Sciences et technologie : Ces femmes qui trouvent des solutions
À l’occasion de la journée internationale pour l’accès des femmes et des filles à la science, coup de projecteur sur deux scientifiques passionnées qui ont bénéficié du programme de l’OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (programme SPS).
Stefanie Foster intervient dans le cadre de l’exercice de l’EADRCC sur la gestion des conséquences organisé en 2017 à Tuzla (Bosnie-Herzégovine)
La journée internationale des femmes et des filles de science, célébrée le 11 février à l’initiative de l’ONU, nous le rappelle chaque année : partout dans le monde et malgré le chemin déjà parcouru, les femmes restent sous-représentées dans le domaine des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM). Selon l’ONU, les femmes sont encore cinq fois moins nombreuses que les hommes dans les secteurs de pointe tels que l’intelligence artificielle et elles ne comptent toujours que pour 28 % et 40 %, respectivement, des diplômés en ingénierie et en informatique.
Dans le cadre de son programme SPS, l’OTAN aide d’éminents spécialistes des pays membres et des pays partenaires à relever les défis de sécurité contemporains au moyen des sciences et de la technologie. Bon nombre de ces spécialistes sont des femmes d’exception, passionnées de sciences, auxquelles aucun problème complexe ne fait peur. En cette journée internationale consacrée à la féminisation de la science, retraçons le parcours de deux chercheuses.
La réponse aux crises : tout un programme
Stephanie Foster, membre du personnel technique du Lincoln Laboratory du MIT, (États-Unis)
Toute petite déjà, Stephanie Foster avait le goût des casse-têtes. Sa matière préférée ? Les mathématiques, source pour elle de satisfaction et de délassement. Mais c’est en découvrant l’informatique à l’université qu’elle a eu le déclic. « Grâce à la programmation, j’utilise de manière concrète mes compétences en logique. »
Depuis plus de 20 ans, Stephanie conçoit, implémente et déploie des systèmes d’aide à la décision basés sur le web. Son travail facilite celui des organismes appelés à intervenir en cas de catastrophe. Stéphanie leur explique comment la technologie peut les aider à protéger, à retrouver et à sauver des gens. « Mon objectif, c’est de faciliter la tâche des secours en cas de tempête, d’incendie ou de toute autre catastrophe. Grâce à mes programmes, les sauveteurs repèrent plus aisément les personnes perdues ou en détresse. »
Stéphanie a dirigé l’équipe technique du Lincoln Laboratory du Massachusetts Institute of Technology (MIT) qui, avec l’appui du programme SPS, était chargée d’adapter et de déployer le système de commandement « nouvelle génération » pour la gestion des incidents (NICS), destiné à répondre aux besoins de gestion de crise de quatre pays (Bosnie-Herzégovine, Croatie, Monténégro et République de Macédoine du Nord). Ce projet a été l’occasion pour elle d’échanges enrichissants avec des professionnels de la gestion de crise, une collaboration qui a débouché sur la création d’un outil logiciel qui crée du lien dans les circonstances les plus difficiles. De son point de vue, il faut que la science soit accessible à toutes et à tous car c’est de la diversité des profils que naissent les solutions les plus innovantes.
Les mathématiques au service de la protection des données
María Isabel González Vasco, professeur de mathématiques appliquées à l’université Carlos III de Madrid (Espagne)
María Isabel « Maribel » González Vasco enseigne les mathématiques appliquées à l’Université Carlos III de Madrid, où elle est également titulaire d’une chaire d’excellence. Selon elle, la communauté scientifique doit clamer haut et fort que quiconque est prêt à travailler dur est le/la bienvenu(e). « Nous n’allons tout de même pas nous priver de la moitié du vivier ! ».
Maribel a toujours aimé résoudre les problèmes et s’y attaquer de front. C’est précisément le quotidien de sa carrière scientifique, qui lui donne aussi l’occasion de rencontrer des collègues de tous horizons, d’apprendre et de stimuler sa créativité. « Ce qui me plaît, c’est la quête, la sensation de me rapprocher de la solution en sortant de la pensée toute faite, ce moment où je sais que je touche la réponse du doigt ».
Maribel travaille dans le domaine de la cryptographie, discipline au croisement des mathématiques et de l’informatique. Elle exploite tout le potentiel des mathématiques appliquées, en particulier afin de trouver des moyens de garantir la sécurité des échanges d’informations. En tant que co-directrice du projet SPS intitulé « Communications sécurisées à l’ère quantique », elle a collaboré avec des spécialistes venus de Malte, de Slovaquie et des États-Unis pour concevoir un protocole de messagerie permettant d’échanger des informations de manière sécurisée, sans être détecté par des adversaires, même équipés d’ordinateurs quantiques. Elle a dirigé l’équipe qui a réussi — entre autres — à démontrer que le système résistait à différents scénarios d’attaque. « Travailler dans les sciences, c’est être perpétuellement en quête de réponses. Les clés sont la curiosité, la soif de connaissance et la volonté de perfectionnement — qui ne sont pas l’apanage d’un genre. »
Et le programme SPS, dans tout ça ?
Le programme SPS fait se rencontrer des universitaires, des spécialistes et des responsables de pays de l’Alliance et de pays partenaires, qui peuvent alors mener des travaux de recherche conjoints et mettre leurs connaissances en commun. Il contribue ainsi à bâtir et à étoffer des réseaux scientifiques internationaux, où la distinction de genre n’a pas sa place. Les possibilités de coopération sont annoncées sous la forme d’appels à propositions publiés sur le site web du programme. Toute l’actualité du SPS est également disponible en un clic, sur abonnement à son bulletin d’information électronique.