Le plan d’action « réactivité »
Le plan d’action « réactivité » (RAP) est un ensemble complet de mesures d'assurance et d'adaptation qui font partie des éléments de base de la posture de dissuasion et de défense de l'Alliance. Agréé au sommet du pays de Galles, en 2014, ce plan est un vecteur essentiel de l’adaptation militaire de l'OTAN à l'évolution de l'environnement de sécurité, et il a lancé le plus important renforcement de la défense collective de l'OTAN depuis la fin de la Guerre froide. Au sommet de Varsovie, en 2016, les dirigeants des pays de l'Alliance se sont félicités de sa mise en œuvre, et ils ont décidé de mesures supplémentaires pour renforcer la posture de dissuasion et de défense de l'OTAN.
Des soldats polonais de la Force de réaction de l'OTAN (NRF) s’apprêtent à participer à un exercice de tir réel aux côtés de soldats français et roumains au groupement tactique multinational de l’OTAN en Roumanie.
- Compte tenu de l'évolution de l'environnement de sécurité dans la zone euro-atlantique depuis 2014, le RAP comprend des « mesures d’assurance » qui sont destinées aux pays membres de l'OTAN en Europe centrale et orientale et visent à rassurer leurs populations, à décourager une agression potentielle et à renforcer leur défense.
- Les mesures d'assurance sont constituées d'une série d'activités terrestres, maritimes et aériennes à l'intérieur, au-dessus et autour de la partie orientale du territoire de l'Alliance, qui sont renforcées par des exercices axés sur la défense collective et la gestion de crise.
- Le RAP inclut également des « mesures d'adaptation », qui sont des changements à plus long terme dans la structure de forces et de commandement de l'OTAN destinés à permettre à l'Alliance d'être davantage en mesure de réagir de manière rapide et décisive à des crises soudaines.
- Parmi les mesures d'adaptation agréées dans le cadre du RAP en 2014 figurent le triplement des effectifs de la Force de réaction de l'OTAN (NRF), la création d'une force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) capable de se déployer sur très court préavis, et le renforcement des forces navales permanentes.
- Pour faciliter la réactivité et le déploiement rapide des forces, le RAP a également conduit à créer huit unités d’intégration des forces OTAN (NFIU) – qui sont des QG de petite taille – en Europe centrale et orientale. Des QG pour le Corps multinational Nord-Est à Szczecin (Pologne) et pour la Division multinationale Sud-Est à Bucarest (Roumanie) ont également été créés. En outre, un QG permanent de groupement de soutien logistique interarmées a été mis en place.
- En décembre 2015, les Alliés ont par ailleurs adopté des mesures d'assurance adaptées pour la Türkiye visant à répondre aux défis de sécurité croissants qui émanent du sud.
- Au sommet de Varsovie, en 2016, les Alliés se sont félicités de la mise en œuvre du RAP, et ils ont décidé que ses mesures d'assurance et d'adaptation continueraient de former le socle de la posture de l'Alliance. Ils ont également décidé de renforcer encore la posture de dissuasion et de défense de l'Alliance, notamment en établissant une présence avancée dans les parties est et sud-est du territoire de l'Alliance et un cadre pour l'adaptation de l'OTAN en réponse aux menaces et aux défis croissants qui émanent du sud.
- Les Alliés continuent de renforcer la dissuasion et la défense de l’OTAN. Suite à l’invasion brutale de l’Ukraine par la Russie en 2022, en l’absence de toute provocation, les Alliés ont encore renforcé la présence militaire de l’OTAN dans l’est de l’Alliance, s’assurant ainsi que des forces soient prêtes à répondre à tout développement.
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Les mesures d'assurance
Les mesures d'assurance, qui sont une série d'activités terrestres, maritimes et aériennes à l'intérieur, au-dessus et autour du territoire des pays membres de l'OTAN en Europe centrale et orientale, visent à renforcer la défense et à rassurer les populations de ces pays, et à décourager une agression potentielle. Elles sont une conséquence directe de l’annexion illégale et illégitime de la Crimée (Ukraine) par la Russie. Elles incluent une présence militaire dans la partie orientale de l’Alliance. Les pays de l’OTAN contribuent tous à ces mesures, par rotation. Celles-ci peuvent être renforcées ou allégées en fonction de la situation en matière de sécurité.
Depuis mai 2014, l'OTAN a augmenté le nombre d'avions de chasse patrouillant au-dessus des États baltes pour assurer la police du ciel, et elle a déployé des avions de chasse en Bulgarie, en Roumanie et en Pologne. En décembre 2015, un autre paquet de mesures d'assurance adaptées a été approuvé pour la Türkiye. De plus, l'Alliance envoie régulièrement des AWACS pour des vols de surveillance au-dessus du territoire de ses Alliés orientaux et des avions de patrouille maritime le long de ses frontières orientales.
Pour l'assurance en mer, l'OTAN déploie un certain nombre de forces maritimes multinationales, dont deux groupes permanents OTAN de lutte contre les mines, qui patrouillent en mer Baltique et en Méditerranée orientale, et un Groupe maritime permanent OTAN élargi, qui effectue des missions d'assurance maritime en plus de ses patrouilles de lutte contre le terrorisme.
En outre, l'OTAN a organisé davantage d'exercices. Les exercices militaires constituent d'excellentes occasions d'améliorer l'aptitude des Alliés et des partenaires à travailler ensemble et de montrer que l'OTAN est prête à répondre aux menaces potentielles. Ces exercices se déroulent à terre, en mer, dans les airs et dans le cyberespace, sur la base de scénarios de défense collective et de gestion de crise.
Les mesures d'assurance sont flexibles et modulables, en fonction de l'évolution de la situation en matière de sécurité, et elles sont revues chaque année par le Conseil de l'Atlantique Nord – la plus haute instance politique décisionnelle de l'OTAN.
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Les mesures d'adaptation
Les mesures d'adaptation sont des changements à long terme dans la structure de forces et de commandement de l'OTAN, grâce auxquels l'Alliance sera davantage en mesure de réagir de manière rapide et décisive à des crises soudaines.
Elles comprennent :
Une Force de réaction de l'OTAN renforcée
La Force de réaction de l’OTAN (NRF) est une force multinationale à haut niveau de préparation et à la pointe de la technologie, regroupant des éléments des forces terrestres, aériennes, maritimes et d'opérations spéciales (SOF) que l’Alliance peut déployer rapidement partout où cela est nécessaire.
Au sommet du pays de Galles, en 2014, les Alliés ont décidé d'étoffer la NRF pour renforcer la défense collective de l'Alliance et faire en sorte que l'OTAN dispose des forces voulues, à l'endroit voulu et au moment voulu. La NRF compte environ 40 000 soldats – soit une forte augmentation par rapport à son effectif antérieur de 13 000 soldats. Sa taille dépend de la tâche qui lui est assignée.
Le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR) assure le commandement d'ensemble de la NRF. Selon un système de rotation annuelle, les deux commandements OTAN de forces interarmées (JFC) (Brunssum (Pays-Bas) et Naples (Italie)) assument le commandement opérationnel de la NRF.
Une force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF)
Au sein de la NRF, la VJTF, force de réaction rapide dite « fer de lance », d'environ 20 000 soldats, dont 5 000 soldats des forces terrestres, est en mesure de commencer à se déployer dans les deux ou trois jours là où il le faut. Son élément terrestre est appuyé par des composantes des forces aériennes, maritimes et d'opérations spéciales.
L'encadrement et les effectifs de la VJTF et de la NRF changent tous les ans, par rotation entre les Alliés. Les unités de la VJTF et de la NRF sont basées dans les pays chefs de file, mais, de là, elles sont à même de se déployer où il le faut pour des exercices, pour répondre à une crise ou pour la défense collective. La VJTF, qui a participé à son premier exercice de déploiement en Pologne en juin 2015, est régulièrement mise à l'épreuve au cours d'exercices.
Des unités d’intégration des forces OTAN (NFIU)
Les unités d’intégration des forces OTAN (NFIU) sont des QG multinationaux de petite taille destinés à faciliter le déploiement rapide de la VJTF et des forces alliées de deuxième échelon. Chaque NFIU se compose d'une quarantaine de spécialistes des pays et de l'OTAN. Leur tâche est d'améliorer la coopération et la coordination entre les forces OTAN et les forces nationales, ainsi que de préparer et d'appuyer les exercices et tout déploiement qui serait nécessaire.
D’abord, six NFIU ont été créées en Bulgarie, en Estonie, en Lettonie, en Lituanie, en Pologne et en Roumanie et ont été activées en septembre 2015, constituant ainsi une présence OTAN visible et permanente dans ces pays. Ensuite, deux autres NFIU en Hongrie et en Slovaquie ont été respectivement mises en place en septembre 2016 et en janvier 2017.
Des quartiers généraux multinationaux à haut niveau de préparation
Le QG du Corps multinational Nord-Est (QG MNC NE), implanté à Szczecin (Pologne), offre une capacité à haut niveau de préparation pour le commandement de forces déployées dans les États baltes et en Pologne, si nécessaire.
Mis en place par le Danemark, l'Allemagne et la Pologne, le QG MNC NE a quatre tâches principales :
- commander la VJTF et la NRF, ou certains de leurs éléments, en cas de déploiement dans la partie nord-est de l'OTAN ;
- assurer le contrôle opérationnel des NFIU d'Estonie, de Hongrie, de Lettonie, de Lituanie, de Pologne et de Slovaquie ;
- surveiller la situation en matière de sécurité dans la région ;
- servir de plateforme de coopération régionale.
Le QG de la Division multinationale Sud-Est (QG MND SE), implanté à Bucarest (Roumanie), est en mesure de commander des forces déployées dans la région sud-est de l’OTAN, y compris la VJTF et la NRF, si nécessaire. Il assure le commandement et le contrôle des NFIU en Bulgarie et en Roumanie. Il assure également le suivi de la situation en matière de sécurité dans la région et sert de plateforme de coopération régionale entre les Alliés. Le QG MND SE a été inauguré le 1er décembre 2015 et a atteint la capacité opérationnelle totale le 22 mars 2018.
Par ailleurs, le RAP prévoit un certain nombre d'améliorations logistiques, y compris le prépositionnement d'équipements et d'approvisionnements, afin d'accroître la réactivité de l'OTAN face à tout défi pour la sécurité des Alliés. Un nouveau QG permanent de groupement de soutien logistique interarmées a été créé au sein de la structure de commandement de l'OTAN.
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Historique
En septembre 2014, au sommet du pays de Galles, les dirigeants des pays de l’Alliance ont approuvé le plan d’action « réactivité », qui visait à s'assurer que l'Alliance soit prête à répondre rapidement et fermement aux nouveaux défis de sécurité. Ce plan prévoyait un ensemble complet de mesures pour répondre à l'évolution de l'environnement de sécurité en Europe et à proximité ainsi qu'aux menaces émanant du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.
Le 5 février 2015, les ministres de la Défense des pays de l'OTAN ont décidé que la VJTF comprendrait une composante terrestre d'environ 5 000 soldats, avec les éléments aériens, maritimes et SOF appropriés à disposition. La France, l'Allemagne, l'Italie, la Pologne, l'Espagne, la Türkiye et le Royaume-Uni ont décidé d'assumer par rotation le rôle de pays-cadre pour la VJTF dans les années à venir. Les ministres ont également fixé comme objectif que la VJTF soit apte à opérer d'ici au sommet de Varsovie, en 2016 – objectif qui a été atteint.
En avril 2015, plus de 1 500 soldats ont pris part à l'exercice Noble Jump, dont le but était de vérifier si les troupes affectées à la VJTF intérimaire de l'OTAN pourraient être prêtes à se déployer 48 heures après avoir reçu un ordre de mouvement.
Le 9 juin 2015, la VJTF s'est déployée pour la première fois en Pologne dans le cadre de l'exercice Noble Jump, auquel ont participé plus de 2 100 soldats de neuf pays de l’OTAN.
Le 24 juin 2015, les ministres de la Défense des pays de l'OTAN ont pris des décisions sur les composantes aérienne, maritime et d'opérations spéciales de la NRF renforcée, et ils sont convenus que celle-ci pourrait compter jusqu’à 40 000 soldats. Les ministres ont également pris des mesures pour accélérer le processus de décision politique et militaire, notamment en donnant au commandant suprême des forces alliées en Europe autorité pour préparer les troupes à intervenir dès que la décision politique serait prise. Les Alliés ont également approuvé un nouvel instrument de planification préétablie – les plans de réponse graduée –, permettant de générer des plans d'opération exécutables avec une rapidité exceptionnelle, adaptée aux besoins de réactivité des forces. Ils ont également décidé qu'un nouveau QG permanent de groupement de soutien logistique interarmées serait créé au sein de la structure de commandement de l'OTAN. Enfin, les ministres de la Défense sont convenus qu'au mois d'octobre, ils prendraient une décision sur la création de nouvelles NFIU, en plus des six NFIU multinationales déjà en place.
En septembre 2015, les NFIU ont été activées en Bulgarie, en Estonie, en Lettonie, en Lituanie, en Pologne et en Roumanie.
En octobre 2015, les ministres de la défense des pays de l’OTAN ont donné leur feu vert au concept militaire pour la NRF renforcée, y compris ses dispositions de commandement et de contrôle. Ils ont en outre décidé de mettre sur pied deux NFIU supplémentaires, en Hongrie et en Slovaquie.
En décembre 2015, l'OTAN a activé le QG de la Division multinationale Sud-Est à Bucarest, marquant ainsi son intégration officielle dans la structure de commandement de l’OTAN. Ce nouveau QG à haut niveau de préparation est en mesure de commander des forces déployées dans la région sud-est de l'OTAN, en soutien de la défense de l'Alliance. Il constitue aussi une plateforme de coopération régionale entre Alliés.
En juillet 2016, au sommet de Varsovie, les Alliés se sont félicités de la mise en œuvre du plan d'action « réactivité », ont affirmé que ses mesures d’assurance et d’adaptation continueraient de former le socle de la posture de dissuasion et de défense de l'Alliance, et ont décidé de renforcer encore cette posture. Le RAP offre à l'Alliance une large gamme d'options qui lui permettent de faire face à toutes les menaces, d'où qu'elles viennent, afin de protéger le territoire, les populations, l'espace aérien et les lignes de communication maritimes de ses pays membres.
Les deux dernières NFIU, en Hongrie et en Slovaquie, ont été activées respectivement le 18 novembre 2016 et le 24 janvier 2017.
Au sommet de Bruxelles de 2018, les dirigeants des pays de l’OTAN ont rappelé qu’ils étaient déterminés à accroître la disponibilité opérationnelle, la réactivité et le renforcement de l’Alliance pour faire face à toutes les menaces, d’où qu’elles viennent, selon une approche à 360 degrés. Une initiative pour la disponibilité opérationnelle de l'OTAN a été lancée pour renforcer la capacité de réaction rapide de l'Alliance, soit pour un renforcement des Alliés à l'appui de la dissuasion ou de la défense collective, y compris pour des combats de haute intensité, soit pour des interventions militaires rapides en cas de crise, au besoin. Depuis lors, les Alliés se sont engagés à fournir 30 bataillons mécanisés, 30 escadrons aériens et 30 navires de guerre prêts à être déployés dans un délai de 30 jours ou moins, et ils s’emploient à atteindre et à maintenir le niveau de disponibilité opérationnelle voulu pour ces forces et à les organiser en formations plus grandes.
Au sommet de Bruxelles de 2021, les dirigeants des pays de l’Alliance se sont félicités des progrès significatifs réalisés dans la mise en œuvre de leurs précédentes décisions visant à renforcer la posture de dissuasion et de défense de l'OTAN, et ils ont réaffirmé leur attachement à la mise en œuvre complète et rapide de ces décisions.
Suite à l’invasion massive et brutale de l’Ukraine par la Russie en 2022, en l’absence de toute provocation, les Alliés ont pris de nouvelles mesures pour renforcer la posture de dissuasion et de défense de l’OTAN, y compris dans les pays membres de l’OTAN situés dans l’est de l’Alliance. Ces mesures comprennent l’activation des plans de défense de l’OTAN, le déploiement d’éléments de la NRF, la création de groupements tactiques multinationaux supplémentaires et la mise en place sur le flanc oriental de l’Alliance, sous le commandement direct de l’OTAN, de 40 000 soldats appuyés par d’importants moyens aériens et navals, auxquels s’ajoutent des éléments nationaux déployés par des pays de l’Alliance. Ces mesures – qui restent préventives, proportionnées et non constitutives d’une escalade – assurent la sécurité et la défense de tous les Alliés, dans tous les milieux et selon une approche à 360 degrés.