Dissuasion et défense

  • Mis à jour le: 19 Dec. 2024 13:49

L'OTAN est une alliance défensive dont les membres sont déterminés à sauvegarder leur liberté et leur sécurité communes, face à toutes les menaces, d'où qu'elles viennent. La dissuasion et la défense constituent l'une des tâches fondamentales de l’OTAN. L’Alliance décourage les agressions grâce à une posture de dissuasion et de défense crédible reposant sur un ensemble approprié de capacités nucléaires, de capacités conventionnelles et de capacités de défense antimissile, complétées par des capacités spatiales et des capacités cyber. Les Alliés s'emploient à renforcer sensiblement la posture de dissuasion et de défense de l'Alliance, qui matérialise leur engagement pour la défense mutuelle, inscrit dans l'article 5.

The USS Gerald R. Ford sails out of the Oslo Fjord in Norway in May 2023. (Photo: Norwegian Armed Forces)

L’USS Gerald R. Ford quitte le fjord d’Oslo, en Norvège, en mai 2023. (Photo : forces armées norvégiennes)

 

  • La guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, qui constitue la plus grave menace pour la sécurité euro-atlantique depuis des décennies, a fait voler en éclats la paix qui régnait en Europe et renforcé la nécessité pour l’OTAN de veiller à ce que sa posture de dissuasion et de défense reste crédible et efficace. 
  • En réponse à cette agression, l’OTAN procède au plus grand renforcement de sa défense collective depuis une génération, en augmentant sensiblement les effectifs militaires déployés sur son flanc oriental et en améliorant son aptitude à fournir rapidement des renforts à tout Allié qui serait menacé.
  • À ce titre, il a été décidé :
    • de doubler le nombre de groupements tactiques multinationaux présents sur le flanc oriental de l’Alliance en les faisant passer de quatre à huit ;
    • d’entraîner régulièrement les groupements tactiques constitués par les forces terrestres avancées à passer du niveau bataillon au niveau brigade, là où et lorsque cela serait nécessaire ;
    • de faire en sorte que les forces en place et prêtes au combat soient appuyées par des renforcements disponibles rapidement, par des équipements prépositionnés et par des moyens de commandement et de contrôle améliorés ;
    • de mettre en place un nouveau modèle de forces de l’OTAN devant permettre d’élargir le vivier des forces disponibles et prêtes à l’action et ainsi d’aider l’OTAN à faire face à toute éventualité, y compris à très bref délai ;
    • d’adopter les plans de défense les plus complets et les plus détaillés que l’Alliance ait jamais établis depuis la Guerre froide, de manière à améliorer la cohérence entre la planification de la défense collective OTAN et la planification nationale des Alliés ;
    • d’approuver un modèle pour le déploiement, par roulement, de systèmes et capacités de défense aérienne et antimissile modernes ;
    • d’élaborer une nouvelle politique visant à améliorer le soutien logistique apporté au déplacement, au renforcement, à l’approvisionnement et au maintien en puissance des forces ;
    • d’acquérir de nouveaux équipements modernes, notamment au travers d’initiatives d’achat en commun et d’investissements accrus dans la production industrielle de défense ;
    • d’intégrer la Finlande et la Suède – ainsi que leurs capacités – dans les plans, forces et structures de commandement de l’Alliance ;
    • de renforcer la protection des infrastructures sous-marines critiques ;
    • d’améliorer les capacités spatiales et cyber de l’OTAN ainsi que ses capacités de défense CBRN (chimique, biologique, radiologique et nucléaire) ;
    • d’effectuer plus fréquemment des entraînements et exercices de plus grande envergure, afin de démontrer la capacité de l’OTAN à défendre tout Allié qui serait menacé.
  • Dans cette perspective, les Alliés ont accompli des progrès considérables s’agissant d’accroître leurs dépenses de défense, et notamment d’investir dans des équipements majeurs, et ils s’efforcent de se répartir les charges plus équitablement. En 2024, 23 Alliés devraient atteindre ou dépasser le seuil des 2 % du produit intérieur brut (PIB) consacrés à la défense ; en 2014, trois pays membres seulement avaient franchi ce palier.
  • Deux grands concepts militaires fixent le cap à suivre pour la poursuite de l’adaptation de l’OTAN. Il s’agit du concept de dissuasion et de défense pour la zone euro-atlantique, qui est axé sur l’emploi des forces pour assurer la dissuasion et la défense dès aujourd’hui, et du concept-cadre de l’OTAN sur la capacité à combattre, qui, quant à lui, énonce une vision destinée à orienter le développement des capacités de combat à long terme dont l’Alliance a besoin pour rester forte militairement, aujourd’hui comme demain.

 

 

 

Principales menaces pesant sur la sécurité des Alliés

L’environnement de sécurité auquel l’OTAN est confrontée n’a jamais été aussi complexe depuis la fin de la Guerre froide. La guerre d’agression que la Russie mène contre l’Ukraine a fait voler en éclats la paix qui régnait en Europe et nuit gravement à la sécurité internationale ; elle occasionne d’immenses souffrances et d’énormes dégâts matériels. Le terrorisme continue de représenter un défi mondial pour la sécurité et une menace pour la stabilité. Par ailleurs, la Chine affiche des ambitions et mène des politiques coercitives qui sont contraires aux intérêts, à la sécurité et aux valeurs de l’Alliance. Le resserrement du partenariat stratégique entre la Russie et la Chine, ainsi que leurs tentatives, se conjuguant entre elles, qui visent à déstabiliser l’ordre international fondé sur des règles et à le remodeler, suscitent de profondes préoccupations. L’incertitude croissante partout dans le monde, les cybermenaces et menaces hybrides de plus en plus complexes et perturbatrices, l’importance grandissante des armes nucléaires dans les stratégies des adversaires potentiels, et le rythme effréné de l’évolution technologique sont autant de facteurs qui ont des incidences considérables pour l’Alliance.

La Russie représente la menace la plus importante et la plus directe pour la sécurité des Alliés. Elle cherche à remodeler fondamentalement l’architecture de sécurité euro-atlantique. Elle s’attache à reconstituer et à développer ses capacités militaires, et elle continue de violer l’espace aérien et de se livrer à des provocations. La Russie mène une campagne hybride agressive contre les Alliés. Il s’agit entre autres d’actes de violence, de provocations aux frontières de pays de l’Alliance, d’actes de cybermalveillance, de perturbations électroniques, de campagnes de désinformation et de pratiques comme le sabotage, l’instrumentalisation de la migration irrégulière, l’exercice d’une influence politique malfaisante ou encore la coercition économique. Le recours de la Russie à une rhétorique nucléaire irresponsable et le fait que Moscou brandit la menace nucléaire, ainsi que le stationnement – préalablement annoncé – d’armes nucléaires au Bélarus traduisent une posture d’intimidation stratégique. L’Alliance est déterminée à entraver les actions agressives de la Russie et à y faire échec, ainsi qu’à l’empêcher de mener des activités de déstabilisation à l’encontre de l’OTAN et des Alliés.  

Le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, est la menace asymétrique la plus directe pour la sécurité des citoyens des pays de l’OTAN ainsi que pour la paix et la prospérité internationales. Les conflits en Afrique et au Moyen-Orient ainsi que la fragilité et l’instabilité de cette région compromettent directement la sécurité de l’Alliance et de ses partenaires. Le voisinage méridional de l’Alliance, en particulier le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et le Sahel, est confronté à des défis qui s’enchevêtrent, sur le plan de la sécurité mais aussi sur les plans démographique, économique et politique. Ces difficultés sont amplifiées par les effets du changement climatique, la fragilité des institutions, les urgences sanitaires et l’insécurité alimentaire. L’OTAN continuera de contrer les menaces et défis que représentent les terroristes et les organisations terroristes, d’assurer la dissuasion et la défense face à ces menaces et défis, et d’y répondre en faisant appel à une combinaison de mesures de prévention, de protection et d’interdiction, avec détermination et résolution, dans un esprit de solidarité.

  

La raison d’être de l’OTAN : sauvegarder la liberté et la sécurité de ses pays membres

L’objectif essentiel et immuable de l’OTAN est la sauvegarde de la liberté et de la sécurité de tous ses membres par des moyens politiques et militaires. La défense collective est un principe au cœur même de l’Alliance, inscrit dans l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord. La toute première responsabilité de l’OTAN est d’assurer la protection et la défense du territoire et des populations de ses pays membres contre toute attaque, dans un monde où paix et sécurité ne peuvent être tenues pour acquises.

La dissuasion est un élément central de la stratégie globale de l’OTAN – prévenir les conflits et la guerre, protéger les Alliés, préserver la liberté de décision et d’action, et sauvegarder les principes et les valeurs qu’elle défend : la liberté individuelle, la démocratie, les droits de la personne et l’état de droit. La liberté des sociétés et l’ordre international fondé sur des règles sont subordonnés à une défense transatlantique crédible. En unissant leurs forces, les pays membres de l’OTAN dissuadent tout adversaire potentiel de les agresser.

Au sommet de Madrid de 2022, l’OTAN a défini un nouveau cadre de référence pour sa posture de dissuasion et de défense, suivant son approche à 360 degrés, sur terre, dans les airs, en mer, dans le cyber et dans l’espace, afin de pouvoir contrer toutes les menaces et relever tous les défis. 

Lors des sommets de Vilnius, en 2023, et de Washington, en 2024, sur la base de ce nouveau cadre de référence, les dirigeants des pays de l’Alliance ont adopté d’importantes mesures destinées à consolider la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN dans tous les domaines. À Vilnius, les Alliés ont approuvé la création d’une nouvelle génération de plans de défense régionaux visant à renforcer les défenses avancées et l’aptitude de l’Alliance à fournir rapidement des renforts à tout Allié qui serait menacé. À Washington, ils se sont engagés à accroître leur capacité industrielle de défense pour pouvoir mettre à disposition les moyens essentiels nécessaires à la défense collective.

La posture de dissuasion et de défense de l’OTAN combine de façon appropriée capacités nucléaires, capacités conventionnelles et capacités de défense antimissile, complétées par des capacités spatiales et des capacités cyber. L’OTAN garde la liberté d’action et la souplesse nécessaires pour réagir à toute la gamme des défis grâce à une approche appropriée et adaptée.

  

La résilience : premier élément de dissuasion et de défense

Accroître la résilience nationale et collective fait partie intégrante du dispositif de dissuasion et de défense de l’OTAN. Il s’agit de renforcer la capacité des sociétés à se préparer à toute la gamme des menaces et dangers, à y répondre, à s’en remettre et à s’y adapter.

La guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, la compétition géopolitique croissante et les nombreux autres défis de sécurité auxquels l’Alliance est confrontée aujourd’hui montrent l’importance de l’approche « tous risques » et « pansociétale » de l’OTAN en matière de résilience. Cela implique de se préparer, de se donner les moyens d’agir et d’investir dans la capacité des sociétés à se défendre contre un large éventail de menaces – allant des cyberattaques aux incidents chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires, en passant par le terrorisme ; les pandémies ; les catastrophes naturelles ; sans oublier les menaces stratégiques, qui vont croissant et qui pèsent notamment sur les systèmes démocratiques, les infrastructures critiques et les chaînes d’approvisionnement. Les Alliés gagnent en résilience en remédiant aux vulnérabilités qui, autrement, pourraient être utilisées comme des leviers d’influence ou exploitées par des adversaires.
La résilience est donc un aspect important de la dissuasion par interdiction : persuader un adversaire de ne pas attaquer en le convainquant qu’une attaque ne lui permettra pas d’atteindre ses objectifs.

Par ailleurs, la résilience requiert une coopération civilo-militaire étroite, car elle a un impact sur la capacité de l’OTAN à conduire ses missions et à préserver la mobilité de ses troupes et de ses équipements. Un des éléments fondamentaux de l’action de l’OTAN en matière de résilience est de faire en sorte que les forces militaires nationales placées sous le commandement de l’Organisation bénéficient d’un soutien adéquat en termes de ressources et d’infrastructures civiles. Depuis 2014, l’OTAN donne des directives devant permettre aux pays d’accroître leur résilience au regard de sept exigences de base et de réduire leurs vulnérabilités potentielles. Ces exigences sont actualisées régulièrement de façon à refléter le caractère évolutif des défis auxquels est confrontée l’Alliance.

Dans le droit fil de l’agenda OTAN 2030 et de l’engagement renforcé en faveur d’une meilleure résilience (2021), le concept stratégique de 2022 souligne qu’il est important que l’Alliance adopte une approche plus intégrée et mieux coordonnée à l’égard de la résilience afin, notamment, de faire face à la coercition russe et d’aider les partenaires de l’OTAN à s’opposer aux ingérences malveillantes et à contrer toute agression. Les partenariats menés avec des pays non OTAN et d’autres organisations sont essentiels pour renforcer la résilience nationale et collective des Alliés, et pour appuyer la planification et la préparation de l’Alliance par le partage d’informations et de bonnes pratiques.

  

Renforcement de la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN depuis 2014

Tout au long de son histoire, l’OTAN n’a cessé d’adapter son dispositif de dissuasion et de défense pour relever les défis liés à l’évolution de l’environnement de sécurité. Au cours de la dernière décennie en particulier – depuis que la Russie a annexé illégalement la Crimée en 2014 et qu’elle se montre de plus en plus menaçante envers l’Alliance –, l’OTAN a révisé ses plans et ses structures pour faire en sorte que les Alliés soient prêts à répondre à n’importe quelle menace, d’où qu’elle vienne.

2014 – Plan d’action « réactivité »

Le plan d’action « réactivité » (RAP), lancé au sommet du pays de Galles, en 2014, a été un important facteur de changement dans la posture de dissuasion et de défense de l’Alliance. Le RAP comprenait des mesures d’assurance qui étaient destinées aux pays membres de l’OTAN en Europe centrale et orientale et visaient à rassurer leurs populations, à décourager une agression potentielle et à renforcer leur défense. Il contenait aussi des mesures d’adaptation qui, pensées pour faire évoluer durablement la structure des forces et du commandement de l’OTAN, ont initié le plus grand renforcement de la défense collective de l’Alliance depuis la fin de la Guerre froide.

2016 – Posture de dissuasion et de défense renforcée, notamment au travers de la présence avancée rehaussée

Dans le prolongement du RAP, les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’OTAN ont approuvé au sommet de Varsovie, en 2016, une posture de dissuasion et de défense renforcée, qui offrait à l’Alliance une large gamme d’options lui permettant de faire face à toutes les menaces, d’où qu’elles viennent, afin de protéger le territoire, les populations, l’espace aérien et les lignes de communication maritimes des pays de l’OTAN. Les Alliés ont décidé d’établir une présence avancée rehaussée dans la partie orientale du territoire de l’Alliance, et en 2017, quatre groupements tactiques multinationaux OTAN ont été déployés en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne. Des mesures supplémentaires ont été prises pour renforcer la sécurité dans le sud-est de l’Alliance, notamment la mise en place d’une présence avancée adaptée dans la région de la mer Noire. En outre, un certain nombre de mesures ont été prises pour adapter l’Alliance aux défis émanant du sud : renforcement des capacités, conduite d’exercices spécifiques, planification préétablie et mise sur pied, à Naples (Italie), du Pôle régional pour le sud, qui aide l’OTAN à avoir une bonne connaissance de la situation.

2018 – Initiative pour la disponibilité opérationnelle de l’OTAN

Au sommet de Bruxelles de 2018, les dirigeants des pays de l’OTAN ont rappelé qu’ils étaient déterminés à accroître la disponibilité opérationnelle, la réactivité et le renforcement de l’Alliance afin de répondre aux menaces selon une approche à 360 degrés. Ils ont approuvé une initiative pour la disponibilité opérationnelle de l’OTAN, qui vise à accroître la capacité de réaction rapide de l’Alliance, soit pour un renforcement des Alliés à l’appui de la dissuasion ou de la défense collective, y compris pour des combats de haute intensité, soit pour une réponse militaire rapide à une crise, si nécessaire. Il s’agissait de fournir 30 bataillons de manœuvre moyens ou lourds, 30 escadrons de chasse et 30 bâtiments de premier rang prêts à être déployés dans un délai de 30 jours ou moins.

2020 – Concept de dissuasion et de défense pour la zone euro-atlantique (DDA)

En 2020, les Alliés ont approuvé le concept de dissuasion et de défense pour la zone euro-atlantique (DDA). Ce concept offre un cadre unique et cohérent qui leur permet de faire face aux principales menaces pesant sur l’Alliance et d’assurer la dissuasion et la défense face à ces menaces dans un environnement multimilieu. Il aide l’Alliance à se préparer à relever les défis en améliorant la planification préétablie établie par l’OTAN pour des scénarios de crise ou de conflit. Dans le cadre du concept de DDA, l’OTAN a élaboré des plans stratégiques, des plans consacrés à des milieux spécifiques et des plans militaires régionaux pour que l’Alliance soit mieux à même de parer à toute éventualité. Ces plans, qui s’intègrent parfaitement dans la planification des forces des pays de l’Alliance et dans le nouveau modèle de forces de l’OTAN, portent sur la gestion de la posture, le développement des capacités (y compris la formation et les exercices) et le dispositif de commandement et de contrôle.

2021 – Agenda OTAN 2030 et concept-cadre de l’OTAN sur la capacité à combattre

Au sommet de Bruxelles de 2021, les Alliés ont adopté l’agenda OTAN 2030 afin de renforcer encore l’Alliance et de guider son adaptation dans la durée. Cet agenda présente la dissuasion et la défense comme jouant un rôle central dans le lien transatlantique unissant l’Europe et l’Amérique du Nord, lien qui est au cœur de l’Alliance. Les dirigeants des pays de l’Alliance ont salué les avancées significatives réalisées depuis 2014 pour renforcer la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN, parmi lesquelles l’augmentation des dépenses de défense, la mise à disposition de capacités modernes, l’amélioration de la réactivité politique et militaire, et le rehaussement du niveau de préparation.

Les dirigeants se sont par ailleurs félicités de la mise en œuvre, en cours, du concept de DDA et ont approuvé le concept-cadre de l’OTAN sur la capacité à combattre ; celui-ci offre une vision à long terme devant permettre de préserver et de renforcer l’avantage militaire décisif que détient l’OTAN en aidant l’Alliance à développer continuellement son avantage militaire et technologique, suivant l’évolution de la nature des conflits.

2022 – Réaction à la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine

À la suite de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, déclenchée le 24 février 2022, les dirigeants des pays de l’OTAN se sont réunis à Bruxelles, le 24 mars 2022, pour échanger sur les conséquences des agissements russes et pour prendre des mesures destinées à renforcer davantage encore la posture de dissuasion et de défense de l’Organisation. Ils ont décidé de déployer quatre groupements tactiques multinationaux en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie, en complément de ceux déjà présents en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne, faisant ainsi passer de quatre à huit le nombre de groupements tactiques déployés sur le flanc est de l’OTAN. Ils ont également décidé de renforcer leurs moyens de cyberdéfense et d’augmenter l’ampleur des exercices axés sur la défense collective et l’interopérabilité. 

Au sommet tenu à Madrid en juin 2022, les dirigeants des pays de l’OTAN ont pris des décisions en vue de renforcer sensiblement la posture de dissuasion et de défense de l’Alliance. Dans cette optique, les Alliés ont décidé d’ajuster l’équilibre entre forces en place et moyens de renforcement. Ils ont également décidé que les groupements tactiques déployés à l’avant, sur le flanc oriental de l’Alliance, devraient pouvoir passer au niveau brigade, là où et lorsque cela serait nécessaire. Ces forces en place sont appuyées par des renforcements crédibles et disponibles rapidement, par des équipements prépositionnés et par des moyens de commandement et de contrôle améliorés. Les Alliés ont en outre adopté un nouveau modèle de forces, qui permet de renforcer et de moderniser la structure de forces de l’OTAN, de favoriser l’exécution des tâches fondamentales de l’Organisation et de faire en sorte que les ressources requises pour les plans militaires de nouvelle génération de l’Alliance soient mises à disposition. Les Alliés ont décidé d’assurer en continu une présence importante sur terre, en mer et dans les airs, et de s’employer notamment à renforcer la défense aérienne et antimissile intégrée.

2023 – Nouvelle génération de plans de défense régionaux et plan d’action sur la production pour la défense

Au sommet de Vilnius de 2023, les dirigeants des pays de l’Alliance ont convenu de moderniser l’OTAN dans la perspective d’une nouvelle ère de défense collective, et ils ont approuvé les plans de défense les plus complets et les plus détaillés que l’Alliance ait jamais établis depuis la Guerre froide. Cette nouvelle génération de plans de défense régionaux améliore sensiblement la cohérence entre la planification de la défense collective OTAN et la planification nationale des Alliés pour leurs forces, leur posture, leurs capacités et leur dispositif de commandement et de contrôle. Ces plans indiquent de quelle manière l’OTAN assurera la dissuasion et la défense contre n’importe quel agresseur, d’où qu’il vienne, et ils expliquent comment, en cas de crise, les forces des pays de l’Alliance prendront en charge la défense de l’avant et vaincront des menaces complexes sur tout le territoire de l’OTAN. En outre, ils décrivent précisément les actions attendues des Alliés dans une situation de crise. Dans un environnement marqué par des menaces de plus en plus complexes, la demande ainsi faite aux Alliés dans le cadre de l’OTAN est devenue plus exigeante et plus ambitieuse depuis la fin de la Guerre froide. Les plans visent à ce que les Alliés puissent fournir les forces adéquates, au moment voulu, là où elles sont nécessaires.

À Vilnius, les Alliés ont également adopté un plan d’action sur la production pour la défense, qui doit permettre d’intensifier la collaboration avec l’industrie de défense, d’accélérer le processus d’achat en commun, de renforcer la capacité industrielle et d’accroître l’interopérabilité entre les pays de l’OTAN.

2024 – Modèle de forces de l’OTAN et engagement en faveur d’un renforcement des capacités industrielles des pays de l’OTAN

Au sommet de Washington, en 2024, les Alliés ont salué les progrès accomplis depuis les sommets de Madrid (2022) et de Vilnius (2023) en vue de renforcer et de moderniser l’OTAN dans la perspective d’une nouvelle ère de défense collective.

Pour garantir l’efficacité des plans de défense adoptés à Vilnius, les Alliés mettent en œuvre le modèle de forces de l’OTAN approuvé à Madrid ; celui-ci permet de disposer d’un plus grand réservoir de forces aptes au combat en faisant jouer l’expertise régionale et la proximité géographique aux fins d’une réactivité militaire accrue. Dans ce contexte, ils ont par ailleurs mis en place, en juillet 2024, une force de réaction alliée multinationale et multidomaine, laquelle vient élargir l’éventail d’options qui s’offrent à eux pour réagir rapidement aux menaces et aux crises, d’où qu’elles viennent. Le modèle de forces de l’OTAN et la Force de réaction alliée ont remplacé la Force de réaction de l’OTAN en tant que cadre permettant d’organiser, de gérer, d’activer et de commander les forces des pays de l’Alliance ; ils développent le vivier des forces disponibles et aident l’OTAN à réagir à très bref délai.

À Washington, les dirigeants des pays de l’Alliance ont aussi pris un engagement en faveur d’un renforcement des capacités industrielles des pays de l’OTAN, l’objectif étant d’intensifier leur coopération avec l’industrie de défense et de fournir d’urgence les capacités les plus essentielles, dont des munitions et des systèmes de défense aérienne. Cet engagement s’inscrit dans le prolongement du plan d’action sur la production pour la défense que les Alliés ont adopté en 2023.

Lors du sommet de Washington, les dirigeants ont par ailleurs décidé de renforcer le dispositif de commandement et de contrôle de l’OTAN et ont salué les efforts déployés par les Alliés pour renforcer leur présence sur le flanc oriental de l’Alliance. En outre, ils ont pris l’engagement d’améliorer la capacité de l’OTAN à renforcer et à soutenir dans la durée les forces des Alliés sur tout le territoire de l’Alliance, notamment en intensifiant la coordination logistique et en prépositionnant des munitions et des équipements.

  

Renforcement de la dissuasion et de la défense dans des domaines spécifiques

Outre les mesures présentées plus haut, l’OTAN s’est employée, ces dix dernières années, à renforcer sa dissuasion et sa défense dans les domaines ci-après.

Défense aérienne et antimissile intégrée

Les dirigeants des pays de l’OTAN ont décidé d’améliorer la disponibilité opérationnelle, l’état de préparation et l’interopérabilité de la défense aérienne et antimissile intégrée (IAMD), et ce pour tous les milieux d’opérations et tous les degrés de conflictualité. L’Alliance développe l’intégration et la cohérence de l’IAMD au moyen d’entraînements réguliers et du déploiement, par roulement, de systèmes et capacités de défense aérienne modernes, l’accent étant mis, dans un premier temps, sur le flanc oriental. Ces efforts favoriseront la disponibilité opérationnelle de l’OTAN, et notamment sa capacité à décourager toute agression et à gérer les risques d’escalade en cas de crise présentant une dimension nucléaire.

Dissuasion nucléaire et maîtrise des armements

L’OTAN continue d’examiner les conséquences, potentiellement très lourdes pour la sécurité de l’Alliance, des efforts déployés par la Russie pour moderniser ses forces nucléaires, notamment son vaste arsenal d’armes de théâtre, et pour développer ses nouveaux vecteurs à double capacité, aux effets perturbateurs. Le fait que la Russie déroge, en tout ou en partie, à ses obligations et engagements en matière de maîtrise des armements contribue à la dégradation de l’environnement de sécurité au sens large. L’Alliance fait face en renforçant ses capacités conventionnelles modernes, en investissant dans de nouvelles plateformes – notamment des chasseurs de cinquième génération – et en adaptant ses exercices, son système de renseignement, et sa posture de défense aérienne et antimissile. Parallèlement à cela, elle prend toutes les mesures nécessaires pour continuer d’assurer la crédibilité, l’efficacité, la sûreté et la sécurité de sa politique et de ses forces de dissuasion nucléaire. Dans le même temps, l’OTAN reste fermement attachée à l’existence d’un système de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération qui soit opérant, et elle continue d’appeler tous les acteurs, dont la Russie et la Chine, à agir de manière constructive.

Exercices

Les exercices font toujours partie intégrante de la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN, l’entraînement militaire étant une condition essentielle au maintien des niveaux de disponibilité opérationnelle et à l’amélioration de l’interopérabilité des forces de l’Alliance. Les entraînements et exercices de l’OTAN simulent la dimension conventionnelle comme la dimension nucléaire d’une crise ou d’un conflit, à l’appui d’une plus grande cohérence entre les composantes conventionnelle et nucléaire de la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN pour tous les milieux d’opérations et tous les degrés de conflictualité. Les exercices sont importants pour la dissuasion, car ils montrent aux adversaires potentiels que l’OTAN est apte et prête à agir et qu’elle fait preuve de détermination.

Cyberespace

L’OTAN a reconnu le cyberspace en tant que milieu d’opérations dans lequel elle doit pouvoir se défendre aussi efficacement qu’elle le fait dans les airs, sur terre, en mer et dans l’espace. Par ailleurs, les initiatives de dissuasion de l’Alliance ont été renforcées par la création, en 2018, du Centre des cyberopérations en Belgique et par la formation d’équipes de soutien pour la lutte contre les pratiques hybrides, chargées de prêter assistance aux Alliés qui en ont besoin. Au sommet de Bruxelles de 2021, les Alliés ont entériné une nouvelle politique de cyberdéfense globale, qui contribue aux tâches fondamentales de l’OTAN et à sa posture globale de dissuasion et de défense et qui renforce la résilience de l’Alliance dans le cyberespace. Au sommet de Washington, en 2024, les Alliés ont convenu de mettre sur pied le Centre OTAN intégré pour la cyberdéfense afin d’améliorer la protection des réseaux, la connaissance de la situation et l’intégration du cyberespace en tant que milieu d’opérations.

Espace

À la réunion des dirigeants des pays de l’OTAN tenue à Londres en décembre 2019, les Alliés ont reconnu l’espace en tant que cinquième milieu d’opérations (au même titre que les milieux aérien, terrestre, maritime et cyber). Les informations recueillies et communiquées au moyen de satellites sont d’une importance critique pour les activités, les opérations et les missions de l’OTAN, notamment en matière de défense collective, de réponse aux crises et de lutte contre le terrorisme. Le Centre spatial OTAN, créé en 2020 en Allemagne, sert d’enceinte privilégiée pour le partage de l’information, la coordination des initiatives des Alliés et le soutien aux opérations et aux missions de l’OTAN. Au sommet de Bruxelles de 2021, l’OTAN s’est dite consciente que les attaques dirigées vers l’espace, en provenance de l’espace ou dans l’espace représentaient un réel défi pour la sécurité de l’Alliance et qu’elles pourraient conduire à l’invocation de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord. En 2023, l’OTAN a annoncé le lancement de l’initiative APSS (capacité alliée de surveillance permanente depuis l’espace), qui vise à renforcer les capacités de surveillance et de renseignement spatiales de l’Alliance pour une meilleure connaissance de la situation et une meilleure prise de décision.

Coopération avec l’Union européenne

L’OTAN poursuit ses efforts d’adaptation dans tous les milieux et dans des domaines où la défense et la sécurité font l’objet d’une approche pansociétale, par exemple dans les domaines de la préparation du secteur civil et de la lutte contre les menaces hybrides. L’Alliance intensifie ces activités dans le cadre d’une coopération renforcée avec l’Union européenne (UE), l’objectif étant notamment de développer des capacités complémentaires et interopérables qui ne fassent pas double emploi et de contribuer au partage des charges entre les deux rives de l’Atlantique.

  

Préserver l’avance militaire et technologique de l’Alliance

L’Alliance doit être en mesure de préserver la paix aujourd’hui, mais elle doit aussi se préparer à faire face, demain, à un environnement de sécurité de plus en plus imprévisible. À cette fin, au sommet tenu à Bruxelles en 2021, les dirigeants des pays de l’OTAN ont marqué leur accord sur la pleine mise en œuvre du concept-cadre de l’OTAN sur la capacité à combattre, qui aidera l’Alliance à suivre une approche plus proactive et plus prospective concernant l’adaptation militaire. Maintenir son avance technologique est depuis toujours un facteur essentiel de l’aptitude de l’OTAN à assurer la dissuasion et la défense face à des adversaires potentiels. Les innovations dans le domaine des technologies émergentes et des technologies de rupture, comme l’intelligence artificielle, les systèmes d’armes autonomes, le big data et les biotechnologies changent la donne en matière de combat.

Pour faire en sorte de préserver son avance technologique, l’OTAN a approuvé une stratégie de mise en œuvre pour les technologies émergentes et les technologies de rupture. Elle a en outre créé l’Accélérateur d’innovation de défense pour l’Atlantique Nord (DIANA) et, au sommet tenu à Madrid en 2022, elle a lancé un fonds multinational pour l’innovation, qui l’aidera à renforcer son avance technologique en réunissant pouvoirs publics, secteur privé et monde universitaire. L’Alliance jouera un rôle important en tant que forum de coopération sur divers aspects de ces technologies en rapport avec la sécurité.

  

Investir dans la défense

L’engagement en matière d’investissements de défense, adopté par les dirigeants des pays de l’OTAN au sommet du pays de Galles en 2014, demandait aux Alliés de cesser de réduire leurs budgets de défense et de s’efforcer de se rapprocher de l’objectif agréé OTAN consistant à consacrer au moins 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) à la défense dans un délai de dix ans. Les Alliés ont également convenu de chercher, dans les mêmes délais, à porter à 20 % ou plus la part de leurs dépenses de défense annuelles consacrée à l’acquisition de nouveaux équipements majeurs et aux activités de recherche et développement y afférentes. Depuis, les Alliés ont tous augmenté leurs dépenses de défense, développé encore leurs forces et leurs capacités et contribué aux opérations, missions et activités de l’Alliance. 

Au sommet de Vilnius de 2023, les dirigeants des pays de l’OTAN ont marqué leur accord sur un engagement renouvelé et durable en matière d’investissements de défense : consacrer chaque année au moins 2 % de leur PIB à la défense. Ils ont aussi indiqué que, dans bien des cas, il faudrait consacrer plus de 2 % du PIB aux dépenses de défense pour parvenir à remédier aux insuffisances actuelles et à satisfaire les besoins que fait apparaître, dans tous les milieux, la montée de la contestation de l’ordre de sécurité. Dans le même temps, les dirigeants des pays de l’OTAN se sont engagés à consacrer au moins 20 % de leurs budgets de défense aux équipements majeurs, notamment aux activités de recherche et développement y afférentes. Les Alliés se sont par ailleurs engagés à mettre à la disposition de l’OTAN les forces, capacités et ressources nécessaires à toute la gamme de ses opérations, missions et activités.

En 2024, 23 Alliés devraient atteindre ou dépasser le seuil des 2 % du PIB consacrés à la défense ; en 2014, trois pays membres seulement avaient franchi ce palier. Au cours des dix dernières années, les Alliés européens et le Canada n’ont cessé d’augmenter leurs dépenses de défense : celles-ci représenteront 2,02 % de leur PIB combiné en 2024, contre 1,43 % en 2014, grâce à un effort d’investissement collectif de plus de 430 milliards de dollars des États-Unis.