Un expert civil aide l'OTAN à mettre en place des lignes de communication

  • 30 Jan. 2012 -
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  • Mis à jour le: 10 Feb. 2012 15:35

Ce n'est pas tous les jours que quelqu'un vous raconte comment une petite erreur de mesure de la hauteur d'un véhicule l'a conduit à détruire la voûte d'une gare ferroviaire, sans même s'en rendre compte sur le coup. Mais ce n'est pas non plus tous les jours que l'on rencontre Tony Hurst, qui organise et planifie le transport de marchandises militaires, notamment de véhicules blindés, de leur emplacement d'origine vers les théâtres d'opération, c'est-à-dire pratiquement n'importe où dans le monde.

M. Hurst : « Lorsque je travaillais chez British Rail, nous définissions des itinéraires « hors gabarit » pour les véhicules blindés Warrior utilisés par l'armée britannique. Un train est « hors gabarit » lorsque sa taille (hauteur et largeur) ou son poids dépasse les limites d'exploitation normale du réseau ferroviaire. Des convois de ce type doivent emprunter un itinéraire spécial et nécessitent des conditions de circulation bien spécifiques. Par exemple, aucun train ne peut circuler en sens inverse, il faut éviter les ponts, la vitesse est limitée, etc. Lors de nos essais au Royaume-Uni, nous avons détruit la voûte d'une gare en chemin, et ce n'est qu'arrivés à destination que nous l'avons remarqué, en constatant la présence de débris sur un des véhicules ! Lors d'un autre essai, un Warrior est tombé du convoi et a atterri sur ses chenilles après avoir effectué un tonneau, sans blesser personne, pas même le conducteur. »

Conseiller l'Alliance

M. Hurst, 66 ans, est expert civil et conseiller principal auprès du Groupe Transports de l'OTAN. « En tant qu'expert civil en transport auprès de l'OTAN, mon rôle est de conseiller les autorités civiles et militaires de l'Organisation sur la meilleure manière de tirer parti des équipements et de l'infrastructure du secteur du transport civil, compte tenu de leurs besoins », explique-t-il.

Son expérience inestimable lui permet d'améliorer les actuelles lignes de communication (LOC) – les itinéraires de transport – de l'Alliance, d'évaluer les menaces qui pèsent sur celles-ci et de créer des LOC efficaces et rentables lorsque de nouvelles opérations sont lancées. Plus particulièrement, grâce à son expérience dans le transport à large gabarit, il a réussi à convaincre 27 sociétés nationales de chemins de fer d'adopter des normes universelles pour l'arrimage des véhicules militaires, de façon à ce que les équipements transitent sans problème. La conclusion d'accords de ce type est d'une importance cruciale pour l'efficacité et la rapidité du transport de marchandises.

Avant de recommander la solution qui lui paraît la meilleure, M. Hurst tient compte de la qualité, de l'état et de la capacité opérationnelle des LOC.

Des lignes d'approvisionnement essentielles

L'approvisionnement des armées en nourriture, en équipement et en toutes sortes d'autres choses fait partie intégrante de chaque opération de l'OTAN, mais cette tâche n'a rien d'aisé. Transporter des équipements tels que des chars d'un continent à l'autre et sur des terrains à la configuration variée pose un problème technique et politique complexe. Pour M. Hurst, il ne s'agit pas seulement d'acheminer des marchandises par la voie aérienne aussi rapidement que possible. Il s'agit surtout de trouver les méthodes les plus rentables pour le transport militaire, un défi qui le passionne depuis toujours.

Au cours de ses 22 années de service au sein des forces aériennes du Royaume-Uni, M. Hurst s'est occupé de la logistique de nombreuses opérations, notamment lors de la guerre des Malouines et de la guerre du Golfe, avant de quitter l'armée et de signer chez British Rail.

M. Hurst : « Chez British Rail, j'ai tiré parti de mon expertise militaire pour développer un réseau terrestre (rail et route) dans l'ensemble du Royaume-Uni afin de faciliter le transport de fret militaire en temps de paix et en temps de guerre. Quand il a fallu faire transiter des véhicules blindés par le tunnel sous la Manche, tout récent à l'époque, en vue de l'opération de maintien de la paix de l'ONU en Croatie, j'ai certainement vécu là un temps fort de ma carrière. »

De nombreux problèmes à résoudre

Créer des LOC, ce n'est pas simplement trouver des routes et des voies ferrées, ou des ports pour mettre des navires à quai. La sécurité des chargements est également une priorité majeure, tout comme la volonté politique lorsqu'il s'agit de faire transiter un convoi par un pays qui n'a rien à voir avec le conflit.

M. Hurst : « Les menaces pesant sur les LOC trouvent une illustration parfaite dans la fermeture récente de la ligne terrestre conduisant à l'Afghanistan via le Pakistan. En fait, ce sont les problèmes susceptibles de survenir sur cet itinéraire, et le coût croissant du soutien aérien à la Force internationale d'assistance à la sécurité (l'opération que mène actuellement l'OTAN en Afghanistan), qui m'ont conduit à me pencher sur les LOC terrestres à destination du nord de l'Afghanistan. »

Sensibiliser les décideurs à l'option terrestre

L'un des principaux objectifs de M. Hurst est de sensibiliser les pays aux avantages qu'offre la voie terrestre pour le transport de fret lourd vers des théâtres d'opération éloignés. « Si le transport aérien permet un déploiement rapide, le transport ferroviaire est un moyen efficace et financièrement intéressant d'approvisionner les forces sur la durée », explique-t-il, ajoutant que son leitmotiv est « de faire se rejoindre les aspirations militaires et la réalité commerciale. »

Et en ces temps d'austérité, la réalité commerciale revêt également une importance capitale. « J'aime à croire que mon expérience militaire et mon expérience commerciale forment un ensemble idéal qui me permet d'avoir une approche équilibrée et pragmatique et de donner des conseils avisés aux autorités de l'OTAN. J'espère que, par mon travail, je contribue à faire en sorte que l'Alliance remplisse sa mission en utilisant au mieux l'argent du contribuable.