Dissuasion et défense
L'OTAN est une alliance défensive dont les membres sont déterminés à sauvegarder leur liberté et leur sécurité communes, face à toutes les menaces, d'où qu'elles viennent. La dissuasion et la défense constituent l'une des tâches fondamentales de l’OTAN. L’Alliance décourage les agressions grâce à une posture de dissuasion et de défense crédible reposant sur un ensemble approprié de capacités nucléaires, de capacités conventionnelles et de capacités de défense antimissile, complétées par des capacités spatiales et des capacités cyber. Les Alliés s'emploient à renforcer sensiblement la posture de dissuasion et de défense de l'Alliance, qui matérialise leur engagement pour la défense mutuelle, inscrit dans l'article 5.
L’USS Gerald R. Ford quitte le fjord d’Oslo, en Norvège, en mai 2023. (Photo : forces armées norvégiennes)
- La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, qui constitue la plus grave menace pour la sécurité euro-atlantique depuis des décennies, a fait voler en éclat la paix qui régnait en Europe et renforcé la nécessité pour l’OTAN de veiller à ce que sa posture de dissuasion et de défense reste crédible et efficace.
- En réponse à cette agression, l’OTAN a activé ses plans de défense, déployé des éléments de sa Force de réaction et sensiblement augmenté les effectifs militaires sur son flanc est.
- Le 24 mars 2022, lors d’un sommet extraordinaire, les dirigeants des pays de l’OTAN sont convenus de déployer quatre bataillons en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie, en complément des quatre bataillons déjà présents en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne.
- Au sommet de Madrid, en juin 2022, les dirigeants des pays de l’OTAN ont adopté un nouveau concept stratégique, qui décrit l’environnement de sécurité auquel l’Alliance fait face et qui présente les tâches fondamentales de l’OTAN : la dissuasion et la défense, la prévention et la gestion des crises, et la sécurité coopérative. Dans ce document, la Russie est définie comme la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés, ainsi que pour la paix et la stabilité dans la zone euro-atlantique. Le concept stratégique stipule aussi que le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, est la menace asymétrique la plus directe pour la sécurité des citoyens des pays de l’OTAN ainsi que pour la paix et la prospérité internationales.
- Au sommet de Madrid, les Alliés se sont en outre engagés à déployer sur le flanc oriental de l’OTAN davantage de forces en place, robustes et prêtes au combat, dont la taille passera de celle des actuels groupements tactiques de niveau bataillon à celle de brigades, là où et lorsque cela sera nécessaire. Ces forces seront appuyées par des renforcements crédibles et disponibles rapidement, par des équipements prépositionnés et par des moyens de commandement et contrôle améliorés. À cet effet, les Alliés ont adopté un nouveau modèle de forces, qui permettra de renforcer et de moderniser la structure de forces de l’OTAN, en facilitant l’exécution des tâches fondamentales de l’Organisation et des plans militaires de nouvelle génération.
- Les dirigeants des pays de l’Alliance ont donné suite à ces décisions au sommet de Vilnius de 2023, lors duquel ils sont convenus de moderniser l’OTAN en prévision d’une nouvelle ère de défense collective. Dans cette optique, ils ont approuvé une nouvelle génération de plans de défense régionaux. Ils ont décidé de poursuivre la mise en œuvre du nouveau modèle de forces de l'OTAN afin d’avoir à disposition un plus grand réservoir de forces aptes au combat, parmi lesquelles des forces à haut niveau de préparation, comme une nouvelle force de réaction alliée multinationale et multidomaine. Ils ont par ailleurs approuvé un nouveau modèle de rotations des systèmes et capacités de défense aérienne modernes, ainsi qu’une nouvelle politique visant à améliorer le soutien logistique pour renforcer les forces et les soutenir dans la durée.
- Les Alliés continuent d’appliquer deux concepts militaires qui fixent le cap à suivre concernant la poursuite de l’adaptation de l’OTAN. Il s’agit du concept de dissuasion et de défense pour la zone euro-atlantique, qui est axé sur l’emploi des forces pour assurer la dissuasion et la défense dès aujourd'hui, et du concept-cadre de l’OTAN sur la capacité à combattre, qui, quant à lui, énonce une vision destinée à orienter le développement des capacités de combat à long terme dont l’Alliance a besoin pour rester forte militairement aujourd’hui comme demain.
- Les Alliés ont beaucoup progressé s’agissant d’augmenter les dépenses de défense, y compris en investissant dans des équipements majeurs, et ils œuvrent à une répartition plus juste des charges entre eux. Au sommet de Vilnius, les dirigeants des pays de l’OTAN ont approuvé un engagement renouvelé en matière d'investissements de défense, en vertu duquel ils devraient consacrer chaque année au moins 2 % de leur produit intérieur brut à la défense. En 2024, 23 Alliés devraient atteindre ou dépasser l’objectif fixé, à savoir investir dans la défense au moins 2% du PIB national, alors que trois Alliés seulement y étaient parvenus en 2014.
- Un environnement de sécurité en évolution rapide
- Sauvegarder la liberté et la sécurité des pays membres de l’OTAN
- La résilience : premier élément de dissuasion et de défense
- Accroître la disponibilité opérationnelle, la réactivité et le renforcement de l'OTAN
- Préserver l'avance militaire et technologique de l'Alliance
- Investir dans la défense
Un environnement de sécurité en évolution rapide
L'OTAN est confrontée à l’environnement de sécurité le plus complexe qui soit depuis la fin de la Guerre froide. La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine met en péril la sécurité européenne, et le terrorisme continue de représenter un défi mondial pour la sécurité et une menace pour la stabilité. Par ailleurs, la Chine affiche des ambitions et mène des politiques coercitives qui sont contraires aux intérêts, à la sécurité et aux valeurs des Alliés. L’incertitude croissante partout dans le monde, les cybermenaces et menaces hybrides de plus en plus complexes et perturbatrices, l’importance grandissante des armes nucléaires dans les stratégies des adversaires potentiels, et le rythme effréné de l’évolution technologique ont des incidences considérables pour l’Alliance.
La guerre d’agression que la Russie mène contre l’Ukraine a fait voler en éclat la paix qui régnait en Europe et occasionne d’immenses souffrances et d’énormes dégâts matériels. La Russie constitue la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés et pour la paix et la stabilité dans la zone euro-atlantique. Sa posture militaire coercitive, sa rhétorique et le fait qu’elle soit manifestement prête à mettre la force au service de ses objectifs politiques ébranlent l’ordre international fondé sur des règles. L’intention affichée par la Russie de déployer des armes nucléaires et des systèmes à capacité nucléaire sur le territoire bélarussien est une nouvelle démonstration de ses atteintes répétées à la stabilité stratégique et à la sécurité globale dans la zone euro-atlantique.
Le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, est la menace asymétrique la plus directe pour la sécurité des citoyens des pays de l’OTAN ainsi que pour la paix et la prospérité internationales. Les conflits en Afrique et au Moyen-Orient ainsi que la fragilité et l’instabilité de cette région compromettent directement la sécurité de l'Alliance et de ses partenaires. Le voisinage méridional de l’Alliance, en particulier le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et le Sahel, est confronté à des défis qui s’enchevêtrent, sur le plan de la sécurité mais aussi sur les plans démographique, économique et politique. Ces difficultés sont amplifiées par les effets du changement climatique, la fragilité des institutions, les urgences sanitaires et l’insécurité alimentaire.
Sauvegarder la liberté et la sécurité des pays membres de l’OTAN
L’objectif essentiel et immuable de l'OTAN est la sauvegarde de la liberté et de la sécurité de tous ses membres par des moyens politiques et militaires. La défense collective est un principe au cœur même de l'Alliance, inscrit dans l'article 5 du traité de l’Atlantique Nord. La toute première responsabilité de l’OTAN est d’assurer la protection et la défense du territoire et des populations de ses pays membres contre toute attaque, dans un monde où paix et sécurité ne peuvent être tenues pour acquises.
La dissuasion est un élément central de la stratégie globale de l'OTAN – prévenir les conflits et la guerre, protéger les Alliés, préserver la liberté de décision et d'action, et sauvegarder les principes et les valeurs qu'elle défend : la liberté individuelle, la démocratie, les droits de la personne et l'état de droit. La liberté des sociétés et l’ordre international fondé sur des règles sont subordonnés à une défense transatlantique crédible.
Au sommet de Madrid de 2022, l’OTAN a défini un nouveau cadre de référence pour sa posture de dissuasion et de défense, suivant son approche à 360 degrés, sur terre, dans les airs, en mer, dans le cyber et dans l’espace, afin de pouvoir contrer toutes les menaces et relever tous les défis.
Au sommet de Vilnius de 2023, sur la base de ce nouveau cadre de référence, les dirigeants des pays de l’Alliance ont adopté d’importantes mesures destinées à consolider la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN dans tous les domaines ; ils ont ainsi approuvé, notamment, la création d’une nouvelle génération de plans de défense régionaux visant à renforcer les défenses avancées et l’aptitude de l’Alliance à fournir rapidement des renforts à tout Allié qui serait menacé.
La posture de dissuasion et de défense de l’OTAN combine de façon appropriée capacités nucléaires, capacités conventionnelles et capacités de défense antimissile, complétées par des capacités spatiales et des capacités cyber. L'OTAN garde la liberté d'action et la souplesse nécessaires pour réagir à toute la gamme des défis grâce à une approche appropriée et adaptée.
La résilience : premier élément de dissuasion et de défense
Accroître la résilience fait partie intégrante du dispositif de dissuasion et de défense de l'OTAN. Il s’agit de renforcer la capacité des sociétés à se préparer à toute la gamme des menaces et dangers, à y répondre, à s'en remettre et à s'y adapter. La guerre menée par la Russie contre l'Ukraine, la compétition géopolitique croissante et les nombreux autres défis de sécurité auxquels l'Alliance est confrontée aujourd'hui montrent l'importance de l'approche « tous risques » et « pansociétale » de l'OTAN en matière de résilience. En se préparant, en se donnant les moyens et en investissant dans la capacité de nos sociétés à se défendre contre un large éventail de menaces – allant des cyberattaques aux incidents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires, en passant par le terrorisme, les pandémies et les catastrophes naturelles –, les Alliés remédient aux vulnérabilités qui, autrement, pourraient être utilisées comme des leviers d’influence ou être ciblées par des adversaires. La résilience est donc un aspect important de la dissuasion par interdiction : persuader un adversaire de ne pas attaquer en le convainquant qu’une attaque ne lui permettra pas d'atteindre ses objectifs.
Par ailleurs, la résilience requiert une coopération civilo-militaire étroite, car elle a un impact sur la capacité de l’OTAN à conduire ses missions et à préserver la mobilité de ses troupes et de ses équipements. Un des éléments fondamentaux de l'action de l'OTAN en matière de résilience consiste à faire en sorte que les forces militaires nationales placées sous le commandement de l'Organisation bénéficient d'un soutien adéquat en termes de ressources et d'infrastructures civiles. Depuis 2014, l’OTAN donne des directives devant permettre aux pays d’accroître leur résilience au regard de sept exigences de base et de réduire leurs vulnérabilités potentielles. Ces exigences sont actualisées régulièrement de façon à refléter le caractère évolutif des défis auxquels est confrontée l'Alliance.
Dans le droit fil de l'agenda OTAN 2030 et de l'engagement renforcé de 2021 en faveur d'une meilleure résilience, le concept stratégique de 2022 souligne l'importance de l'adoption d'une approche plus intégrée et mieux coordonnée de la résilience au sein de l'Alliance, y compris pour faire face à la coercition russe, et pour aider les partenaires de l'OTAN à s’opposer aux ingérences malveillantes, ainsi qu’à contrer toute agression. Les partenariats menés avec des pays non OTAN et d'autres organisations sont essentiels pour renforcer la résilience nationale et collective des Alliés, et pour appuyer la planification et la préparation de l'Alliance par le partage des informations et des bonnes pratiques.
Accroître la disponibilité opérationnelle, la réactivité et le renforcement de l’OTAN
Tout au long de son histoire, l’OTAN n’a cessé d’adapter son dispositif de dissuasion et de défense pour relever les défis liés à l’évolution de l’environnement de sécurité. Au cours de la dernière décennie en particulier – depuis que la Russie a annexé illégalement la Crimée en 2014 et qu’elle se montre de plus en plus menaçante envers l’Alliance – , l’OTAN a révisé ses plans et ses structures pour faire en sorte que les Alliés soient prêts à répondre à n'importe quelle menace, d’où qu’elle vienne.
Le plan d'action « réactivité » (RAP), lancé au sommet que l’OTAN a tenu au pays de Galles en 2014, a été un important facteur de changement dans la posture de dissuasion et de défense de l'Alliance. Le RAP comprenait des « mesures d’assurance » qui étaient destinées aux pays membres de l'OTAN en Europe centrale et orientale et visaient à rassurer leurs populations, à décourager une agression potentielle et à renforcer leur défense.
Dans le prolongement du RAP, les chefs d'État et de gouvernement des pays de l'OTAN ont approuvé au sommet de Varsovie, en 2016, une posture de dissuasion et de défense renforcée, qui offrait à l'Alliance une large gamme d'options lui permettant de faire face à toutes les menaces, d'où qu'elles viennent, afin de protéger le territoire, les populations, l'espace aérien et les lignes de communication maritimes des pays de l’OTAN. Les Alliés ont décidé d'établir une présence avancée rehaussée dans la partie orientale du territoire de l’Alliance, et en 2017, quatre groupements tactiques multinationaux OTAN ont été déployés en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne. Des mesures supplémentaires ont été prises pour renforcer la sécurité dans le sud-est de l’Alliance, notamment la mise en place d’une présence avancée adaptée dans la région de la mer Noire. En outre, un certain nombre de mesures ont été prises pour adapter l’Alliance aux défis émanant du sud : renforcement des capacités, conduite d’exercices spécifiques, planification préétablie et mise sur pied, à Naples (Italie), du Pôle régional pour le sud, qui aide l’OTAN à avoir une bonne connaissance de la situation.
Au sommet de Bruxelles de 2018, les dirigeants des pays de l’OTAN ont rappelé qu’ils étaient déterminés à accroître la disponibilité opérationnelle, la réactivité et le renforcement de l’Alliance pour faire face à toutes les menaces, d’où qu’elles viennent, selon une approche à 360 degrés. Ils ont approuvé une initiative pour la disponibilité opérationnelle de l'OTAN, qui vise à accroître la capacité de réaction rapide de l'Alliance, soit pour un renforcement des Alliés à l'appui de la dissuasion ou de la défense collective, y compris pour des combats de haute intensité, soit pour une réponse militaire rapide à une crise, si nécessaire. Il s'agissait de fournir 30 bataillons de manœuvre moyens ou lourds, 30 escadrons de chasse et 30 bâtiments de premier rang prêts à être déployés dans un délai de 30 jours ou moins. Ces forces sont organisées et entraînées en tant que formations de combat plus larges.
En 2020, les Alliés ont approuvé le concept de dissuasion et de défense pour la zone euro-atlantique (DDA). Ce concept offre un cadre cohérent unique, qui permet de faire face aux principales menaces pesant sur l’Alliance et d'assurer la dissuasion et la défense face à ces menaces dans un environnement multimilieu. Il renforce l’état de préparation de l’Alliance face aux défis à relever en améliorant la planification préétablie de l’OTAN dans des scénarios de crise ou de conflit potentiels. Dans le cadre du concept de DDA, l’OTAN élabore des plans stratégiques, des plans militaires par domaine, et des plans militaires régionaux visant à améliorer la capacité de l’Alliance à faire face à toute éventualité. Ces plans s’intègrent parfaitement dans la planification des forces alliées et dans le nouveau modèle de forces de l’OTAN, et ils portent sur la gestion de la posture, le développement des capacités (y compris la formation et les exercices), et le dispositif de commandement et contrôle.
Au sommet de Bruxelles de 2021, les Alliés ont adopté l’agenda OTAN 2030 afin de renforcer encore l’Alliance et de guider son adaptation pour l’avenir. L’agenda OTAN 2030 présente la dissuasion et la défense comme jouant un rôle central dans le lien transatlantique, qui est au cœur de l’Alliance. Les dirigeants des pays alliés ont salué les avancées considérables qui ont été réalisées pour renforcer la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN, parmi lesquelles l’augmentation des dépenses de défense, la mise à disposition de capacités modernes, l’amélioration de la réactivité politique et militaire, et le rehaussement du niveau de préparation. Ils se sont par ailleurs félicités de la mise en œuvre, en cours, du concept de DDA et du concept-cadre de l'OTAN sur la capacité à combattre ; celui-ci offre une vision à long terme permettant de préserver et de développer l’avantage militaire décisif de l’OTAN, en faisant en sorte que l’Alliance développe continuellement son avantage militaire et technologique, suivant l'évolution de la nature du conflit.
À la suite de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, déclenchée le 24 février 2022, les dirigeants des pays de l’OTAN se sont réunis à Bruxelles, le 24 mars 2022, pour échanger sur les conséquences des agissements russes et pour prendre des mesures destinées à renforcer davantage encore la posture de dissuasion et de défense de l’Organisation. Ils ont décidé de déployer quatre groupements tactiques multinationaux en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie, en complément de ceux déjà présents en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne, faisant ainsi passer de quatre à huit le nombre de groupements tactiques déployés sur le flanc est de l’OTAN. Ils ont également décidé de renforcer leurs moyens de cyberdéfense et d’augmenter l’ampleur des exercices axés sur la défense collective et l’interopérabilité.
Au sommet tenu à Madrid en juin 2022, les dirigeants des pays de l’OTAN ont pris des décisions en vue de renforcer sensiblement la posture de dissuasion et de défense de l’Alliance. Dans cette optique, les Alliés ont décidé d'ajuster l’équilibre entre forces en place et moyens de renforcement et se sont engagés à déployer sur le flanc oriental de l’OTAN davantage de forces en place, robustes et prêtes au combat, dont la taille passera - là où et lorsque cela sera nécessaire - de celle des actuels groupements tactiques de niveau bataillon à celle de brigades, appuyées par des renforcements crédibles et disponibles rapidement, par des équipements prépositionnés et par des moyens de commandement et contrôle améliorés. Cela aura pour effet de renforcer la dissuasion et de favoriser la capacité à assurer la défense de l’avant. Les Alliés ont en outre adopté un nouveau modèle de forces, qui permet de renforcer et de moderniser la structure de forces de l’OTAN, de favoriser l’exécution des tâches fondamentales de l’Organisation et de faire en sorte que les ressources requises pour les plans militaires de nouvelle génération de l’Alliance soient mises à disposition. Les Alliés ont décidé d'assurer en continu une présence importante sur terre, en mer et dans les airs, et de s'employer notamment à renforcer la défense aérienne et antimissile intégrée.
Au sommet de Vilnius de 2023, les dirigeants des pays alliés sont convenus de moderniser l’OTAN dans la perspective d’une nouvelle ère de défense collective, et ils ont approuvé les plans de défense les plus complets et les plus détaillés que l’Alliance ait jamais établis depuis la Guerre froide. Cette nouvelle génération de plans de défense régionaux améliorera de manière significative la cohérence de la planification de la défense collective de l’OTAN avec la planification nationale des Alliés pour leurs forces, leur posture, leurs capacités et leur dispositif de commandement et contrôle. Ces plans indiquent de quelle manière l’OTAN assurera la dissuasion et la défense contre n’importe quel agresseur, d’où qu’il vienne ; et ils expliquent comment, en cas de crise, les forces alliées prendront en charge la défense de l’avant et vaincront des menaces complexes sur tout le territoire de l'OTAN. En outre, ils décrivent précisément les actions attendues des Alliés dans une situation de crise. Dans un environnement de menaces de plus en plus complexes, la demande ainsi faite aux Alliés dans le cadre de l’OTAN est devenue plus exigeante et plus ambitieuse depuis la fin de la Guerre froide. Les plans visent à ce que les Alliés puissent fournir les forces adéquates, au moment voulu, là où elles sont nécessaires.
Pour garantir l’efficacité de ces plans, les Alliés mettent en œuvre le nouveau modèle de forces qui permet de disposer d’un plus grand réservoir de forces aptes au combat, parmi lesquelles des forces à haut niveau de préparation, en faisant jouer l’expertise régionale et la proximité géographique afin d’améliorer la réactivité militaire. Dans ce contexte, ils s’attachent par ailleurs à mettre en place une nouvelle force de réaction alliée multinationale et multidomaine, laquelle élargira l’éventail d’options qui s’offrent à eux pour réagir rapidement aux menaces et aux crises, d’où qu’elles viennent. Les dirigeants des pays de l’Alliance ont aussi décidé de renforcer le dispositif de commandement et contrôle de l’OTAN et ont salué les efforts actuellement déployés par les Alliés pour renforcer leur présence sur le flanc oriental de l’OTAN. En outre, ils ont pris l’engagement d’améliorer la capacité de l’OTAN à renforcer et à soutenir dans la durée les forces alliées sur tout le territoire de l’Alliance, en intensifiant la coordination logistique et en prépositionnant des munitions et des équipements.
Ils sont par ailleurs convenus d’améliorer la disponibilité opérationnelle, l’état de préparation et l’interopérabilité de la défense aérienne et antimissile intégrée (IAMD), et ce pour tous les domaines d’opérations et tous les degrés de conflictualité. L’Alliance développe l’intégration et la cohérence de l’IAMD au moyen d’entraînements réguliers et du déploiement, par roulement, de systèmes et capacités de défense aérienne modernes, en mettant l’accent dans un premier temps sur la place à part et tout à fait singulière occupée par la dissuasion nucléaire. Ces efforts favoriseront la disponibilité opérationnelle de l’OTAN, et notamment sa capacité à décourager toute agression et à gérer les risques d’escalade en cas de crise présentant une dimension nucléaire.
L’OTAN continue d’examiner les incidences sur la sécurité de la modernisation en cours des forces nucléaires russes, qui inclut son vaste stock d’armes de théâtre, et l’extension de ses nouveaux vecteurs à double capacité, aux effets perturbateurs. Les violations et le respect sélectif, par la Russie, de ses obligations et engagements en matière de maîtrise des armements contribuent à la dégradation de l’environnement de sécurité en général. L’Alliance fait face en renforçant ses capacités conventionnelles modernes, en investissant dans de nouvelles plateformes – notamment des chasseurs de cinquième génération – et en adaptant ses exercices, son système de renseignement, et sa posture de défense aérienne et antimissile. Parallèlement à cela, elle prend toutes les mesures nécessaires pour assurer la crédibilité, l’efficacité, la sûreté et la sécurité du dispositif de dissuasion nucléaire. Dans le même temps, l’OTAN reste fermement attachée à l’existence d’un système de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération qui soit opérant, et elle continue d’appeler tous les acteurs, dont la Russie et la Chine, à œuvrer de manière constructive.
Les exercices font toujours partie intégrante de la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN, l’entraînement militaire étant une condition essentielle au maintien des niveaux de disponibilité opérationnelle et à l'amélioration de l’interopérabilité des forces de l’Alliance. Les entraînements et exercices de l’OTAN simulent la dimension conventionnelle comme la dimension nucléaire d’une crise ou d’un conflit, à l’appui d’une plus grande cohérence entre les composantes conventionnelle et nucléaire de la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN pour tous les milieux d’opérations et tous les degrés de conflictualité.
L’OTAN a reconnu le cyberespace en tant que milieu d’opérations dans lequel elle doit pouvoir se défendre aussi efficacement qu’elle le fait dans les airs, sur terre et en mer. Par ailleurs, les initiatives de dissuasion de l’Alliance ont été renforcées par la création, en 2018, du Centre des cyberopérations en Belgique et par la formation d’équipes de soutien pour la lutte contre les pratiques hybrides, chargées de prêter assistance aux Alliés qui en ont besoin. Au sommet de Bruxelles de 2021, les Alliés ont entériné une nouvelle politique de cyberdéfense globale, qui contribue aux tâches fondamentales de l’OTAN et à sa posture globale de dissuasion et de défense et qui renforce la résilience de l’Alliance dans le cyberespace.
À la réunion des dirigeants des pays alliés qui s’est tenue à Londres en décembre 2019, l’OTAN a reconnu l’espace en tant que cinquième milieu d’opérations. Les informations recueillies et communiquées au moyen de satellites sont d’une importance critique pour les activités, les opérations et les missions de l’OTAN, notamment en matière de défense collective, de réponse aux crises et de lutte contre le terrorisme. Le Centre spatial OTAN, créé en 2020 en Allemagne, sert d’enceinte privilégiée pour le partage de l’information, la coordination des initiatives des Alliés et le soutien aux opérations et aux missions de l’OTAN. Au sommet de Bruxelles de 2021, l’OTAN a reconnu que les attaques dirigées vers l’espace, en provenance de l’espace ou dans l’espace représentent un réel défi pour la sécurité de l'Alliance et qu’elles pourraient conduire à l’invocation de l'article 5 du Traité de l'Atlantique Nord.
L’OTAN poursuit ses efforts d’adaptation dans tous les milieux et dans des domaines comme la préparation du secteur civil et la lutte contre les menaces hybrides, y compris en coopération avec l'Union européenne (UE). L’Alliance intensifie ces activités dans le cadre d’une coopération renforcée avec l’Union européenne (UE), qui consiste notamment à développer des capacités complémentaires et interopérables qui ne fassent pas double emploi et à déployer des efforts visant à contribuer au partage des charges.
Préserver l’avance militaire et technologique de l'Alliance
L'Alliance doit être en mesure de préserver la paix aujourd'hui, mais elle doit aussi se préparer à faire face, demain, à un environnement de sécurité de plus en plus imprévisible. À cette fin, au sommet de Bruxelles de juin 2021, les dirigeants des Alliés ont marqué leur accord sur la pleine mise en œuvre du concept-cadre de l'OTAN sur la capacité à combattre, qui aidera l'Alliance à suivre une approche plus proactive et plus prospective concernant l’adaptation militaire. Maintenir son avance technologique est depuis toujours un facteur essentiel de l’aptitude de l’OTAN à assurer la dissuasion et la défense face à des adversaires potentiels. Les innovations dans le domaine des technologies émergentes et des technologies de rupture, comme l’intelligence artificielle, les systèmes d’armes autonomes, les mégadonnées (big data) et les biotechnologies changent la donne en matière de combat. Pour faire en sorte de préserver son avance technologique, l’OTAN a approuvé une stratégie de mise en œuvre pour les technologies émergentes et les technologies de rupture. Elle a en outre créé un accélérateur d’innovation de défense pour l’Atlantique Nord (DIANA) et, au sommet tenu à Madrid en juin 2022, elle a lancé un fonds multinational pour l’innovation, qui l’aidera à renforcer son avance technologique en réunissant pouvoirs publics, secteur privé et monde universitaire. L’Alliance jouera un rôle important en tant que forum de coopération sur divers aspects de ces technologies en rapport avec la sécurité.
Investir dans la défense
L’engagement en matière d’investissements de défense, adopté par les dirigeants des pays de l’OTAN au sommet du pays de Galles en 2014, demandait aux Alliés de cesser de réduire leurs budgets de défense et de s'efforcer de se rapprocher de l'objectif agréé OTAN consistant à consacrer au moins 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) à la défense dans un délai de dix ans. Les Alliés sont également convenus de chercher, dans les mêmes délais, à porter à 20 % ou plus la part de leurs dépenses de défense annuelles consacrée à l’acquisition de nouveaux équipements majeurs et dans les activités de recherche et développement y afférentes. Depuis, les Alliés ont tous augmenté leurs dépenses de défense, développé encore leurs forces et leurs capacités et contribué aux opérations, missions et activités de l’Alliance. Selon les dernières estimations, les dépenses de défense des Alliés européens et du Canada augmenteront de 8,3 % en 2023, qui sera la neuvième année consécutive d’augmentation des dépenses de défense de ces pays, pour un investissement total de près de 450 milliards de dollars supplémentaires en valeur réelle depuis 2014.
Au sommet de Vilnius de 2023, les dirigeants des pays de l’OTAN ont marqué leur accord sur un engagement renouvelé et durable en matière d’investissements de défense : consacrer chaque année au moins 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) à la défense. Ils ont aussi affirmé que, dans bien des cas, il faudra consacrer plus de 2 % du PIB aux dépenses de défense pour parvenir à remédier aux insuffisances actuelles et à satisfaire les besoins que fait apparaître, dans tous les domaines, la montée de la contestation de l’ordre de sécurité. En même temps, les dirigeants des pays de l’OTAN se sont engagés à consacrer au moins 20 % de leurs budgets de défense aux équipements majeurs, notamment aux activités de recherche et développement y afférentes. Les Alliés se sont par ailleurs engagés à mettre à la disposition de l’OTAN les forces, capacités et ressources nécessaires à toute la gamme de ses opérations, missions et activités.
En 2024, 23 Alliés devraient atteindre ou dépasser l’objectif fixé, à savoir investir dans la défense au moins 2% du PIB national, alors que trois seulement y étaient parvenus en 2014. Au cours des dix dernières années, les Alliés européens et le Canada n’ont cessé d’augmenter leurs dépenses de défense : celles-ci représenteront 2,02 % de leur PIB combiné en 2024, contre 1,43 % en 2014, grâce à un effort d’investissement collectif de plus de 430 milliards de dollars des États-Unis.