Déclaration

sur la réunion ministérielle du Conseil de l’Atlantique Nord<br />Président: Lord Carrington

  • 11 Jun. 1987 - 12 Jun. 1987
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  • Mis à jour le: 04 Nov. 2008 20:07

  1. Nous nous sommes réunis alors que l'évolution des relations Est-Ouest laisse entrevoir la possibilité de progrès réels, surtout dans le domaine de la maîtrise des armements. Nous nous félicitons de cette évolution et nous ferons en sorte qu'elle conduise à plus de sécurité et de stabilité. Nous décelons certains signes encourageants dans la politique intérieure et extérieure de l'Union soviétique. Nous estimons que le véritable critère d'évaluation des intentions des Soviétiques sera leur comportement dans tous les domaines, des droits de l'homme à la maîtrise des armements.

    Nous réaffirmons la valeur des principes complémentaires énoncés dans le rapport Harmel de 1967. L'existence d'un potentiel militaire adéquat et le maintien de la cohésion et de la solidarité de l'Alliance restent un fondement essentiel de notre politique de dialogue et de coopération qui vise à rendre progressivement plus stables et plus constructives les relations Est-Ouest.

  2. La persistance d'importants déséquilibres des moyens conventionnels, chimiques et nucléaires, et le renforcement constant de la puissance militaire soviétique sont toujours préoccupants. Nous réaffirmons, qu'il n'existe pas - à échéance prévisible - d'autre solution que l'approche adoptée par l'Alliance pour prévenir la guerre, c'est-à-dire la stratégie de dissuasion, fondée sur une combinaison appropriée de forces nucléaires et conventionnelles adéquates et efficaces, ces deux éléments étant indispensables. Cette stratégie continuera à reposer sur le lien entre la sécurité d'une Europe libre et celle de l'Amérique du Nord, dont les destinées sont indissociables. A ce titre, l'engagement nucléaire des Etats-Unis, la présence de forces nucléaires de ce pays en Europe 1 et le déploiement de forces du Canada et des Etats-Unis en Europe demeurent essentiels.
  3. La maîtrise des armements et le désarmement font partie intégrante de notre politique de sécurité; nous recherchons la conclusion d'accords de maîtrise des armements effectivement vérifiables, susceptibles de déboucher sur un équilibre plus stable et plus sûr à des niveaux de forces moins élevés.
  4. Nous rappelons l'importance primordiale que nous attachons à l'accomplissement de progrès rapides vers des réductions dans le domaine des armes nucléaires stratégiques. Nous nous félicitons donc de voir que les Etats-Unis et l'Union soviétique poursuivent aujourd'hui le même objectif, à savoir la réduction de 50% de leurs arsenaux stratégiques. Nous accueillons avec satisfaction la présentation par les Etats-Unis, à Genève, d'une proposition à cet effet et nous invitons instamment l'Union soviétique à y réagir de façon positive.

    Nous avons examiné l'état actuel des négociations que les Etats-Unis et l'Union soviétique mènent à Genève sur des systèmes défensifs et spatiaux, qui visent à prévenir une course aux armements dans l'espace et à renforcer la stabilité stratégique. Nous continuons à soutenir ces efforts.

  5. Nous prenons note de l'avancement des travaux de la Conférence du désarmement à Genève, qui a pour objectif l'interdiction générale des armes chimiques. Nous restons résolus à conclure rapidement un accord sur un traité complet, effectivement vérifiable, prévoyant, à l'échelle mondiale, la destruction de tous les stocks existants d'armes chimiques, dans un délai agréé, et l'interdiction de la production ultérieure de ces armes.
  6. Reconnaissant l'importance croissante de la stabilité conventionnelle, en particulier à un moment où des réductions significatives des arsenaux nucléaires paraissent possibles, nous rappelons les initiatives prévues dans les déclarations de Halifax et de Bruxelles pour obtenir un équilibre global et stable des forces conventionnelles qui se situe à des niveaux moins élevés et qui soit vérifiable. Nous rappelons également que des négociations sur la stabilité conventionnelle doivent s'accompagner de négociations entre les trente-cinq pays participant à la CSCE, qui exploitent et développent les mesures de confiance et de sécurité contenues dans l'Acte final d'Helsinki et l'Accord de Stockholm. Nous sommes convenus que les deux négociations futures en matière de sécurité devront s'inscrire dans le processus de la CSCE, étant entendu que les négociations sur la stabilité conventionnelle devront rester autonomes pour ce qui est de leur objet, de la participation et des procédures. Dans l'esprit de ces accords, nous avons pris les décisions nécessaires pour permettre au Groupe de travail de haut niveau sur la maîtrise des armements conventionnels, qui a été établi à la réunion ministérielle de Halifax, d'accélérer ses travaux sur les projets de mandat qui seront présentés à la CSCE et dans le cadre des entretiens concernant un mandat relatif à des négociations sur la stabilité conventionnelle, qui se tiennent actuellement à Vienne.
  7. Ayant examiné les progrès accomplis dans les négociations entre les Etats-Unis et l'Union soviétique visant à un accord sur les FNI, les Alliés concernés engagent l'URSS à renoncer à exiger le maintien d'une partie de ses SS-20 et réaffirment qu'ils souhaitent l'élimination de tous les missiles à longue portée basés à terre, ce qui correspond à un objectif que l'OTAN poursuit depuis longtemps.

    Ils souscrivent à l'élimination totale et effectivement vérifiable de tous les missiles des FNI américains et soviétiques à courte portée - c'est-à-dire de 500 à 1000 km - basés à terre, qui doit faire partie intégrante d'un accord sur les FNI.

    Ils considèrent qu'un accord sur les FNI ainsi conçu tiendrait une place importante dans un concept cohérent et global de maîtrise des armements et de désarmement qui, tout en respectant la doctrine alliée de la riposte graduée, prévoirait:

    • la conclusion, dans le cadre des négociations qui se déroulent actuellement à Genève, d'un accord portant sur une réduction de 50% des armements nucléaires offensifs stratégiques des Etats-Unis et de l'Union soviétique;
    • l'élimination totale des armes chimiques;
    • l'instauration de niveaux de forces conventionnelles stables et sûrs, par la suppression des disparités, dans l'ensemble de l'Europe;
    • parallèlement à l'établissement d'un équilibre des force conventionnelles et à l'élimination totale des armes chimiques, des réductions sensibles et vérifiables des systèmes américains et soviétiques de missiles nucléaires à courte portée basés à terre, devant conduire à des plafonds égaux.
  8. Nous 2 avons chargé le Conseil de l'Atlantique Nord en session permanente d'étudier, avec la collaboration des autorités militaires compétentes, la manière de poursuivre la mise au point d'un concept global de maîtrise des armements et de désarmement. L'Alliance rencontre, dans le domaine de la maîtrise des armements, des problèmes complexes et interdépendants qu'elle doit évaluer simultanément, en tenant compte du progrès général des négociations sur la maîtrise des armements dont il est question ci-dessus, ainsi que des impératifs de sécurité de l'Alliance et de sa stratégie de dissuasion.
  9. Recherchant toutes les possibilités de nouer un dialogue de plus en plus large et constructif, qui fasse droit aux préoccupations des peuples à l'Est comme à l'Ouest, et fermement convaincus que les moyens militaires ne peuvent, à eux seuls, créer les conditions de stabilité propres à garantir la paix et la sécurité en Europe, nous attachons une grande importance au processus de la CSCE. Nous sommes donc déterminés à tirer parti de toutes les ressources qu'offre la réunion de Vienne sur les suites de cette Conférence.

    La mise en intégrale de toutes les dispositions agréées par les trente-cinq Etats participant au processus de la CSCE, en particulier dans le domaine des droits de l'homme et des contacts entre les personnes, demeure l'objectif fondamental de l'Alliance et est essentielle au développement fructueux des relations Est-Ouest dans tous les domaines. Rappelant nos propositions constructives, nous poursuivrons nos efforts tendant à convaincre les pays de l'Est de tenir leurs engagements.

    Nous continuerons à faire en sorte que cette Conférence débouche, en temps voulu, sur des résultats substantiels.

  10. Ceux d'entre nous qui participent aux pourparlers sur les MBFR réaffirment qu'ils souhaitent parvenir à un accord significatif prévoyant des réductions, des limitations et une vérification efficace, et ils appellent les pays participants du Pacte de Varsovie à donner une réponse positive aux propositions très importantes que l'Ouest a faites en décembre 1985 et à adopter une attitude plus constructive dans les négociations.
  11. A l'occasion de la célébration du 750e anniversaire de Berlin, nous signalons notre solidarité avec cette ville qui continue à jouer un rôle important dans les relations Est-Ouest. L'amélioration concrète des relations interallemandes devrait bénéficier en particulier aux Berlinois.
  12. Il y a juste quarante ans, M. George Marshall, Secrétaire d'Etat des Etats-Unis, prononçait à Harvard un discours d'une grande hauteur de vues. Les valeurs fondamentales qu'il y exposait, que nous partageons tous et qui devaient se traduire dans le plan Marshall, demeurent aussi essentielles qu'elles l'étaient alors.
  13. Nous condamnons à nouveau le terrorisme sous toutes ses formes. Réaffirmant que nous sommes résolus à le combattre, nous estimons qu'une étroite coopération internationale est un moyen essentiel d'éliminer ce fléau.
  14. L'appui de représentants parlementaires librement élus et, en dernier ressort, de l'opinion publique de nos pays contribue à renforcer notablement la cohésion de l'Alliance. Aussi soulignons-nous la grande importance du débat démocratique sur les problèmes intéressant l'Alliance et accueillons-nous avec satisfaction les échanges de vues sur ces sujets entre les parlementaires de nos pays, y compris au sein de l'Assemblée de l'Atlantique Nord.
  15. Nous exprimons notre gratitude au gouvernement de l'Islande, qui apporte une contribution si importante à la sécurité des approches maritimes septentrionales de l'Alliance, pour la cordiale hospitalité qu'il nous a offerte.
  16. La réunion du printemps de 1988 du Conseil de l'Atlantique Nord en session ministérielle se tiendra en Espagne, au mois de juin.
  1. La Grèce rappelle sa position sur les questions nucléaires.
  2. Dans ce contexte, la France a rappelé qu'elle n'était pas partie à la double décision de 1979 et qu'elle n'est donc pas engagée par ses suites ou ses implications.