Des experts de l'OTAN et de la Russie discutent de la protection des infrastructures critiques

  • 20 Jun. 2011 - 21 Jun. 2011
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  • Mis à jour le: 19 Jul. 2011 09:54

« La nature des nouveaux défis de sécurité est telle que l'OTAN ne pourra réussir qu'à condition de bâtir des partenariats élargis et solides, tant avec d'autres acteurs internationaux qu'avec toute une série de pays partenaires, » a déclaré le secrétaire général adjoint de l'OTAN pour les défis de sécurité émergents, Gábor Iklódyat, lors d'une conférence sur la protection des infrastructures critiques. Organisée sous l'égide du Conseil OTAN Russie, cette conférence s'est déroulée à Ankara (Turquie), les 20 et 21 juin, au Centre d'excellence sur la défense contre le terrorisme.

Des experts civils et militaires originaires de Russie et de pays de l'OTAN se sont réunis pour confronter leurs expériences, meilleures pratiques et stratégies sur différents aspects de la protection des infrastructures critiques.

S'il est difficile d'assurer la dissuasion ou la défense contre les attaques terroristes ou les cyberattaques, un certain nombre de complots terroristes ont néanmoins été déjoués, ou leur impact réduit, grâce à des consultations sur les meilleures pratiques, au partage du renseignement au niveau international et à l'utilisation intelligente des technologies de détection. C'est pourquoi l'ambassadeur Iklódy s'est félicité de la tenue de cette conférence à Ankara, voyant dans cette rencontre une occasion de « mettre en réseau » et de « mieux comprendre les stratégies appliquées par les pays pour protéger leurs infrastructures ».

Les discussions ont porté principalement sur six aspects différents de la protection des infrastructures : un état des lieux des secteurs civil et militaire, la sécurité énergétique, la cybersécurité, les transports, les technologies, et la gestion des conséquences d'attentats terroristes. Outre l'échange d'informations, les pistes de coopération future pourraient être la promotion de l'échange de technologies, techniques et moyens, ainsi qu'une réflexion sur les possibilités d'assistance mutuelle permettant d'atténuer les conséquences d'attentats terroristes et de catastrophes d'origine humaine.

Une importante délégation russe – composée entre autres de représentants de l'Académie des sciences, du ministère de l’Intérieur, du Service fédéral de sécurité et du ministère des Affaires étrangères – figurait parmi les 42 participants originaires de 12 pays membres du Conseil OTAN‑Russie (COR).

Accent mis sur la prévention et la résilience

L'ambassadeur Iklódy a souligné l'importance de protéger les infrastructures critiques, notamment contre les cyberattaques. « Les systèmes et réseaux qui constituent l'infrastructure de nos sociétés sont souvent considérés comme allant de soi, et pourtant la désorganisation d'un seul de ces systèmes peut avoir des conséquences désastreuses dans d'autres secteurs et perturber le bien‑être de nos sociétés. »

« Il n'est pas non plus possible de protéger en permanence tous les éléments d'infrastructures critiques. Ceux‑ci présentent donc d'évidentes vulnérabilités que peuvent exploiter différents groupes terroristes, » a‑t‑il expliqué.

L'ambassadeur Iklódy a ensuite souligné qu'une protection efficace contre des défis de sécurité non conventionnels exige un changement d'approche radical. « Plutôt que de se concentrer sur la défense et la dissuasion, il faudrait mettre l'accent davantage sur la prévention et la résilience […], c'est‑à‑dire préparer nos sociétés, nos infrastructures etc. à recevoir le coup, mais à s'en relever rapidement, » a‑t‑il déclaré.

De nombreux participants ont souscrit à cette observation et reconnu que les cybermenaces visant les infrastructures critiques semblent en augmentation constante. De l'avis général, les risques pesant sur les infrastructures critiques doivent être évalués de manière dynamique, en tenant compte du rythme d'apprentissage des organisations terroristes.

La coopération OTAN‑Russie contre le terrorisme

Cette conférence était organisée dans le cadre du plan d'action du COR contre le terrorisme, qui a pour objet d'améliorer la coordination générale et l'orientation stratégique de la coopération OTAN‑Russie dans ce domaine. Approuvé pour la première fois en décembre 2004, le plan d'action a récemment été actualisé, à la réunion du COR en session des ministres des Affaires étrangères tenue à Berlin, afin d'étendre le champ de la coopération.

La coopération OTAN‑Russie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme a pris différentes formes : échanges réguliers d'informations, consultations approfondies, évaluations conjointes de la menace, plans civils d'urgence destinés à faire face à d'éventuels attentats terroristes, dialogue au niveau élevé sur le rôle des forces armées dans la lutte contre le terrorisme et sur les enseignements tirés des récents attentats, coopération scientifique et technique. Les pays de l'OTAN et la Russie coopèrent aussi dans des domaines liés au terrorisme comme le contrôle des frontières, la non‑prolifération, la gestion de l'espace aérien ou la sûreté nucléaire.

Par ailleurs, des navires russes ont été déployés en 2006, en 2007 et en 2008, à l'appui de l’opération maritime de lutte antiterroriste Active Endeavour (OAE) menée par l'OTAN en Méditerranée ‑ et, au sommet de Lisbonne, la Russie a confirmé qu’elle souhaitait reprendre son soutien opérationnel à l’opération.

Des travaux sont actuellement menés sur un projet visant à développer des technologies qui permettront la détection à distance des explosifs (STANDEX) dans les réseaux de transport en commun et éventuellement dans d'autres lieux publics.