Les activités maritimes de l’OTAN
Partout dans le monde, les océans nous relient les uns aux autres. Ils sont essentiels au commerce mondial et à notre mode de vie. Aujourd'hui, 90 % de l'ensemble du commerce international des matières premières et des produits manufacturés sont acheminés par mer, et les navires citernes transportent plus de la moitié du pétrole mondial. L’OTAN est déterminée à renforcer sa posture et sa connaissance de la situation pour assurer la dissuasion et la défense face à toutes les menaces dans le milieu maritime. Il s'agit notamment de préserver la liberté de navigation, de sécuriser les routes commerciales maritimes et de protéger les goulets d'étranglement ainsi que les principales lignes de communication maritimes de l’Alliance, d’acheminer des renforts et d'assurer le réapprovisionnement par les routes transatlantiques en période de crise et de conflit.
- Le concept stratégique 2022 de l’OTAN - document stratégique global de l’Alliance - précise que la sûreté maritime est un facteur clé de la paix et de la prospérité de nos pays. Les activités maritimes de l’OTAN relèvent ainsi des trois tâches fondamentales de l’Alliance : dissuasion et défense, prévention et gestion des crises, et sécurité coopérative.
- L’OTAN dispose de forces navales permanentes (SNF) qui offrent en continu à l’Alliance une capacité maritime crédible et agile pouvant être déployée rapidement en période de crise ou de tension. Depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, les SNF ont été déployées de façon stratégique afin de renforcer la posture maritime de l’Alliance.
- L’OTAN dirige actuellement l’opération Sea Guardian en Méditerranée, qui permet de maintenir un environnement maritime sûr et sécurisé par le renforcement des capacités de sûreté maritime, la connaissance de la situation maritime et la lutte contre le terrorisme en mer.
- Par son activité en mer Égée, l’OTAN appuie les efforts au sens large qui y sont déployés par la communauté internationale dans le cadre de la crise des réfugiés et des migrants.
- La coordination et la coopération avec les pays partenaires, notamment au travers du programme OTAN d’exercices maritimes et interarmées, renforce l’interopérabilité et améliore les compétences de base pour le combat, ce qui démontre une dissuasion crédible dans le milieu maritime.
- L’OTAN coopère également, dans le milieu maritime, avec l’Organisation des Nations Unies et l’Union européenne, ainsi qu’avec d’autres organisations régionales telles que l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et l’Union africaine.
- La posture maritime de l'Alliance
- Renforcer la posture maritime de l'OTAN en réponse à la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine
- Forces navales permanentes de l'OTAN
- Infrastructures sous-marines critiques
- Les opérations et activités maritimes de l'OTAN
La posture maritime de l'Alliance
Le milieu maritime comprend des océans et des mers, y compris tout ce qui se trouve à la surface, au-dessus de la surface et sous la surface, dans toutes les directions. Il forme un espace continu avec les autres milieux d'opérations (milieu terrestre, milieu aérien, milieu spatial et milieu cyber).
La posture maritime de l’Alliance décrit les capacités et les fonctions de l’OTAN dans le milieu maritime et comment l’Alliance utilise ses forces navales à l’appui de ses trois tâches fondamentales, à savoir la dissuasion et la défense, la prévention et la gestion des crises, et la sécurité coopérative.
Les forces navales de l’Alliance sont composées de forces, de capteurs et d’autres capacités maritimes qui contribuent à la sécurité de l'Alliance. La posture maritime de l’Alliance s’appuie sur ces forces pour exécuter les trois fonctions suivantes :
Fonction stratégique – La présence de forces maritimes produit des effets stratégiques et dissuasifs, y compris en matière d'assurance et de communication, et montre que l'OTAN entend opérer en fonction des besoins. La flexibilité des forces maritimes permet de disposer quasi-instantanément d’ensembles de forces intrinsèquement adaptables offrant tout un éventail d’options politiques et militaires mesurées et viables.
Fonction de sécurité – L’OTAN maintient un environnement maritime sûr et sécurisé grâce à diverses opérations et/ou activités de sûreté maritime. Les forces maritimes peuvent offrir un mécanisme souple et opérationnel ainsi qu’une capacité très polyvalente permettant de mener des missions et tâches très diverses et de grande ampleur.
Fonction de combat – En cas de conflit, les forces maritimes peuvent rapidement passer de missions et tâches de faible intensité à des missions et tâches de haute intensité. Les capacités et les forces opérant à la surface, sous la surface et au-dessus de la surface peuvent travailler ensemble pour instaurer une interdiction ou un contrôle de l'espace maritime, soutenir le renforcement, protéger les moyens, projeter la puissance et aider à la mise en œuvre de forces interarmées et d'effets interarmées.
Renforcer la posture maritime de l'OTAN en réponse à la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine
Depuis l’annexion illégale de la Crimée par la Russie, en 2014, l’Alliance a adapté et renforcé sa posture de dissuasion et de défense dans tous les milieux. En réponse à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, l’OTAN a activé ses plans de réponse graduée et déployé des éléments à haut niveau de préparation de sa Force de réaction (NRF) pour la première fois dans un rôle de dissuasion et de défense, activant notamment les forces navales permanentes, qui font partie de la force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF).
Depuis février 2022, l’OTAN a intensifié ses activités de veille, notamment par la présence accrue de porte-avions alliés dans la Baltique, dans l’Adriatique et en Méditerranée et par le déploiement de plusieurs groupes aéronavals, de manière à garantir une connaissance appropriée de la situation stratégique et une disponibilité opérationnelle adéquate des forces. En intensifiant les activités militaires dans toutes les zones géographiques de l’Alliance ainsi que dans tous les milieux d'opérations et dans tous les domaines fonctionnels, l’Alliance montre, au travers du déploiement de plusieurs groupes aéronavals, sa détermination à protéger les populations de ses pays membres et à défendre en permanence chaque centimètre carré de son territoire, notamment les eaux territoriales.
Au travers d’exercices maritimes, les pays membres et les pays partenaires de l'OTAN maintiennent et développent leurs compétences de combat, renforcent l’interopérabilité entre leurs forces et améliorent leur préparation et leurs compétences maritimes globales communes pour toutes les opérations, qu’elles soient internationales ou nationales. Certains domaines et compétences sont actuellement intégrés dans les exercices, par exemple les capacités de combat du haut du spectre, comme la protection des lignes de communication maritimes et le renforcement rapide, les opérations amphibies, la lutte anti-sous-marine, les attaques au sol, les frappes de précision dans la profondeur, la défense aérienne et antimissile intégrée, la lutte contre les menaces hybrides dans le milieu maritime, la défense contre les menaces dans le cyberespace et la lutte contre les menaces qui pèsent sur les groupes aéronavals.
Forces navales permanentes de l'OTAN
Les forces navales permanentes (SNF) constituent une capacité maritime essentielle de l'Alliance et un élément central de sa posture maritime. Placées sous le contrôle opérationnel de l'OTAN, elles offrent en continu à l'Alliance une capacité maritime crédible et agile pouvant être déployée rapidement en période de crise ou de tension. Les SNF constituent une force multinationale de dissuasion qui est capable de réagir rapidement face à un adversaire potentiel, et de contribuer à la gestion de crise, à la coopération en matière de sécurité avec les partenaires, et à la sûreté maritime. Elles suivent un programme préétabli d'exercices, de manœuvres et d'escales et mènent des entraînements/exercices conjoints avec les partenaires de l'OTAN afin de renforcer l'interopérabilité.
Les SNF de l'OTAN se répartissent en quatre groupes : les deux groupes maritimes permanents OTAN (SNMG1 et SNMG2) et les deux groupes permanents OTAN de lutte contre les mines (SNMCMG1 et SNMCMG2). Ces quatre groupes font partie de la Force de réaction de l'OTAN (NRF) – la force de réaction rapide de l'Alliance – au travers de la VJTF(M), sa composante maritime. Ils opèrent dans l'océan Atlantique et en mer Baltique, en mer du Nord, en Méditerranée et en mer Noire, couvrant l'intégralité de la zone de responsabilité maritime de l'OTAN.
SNMG1 et SNMG2
Les groupes maritimes permanents OTAN constituent des forces maritimes multinationales intégrées qui se composent de frégates ou de destroyers de différents pays de l’Alliance, et qui bénéficient de l’appui d'un navire ravitailleur. Ces navires sont en permanence à la disposition de l’OTAN pour exécuter différentes tâches, qu'il s'agisse d'exercices ou du soutien aux opérations. Ils servent également à établir la présence et à démontrer la solidarité de l’Alliance, à effectuer des visites diplomatiques de routine dans différents pays, à soutenir l'engagement vis-à-vis des partenaires, et à mettre toute une gamme de capacités militaires maritimes à disposition pour les opérations en cours.
Le SNMG1 et le SNMG2 opèrent en fonction des besoins opérationnels de l’Alliance, ce qui contribue à maintenir une flexibilité optimale.
Au sein des forces navales permanentes de l’OTAN, le SNMG1 et le SNMG2 relèvent du commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR). En décembre 2012, le Commandement maritime allié (MARCOM) devient le pôle opérationnel pour toutes les opérations maritimes de l’Alliance. Il se voit donc généralement confier l’autorité sur les SNMG ainsi que le commandement opérationnel de ces derniers.
Basé à Northwood (Royaume-Uni), le MARCOM abrite également le Centre OTAN de la navigation commerciale (NSC), qui fait la liaison entre l’OTAN et la communauté de la marine marchande. Doté d'un effectif permanent par l’OTAN, le NSC est le principal point de contact pour l’échange d’informations sur la marine marchande entre les autorités militaires de l’OTAN et la communauté internationale de la navigation commerciale. Il joue également un rôle important dans la lutte contre la piraterie.
La Force navale permanente de l'Atlantique, précurseur du SNMG1, est activée en janvier 1968. Elle est rebaptisée 1er Groupe maritime permanent OTAN en janvier 2005.
La Force navale permanente en Méditerranée, précurseur du SNMG2, est activée en 1992 en Italie. Elle est déployée en Méditerranée orientale à l’appui de l’opération Active Endeavour, précurseur de l’opération Sea Guardian. Elle est rebaptisée 2e Groupe maritime permanent OTAN en janvier 2005.
SNMCMG1 et SNMCMG2
Les groupes permanents OTAN de lutte contre les mines (SNMCMG1 et SNMCMG2) sont des forces multinationales composées de chasseurs de mines et de dragueurs de mines qui participent principalement à des opérations de recherche et de neutralisation des explosifs et munitions. Ils mènent par ailleurs des opérations de neutralisation d'engins explosifs « historiques » afin de réduire la menace que représentent les mines datant des deux guerres mondiales, contribuant ainsi à la sécurité de la navigation mondiale. Les deux SNMCMG sont des atouts essentiels de la NRF et peuvent remplir un large éventail de fonctions.
Le SNMCMG1 a vu le jour dans le port d'Ostende (Belgique), le 11 mai 1973, avec pour finalité de garantir la sécurité de la navigation autour des ports de la Manche et du nord-ouest de l'Europe. Le groupe, qui s'appelait à l'origine « Force navale permanente de la Manche », a été rebaptisé plusieurs fois pour refléter l'élargissement de sa zone d'opérations.
Le SNMCMG2 est issu d'une force d'intervention en Méditerranée, disponible sur appel, créée en 1969. Cette force a elle aussi évolué au fil du temps et à l'aune de ses nouvelles responsabilités.
Les noms actuels de ces groupes (SNMCMG1 et SNMCMG2) leur ont été attribués en 2006.
Infrastructures sous-marines critiques
On estime que 10 000 milliards de dollars de transactions financières transitent chaque jour par le réseau de câbles sous-marins ; deux tiers de la production mondiale de pétrole et de gaz est extraite en mer ou transportée par des moyens maritimes, et près de 95 % des flux mondiaux de données passent par ces câbles. L’OTAN considère que la protection des infrastructures sous-marines critiques est essentielle pour la défense et la sécurité, car il s'agit d’un élément indispensable pour préserver la sécurité et la prospérité des populations des pays de l’Alliance.
L’OTAN s’emploie depuis de nombreuses années à renforcer la sécurité des infrastructures critiques. Après le sabotage des gazoducs Nord Stream en septembre 2022, les Alliés ont accru leur présence militaire dans la région. L’OTAN a également créé une cellule de coordination dédiée aux infrastructures sous-marines critiques, dont la mission consiste à soutenir les interactions entre les Alliés, les partenaires et le secteur privé. Les dirigeants des pays de l’Alliance se sont mis d'accord sur la création d’un Centre maritime de l'OTAN pour la sécurité des infrastructures sous-marines critiques au sein du Commandement maritime allié, établi au Royaume-Uni. Ils ont également décidé de créer un réseau rassemblant l’OTAN, les Alliés, le secteur privé et d’autres acteurs concernés qui permettra d’améliorer le partage de l’information et l’échange de bonnes pratiques.
En outre, l’OTAN travaille, plus généralement, en étroite collaboration avec l’Union européenne dans le cadre de l’Équipe spéciale OTAN-UE pour la résilience et la protection des infrastructures critiques, dont les travaux portent notamment sur les infrastructures sous-marines critiques.
Les opérations et activités maritimes de l'OTAN
Les opérations maritimes de l'OTAN, qui s'appuient sur la puissance de ses forces navales, ont démontré la capacité de l'Alliance à atteindre des objectifs stratégiques dans des contextes très différents.
Opération « Sea Guardian »
L’opération Sea Guardian permet de maintenir un environnement maritime sûr et sécurisé en Méditerranée au travers de trois tâches principales : renforcement des capacités de sûreté maritime, connaissance de la situation maritime et lutte contre le terrorisme en mer. Lancée en novembre 2016, elle succède à l’opération Active Endeavour.
Alliés et partenaires peuvent contribuer de différentes façons à l’opération Sea Guardian en apportant un « soutien direct » (leurs moyens sont placés sous le commandement opérationnel de l'OTAN) ou un « soutien associé » (leurs moyens restent sous commandement national). L’opération est placée sous le commandement opérationnel du Commandement maritime allié, basé à Northwood (Royaume-Uni), qui sert de point central pour l’échange d’informations en matière de sûreté maritime pour l’Alliance.
Chaque année, Sea Guardian mène cinq à six opérations ciblées dans des zones de la Méditerranée présentant un intérêt spécifique. Ces opérations utilisent des moyens de surface, aériens, sous-marins et autres pour recueillir les éléments permettant d’avoir en permanence une image précise des activités se déroulant au quotidien dans différentes parties de la Méditerranée. La plupart des opérations ainsi menées dans le cadre de Sea Guardian comportent également des visites dans des ports non OTAN.
Dans le cadre de Sea Guardian, l’OTAN coopère avec des pays partenaires et avec d'autres organisations internationales. Par exemple, l’Australie a contribué à l’opération Sea Guardian en 2022 au travers d’un vol d’avion de patrouille maritime.
Soutien dans la gestion de la crise des réfugiés et des migrants en mer Égée
Depuis février 2016, l’OTAN contribue aux efforts déployés à l’échelle internationale pour atténuer la crise des réfugiés et des migrants. À cette fin, dans le cadre de l’activité en mer Égée de l’Alliance, les navires de l’OTAN effectuent des missions de reconnaissance, de suivi et de surveillance des traversées en mer Égée, en coopération avec les garde-côtes grecs et turcs et par l'établissement de liens directs avec Frontex (l’agence de l’UE chargée de la gestion des frontières). Les navires de l’OTAN contribuent à couper les voies du trafic illicite en mer Égée tout en garantissant la connaissance de la situation maritime.