L'OTAN et l'Iraq s'unissent pour lutter contre les engins explosifs improvisés qui sèment la mort

  • 11 Dec. 2013 -
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  • Mis à jour le: 18 Dec. 2013 14:36

L’Iraq fait face depuis des décennies au fléau des engins explosifs improvisés (EEI), qui tuent et blessent les populations civiles. En Iraq, la plupart des EEI sont fabriqués à partir de restes explosifs de guerre et d'explosifs artisanaux, et sont utilisés par les terroristes comme matières premières pour les bombes artisanales et les attentats suicide. Dans le cadre de son partenariat stratégique avec l'Iraq, l'OTAN soutient le gouvernement iraquien dans sa lutte contre les EEI.

« Les explosifs artisanaux représentent actuellement presque la totalité des engins explosifs improvisés en Irak, » indique le général Hadi Salman, directeur du Génie au ministère iraquien de la Défense. « Ils sont faciles à fabriquer, simples à utiliser et leur coût est minime. »  Selon le site Iraq Body Count1, 41 636 civils ont été tués par des explosifs entre le 20 mars 2003 et le 14 mars 2013.

Pour lutter efficacement contre ces engins, des experts en déminage du ministère iraquien de la Défense ont suivi un stage de formation des formateurs sur la lutte contre la menace liée aux explosifs artisanaux. Ce stage s'est déroulé en novembre 2013 au Centre d'excellence pour la neutralisation des explosifs et munitions, qui est accrédité par l'OTAN et implanté en Slovaquie.

Cette formation est la première activité avec l'Iraq financée au titre du programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité (SPS), un outil de partenariat essentiel à la coopération pratique et technique avec l'ensemble des partenaires de l'Alliance. Elle illustre l'engagement continu de l'OTAN dans le cadre de son partenariat avec l'Iraq après la fin de la mission OTAN de formation en Iraq, en décembre 2011.

Identifier les précurseurs

Le commandant Balasim Mohammed Mosbih Aljanaby est un officier du Génie en poste à Bagdad. Son travail quotidien consiste à désamorcer des voitures piégées, des ceintures d'explosifs et des EEI. Aux côtés de 13 de ses collègues (des démineurs, des commandants et des officiers d’état-major des forces armées iraquiennes), le commandant Aljanaby a suivi la formation pour perfectionner ses capacités techniques.

« En améliorant nos connaissances, notamment sur les explosifs artisanaux, qui sont largement utilisés par les terroristes dans notre pays, nous pourrons sauver des vies, » dit le commandant Aljanaby.

« Ce stage a pour objectif de former les forces de sécurité iraquiennes sur les fondamentaux en matière d’identification des précurseurs qui sont régulièrement utilisés dans le processus de fabrication des explosifs artisanaux » explique Jaroslav Bieleny, directeur du Centre d'excellence OTAN pour la neutralisation des explosifs et munitions. La formation met l'accent sur la nécessité de bien connaître les matériels et les laboratoires clandestins servant à fabriquer les explosifs artisanaux, dans toute leur diversité.

« Apprendre à identifier les précurseurs entrant dans la fabrication des explosifs artisanaux nous aidera pendant notre enquête sur les lieux de l'incident et nous permettra de maîtriser la manipulation de ces substances, » ajoute le commandant Aljanaby.

Certains de ces mêmes précurseurs ont été utilisés par le jeune Nigérian affilié à Al-Qaida qui a tenté de faire exploser le vol de Northwest Airlines, entre Amsterdam et Detroit, en cachant des explosifs dans son slip le jour de Noël 2009.

Il avait utilisé un composé de la famille de la nitroglycérine. Il détenait également une seringue qui contenait un liquide chimique qui, mélangé à la poudre, devait provoquer l'explosion. Heureusement, le dispositif n'a pas explosé.

Partager les connaissances

De retour au pays, les forces de sécurité iraquiennes peuvent dès à présent concevoir leur propre programme de formation à la lutte contre les explosifs artisanaux. Celui-ci sera intégré dans leur programme national d’élimination des munitions explosives non explosées et renforcera leur capacité de lutte contre le terrorisme.

« L'OTAN apporte une contribution significative aux efforts de l'Iraq ainsi qu'aux initiatives mondiales de lutte contre les EEI, qui sont constamment employés par les groupes terroristes en Iraq et dans le monde, » dit M. Eyüp Kuntay Turmus, conseiller SPS à l'OTAN.

Détruire les mines et les munitions explosives non explosées

« Le déminage et l'élimination des munitions explosives non explosées sont d'autres domaines qui pourraient être intégrés au programme SPS car l'Iraq est l'un des pays les plus touchés au monde par ce fléau » poursuit M. Turmus.

Selon les données de l'ONU, le territoire contaminé par les mines en Irak représente une superficie de 1 730 kilomètres carrés, et environ 1,6 million de personnes sont touchées. « D'après le Génie iraquien, il y aurait 12 à 15 millions de mines sur la seule frontière avec l'Iran, mais au total, la quantité de munitions explosives non explosées serait énorme (plus de 50 millions à en croire certaines estimations), même si aucun rapport n'en fait mention »  indique le général Salman.

Cette question est en outre importante sur le plan de la lutte contre les EEI car les munitions explosives non explosées peuvent être démantelées et intégrées dans des EEI placés en bord de route. Éliminer le problème posé par les munitions explosives non explosées est donc une bonne mesure préventive de la lutte contre les menaces EEI.

1. http://www.iraqbodycount.org/analysis/numbers/ten-years/