Guerre électronique

  • Mis à jour le: 28 Mar. 2023 16:05

Les opérations militaires menées dans tous les milieux utilisent le spectre électromagnétique pour créer des effets à l’appui d’objectifs militaires. Dans l’espace de bataille, les forces de l'OTAN conduisent des opérations électromagnétiques dans l’environnement électromagnétique, ce qui implique des actions menées dans cet environnement pour faciliter ou renforcer les opérations de l’OTAN et entraver la capacité d’un adversaire potentiel à faire de même. Formant « l’arme » des opérations électromagnétiques, ces actions permettent aux militaires d’exploiter l’énergie électromagnétique pour fournir une image de la situation et produire des effets offensifs et défensifs.

Exemples d’exploitation et de blocage du spectre électromagnétique dans un cadre de guerre électromagnétique, touchant tous les milieux d’opérations (photo : Centre de compétences en matière de puissance aérienne interarmées)

  • Depuis les attaques sur les systèmes de radars jusqu’au camouflage électronique, au sondage, à la reconnaissance et au recueil de renseignements, en passant par le brouillage des systèmes de communication et de navigation, la guerre électromagnétique peut être menée dans tous les milieux d’opérations : aérien, terrestre, maritime, spatial et cyber. C’est pourquoi il est essentiel que l’OTAN soit en mesure de contrer toute utilisation de moyens de guerre électromagnétique par un adversaire potentiel.
  • Il ne faut pas confondre guerre électromagnétique avec guerre et capacités cyber. Au sens large, les opérations cyber regroupent diverses techniques de piratage visant à infiltrer et perturber les systèmes informatiques d’une cible afin d’obtenir des renseignements ou de dégrader ses capacités. La guerre électromagnétique utilise l’énergie dirigée pour couper l’accès au spectre électromagnétique, bloquant ainsi des signaux entre des technologies qui deviennent de ce fait inopérantes. Bien sûr, en interférant avec l’infrastructure informatique, la guerre électromagnétique peut affecter les opérations dans le milieu cyber.
  • L’utilisation et le développement par l’Alliance de capacités et de tactiques de guerre électromagnétique, ainsi que les tests et la formation dans ce domaine, sont régis par la politique de l’OTAN en matière de guerre électromagnétique et par sa stratégie relative au spectre électromagnétique.
  • L’OTAN mène des exercices au cours desquels les Alliés peuvent tester des techniques avancées de guerre électromagnétique face à des menaces simulées en utilisant des moyens de défense électroniques de pointe. Les observations réalisées et les enseignements tirés lors de ces exercices aident à identifier les lacunes et à orienter les recommandations en vue de préparer l’OTAN aux développements futurs dans le domaine de la guerre électromagnétique.
  • Auparavant, l’OTAN parlait de « guerre électronique » plutôt que de « guerre électromagnétique », et les deux termes étaient souvent interchangeables. On préfère désormais parler de « guerre électromagnétique » pour insister davantage sur l'importance du spectre électromagnétique.

 

Comité consultatif OTAN sur la guerre électromagnétique (NEWAC)

Le NEWAC est la principale enceinte au sein de l’OTAN pour la consultation et la coordination sur les questions relatives à la guerre électromagnétique. Il est chargé de formuler des avis et de faire appliquer les politiques du Comité militaire, la plus haute instance militaire de l’OTAN, qui donne des avis au Conseil de l'Atlantique Nord.

Le NEWAC se compose de membres votants (un par pays membre de l’OTAN) et de représentants non votants de l’État-major militaire international, des deux commandements stratégiques et d’autres entités OTAN, le cas échéant. Le représentant d’un pays est généralement le haut responsable militaire national chargé des questions de guerre électromagnétique ou le directeur de l’organisme militaire national interarmées chargé de ces questions. Chaque commandement stratégique est représenté par son officier supérieur d'état-major respectif chargé des questions de guerre électromagnétique.

Le NEWAC compte deux groupes de travail :

Groupe de travail OTAN sur la guerre électromagnétique (NEWWG)

Le NEWWG est responsable devant le NEWAC. Sa mission consiste à apporter un soutien à celui-ci et à élaborer à son intention des recommandations concernant les questions de guerre électromagnétique. Il adresse des avis au NEWAC sur l’élaboration de normes, de politiques et de doctrines interarmées en matière de guerre électromagnétique concernant tous les milieux d’opérations. Le Groupe de travail contribue par ailleurs à l’élaboration de tactiques de guerre électromagnétique, rédige et propose des modifications pour tous les documents dans ce domaine, et se tient en liaison avec d’autres organismes OTAN s’occupant de guerre électromagnétique, suivant les instructions du NEWAC.

Groupe consultatif sur la base de données OTAN sur les émetteurs (NEDBAG)

Le NEDBAG relève du NEWAC. Il a pour mission de suivre et de superviser l’élaboration et la tenue à jour de la base de données OTAN sur les émetteurs (NEDB), un outil de partage d’informations qui recense et décrit les systèmes électromagnétiques et les plateformes associées.

 

État-major central interarmées de guerre électronique (JEWCS) de l'OTAN

Le JEWCS est une unité militaire multinationale qui fournit aux commandements de l’OTAN et aux forces des pays de l’Alliance expertise, soutien et formation en matière de guerre électromagnétique, aux niveaux tactique, opératif et stratégique, pour les opérations et les exercices. Il contribue en outre à la tenue à jour et à la diffusion de la NEDB et, par l’intermédiaire de son directeur, remet des avis au NEWAC. Le JEWCS, situé sur la base aérienne de la Royal Navy de Yeovilton, au Royaume-Uni, compte des représentants d’un certain nombre d’autres pays de l’Alliance. Il est placé sous le commandement opérationnel du commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR).

 

Évolution

Depuis la création de l’OTAN, il y a plus de 70 ans, les responsables civils et militaires des pays de l’Alliance ont compris la nécessité de sécuriser l’environnement électromagnétique en temps de paix comme en période de conflit. En octobre 1956, le Comité militaire a approuvé la politique de l’OTAN en matière de guerre électronique (MC 0064). L’Alliance a ensuite mis en place le Groupe de travail OTAN sur la guerre électronique, puis le Comité de liaison OTAN pour la guerre électronique (NEWLC), avec pour mission de coordonner entre les Alliés la politique, les équipements, les formations et les publications dans ce domaine.

L’actuel organe de coordination de l’Alliance, le Comité consultatif OTAN sur la guerre électromagnétique (NEWAC), a été mis en place en 1966, mais s’appelait alors Comité consultatif OTAN sur la guerre électronique. L’OTAN préfère aujourd’hui le terme « guerre électromagnétique », qui souligne davantage l’importance du spectre électromagnétique. Le NEWAC et ses groupes subordonnés apportent leur concours au Comité militaire, aux commandements stratégiques de l’OTAN et aux pays membres, et œuvrent en faveur d’une capacité OTAN efficace de guerre électromagnétique. Depuis sa création, le NEWAC se réunit une ou deux fois par an, dans le cadre de conférences plénières, qui sont l’occasion de rassembler les experts nationaux.

La politique de l’OTAN en matière de guerre électromagnétique continue d’être régie par le MC 0064. Elle a été révisée plusieurs fois pour rester en phase avec les changements intervenant dans l’environnement électromagnétique et opérationnel, au sein de la structure de commandement de l'OTAN et au niveau des menaces auxquelles l’Alliance est confrontée. Cette politique, approuvée par les Alliés, donne l'orientation générale nécessaire à l’élaboration d’une doctrine commune et de normes d’interopérabilité.

Bien que présentes dès la Première Guerre mondiale et dans chaque conflit depuis lors, les capacités de guerre électromagnétique n’ont pas cessé d’évoluer et restent un défi pour l’Alliance. Les technologies développées évoluent rapidement, et l’OTAN adapte ses capacités.