Rencontre avec Chris Bennett, ancien maître d’œuvre de la communication de l’OTAN
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Diplomate, auteur et ancien journaliste britannico-slovène, Chris Bennett a été un acteur important de la communication de l’OTAN entre 2000 et 2006. En tant que rédacteur de la Revue de l’OTAN, la publication phare de l’Alliance visant à favoriser le dialogue et le débat sur les principaux enjeux de sécurité, il a contribué à faire entendre la voix de l’OTAN, à créer des liens entre les différents points de vue des pays membres et à mieux faire comprendre la mission de l'Alliance auprès du grand public. Dans cet article, vous découvrirez comment Chris a donné forme à la communication de l’OTAN et l’a fait entrer dans l’ère numérique, mais aussi comment il a milité en faveur de l’adhésion de la Slovénie à l’Alliance.
Représentant de deux Alliés
« Je représente à la fois un “vieil” Allié (l’un des membres fondateurs) et un “nouveau” (un pays qui a rejoint l’OTAN après la Guerre froide) » : c’est en ces termes que Chris décrit la dualité de ses origines. Né aux États-Unis d’un père britannique et d’une mère slovène, il est allé à l’école et à l’université au Royaume-Uni, mais a fait une partie de ses études en Slovénie et en Croatie, avant de voyager dans toute l’ex-Yougoslavie afin de mieux connaître cette région.
Cette expérience s'est avérée un atout au début de sa carrière de journaliste, pendant les guerres de Yougoslavie. En 1991 et 1992, Chris a couvert les guerres de Slovénie, de Croatie et le début de la guerre de Bosnie en tant que correspondant local pour des médias britanniques et américains.

La carte de correspondant local de Chris lorsqu’il travaillait pour le Daily Telegraph. Ex-Yougoslavie, 1991.
« Ayant été témoin de la guerre, je sais pertinemment que les missions de maintien de la paix menées par l’OTAN ont ouvert la voie à la signature de l’accord de paix de Dayton en 1995, qui a mis fin à trois ans et demi de guerre en Bosnie-Herzégovine. Le secrétaire général de l’OTAN de l’époque, Manfred Wörner, avait vraiment à cœur que l’OTAN intervienne et mette un terme à ce conflit, ce qui a été chose faite en 1995. »
Le rôle de Chris en tant que rédacteur à l’OTAN
Après la guerre de Bosnie, Chris a enseigné à l’université et travaillé dans un think tank. En l’an 2000, il a opéré un changement de cap, sur les plans tant professionnel que géographique, en postulant à un poste de rédacteur au sein du Bureau de l’information et de la presse (qui deviendra la Division Diplomatie publique en 2003) au siège de l’OTAN, à Bruxelles (Belgique). Au cours des six années suivantes, il a participé à la rédaction et à l’édition de publications OTAN et assumé les fonctions de rédacteur en chef de la Revue de l’OTAN (qui paraît depuis 1952, à l’origine sous le nom de Nouvelles de l’OTAN).
« La Revue de l’OTAN est une publication unique en son genre. Elle a été conçue comme un forum d'échanges et de débats sur des questions d'importance pour l’Alliance », explique Chris.
Le magazine constitue une plateforme où partager des points de vue différents, favorise le dialogue entre Alliés et contribue à promouvoir une culture d’analyse et de débat au sein de l’Organisation. « Une grande partie du travail à l’OTAN s’articule autour de la recherche du consensus, et la Revue de l’OTAN est un vecteur de ce processus. […] La politique de l’OTAN évolue grâce à l'échange d’idées. » Chris a progressivement enrichi le magazine avec de nouvelles rubriques, par exemple des discussions épistolaires sur des dossiers d’actualité entre analystes spécialisés dans les questions de sécurité.
En 2001, il a dirigé la transition du magazine vers un support en ligne ainsi que l’adaptation au format numérique de plusieurs autres publications OTAN. « La Revue de l’OTAN a adopté différentes formes au fil des ans. J’ai supervisé la publication d’une édition à la fois sur support papier et en version électronique. Internet commençait à peine à gagner en popularité et à révolutionner les médias », déclare-t-il.
Les attentats du 11-Septembre vécus depuis le siège de l’OTAN
Les attentats terroristes du 11 septembre 2001 contre les États-Unis ont conduit à la première et unique invocation de l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord par l’OTAN. C’est cet article qui consacre le principe de la défense collective et établit un lien de solidarité entre les membres de l’Alliance, en stipulant que toute attaque dirigée contre un Allié est considérée comme une attaque dirigée contre tous les Alliés.
Chris se souvient parfaitement d’où il était ce jour-là : au siège de l’OTAN, où, dans l’après-midi, une petite fête avait été organisée pour l’anniversaire de Jamie Shea, qui était alors le directeur du Bureau de l’information et de la presse de l’OTAN. « Nous venions de nous réunir dans son bureau pour lui souhaiter un bon anniversaire lorsqu’un collègue a fait irruption et nous a annoncé qu’un avion s’était écrasé dans la tour Nord du World Trade Centre à New York. Nous avons allumé la télévision pour suivre les événements. Comme le siège de l’OTAN est situé très près de l’aéroport international de Bruxelles, il a été décidé de faire évacuer le bâtiment. »
Chris est retourné au siège de l’OTAN plus tard dans la soirée pour assurer la première permanence d’urgence avec l’équipe de la Section Presse et médias, dont les membres se sont relayés afin de répondre 24 heures sur 24 aux besoins liés aux médias. Son bagage de journaliste et son expérience en tant que reporter de guerre se sont révélés extrêmement précieux durant cette période mouvementée, au cours de laquelle l’OTAN a été appelée à faire des déclarations et à coordonner sa réponse aux attentats terroristes. Chris se rappelle encore la forte mobilisation des Alliés autour des États-Unis et leur cohésion face à cette crise de sécurité majeure. « Les Alliés apportaient leur soutien aux États-Unis par tous les moyens possibles », dit-il.
Une grande fierté

Suite à la première vague d’élargissement de l’Alliance après la fin de la Guerre froide en 1999, sept pays partenaires – la Bulgarie, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie – ont été invités, lors du sommet de Prague en 2002, à engager des pourparlers d’adhésion, et ils sont tous devenus membres de l’OTAN en 2004. Chris a joué un rôle actif dans l’adhésion de la Slovénie en relayant les messages de l’Alliance auprès des citoyens slovènes et en plaidant en faveur de l’adhésion lors de débats publics organisés à Maribor, à Koper et à Novo Mesto en amont du référendum de 2003 sur cette question. « Les débats ont été dynamiques et ont beaucoup contribué à sensibiliser le grand public au rôle de l’OTAN en matière de sécurité et aux avantages que tirerait la Slovénie de son statut de membre », explique Chris.
L’adhésion des sept nouveaux Alliés a été célébrée le 2 avril 2004, lors d’une cérémonie de lever des couleurs au siège de l’OTAN à Bruxelles. Chris était présent lorsque le drapeau slovène a été hissé pour la première fois aux côtés de ceux des autres pays de l’Alliance. « Treize ans avant que la Slovénie devienne membre de l’OTAN, j’avais couvert la cérémonie de sa déclaration d’indépendance. Le drapeau slovène, qui venait d’être adopté quelques heures auparavant, y avait été levé pour la première fois. Quand la Slovénie a rejoint l’Alliance et que j’ai vu ce même drapeau flotter devant le siège de l’OTAN, cela m’a empli de fierté. »
La vie après l’OTAN
Après les années passées à l’OTAN, Chris a occupé les fonctions de directeur de la communication et de haut représentant adjoint au Bureau du haut représentant pour la Bosnie-Herzégovine – une institution internationale ad hoc chargée de superviser la mise en œuvre de l’accord de paix de Dayton –, ainsi que de conseiller spécial pour le Bureau du procureur spécialisé – un organe international situé à La Haye (Pays-Bas) dont la mission est de poursuivre les crimes initiés et/ou perpétrés sur le territoire kosovar pendant ou après la guerre du Kosovo. Chris est également l’auteur de plusieurs livres et de publications universitaires consacrés à l’ex-Yougoslavie. Son ouvrage le plus récent est intitulé Bosnia’s Paralysed Peace.
Aujourd’hui encore, l’expérience de Chris au siège de l’OTAN reste extrêmement précieuse. « J’ai travaillé avec des diplomates de pays de l’Alliance et des collègues fantastiques, et j’ai noué des relations durables avec de nombreuses personnes. L’OTAN m’a aussi beaucoup appris sur la diplomatie et sur le respect du processus de recherche du consensus », dit-il.

« Les populations des pays de l’OTAN apprécient vraiment le travail des Alliés et de leurs forces armées. L’OTAN préserve la paix et la sécurité sur le territoire de l’Alliance depuis 75 ans, et j’espère qu’elle continuera à le faire pour toujours. Étudier le passé permet de comprendre comment nous sommes arrivés là où nous sommes aujourd’hui et de définir, pour l’avenir, des stratégies efficaces et durables. »
Cet article fait partie d’une série d’articles publiés à l’occasion du 75e anniversaire de l’Alliance dans le cadre de la campagne #WeAreNATO.
D’anciens membres du personnel sont invités à raconter leur parcours et la manière dont ils ont vécu des moments clés de l’Alliance et des grands événements de l’histoire, comme la fin de la Guerre froide et l’année 1989, les premières missions hors zone, la création des partenariats, ou encore le 11-Septembre.