Sécurité environnementale

  • Mis à jour le: 27 Oct. 2010 17:27

S’appuyant sur une définition relativement large de la sécurité qui admet l’importance des facteurs politiques, économiques, sociaux et environnementaux, l’OTAN s’intéresse aux rapports entre l'environnement et la sécurité, des phénomènes comme les conditions météorologiques extrêmes, l’épuisement des ressources naturelles et la pollution pouvant à terme mener à des catastrophes, à des tensions régionales ou à des actes de violence.

L’Alliance étudie de près les moyens qui permettraient de faire face de manière optimale aux facteurs environnementaux qui représentent une menace pour la sécurité en général et à ceux qui ont des incidences directes sur les activités militaires. Par exemple, les facteurs environnementaux peuvent porter atteinte à l’approvisionnement énergétique - tant celui des populations que celui des opérations militaires - ce qui fait de la sécurité énergétique un sujet de préoccupation majeur. Par ailleurs, l’OTAN s’occupe d’aider les pays partenaires à éliminer leurs stocks vieillissants et dangereux d’armes, de munitions et de restes de guerre non explosés, qui font peser un risque sur les personnes et sur l’environnement.

L’OTAN mène l’action évoquée ci-dessus au travers de son programme scientifique, du Centre euro-atlantique de coordination des réactions en cas de catastrophe et des fonds d’affectation spéciale du Partenariat pour la paix (PPP). Elle envisage d'accroître ses efforts en faveur de la sécurité environnementale en se concentrant sur les situations d’urgence dans le domaine civil, sur l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, ainsi que sur l’aide à apporter aux Alliés et aux pays partenaires dans le traitement des problèmes liés aux incidences du changement climatique dans les régions vulnérables.

Construire la coopération internationale

Dès 1969, le programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (programme SPS) a financé, dans les pays membres de l’Organisation, des activités de coopération visant à traiter les questions environnementales, notamment celles qui étaient liées à la défense. Depuis l’ouverture de ce programme aux pays partenaires dans les années 90, la sécurité environnementale est le domaine où l’activité est la plus intense.

En avril 2010 par exemple, un atelier scientifique OTAN consacré à la sécurité environnementale et à l'écoterrorisme a eu lieu à Moscou et un atelier sur le thème de la sécurité alimentaire face aux menaces terroristes et aux catastrophes naturelles s’est déroulé au Caire.

La première réponse internationale aux enjeux de sécurité liés à l’environnement remonte toutefois à 2004, année où l'OTAN s'est associée à cinq organismes internationaux pour former avec eux l'Initiative Environnement et sécurité (ENVSEC)1, qui s’efforce de trouver des solutions aux problèmes environnementaux menaçant la sécurité dans les régions vulnérables. Ces cinq organismes sont le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU) et le Centre régional pour l'environnement de l'Europe centrale et orientale (CRE-CEE).

En Asie centrale, l’OTAN dirige des projets ENVSEC portant notamment sur les déchets d’uranium dans la vallée du Fergana (Kirghizistan,Tadjikistan, Ouzbékistan) et sur la gestion des ressources en eau en vue de la régénération des zones humides dans le bassin de la mer d'Aral (Kazakhstan et Ouzbékistan).

Renforcement des mécanismes de réaction aux situations d’urgence

L’Alliance joue également un rôle actif dans la coordination des plans et des mesures civils d’urgence en cas de catastrophes environnementales. Elle agit principalement au travers de son Centre euro-atlantique de coordination des réactions en cas de catastrophe (EADRCC), mis en place suite aux tremblements de terre survenus en Turquie et en Grèce à la fin des années 90.

Lorsqu’il s’est exprimé à l’occasion de la conférence sur le changement climatique qui s’est tenue à Copenhague sous l’égide de l'ONU, le secrétaire général de l'OTAN a souligné qu’en raison des incidences de plus en plus marquées du changement climatique, les militaires allaient probablement être de plus en plus souvent appelés à jouer le rôle de « primo-intervenants en cas de catastrophe naturelle ». Il a demandé instamment aux Alliés de réfléchir aux moyens d'optimiser la contribution de l'Alliance dans ce domaine.

Traiter les questions d'environnement liées à la défense

En octobre 2009, le Comité pour la science au service de la paix et de la sécurité a mis sur pied un groupe d’experts « Défense et environnement » (le DEEG). Ce groupe a pour objectif principal d’établir un programme visant à définir, à mettre au point et à diffuser des réponses innovantes d’un bon rapport coût-efficacité à des problèmes d'environnement et de durabilité ayant des incidences sur les activités militaires.

Le DEEG se réunit deux fois par an pour examiner et approuver des propositions de projet soumises à titre individuel ou conjointement par des scientifiques de pays de l'OTAN et de pays partenaires. Les projets considérés portent, entre autres, sur les questions d’infrastructure et d’immobilier liées à la gestion du patrimoine de la Défense, et sur les incidences des menaces climatiques et biologiques sur les soldats. Dans la pratique, l’accent est mis sur les projets et les activités qui ont trait aux opérations de forces déployées, comme les travaux qui visent à limiter l’empreinte environnementale des complexes militaires pour maximiser les économies et l'avantage tactique tout en réduisant le plus possible les effets négatifs sur l'environnement.

Sécurité énergétique

Alors que les catastrophes naturelles - tremblements de terre, inondations et tempêtes destructrices - ont des effets de plus en plus imprévisibles, notamment sur les infrastructures, la sécurité énergétique se trouve de plus en plus menacée par les facteurs environnementaux, ce qui est une source de préoccupation croissante pour l'OTAN. La plupart des pays membres et des pays partenaires dépendent de l'étranger pour leur approvisionnement énergétique, qui se fait au moyen de pipelines et de câbles traversant de nombreuses frontières. Les Alliés et leurs partenaires doivent donc travailler ensemble à la recherche de solutions permettant de réduire le risque de perturbations, y compris les perturbations d’origine environnementale.

Lors du sommet du Strasbourg-Kehl, en avril 2009, les Alliés ont déclaré qu'ils mèneraient des consultations sur les risques les plus immédiats dans le domaine de la sécurité énergétique. Ils ont précisé qu’ils continueraient d’appliquer les recommandations proposées au sommet de Bucarest, en 2008, à savoir : partager les informations, promouvoir la coopération internationale et régionale, développer les mécanismes de gestion des conséquences et contribuer à la protection des infrastructures critiques.

Aider les partenaires à réduire les risques environnementaux par le désarmement

Grâce à des projets OTAN financés au moyen de fonds d’affectation spéciale du Partenariat pour la paix, l’Alliance aide les pays partenaires à réduire leurs stocks d'armes vieillissants, à éliminer les stocks de propergol qui se dégradent, à assainir les terres contaminées par des restes de guerre non explosés et à entreposer les munitions dans des conditions sûres. Ces projets ont pour effet de réduire les risques que ces matériaux dangereux font peser sur l'environnement et sur les personnes dans les régions avoisinantes, même si leur objectif central est d’aider les pays de l'ex-Union soviétique à progresser sur les voies du désarmement et de la réforme de la défense.

Sensibilisation et partage d’informations

Un autre rôle majeur joué par l’Alliance consiste à informer les dirigeants et les décideurs politiques des incidences que les problèmes environnementaux ont sur la sécurité. Par exemple, l’OTAN veille à ce que ses pays membres et les pays partenaires disposent des connaissances et des compétences nécessaires pour atténuer les effets du changement climatique et s'y adapter.

1. L’Initiative ENVSEC a été mise sur pied en 2003 par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). L'OTAN y est associée depuis 2004, au travers de sa Division Diplomatie publique. Récemment, la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU) et le Centre régional pour l’environnement de l’Europe centrale et orientale (CRE-CEE) en sont devenus membres.