propos du taux de mortalité associé à la COVID-19 en Russie et a menacé de prendre des mesures contre ces deux journaux s’ils ne publiaient pas une rétractation 33 34. Maria Zakharova a par ailleurs critiqué un article de l’agence de presse Bloomberg et affirmé que le secrétaire général de l’OTAN avait lancé une campagne de désinformation visant à discréditer la Russie 35.

L'OTAN fait face

La communication de l’OTAN est basée sur des actes réels et sur des faits. Les forces armées de l’OTAN et des pays de l’Alliance ont joué un rôle déterminant pour ce qui est du soutien des efforts du secteur civil dans la lutte contre la COVID-19, avec quelque 350 vols effectués pour livrer des centaines de tonnes de fournitures critiques, la construction de près de 100 hôpitaux de campagne et pratiquement un demi-million de soldats dans toute l’Alliance, sécurisant les frontières, transportant des patients et participant aux campagnes de dépistage.

Pour que l’OTAN soit prête à faire face à une éventuelle deuxième vague de COVID-19, les Alliés se sont mis d'accord sur un nouveau plan, un nouveau stock de matériel médical et un nouveau fonds pour l’acquisition rapide de fournitures médicales. De nombreux Alliés ont déjà proposé des dons pour alimenter le stock et des contributions pour ce fonds. C’est là un signe clair d’unité et de solidarité au sein de l’Alliance.

Le soutien pratique apporté par certains Alliés à d’autres Alliés, ainsi qu’à des partenaires, a été au cœur de la communication de l’OTAN sur la COVID-19.

Pour l'OTAN une communication crédible et basée sur les faits est le meilleur moyen de contrer la désinformation. Cette approche est conforme aux valeurs fondamentales de l’Alliance que sont la démocratie, la liberté d'expression et l'état de droit. Communiquer avec le public et accroître la résilience sur le moyen à long terme est la manière la plus efficace de prémunir les gens contre la désinformation.

L'OTAN continuera de dénoncer la désinformation à travers tout un éventail d’activités média, y compris des déclarations, des démentis et des corrections ainsi que des exposés visant à informer des publics très différents sur les activités de désinformation et de propagande, comme elle le faisait déjà avant la pandémie.

Pour relever les défis de la présente crise, l'OTAN a :

  • • intensifié sa communication numérique à propos de la réponse à la pandémie sur toutes les plateformes. Les dernières informations et nouvelles liées à la COVID 19 peuvent être consultées à l'adresse https://www.nato.int/covid-19 ;
  • • pour organiser le débat sur les grandes orientations, l'OTAN a transformé les activités de diplomatie publique face à face en interactions en ligne ;
  • • la communication en russe a été intensifiée. Elle inclut entre autres des articles, des traductions de fiches d'information, comme les 5 mythes russes à propos de l'OTAN et de la COVID-19 36, et des vidéos sur notre chaîne YouTube en russe. Pour toucher des publics plus larges, l'OTAN traduit régulièrement des contenus dans toute une série de langues.

L’OTAN soutient les travaux indépendants réalisés par des ONG, des think tanks, des universitaires, des organismes de vérification des faits et dans le cadre d'autres initiatives de la société civile pour promouvoir le débat et accroître la résilience.

Un secteur média pluriel et indépendant joue aussi un rôle important dans la lutte contre la désinformation et dans la communication d'informations factuelles au public. L'OTAN interagit avec les médias lorsqu'il s'agit de communiquer rapidement des informations sur sa réponse à la pandémie de COVID-19 à une audience pouvant atteindre plusieurs centaines de millions de personnes. Dans de nombreux pays, dont la Géorgie, la République de Moldova, la Russie et l'Ukraine et dans la région des Balkans occidentaux, l'OTAN a invité les médias à des exposés axés sur la désinformation et sur la contribution de l'OTAN à la lutte contre la COVID-19.

Coordination : travail avec les partenaires

La coordination avec les partenaires et avec les institutions internationales sous-tend à la fois les axes « Comprendre » et « Agir » de la réponse de l'OTAN à la désinformation. C’est particulièrement important face à une crise qui évolue rapidement telle que la COVID-19.

Pour identifier, analyser et contrer la désinformation, l’OTAN collabore avec l’Union européenne par l'intermédiaire du Service européen pour l'action extérieure 37 et de la Commission européenne, avec le G7 et son mécanisme d’alerte rapide, avec l’ONU dans le cadre de sa campagne Verified et avec l’agence de lutte contre la propagande terroriste (Global Engagement Center) du Département d'État des États-Unis. Les initiatives d’ouverture et de coopération activement menées par l’OTAN en matière de diplomatie publique avec les partenaires dans le monde renforcent notre capacité collective à faire face au défi que représente la désinformation.

3. Les bons réflexes pour repérer et contrer les fake news

Dans une étude récente conduite sur 25 pays, quatre-vingt-six pour cent des personnes interrogées ont déclaré avoir été exposées à des fake news. Parmi elles, près de neuf personnes sur dix ont reconnu avoir cru dans un premier temps que l'information était vraie 38. À l'OTAN, nous avons une certaine expérience lorsqu'il s'agit d'identifier, d'analyser et de contrer une information manipulée. Les conseils formulés ci-dessous peuvent vous aider à mieux repérer et à déconstruire une fake news.

Les bons réflexes pour repérer une fake news et arrêter sa propagation

  1. Vérifier la source – Cherchez d'où émane l'information – qui est à l'origine de sa publication et de sa diffusion ? Un site qui n'indique pas clairement le responsable éditorial n'est pas fiable. Sur les réseaux sociaux, vérifiez le nom d'utilisateur – si celui-ci se présente comme une succession de lettres et de chiffres aléatoires, il pourrait s'agir d'un bot. La publication de plusieurs centaines de messages par jour depuis un compte "non vérifié" devrait vous inciter à la méfiance. Vous pouvez aussi utiliser un détecteur de bots gratuit ou une solution en ligne comme NewsGuard, qui effectue un repérage et une notation des sites propageant des fausses nouvelles.
  1. Vérifier le ton – La désinformation vise souvent à susciter une réaction émotionnelle. Soyez vigilant face à un contenu qui cherche à faire vibrer votre corde sensible pour déclencher une réaction forte. La peur et la colère sont deux puissants moteurs qui amplifient la désinformation.
  1. Vérifier le récit – Un fait avéré est généralement couvert par plusieurs sources. Si les médias traditionnels ne relatent pas l'événement, il y a fort à parier qu'il s'agisse d'une infox. Faites des recherches ; vous pourriez découvrir que plusieurs vérificateurs indépendants ont déjà démonté l'information. Les sites de vérification des faits comme BBC Reality Check et AFP Fact Check permettent de s'assurer de la véracité d'un article.
  1. Vérifier les images – L'image montre-t-elle ce qu'elle prétend illustrer ? Les plateformes comme Google, TinEye et Bing permettent de faire une recherche inversée sur une image pour vérifier si elle apparaît sur Internet, et de repérer des images similaires. Divers utilitaires et applications, notamment SurfSafe et Serelay, peuvent également vous aider à déterminer si une image a été trafiquée.
  1. Connaître ses propres préjugés – Des études indiquent qu'une personne a beaucoup moins de chance de repérer une infox si cette information cadre avec ses propres convictions ou pensées 39. Soyez clairvoyant et demandez-vous si vous partagez un contenu parce que vous savez qu'il est vrai ou juste parce que vous êtes d'accord.

Adoptez ces réflexes et RÉFLÉCHISSEZ-Y À DEUX FOIS AVANT DE PARTAGER UNE INFO.

Les bons réflexes pour lutter contre la désinformation et la mésinformation

  1. Communication proactive – Lorsqu'il s'agit de lutter contre la désinformation et la mésinformation, les études montrent qu'il est plus efficace que des personnalités faisant autorité présentent la réalité des fait le plus tôt possible et de manière systématique au lieu de s'évertuer après coup à réfuter, point par point, une fausse nouvelle. Tentez de repérer et de combler les vides informationnels pour réduire le risque de désinformation dans votre public.
  1. Désamorçage en amont – Si le public est sensibilisé à la logique bancale utilisée par la désinformation ou les théories du complot, il est probable qu'il y sera moins vulnérable. Dans cette optique, plusieurs groupes de réseaux sociaux ont commencé à poster des mises en garde contre des infox pouvant figurer dans un fil d'information.
  1. Repérage des sources fréquentes de fake news – Identifiez et repérez les sources fréquentes de fausses informations, tels que certains sites web ou auteurs. Cela compliquera la tâche de ces sources lorsqu'elles tenteront de propager de nouvelles infox.
  1. Signalisation et déconstruction des infox sur la plateforme de diffusion – Facebook, Google et Twitter ont tous mis en place un système permettant aux utilisateurs de signaler une infox. Il est important de signaler et de démonter toute fausse information sur la ou les plateformes de diffusion d'origine. Vous avez ainsi davantage de chances de toucher le public qui a été trompé.
  1. Choisissez votre combat – Il est important d'établir des priorités car il ne serait pas productif de vouloir lutter contre des milliers, pour ne pas dire des millions, de fausses informations. Évaluez la portée d'une infox avant de vous lancer dans sa déconstruction. Par exemple, si une infox n'a pas pris, vos efforts de déconstruction pourraient attirer inutilement l'attention sur cette information. Certains experts avancent qu'il est préférable d'attendre qu'une infox atteigne 10 % de pénétration dans le public avant de la démonter 40

Conclusion

La désinformation, la propagande et la mésinformation représentent un problème depuis des décennies, mais leur dangerosité s'est particulièrement aggravée pendant la crise liée à la COVID-19. La désinformation émanant d'acteurs étatiques et non étatiques a pour but de diviser les Alliés, de saper la confiance dans les institutions démocratiques et de présenter les régimes autoritaires comme étant plus efficaces lorsqu'il s'agit de faire face à une crise sanitaire. Elle constitue également un risque pour l'opinion publique en ce sens qu'elle vient saper des messages de santé publique vitaux.

Il n'existe aucun remède miracle contre la désinformation. L'OTAN ne peut pas agir seule. Tous les acteurs, y compris l'OTAN, ont un rôle à jouer, qu'il s'agisse des organisations internationales, des autorités locales ou nationales, des entreprises privées, ou de la société civile et des médias libres et indépendants.

Le citoyen doit avoir l'assurance que les informations qu'il reçoit sont exactes. Ensemble, nous luttons contre la maladie, nous protégeons nos citoyens et nous faisons échec à la désinformation 41.

 

  1. https://comprop.oii.ox.ac.uk/wp-content/uploads/sites/93/2019/09/CyberTroop-Report19.pdf
  2. https://www.graphika.com/reports/exposing-secondary-infektion/
  3. See case studies.
  4. https://lv.sputniknews.ru/analytics/20200413/13553446/Chumovye-manevry-NATO-Latvia-tseli-sredstva-veroyatnye-posledstviya.html
  5. https://sputnik-ossetia.ru/analytics/20200608/10694176/Protiv-kogo-napravleny-karlikovye-manevry-Pentagona-v-Polshe-i-ucheniya-NATO-v-Baltike.html
  6. https://news.usni.org/2020/06/11/baltops-2020-will-only-hold-at-sea-events-with-ships-commanded-from-shore
  7. https://www.rt.com/op-ed/480044-nato-defender-europe-russia/
  8. https://www.rt.com/news/483138-nato-defender-europe-coronavirus-drill/
  9. https://shape.nato.int/defender-europe/defender/newsroom/exercise-defendereurope-20-announcement-covid19-implications
  10. https://www.bbc.com/news/world-europe-53161450
  11. https://military.pravda.ru/news/1503578-shojgu_obyavil/
  12. https://www.gmfus.org/publications/masks-chinese-coronavirus-assistance-europe
  13. https://thediplomat.com/2020/05/interpreting-chinas-wolf-warrior-diplomacy/
  14. https://twitter.com/globaltimesnews/status/1241559268190343168
  15. https://twitter.com/zlj517/status/1238111898828066823?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1238111898828066823%7Ctwgr%5E&ref_url=https%3A%2F%2Feconomictimes.indiatimes.com%2Fnews%2Fdefence%2Fus-army-brought-coronavirus-epidemic-to-wuhan-chinese-diplomat%2Farticleshow%2F74607344.cms
  16. This story has since been removed. http://www.amb-chine.fr/fra/zfzj/t1768712.htm
  17. https://www.diplomatie.gouv.fr/en/country-files/china/news/article/communique-issued-by-m-jean-yves-le-drian-minister-for-europe-and-foreign
  18. https://news.cgtn.com/news/2020-04-03/NATO-s-poor-performance-in-fighting-COVID-19-PotPjIAWaI/index.html
  19. https://en.delfi.lt/politics/stoltenberg-provocation-in-lithuania-failed.d?id=84153213
  20. https://kam.lt/en/news_1098/current_issues/another_disinformation_attack_against_nato_presence.html?__cf_chl_jschl_tk__=82b4618bcb76f1169cffb5c148fafe2b748c723c-1594749166-0-AdUJtCXKU46AbY_JsDROnHCOcBlOWHfwYtUjCLtFVFigm3vbmZ_iap81Cum6hJbCIAnN7LF3jke9SSd4oDtydTGTFZhSIhPrZJkEaddaaLLeVrhGK_shNfeBS77oWDIda43WUl8mAiZmjZvUnOL1Jh1QWJjHO5gP4N2_OkvsRFf48B4J6Vuch_noWWLzQ2BR1BH9h1BnvMfwX0Yakf7kiFweUYHif7xulzxvOG9sKi5ZJun604pCJvmQZgGdq5h0SxR5RUo5djLrRAKnRKeIxvikNXNsCVYOvWfNujR3Zv9o4OGKarJY4KWJZGbGSyPfOFnfuvi6jF9sWVRBb-hjmfxyMXmAS0iGJV1-uhLM5Xc-UXlqvUtJ3IXvZ75V4RtYHJftY7F0-IIR1Ittpz0Fk4K9GyQ2ig2U9c2JMd9RPYTvli4_ZHxLDOFBGnD23AhCyQ
  21. https://tvzvezda.ru/news/vstrane_i_mire/content/2020120172-BPEmb.html
  22. https://www.ritmeurasia.org/news--2020-04-07--kazahstan-stanovitsja-placdarmom-biologicheskoj-vojny-48340
  23. https://sputniknews.com/europe/202004271079113315-ukraines-opposition-accuses-us-of-scrubbing-info-about-biolabs-activities-on-ukrainian-territory/
  24. https://mfa.gov.ge/News/sagareo-saqmeta-saministros-presisa-da-informa-(6).aspx?CatID=5&lang=en-US
  25. https://www.president.gov.ge/eng/pressamsakhuri/siakhleebi/saqartvelos-prezidenti-lugaris-laboratoriis-saqmia.aspx?fbclid=IwAR2dkabfhZryiUbeqn3QSpLSon-gK-nYYXyx9VYLZCVRBBEnNZvUeZUd4nI
  26. https://ua.usembassy.gov/u-s-ukraine-partnership-to-reduce-biological-threats/
  27. https://www.euractiv.com/section/central-asia/news/kazakhstan-fends-off-allegations-it-is-developing-biological-weapons/
  28. https://www.facebook.com/story.php?story_fbid=2608652339377506&id=1492252324350852&__tn__=*s*s-R
  29. https://www.mid.ru/en/web/guest/meropriyatiya_s_uchastiem_ministra/-/asset_publisher/xK1BhB2bUjd3/content/id/4099053
  30. https://www.mid.ru/en/web/guest/ukraine/-/asset_publisher/HfLxJk5I2xvu/content/id/4094236#4
  31. http://www.difesa.it/Primo_Piano/Pagine/COVID-19_Italia_grata_per_aiuti_dalla_Russia_rispetto_libert%C3%A0_espressione_stampa_nazionale.aspx
  32. https://www.lastampa.it/topnews/primo-piano/2020/04/04/news/mircea-geoana-la-nato-pronta-a-difendersi-anche-una-pandemia-puo-minacciare-la-sicurezza-1.38675629
  33. https://abcnews.go.com/Health/wireStory/russia-calls-nyt-ft-retract-stories-virus-toll-70676319
  34. https://tass.com/politics/1156151
  35. https://www.facebook.com/maria.zakharova.167/posts/10223114548881790
  36. NATO-Russia - Setting the record straight (https://www.nato.int/cps/en/natohq/115204.htm)
  37. https://eeas.europa.eu/sites/eeas/files/eu_nato_factshee_june-2020_3.pdf
  38. https://www.ipsos.com/en-us/news-polls/cigi-fake-news-global-epidemic
  39. https://www.ft.com/content/01622cd8-5303-11ea-90ad-25e377c0ee1f
  40. https://misinforeview.hks.harvard.edu/article/the-relation-between-media-consumption-and-misinformation-at-the-outset-of-the-sars-cov-2-pandemic-in-the-us/
  41. https://www.nato.int/cps/en/natohq/115204.htm