Patricia Doling – quarante ans au service de la communication entre l’OTAN et le reste du monde

  • 18 Mar. 2024 -
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  • Mis à jour le: 18 Mar. 2024 17:23

Ressortissante franco-britannique, Patricia Doling a contribué aux activités de communication de l’OTAN pendant plus de quarante ans, au cours desquels elle a été le témoin d'un grand nombre de profonds changements : la chute du rideau de fer, le transfert du siège de l’Alliance de la Porte Dauphine à Paris vers un nouveau site à Bruxelles, ou encore les innombrables progrès technologiques qui ont marqué le paysage de la photographie et du multimédia durant la seconde moitié du XXe siècle. Dans cet article, vous en apprendrez davantage sur les débuts de Patricia Doling à l’OTAN et sur le déroulement de sa carrière, qu'elle a passée à illustrer l’histoire de l’Alliance au travers de photos et de vidéos.

Patricia au siège de l’OTAN à Bruxelles (Belgique), à la fin des années soixante.

De Bristol à Paris

Née à Bristol (Royaume-Uni) au plus fort des troubles politiques et socioéconomiques qui ont marqué la fin de la Seconde guerre mondiale, Patricia grandit en rêvant de pouvoir contribuer à l’avènement d’un monde plus sûr, un monde en train de prendre forme rapidement. Cette ressortissante franco-britannique commence sa carrière dans le secteur bancaire. Mais ayant appris via une petite annonce qu’une organisation internationale basée à Paris cherchait des sténodactylos, elle décide de poser sa candidature. Elle s’installe en France et entre à l’OTAN en tant que membre du personnel civil en 1963.

« J’étais mue par une ambition impérieuse de voir le monde, et Paris semblait être un bon point de départ. Bien entendu, c’est non sans une certaine appréhension, mais surtout avec une énorme soif d’aventure que je me suis lancée dans ce qui allait être une carrière de 40 années au service de la paix et des bonnes relations internationales, et aussi la période la plus mémorable de ma vie. »

Avant cela, Patricia avait décidé de déménager pour concrétiser ses aspirations professionnelles. Confrontée à une certaine résistance de la part de ses proches, elle n’a pas fait marche arrière pour autant.

« Ma décision posait problème à ma mère, qui estimait qu'une jeune fille ne pouvait quitter la maison que pour une seule raison : se marier. J’avais clairement d’autres projets en tête. Mon choix s’est porté sur Paris, une ville belle et passionnante, et parmi les plus romantiques au monde, à l’opposé de l’Angleterre provinciale du début des années 60. »

Une carrière au service de la communication de l’OTAN

À son arrivée à l’OTAN, Patricia intègre l’équipe anglophone de dactylographie, qui était chargée de taper les documents classifiés et non classifiés de l’OTAN sur des stencils pour qu’ils puissent être diffusés à grande échelle. Ce n’est que six mois plus tard qu’elle trouve sa voie au sein de la Division Information, principale interface de l’Alliance avec des publics du monde entier. Aujourd’hui rebaptisée Division Diplomatie publique, cette division avait pour mission de promouvoir le dialogue et la compréhension, en expliquant au grand public les politiques et les activités de l’Alliance et en coordonnant les activités de communication, notamment les relations avec les médias, la venue de groupes de visiteurs au siège de l’OTAN, les activités publiques, ainsi que la préparation et la diffusion d’informations au travers de longs métrages, d'émissions télévisées ou radiodiffusées, de photographies ou encore de publications. 

Tout au long de sa carrière à l’OTAN, Patricia travaille dans la production média, explorant différents formats de communication. Dans un premier temps, en qualité de secrétaire et photothécaire adjointe au Service Photos, Patricia s’occupe des relations avec la presse et répond notamment aux journalistes qui demandent des photos, puisant à cet effet dans la vaste bibliothèque de photos noir et blanc de l’Alliance. Patricia documente ainsi l’histoire de l’OTAN en mettant à disposition les dossiers photographiques des sommets et réunions ministérielles tenus à Bruxelles et à l’étranger, des visites de personnalités au siège de l’Organisation, des exercices militaires multinationaux et d’autres événements.

Patricia (au centre) et la photothécaire assistent un journaliste lors d’une réunion ministérielle en Islande, en juin 1968.

Patricia (au centre) et la photothécaire assistent un journaliste lors d’une réunion ministérielle en Islande, en juin 1968.

L'OTAN quitte Paris et s'installe à Bruxelles

C’est en octobre 1967, alors que Patricia travaillait au Service Photos de l’OTAN, que le siège de l’Alliance déménage de la Porte Dauphine, à Paris, vers un nouveau site à Bruxelles. Patricia se souvient que l’émotion était vive à l’époque, non seulement parce que transférer la photothèque de l’OTAN dans un autre pays n’était pas une mince affaire, mais aussi parce qu’elle a dû dire au revoir à certains de ses collègues, qui ne l’ont pas suivie à Bruxelles. 

« Le déménagement à Bruxelles en 1967 fut plutôt traumatisant. Bon nombre de nos collègues et amis ne nous ont pas accompagnés. Nous avons également dû mettre nos archives photo dans des cartons, ce qui a exigé de gros efforts physiques. Bien entendu, Bruxelles n’était pas Paris, mais ce fut néanmoins pour moi une expérience inédite et différente sur le plan personnel. »

  • Suite à la décision de la France de se retirer de la structure militaire intégrée de l'OTAN en 1966, l'Alliance quitta la Porte Dauphine pour s’installer dans un nouveau quartier général, à Bruxelles. De gauche à droite : la photothécaire, Françoise Gevers, avec Patricia et l’administrateur chargé des photos, Marc Nicolas.
    • Suite à la décision de la France de se retirer de la structure militaire intégrée de l'OTAN en 1966, l'Alliance quitta la Porte Dauphine pour s’installer dans un nouveau quartier général, à Bruxelles. De gauche à droite : la photothécaire, Françoise Gevers, avec Patricia et l’administrateur chargé des photos, Marc Nicolas.
  • Le déménagement a eu des conséquences assez lourdes pour les membres du Service Photos de l’OTAN, qui ont dû veiller au transport et à la conservation des archives photo entre Paris et Bruxelles. Patricia (photo) se souvient que cette phase a duré plusieurs semaines.
    • Le déménagement a eu des conséquences assez lourdes pour les membres du Service Photos de l’OTAN, qui ont dû veiller au transport et à la conservation des archives photo entre Paris et Bruxelles. Patricia (photo) se souvient que cette phase a duré plusieurs semaines.

Au début des années 1970, Patricia, fraîchement nommée assistante de production, travaille dans le domaine du cinéma, de la télévision et de la radio. Entre autres, elle coopère étroitement avec le réalisateur et monteur de l’OTAN pour l’enregistrement de courts-métrages, veillant à la continuité du processus. L’un de ses projets les plus ambitieux est un documentaire datant de 1983 et intitulé « Barriers », dans lequel une voix célèbre relate les événements de l’après-guerre qui ont conduit à la création de l’OTAN.

« J’ai rencontré l’acteur américain Charlton Heston à Paris alors que j’étais en mission pour l’enregistrement de son commentaire du film « Barriers ».  Après l’enregistrement, qui s’est déroulé en studio, l’équipe de Bruxelles l’a invité à déjeuner. Ce fut une rencontre intéressante. »

En plus d’avoir eu la chance de rencontrer des personnalités emblématiques de son époque, Patricia a beaucoup voyagé pour des réunions ministérielles, accompagnant parfois les photographes de l’OTAN qui couvraient ces événements, et elle a parcouru les pays accueillant ces réunions pour réaliser des reportages sur leurs sites nationaux célèbres ou d’autres endroits.

« Mon voyage le plus marquant fut l’Islande, avec ses paysages si particuliers, ses sources d’eau chaude, ses geysers, etc. »

  • La réunion ministérielle de juin 1987 du Conseil de l'Atlantique Nord s’est tenue à Reykjavik, en Islande.
    • La réunion ministérielle de juin 1987 du Conseil de l'Atlantique Nord s’est tenue à Reykjavik, en Islande.
  • Dans le cadre des activités de communication de l’OTAN, les producteurs et leur équipe réalisaient souvent des reportages sur des sites d’intérêt dans les pays membres de l’Alliance.
    • Dans le cadre des activités de communication de l’OTAN, les producteurs et leur équipe réalisaient souvent des reportages sur des sites d’intérêt dans les pays membres de l’Alliance.

À l’apogée de sa carrière, Patricia devient la responsable des bibliothèques multimédias (photos et vidéos) de l’OTAN. Pendant 14 ans, elle fournit des photos et des vidéos aux journalistes du monde entier, spontanément ou en réponse à une demande écrite. Dans les faits, elle les aide dans leur travail, tout en assurant au quotidien le classement et la maintenance des différents contenus.

Un projet cher à son cœur

À l’occasion du 40e anniversaire de l’Alliance, Patricia participe à la production d’un documentaire intitulé « Citizens of the World » (1989), une plongée dans l’histoire de l’OTAN depuis sa création au lendemain de la Seconde guerre mondiale jusqu’à la chute du mur de Berlin. Ce film poursuivait la vision d’une Europe unie, terre d’accueil pour les citoyens du monde entier. Étroitement associée à la production du documentaire, 

Patricia s’est rendue sur différents sites de tournage à Paris.  

Patricia (centre) and the Photo Librarian assist a  journalist during a ministerial meeting in Iceland, June 1968.

La vie après l’OTAN

Patricia prend sa retraite en 2004, après plus de 40 ans au service de l’Alliance. Aujourd’hui, elle se consacre à son activité de bénévole dans une organisation axée sur la formation des jeunes et le leadership, elle passe du temps avec ses amis et sa famille, et elle apprend le portugais en Algarve.
 

Portrait of Patricia Doling
À l’occasion du 75e anniversaire de l’Alliance, Patricia Doling nous livre un message

« Félicitations pour tout ce que l’OTAN a accompli, et bonne chance pour la suite. 

J’ai beaucoup de bons souvenirs de mon travail au sein de l'Alliance. Je repense souvent aux années que j’ai passées à Paris et à Bruxelles, et je me souviens de mes anciens collègues. J'ai gardé le contact avec certains d'entre eux, parfois même des personnes avec qui j'avais travaillé à Paris. 

 Lorsque nous nous retrouvons – ce qui arrive de moins en moins souvent – nous nous remémorons ce que nous avons vécu à l’OTAN. Avec le recul, je ne regrette pas du tout d’avoir franchi le pas, dans les années 1960, et d’avoir quitté ma famille et ma province anglaise pour m’installer sur le continent européen. Ce fut une sacrée aventure ! »

Cet article fait partie de la série « Nous sommes l’OTAN », publiée à l’occasion du 75e anniversaire de l’Alliance.

D’anciens membres du personnel sont invités à raconter leur parcours et la manière dont ils ont vécu les moments clés de l’Alliance et les grands événements de l’histoire, comme la guerre froide et l'année 1989, les premières missions hors zone, les partenariats, ou encore le 11-Septembre.