Rencontre avec Moritz Zimmermann, de l’univers des stagiaires au monde de l’innovation

  • 27 Jul. 2023 -
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  • Mis à jour le: 01 Aug. 2023 10:11

Entré à l’OTAN en tant que stagiaire, Moritz Zimmermann est aujourd’hui numéro deux de l’équipe chargée de l’Accélérateur d’innovation de défense pour l’Atlantique Nord (DIANA), un nouvel organisme visant à donner aux meilleurs chercheurs et entrepreneurs de l’Alliance les moyens de développer des technologies qui permettront de garantir la sécurité des populations des pays de l’Organisation. Au cours de notre entretien, nous avons évoqué les grands défis technologiques auxquels l’Alliance doit faire face, les moyens qu’offre le DIANA pour les relever et les impressions de Moritz quant à son rôle aux côtés de la nouvelle génération d’innovateurs de l’OTAN.

Moritz Zimmermann

 

Coup de projecteur sur le parcours de Moritz à l'OTAN

En postulant au programme de stages de l’OTAN, Moritz était bien loin d’imaginer qu’il contribuerait un jour aux activités de l’Alliance en faveur de l’innovation.

« On m’a proposé un stage dans la division chargée des politiques de lutte contre le terrorisme. Ayant effectué des études touchant à l’OTAN, à l’Iraq et à l’EIIL, je n’aurais pas pu rêver mieux. Ce stage m’a également permis d’en apprendre plus sur le travail des autres divisions de l’OTAN. C’est ainsi que j’ai découvert le programme pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS), dont une des finalités est de développer des technologies permettant de combattre le terrorisme. »

Après son stage, Moritz a décroché un poste au sein de l’équipe SPS, où il a commencé à se consacrer aux technologies émergentes et aux technologies de rupture.

« Lorsque j’ai rejoint l’équipe SPS, seuls les projets liés à la lutte contre le terrorisme m’intéressaient, avoue-t-il. Mais le travail m’a peu à peu ouvert les yeux sur toute une série d’innovations technologiques dans d’autres domaines, aussi singulières que fascinantes. Plus je me plongeais dans le monde des technologies, plus je réfléchissais à la manière d’exploiter l’innovation, sous toutes ses formes, et son potentiel au profit de la sécurité de l’Alliance ».

C’est alors que Moritz a eu l’occasion tout à fait unique de participer à l’élaboration d’un document de réflexion sur ces technologies, qui serait ensuite examiné à la réunion des ministres de la Défense des pays de l’OTAN de juin 2018.

« C’était passionnant et valorisant de voir les ministres débattre du document auquel j’avais contribué, d’être dans la pièce à ce moment-là. Cette discussion a d’ailleurs été déterminante dans la création de l’Unité Innovation de l’OTAN, que j’ai intégrée plus tard ».

Au sein de cette unité, Moritz et ses collègues sont arrivés à la conclusion suivante : face à l’évolution rapide de l’environnement technologique – l’intelligence artificielle et les biotechnologies, entres autres, pénétrant tous les domaines de notre vie, dont la sécurité – l’OTAN avait besoin d’un nouvel outil pour ne pas se laisser distancer. C’est ainsi qu’est né le DIANA.

 

Avec le DIANA, l’OTAN crée un pont avec le monde de l’innovation

L’Accélérateur d’innovation de défense pour l’Atlantique Nord a pour but de proposer aux innovateurs de l’Alliance un programme d’accélération et un réseau de centres d’essai. Start-up, chercheurs et entreprises du monde des technologies pourront ainsi recevoir des subventions, profiter d’un système de mentorat et accéder à l’expertise dont ils ont besoin pour concrétiser leurs idées et en faire des produits viables. Le DIANA leur permettra également d’être au contact des utilisateurs finaux, notamment des responsables achats et sécurité des administrations des pays de l’Alliance susceptibles d’utiliser ces nouvelles technologies pour protéger leurs concitoyens.

Pour Moritz et ses collègues, ce projet inédit – dévoilé au sommet de Bruxelles de 2021 et dont les premières activités pilotes ont été lancées en 2023 – est parti d’une idée simple mais fascinante.

« Tout comme j’étais initialement intéressé par la sécurité internationale, mais je n’avais jamais fait de rapprochement entre sécurité et technologie, je suis convaincu qu’il y a dans le secteur des technologies des personnes passionnées qui n’ont jamais pensé à établir de lien entre leurs travaux et la sécurité ou l’OTAN », explique Moritz.

« L’OTAN est depuis longtemps à l’avant-garde du secteur militaire, mais force est de constater que les nouvelles technologies sont le plus souvent développées dans le secteur civil, alors que certaines d’entre elles, comme l’intelligence artificielle, peuvent avoir un impact considérable sur le fonctionnement des forces armées. C’est la raison pour laquelle le DIANA mise avant tout sur les deep tech “à double usage”, c’est-à-dire les technologies de rupture principalement développées à des fins commerciales, mais pouvant également avoir des applications dans les secteurs de la défense et de la sécurité ».

Le DIANA est le fruit de réflexions sur la manière dont l’OTAN pouvait conserver son avance technologique dans ce monde en évolution.

DIANA map

Les centres d'essai et accélérateurs du DIANA sont installés aux quatre coins de l'Alliance, ce qui signifie que les porteurs d'innovation peuvent échanger avec leurs pairs et bénéficier de l'aide de l'OTAN sans avoir à se déplacer trop loin.

« On nous demande souvent “Qui est DIANA ?” ou “Pourquoi l’accélérateur d’innovation s’appelle-t-il DIANA ?” », sourit Moritz.

« Je dois avouer que l’initiative est longtemps restée sans nom. On a d’abord essayé de jouer avec l’acronyme “JEDI”, terminant par “Defence Innovation”, mais l’idée ne nous plaisait pas plus que ça. En réalité, c’est à l’ambassadeur de l’Italie auprès de l’OTAN que nous devons le nom retenu : en 2021, alors que nous nous apprêtions à présenter l’accélérateur, il a eu l’idée de le baptiser “DIANA” en référence à la déesse romaine de la chasse, puisqu’avec cette initiative, nous nous lancions dans une “chasse” aux idées innovantes ».

Le DIANA est d’ailleurs le fruit d’une de ces idées. À présent, Moritz se consacre à la création des bureaux, des plateformes et des centres d’essai qui permettront aux acteurs concernés de se réunir pour libérer tout le potentiel de l’innovation.

« L’Alliance regorge d’esprits brillants pour lesquels le codage et la recherche technique très pointue n’ont aucun secret, mais qui ignorent tout du monde des affaires, et vice versa. C’est justement là que le DIANA entre en jeu : il va donner à nos meilleurs éléments une plateforme unique qui leur permettra de déployer tout leur potentiel, ce qui aidera l’OTAN à libérer son plein potentiel également ».

Moritz Zimmermann

 

Deux formules OTAN pour les stagiaires et les jeunes talents

À l’OTAN, le parcours de Moritz n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Certes, tous les stagiaires ne restent pas dans l’Organisation, et a fortiori tous ne contribuent pas à la création d’un organisme novateur comme le DIANA. Mais le programme de stages et le programme pour les jeunes talents (ainsi que d’autres programmes similaires lancés dans les différents commandements et agences de l’Organisation) ont néanmoins permis à une nouvelle génération de jeunes leaders aux profils variés de mettre un premier pied à l’OTAN et d’entamer ainsi la première étape de leur carrière internationale au sein de l’Alliance.

Pour conclure notre entretien, nous avons demandé à Moritz quels conseils il donnerait aux futurs stagiaires et jeunes talents désireux de déployer tout leur potentiel au service de l’Alliance.

« Il est très important de se spécialiser, mais il l’est tout autant de garder un esprit ouvert, d’essayer de nouvelles choses et de toujours chercher à développer ses connaissances. On pourrait croire que mes études n’ont aucun rapport avec mon travail dans le cadre du DIANA. Elles ont pourtant été très utiles dans mon parcours à l’OTAN. Quand on est passionné, ambitieux et ouvert au changement, les possibilités d’apprendre et de progresser ne manquent jamais ».