Mazar-i-Charif après la transition
La célèbre mosquée bleue de Mazar-i-Charif, dont la silhouette est visible de partout dans la cité, attire des visiteurs venus de toutes les régions de l’Afghanistan vers cette ville du nord. Outre le riche héritage culturel qu’elle offre, Mazar-i-Charif sert de plaque tournante pour le commerce d’Asie centrale et accueille le premier terminus afghan de la nouvelle ligne ferroviaire partant d’Ouzbékistan.
Mais Mazar-i-Charif s’est surtout distinguée récemment par sa sécurité. Toute la ville est placée sous le contrôle des forces afghanes qui, depuis juillet, sont entièrement responsables de la sécurité, les forces de la FIAS se limitant à apporter leur soutien.
Il est particulièrement frappant de constater, lorsque l’on parle dans la rue avec les habitants de la ville, que ceux-ci sont très fiers des forces de sécurité. Ailleurs dans le pays, la population locale hésite parfois beaucoup à faire confiance aux forces militaires ou de police afghanes. À Mazar-i-Charif, par contre, on se réjouit de voir les forces nationales remplacer les forces internationales.
« Depuis que les forces étrangères sont parties, nos forces de sécurité ont bien repris en main la sécurité. Nous sommes satisfaits de leur présence, elles sont très correctes avec nous et elles se développent », déclare Ali, un étudiant à l’Université de Balkh.
« Les forces étrangères ont quitté Mazar-i-Charif et la sécurité a été transférée aux forces afghanes. Les conditions de sécurité sont maintenant très bonnes, les gens vivent en paix et ils ne rencontrent aucun problème de sécurité », affirme Fawad, qui est chauffeur.
Mazar-i-Charif est l’une des premières villes d’Afghanistan dont la sécurité est passée sous contrôle afghan, en mars de cette année. Depuis lors, la situation y a été relativement calme, malgré plusieurs attentats retentissants. Un bâtiment et du personnel de l’ONU ont été pris pour cibles au cours d’une manifestation, au mois d’avril.
Toutefois, les insurgés demeurent actifs ailleurs dans la province de Balkh. Selon le général Esmatullah Alizi, chef de la police, plusieurs opérations ont été menées avec succès contre les insurgés et ont permis de déjouer un grand nombre d’attentats.
« Au cours des deux premiers mois qui ont suivi la transition, nous avons effectué beaucoup d’opérations avec succès. Nous avons arrêté plusieurs groupes, dont l’un très résistant, qui planifiaient des attentats-suicide et d’autres actes de terrorisme à l’intérieur et à l’extérieur de la ville », indique le général Alizi.
Lorsque la province sera entièrement placée sous contrôle afghan, deuxième phase de la transition, les forces de sécurité s’occuperont des poches d’insurgés venant de provinces voisines pour se mettre à l’abri des opérations des forces afghanes et de la FIAS. L’objectif est de ne leur laisser aucun endroit pour se cacher.
« Lorsque des opérations sont menées dans ces provinces voisines, les insurgés fuient et viennent s’établir dans notre province. Nous avons planifié des actions avec la FIAS et nous espérons que, moyennant une bonne coordination, nous parviendrons à écarter toutes les menaces auxquelles nous faisons face et que nous serons prêts pour la deuxième phase de la transition et pour tout ce qui nous concerne, afin que nous puissions la mettre en œuvre parfaitement », ajoute le général Alizi.
Il s’agit d’une tâche ambitieuse, mais il y a déjà des signes de progrès. Cette semaine, vingt combattants talibans ont rejoint les forces gouvernementales dans le cadre du processus de réintégration à Mazar-i-Charif. Pour la police, il s’agit d’un signe positif de leur aptitude à prendre en charge la sécurité de la province.
Dans les rues de Mazar-i-Charif, il est nettement préférable de croiser des patrouilles des forces de sécurité afghanes plutôt que des soldats étrangers.
« Certains problèmes sont dus à la présence des étrangers, qui nous aident pourtant aussi à nous connecter au monde extérieur. Mais ils jouent sur les émotions de la population et s’en servent contre les étrangers. Si toutes les responsabilités de la sécurité sont assumées par les Afghans et s’ils apportent leur soutien aux forces afghanes, alors nous serons certainement en sécurité », affirme Ahamd, un étudiant.
Cependant, prendre la responsabilité de la sécurité de toute une province ou d’une seule ville, c’est bien différent. Il est évident que de nombreux défis attendent encore les forces afghanes, et les insurgés profiteront de toutes les occasions qu’ils trouveront pour essayer de les discréditer.
NATOChannel retournera à Mazar-i-Charif dans six mois afin de constater les progrès accomplis face à cet ambitieux défi.