L'OTAN aide l'Ukraine à sécuriser ses déchets radioactifs

  • 18 Sep. 2013 -
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  • Mis à jour le: 10 Oct. 2013 15:25

L’Ukraine connaît bien les problèmes liés à la contamination radioactive : elle a subi la catastrophe de Tchernobyl, qui a bouleversé le monde en 1986. Toutefois, l'ère soviétique lui a légué un certain nombre de menaces de moindre ampleur et de nature différente liées à la sécurité radioactive, dont six anciennes bases militaires transformées en sites de stockage de déchets radioactifs. Malheureusement, ces déchets ont été placés dans des conteneurs non conformes aux normes en vigueur, sans documentation adéquate et sans personnel suffisamment qualifié et équipé pour en assurer la gestion. Afin d'aider l'Ukraine à sécuriser les sites les plus vulnérables, l'OTAN met sur pied un projet assorti d'un fonds d'affectation spéciale.

Le 18 septembre, au siège de l'OTAN, M. Oleg Proskuriakov, le ministre ukrainien de l'Écologie et des ressources naturelles, a signé un accord de mise en œuvre avec l'Agence OTAN de soutien (NSPA), qui sera l'agent d'exécution du projet. Cet accord entrera en vigueur après sa ratification par le Parlement ukrainien.

« Au nom du gouvernement ukrainien, je tiens à exprimer ma gratitude à l'OTAN et aux principaux responsables de l'Agence OTAN de soutien qui coopèrent activement pour résoudre ce problème critique et assurer une gestion sûre des déchets radioactifs en Ukraine, » a déclaré M. Proskuriakov.

« Ce projet faisant appel à un fonds d'affectation spéciale est l'illustration des liens étroits qui unissent l'OTAN et l'Ukraine et témoigne de l'esprit d'assistance mutuelle qui caractérise nos relations. Dans son rôle de pays pilote, l'Allemagne s'emploiera fermement à mettre en œuvre ce projet, » a déclaré M. Martin Erdmann, représentant permanent de l'Allemagne auprès de l’OTAN.

Un héritage de la Guerre froide

À deux cents kilomètres à l'ouest de Kiev se trouve Vakoulentchouki, petite ville d'environ 2 000 habitants. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, l'épaisse forêt proche de la ville a abrité des entrepôts militaires. Par la suite, les dirigeants soviétiques ont commencé à y stocker des armes nucléaires. Dans les années 1960, l'endroit est devenu un site d'enfouissement de déchets radioactifs.

Après l'effondrement de l'Union soviétique, l'Ukraine a hérité de plusieurs sites de stockage de déchets radioactifs, comme celui de Vakoulentchouki, qui font peser un risque de contamination radioactive sur la population locale et l'environnement.

Sur ces sites, des sources de rayonnement ionisant ont été enfouies dans des caissons en bois ou en métal enrobés de béton, avec peu, voire pas de documentation quant à leur contenu. À Vakoulentchouki, ces conteneurs ont été placés dans un puits en béton aux parois de 20 centimètres d'épaisseur surmonté d'un couvercle en béton.

L'Ukraine a déjà assaini deux sites avec l'aide des États-Unis. Il en reste six, dont cinq sont placés sous la juridiction de l'armée ukrainienne tandis que le sixième (à Vakoulentchouki) dépend du Service des gardes-frontières.

En avril 2011, une équipe de l'OTAN a effectué une visite sur les sites de Vakoulentchouki et de Tsyboulyevo et a estimé que ce dernier présentait moins de risques étant donné qu'il est sous l'étroite surveillance de l'armée et que les conteneurs qui s'y trouvent sont en meilleur état.

Le site de Vakoulentchouki est plus vulnérable parce que le personnel du Service des gardes-frontières n'a pas l'équipement requis pour en assurer correctement la gestion et que les mesures de protection physique en place sont bien en deça des normes ukrainiennes ou internationales.

À proximité du site, des matières radioactives dont on s'est débarrassé précédemment sans aucun contrôle – souvent dénommées « sources orphelines » – ont été découvertes. Cette situation fait craindre le risque de détournement de ces matières à des fins illicites, avec les conséquences que cela implique en termes de sécurité.

Réhabiliter le site

Avec une contribution prévue de 500 000 euros, l'Allemagne est le pays pilote du projet, dans lequel le Luxembourg, la Suisse et les États-Unis interviennent également. Lorsque le montant initial de 620 000 euros aura été réuni, la NSPA entamera les travaux d'assainissement du site de Vakoulentchouki.

Cette réhabilitation se fera selon le même processus que celui utilisé pour deux autres anciens sites militaires soviétiques recelant des sources radioactives dans des conditions similaires. Avec l'aide du département américain de l'Énergie, des sociétés ukrainiennes ont procédé à l'enlèvement des compartiments de stockage enfouis sur les sites de Makariv-1 et Jerebkove et les ont placés dans des conteneurs scellés. Ces conteneurs ont ensuite été acheminés vers un site de stockage provisoire, dans l'attente de leur évacuation définitive vers l'installation de traitement des déchets radioactifs « Vektor » de la centrale nucléaire de Tchernobyl.

Dans un premier temps, des analyses du sol et des eaux souterraines seront réalisées à Vakoulentchouki pour mesurer la radioactivité. Dans un second temps, il sera procédé à l'enlèvement des sources et des caissons de confinement en un seul bloc pour éviter de les endommager. Le sol et les eaux souterraines seront une nouvelle fois contrôlés pour que l'on soit assuré que la zone environnante est dans un état acceptable et peut être remise à la disposition des autorités civiles locales. Ensuite, les matières extraites seront transportées dans les installations de Radon State Corporation, qui servira de lieu de stockage temporaire, avant de rejoindre le site « Vektor » où elles seront stockées à long terme.

Pourquoi l'OTAN ?

Les relations entre l'OTAN et l'Ukraine remontent à 1991, lorsque l'Ukraine a rejoint le Conseil de coopération nord-atlantique (devenu le Conseil de Partenariat euro-atlantique). En 1997, la Charte de partenariat spécifique entre l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord et l'Ukraine a été signée, créant la Commission OTAN-Ukraine.

Forte de plusieurs années de coopération avec l'Ukraine dans le domaine de la réforme de la défense et de la démilitarisation, l'OTAN occupe une place de choix pour aider le pays au travers de ce projet. L'Alliance apporte son concours à la destruction des mines terrestres, des armes et des munitions obsolètes. Elle participe également à la reconversion des militaires dégagés des cadres. Le projet d'élimination des déchets radioactifs est un autre domaine de coopération pratique.