Immersion totale – Sous les mers avec les forces spéciales croates et les Navy SEAL

  • 26 Jul. 2022 -
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  • Mis à jour le: 21 Sep. 2022 13:58

Les forces d’opérations spéciales de l'OTAN doivent être capables d’accomplir les tâches les plus complexes dans les milieux les plus hostiles, comme escalader sous le feu de l'ennemi le flanc d’un navire ou plonger dans les profondeurs de la mer. Les forces spéciales croates ont récemment mesuré leurs compétences maritimes lors d’un exercice conjoint avec les Navy SEAL (États-Unis) dans l’Adriatique.

Un Navy SEAL en combinaison intégrale de plongée navigue à toute vitesse en mer Adriatique près de Split (Croatie) lors d’un exercice avec des opérationnels des forces spéciales croates.

Les deux bateaux sont petits mais rapides. Partis de la ville croate de Split, ils filent bruyamment sur l'eau, laissant dans leur sillage une trainée blanche d'embruns.

À bord de leur bâtiment, les quatre pirates – incarnés aujourd'hui par des soldats croates – se mettent en position de tir. Bientôt, ils seront la cible d'un groupe d'assaut composé d'opérationnels des forces spéciales croates et de Navy SEAL.

Les pirates ouvrent le feu, mais les canots pneumatiques, toutes armes pointées vers le ciel, se rangent déjà le long du navire. En une fraction de seconde, les opérationnels croates accrochent leurs échelles à la coque et se hissent à bord. Les Navy SEAL, eux, montent par la poupe et foncent sur la salle des machines, balayant le pont de leur fusil à silencieux, prêts à tirer, tandis que les opérationnels affrontent une interminable montée de 10 mètres pour s'emparer de la passerelle. En quelques minutes, ils prennent le contrôle du navire, neutralisent les ennemis et menottent plusieurs cibles à haute valeur ajoutée. Tout est prêt pour l'exfiltration.

À ce moment, une voix retentit pour annoncer la fin de l'exercice. Les pirates du jour quittent le pont un à un, et les commandos se regroupent à l'arrière du navire pour un rapide bilan à chaud.

Un soldat des forces spéciales croates escalade le flanc du navire au moyen d'une échelle spéléo lors d'un exercice de reconnaissance, de visite, de perquisition et de saisie près de Split (Croatie).

Un soldat des forces spéciales croates escalade le flanc du navire au moyen d'une échelle spéléo lors d'un exercice de reconnaissance, de visite, de perquisition et de saisie près de Split (Croatie).

Pour les forces spéciales de l'OTAN, ces entraînements bilatéraux sont l'occasion d'échanger sur les nouvelles tactiques et le matériel dernier cri. Pour les Zapovjedništvo specijalnih snaga (ZSS) croates, une unité d'opérations spéciales relativement jeune, pouvoir s'entraîner aux côtés des Navy SEAL prouve à quel point elles ont progressé depuis leur création, en 2000, sous la forme d'un bataillon d'opérations spéciales.

« Les forces armées croates sont prêtes et disposées à assumer leur part de la charge et de la responsabilité liées à la défense collective de l'Alliance, des Alliés et des partenaires »

- l'amiral Robert Hranj, chef de l'état-major général croate

Plus tard, les ZSS et les SEAL revêtent leur combinaison et entrent dans l'eau glaciale de l'Adriatique pour une progression longue distance et une simulation d'infiltration par la plage. À l'aide de recycleurs en circuit fermé – bien plus discrets que les équipements de plongée grand public – ils s'immergent à plusieurs mètres, devenant ainsi invisibles depuis la surface.

Des Navy SEAL nagent vers un point de passage lors d'un exercice de navigation sous-marine près de Split (Croatie).

Des Navy SEAL nagent vers un point de passage lors d'un exercice de navigation sous-marine près de Split (Croatie).

Lorsqu'ils atteignent leur objectif, ils restent dans les profondeurs sous-marines le temps d'enlever leurs palmes et de préparer leurs armes. Une seule paire de lunettes fend la surface et scrute le rivage à la recherche d'éléments hostiles. Ensuite, tel un mirage, une demi-douzaine de commandos croates et de Navy SEAL émergent de l'eau, quasiment sans un bruit, si ce n'est celui des gouttes qui tombent de leurs fusils.

En situation réelle, ce serait le moment où les soldats seraient le plus vulnérable. Trempés jusqu'aux os, chargés de matériel et quittant le couvert, les commandos sont totalement exposés. Ils courent se réfugier sous un affleurement de roches calcaires, scrutant les falaises au-dessus d'eux, arme en joue, à la recherche de menaces.

Des opérationnels des forces spéciales croates scrutent leur environnement lors d'un exercice près de Split (Croatie).

Des opérationnels des forces spéciales croates scrutent leur environnement lors d'un exercice près de Split (Croatie).

Dans le cadre d'un autre exercice, les opérationnels sont chargés de s'emparer d'un pont. Pour cette infiltration, ils disposent d'une longue perche surmontée d'un imposant crochet. Ils peuvent ainsi rapidement fixer à un pilier du pont une échelle spéléo, c'est-à-dire une longue échelle souple munie de barreaux à peine plus larges qu'un poing. Après avoir mis à l'abri leurs recycleurs sous l'eau, les opérationnels grimpent à l'échelle un par un, n'émettant sous l'effort que quelques grognements discrets à mesure qu'ils se hissent eux et leur barda hors de la relative apesanteur des eaux salées de l'Adriatique.

US Navy SEALs ascend a caving ladder attached  to a bridge during an exercise near Split, Croatia.

Des Navy SEAL grimpent sur une échelle spéléo attachée à un pont lors d'un exercice près de Split (Croatie).

Le chef des ZSS, le commandant « Marko » (utilisation d'un pseudonyme pour protéger son identité) juge important que les unités d'opérations spéciales acquièrent de solides compétences maritimes si elles veulent pouvoir opérer dans l'eau de mer, qui recouvre environ les trois quarts de la surface de la Terre. « L'eau finira par devenir notre terrain de jeu », dit-il. Et d'ajouter que la prochaine étape consistera, pour les ZSS, à mieux intégrer la mobilité aérienne dans les missions navales. En clair : ses opérationnels peuvent s'attendre à multiplier les mises à l'eau depuis un hélicoptère.

Pour l'amiral Hranj, le fait de s'entraîner conjointement avec d'autres forces spéciales constitue une étape utile pour le renforcement de la sécurité de la Croatie et, plus largement, de l'Alliance.

« Compte tenu de ce qui se passe autour de nous, et dans le monde, notamment en Ukraine, ces activités contribuent quelque peu à l'expression d'une unité politique et d'une volonté d'œuvrer conjointement à la défense des Alliés, de l'Alliance et des partenaires »
 

US  Navy SEALs prepare to ascend a caving ladder underwater during an exercise near  Split, Croatia.

Des Navy SEAL s'apprêtent à grimper à l'échelle spéléo, sous l'eau, lors d'un exercice près de Split (Croatie).

Cet article fait partie d'une série de dépêches montrant à quoi ressemble le quotidien des forces armées des pays membres et des pays partenaires de l'OTAN sur le terrain. Consultez les autres articles pour en apprendre plus sur ces soldats qui explorent de nouveaux pays, bravent les éléments et opèrent conjointement avec leurs camarades.