Développement des forces de sécurité afghanes

  • Mis à jour le: 22 Apr. 2014 11:14

Le développement de forces de sécurité afghanes professionnelles, performantes et soutenables est une mission prioritaire pour la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS), conformément à la demande du gouvernement afghan et au mandat du Conseil de sécurité de l'ONU. La mission OTAN de formation en Afghanistan (NTM-A) et le Commandement interarmées de la FIAS (IJC) travaillent en coopération avec les ministères afghans de la Défense et de l'Intérieur à la réalisation de cet objectif.

Les forces de sécurité nationale afghanes (ANSF) comprennent l'armée nationale afghane (ANA), l'armée de l'air afghane (AAF) et la police nationale afghane (ANP), ainsi que la police locale afghane et l'agence afghane de renseignement, la Direction nationale de la sécurité (NDS).

Depuis le lancement de la cinquième et dernière tranche de la transition, en juin 2013, les forces de sécurité afghanes assument la responsabilité de la sécurité dans tout le pays. La FIAS ne planifie, n'exécute et ne dirige plus d'opérations de combat, mais elle continue d'apporter un soutien aux ANSF, y compris un appui tactique si nécessaire. Par ailleurs, elle poursuit aussi le retrait de ses forces, d'une manière mesurée, coordonnée, cohérente et progressive. D'ici à fin 2014, ce processus de transition sera achevé, les forces de sécurité afghanes auront l'entière responsabilité de la sécurité du pays, et la mission de la FIAS prendra fin.

L'OTAN prépare une nouvelle mission qui consistera à former, à conseiller et à assister les forces de sécurité afghanes. La nouvelle mission sera axée sur la formation aux niveaux national et institutionnel, et sur les échelons supérieurs du commandement de l'armée et de la police, et elle sera menée dans tout l'Afghanistan. L'OTAN prévoit aussi de continuer à jouer son rôle, au sein de la communauté internationale dans son ensemble, pour ce qui est du soutien à long terme des forces de sécurité afghanes, au travers du fonds d'affectation spéciale de l'OTAN consacré à l'ANA. Les règles régissant l'utilisation de ce fonds après 2014 ont été approuvées par les ministres des Affaires étrangères en décembre 2013 et seront la garantie que les contributions des donateurs sont utilisées de manière responsable, transparente et efficace.

Armée nationale afghane (ANA)

Créée en 2002, l'armée nationale afghane (ANA) a vu ses effectifs passer à plus de 189 000 hommes, dont près de 11 000 dans les forces d’opérations spéciales. Elle se dote à la fois d'éléments de combat et de capacités facilitatrices – comme la police militaire, le renseignement, l'ouverture d'itinéraires, l'appui tactique, les services de santé, l'aviation et la logistique.

L'armée de l'air afghane (AAF) a été créée en 2007 en tant qu'élément de l'ANA. Elle compte aujourd'hui près de 6 800 hommes, personnels volant, de maintenance et de soutien confondus, et une flotte de 102 aéronefs à voilure fixe et à voilure tournante. Le transport aérien et la puissance aérienne sont des éléments essentiels de la contre-insurrection en Afghanistan, tandis que des hélicoptères de combat, éventuellement combinés avec un soutien aérien rapproché et des aéronefs à voilure fixe, permettront aux forces de sécurité afghanes de mener des opérations de manière largement autonome. L'AAF a commencé à mettre en place une capacité d’évacuation sanitaire aérienne, qui permet de prodiguer des soins médicaux spécialisés d’urgence dans des régions reculées. Les équipages aériens afghans effectuent désormais seuls des missions de transport et de sauvetage dans le pays. Tout au long de 2013, l’armée de l’air nationale afghane a surpassé les attentes dans les missions d’appui aérien rapproché et les missions d’évacuation. Au 31 décembre 2013, on comptait plus de 1 500 patients transportés par l’armée de l’air afghane, contre environ 400 en 2012.

Police nationale afghane (ANP)

La police nationale afghane (ANP) compte actuellement quelque 153 000 hommes. Elle voit son rôle évoluer et passer progressivement de la lutte contre l'insurrection à une fonction de police civile, et elle développe des capacités dans des domaines aussi divers que les enquêtes criminelles et le contrôle de la circulation.

Les principales branches de l'ANP sont les suivantes :

  • La police afghane en uniforme (AUP) est la force de police mise en place pour assurer des fonctions classiques de maintien de l'ordre dans les villages et les districts. Ses agents sont affectés aux districts de police et aux commandements provinciaux et régionaux. La police afghane en uniforme comprend aussi la police de la circulation routière, des équipes de sauvetage et de lutte contre les incendies, et une force de protection des Nations Unies.
  • La police d'ordre public afghane (ANCOP) est la force de contre-insurrection principale. Il s'agit d'une force de police déployable à l'échelle nationale, qui travaille en étroite coopération avec l'armée dans de cadre de sa mission de contre-insurrection, et qui maintient l'ordre en utilisant des moyens armés proportionnés.
  • La police afghane des frontières (ABP) dote le ministère afghan de l'Intérieur d'une capacité générale de maintien de l'ordre aux frontières internationales, aux points d'entrée et dans la zone de sécurité frontalière, qui couvre une bande de 50 kilomètres sur le territoire afghan. En outre, la police afghane des frontières contrôle la circulation des piétons et des véhicules aux postes-frontières, détecte et décourage toute entrée illégale ainsi que les activités criminelles le long des frontières, et est responsable de la sécurité de cinq aéroports internationaux.

Police locale afghane (ALP)

Lancé en juillet 2010, le programme de police locale afghane est dirigé par le ministère afghan de l'Intérieur. Il est centré sur les villages et vient compléter les actions de contre-insurrection en ciblant les régions rurales où la présence des ANSF est limitée voire nulle, de manière à créer les conditions propices à une amélioration de la sécurité, de la gouvernance et du développement. Le programme ALP est en place dans les districts où la population locale a demandé une présence policière. L'ALP se compose de défenseurs locaux choisis par les communautés en question. Les États-Unis contribuent au programme ALP en mettant des fonds, des formateurs, des équipements et une assistance technique à la disposition du ministère afghan de l'Intérieur.

À l'heure actuelle, l'ALP compte environ 27 000 personnes travaillant dans 134 districts ayant fait l'objet d'une validation. Tout donne à penser que le programme ALP permettra d'atteindre l’objectif des 30 000 membres.

  • Mission OTAN de formation en Afghanistan (NTM-A)

    Au sommet de Strasbourg-Kehl, en avril 2009, les chefs d'État et de gouvernement des pays de l'OTAN ont décidé d'élargir le mandat de la FIAS à la supervision de la formation des cadres de l'ANA et des activités de formation et de mentorat de l'ANP. La NTM-A a été mise en place en novembre 2009 pour regrouper les activités de formation menées dans ce domaine par l'OTAN et par les pays.

    • Les tâches essentielles assignées à la NTM-A à sa création étaient, entre autres, la formation et le mentorat des forces de sécurité nationales afghanes, le soutien au socle de la formation institutionnelle de l'ANA, et la réforme de l'ANP au niveau des districts et plus localement. La NTM-A visait aussi à combler les lacunes de l'ANA pour ce qui est des capacités facilitatrices (notamment appui aérien rapproché, évacuation sanitaire et renseignement) au travers de programmes de type « formation des formateurs ».
    • Les activités de la NTM-A sont complémentaires de celles du Commandement interarmées de la FIAS (IJC), qui est responsable de la formation des unités des ANSF déployées, et ce au travers d'équipes de conseil et d'assistance. Au départ, il s'agissait des équipes de liaison et de mentorat opérationnels (OMLT) et des équipes de liaison et de mentorat opérationnels pour la police (POMLT). Celles-ci ont évolué progressivement pour devenir des équipes consultatives militaires (MAT) et des équipes consultatives de police (PAT), respectivement. L'ensemble des équipes sur place sont désormais appelées de façon générique « équipes d'assistance aux forces de sécurité (SFAT) ».
    • À mesure que les effectifs et les compétences des ANSF s’étoffaient, la NTM-A a été réorganisée, et ses fonctions s’exercent maintenant sous le commandement de l’IJC. Les forces de sécurité afghanes prenant désormais elles-mêmes en charge l’essentiel de leur formation, la NTM‑A a recentré son rôle sur le conseil au niveau ministériel.

    Objectif de croissance

    L'objectif fixé pour l'effectif total des ANSF est de 352 000 hommes, chiffre approuvé par le Comité permanent sur la sécurité du Conseil commun de coordination et de suivi en 2011. Cet objectif a été atteint.

    L'attrition continue cependant à poser problème. Réduire l'attrition est essentiel pour la viabilité à long terme des ANSF, en particulier s'agissant du maintien en service du personnel qualifié. Les responsables afghans de la sécurité se sont employés à remédier à ce problème, notamment en prenant des mesures pour empêcher les absences sans permission et en instaurant le programme spécial « navette congés » (SALT-P) pour permettre aux soldats de partir en congé plus facilement grâce des avions commerciaux et militaires spécialement affrétés à leur intention.

    Le maintien en puissance des ANSF après 2014 reste du ressort du gouvernement afghan et de la communauté internationale dans son ensemble. À la conférence internationale sur l'Afghanistan tenue à Bonn le 5 décembre 2011, la communauté internationale dans son ensemble a décidé de contribuer à la formation, à l'équipement, au financement et au développement capacitaire des ANSF après la période de transition. Au sommet de Chicago en mai 2012, les Alliés et leurs partenaires au sein de la FIAS ont réaffirmé qu’ils entendaient bien continuer à jouer leur rôle dans le soutien financier des ANSF après 2014.

    Une force représentative

    Plus de 2 500 femmes en uniforme occupent des postes dans les forces de sécurité nationales afghanes (plus de 700 dans l'ANA, plus de 50 dans l'AAF et plus de 1 700 dans l'ANP). Des efforts considérables ont aussi été faits pour mettre en place une armée inclusive dotée d'un cadre de militaires féminins et reflétant la composition ethnique globale du pays. Le ministère de la Défense a lancé une campagne de recrutement spéciale pour renforcer la participation des Pachtounes du sud, qui est en constante augmentation.

    Recrutement et habilitation

    Le recrutement de nouveaux soldats et policiers afghans se fait suivant une procédure d'habilitation stricte en huit étapes : une vérification d’identité, l'intervention de deux garants, une vérification des informations personnelles, une vérification des antécédents criminels, un cachet de vérification, un dépistage toxicologique, une visite médicale et une vérification des données personnelles (biométriques).

    Actuellement, un programme national est mené pour contrôler chaque membre des ANSF déjà en service en vue d'une confirmation de son habilitation. Tous les membres des ANSF repassent un contrôle à leur retour de congé.

    Plan de lutte contre l'infiltration

    Le 14 mars 2012, suite à une demande des ministres de la Défense des pays de l'OTAN, le Conseil de l'Atlantique Nord a entériné un plan destiné à réduire les risques d'attaques perpétrées par les ANSF contre la FIAS. Ce plan a été élaboré par le commandant de la FIAS en concertation avec ses homologues afghans, et il est à présent mis en œuvre.

    Il vise à renforcer les mesures de sécurité de la FIAS, à revoir et à améliorer les procédures d'habilitation et de suivi des ANSF, et à développer la formation aux spécificités culturelles à la fois pour la FIAS et les ANSF, le but étant de combler le fossé culturel.

    En coopération avec la FIAS, les ANSF ont également lancé plusieurs initiatives pour améliorer leurs procédures de recrutement, d'habilitation et de sélection. De plus, des agents de lutte contre l'infiltration ont été insérés dans les ANSF et les centres de formation pour surveiller le comportement des soldats afghans. Le but est essentiellement de renforcer l'aptitude au commandement et de s'assurer que les soldats et les policiers bénéficient de permissions adéquates et perçoivent régulièrement leur solde, que les armes sont dûment comptabilisées et que tous les membres des ANSF effectuent une visite médicale et un dépistage toxicologique.

  • Maintien en puissance des ANSF

    Depuis 2009, le fonds d'affectation spéciale de l'OTAN consacré à l'ANA est le principal mécanisme mis à la disposition de la communauté internationale pour assurer le soutien à long terme de l'ANA, tandis que le fonds d'affectation spéciale des Nations Unies pour l'ordre public en Afghanistan (LOTFA) reste le principal instrument pour le soutien de l'ANP.

    Fonds d'affectation spéciale de l'OTAN consacré à l'ANA

    Créé en 2007, le fonds d'affectation spéciale de l'OTAN consacré à l'ANA finance les activités suivantes :

    • le transport et l'installation des équipements donnés à l'ANA par les pays de la FIAS ;
    • l'acquisition, au profit de l'ANA, d'équipements et de services pour des projets de génie civil ;
    • des formations dans le pays et à l'étranger ;
    • le soutien à long terme de l'ANA. Le fonds d'affectation spéciale de l'OTAN consacré à l'ANA vient compléter les autres fonds d’affectation spéciale bilatéraux et multinationaux, qui apportent aux ANSF des contributions en espèces et en nature (dons de matériels). Le financement des ANSF par les États-Unis constitue l'initiative financière bilatérale la plus importante.

    En février 2014, les contributions reçues ou annoncées pour le fonds d'affectation spéciale de l'OTAN consacré à l'ANA s'élevaient à plus de 637 millions d’euros.

    Fonds d’affectation spéciale du Conseil OTAN-Russie (COR) pour la maintenance des hélicoptères

    Lancé en mars 2011, le fonds d'affectation spéciale du COR procure à l'armée de l'air afghane l'indispensable capacité de maintenance et de réparation de sa flotte d'hélicoptères, notamment grâce à la fourniture de pièces de rechange et à la formation de techniciens. En novembre 2013, une quarantaine de personnes avaient bénéficié de formations dans le cadre de ce projet. La deuxième phase du projet, lancée en avril 2013, permet notamment de diversifier les types d’hélicoptères concernés et d'appuyer la mise en place de capacités d'évacuation sanitaire au sein de l'armée de l'air afghane.