Pourquoi nous devons investir dans la défense
Sous l'effet de la crise économique, les dépenses de défense se contractent dans l'ensemble des pays de l'Alliance. Pourtant, la liberté, la sécurité et la stabilité ont un prix. La stabilité nécessaire à une croissance économique durable passe en effet par l'investissement de défense. Dans un environnement de sécurité incertain, l'OTAN doit disposer des forces et des capacités nécessaires pour assurer la dissuasion et la défense contre toute menace, et pour jouer un rôle influent dans les événements internationaux. Elle n'a pas d'autre choix pour continuer de protéger les intérêts de sécurité vitaux de ses membres, et pour promouvoir et défendre les valeurs fondamentales sur lesquelles repose notre Alliance.
« La crise économique a eu de profondes répercussions sur nos dépenses de défense », a déclaré le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, à l'occasion d'une réunion de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN tenue le 12 novembre à Prague (République tchèque). « Par rapport à 2009, les dépenses de défense totales des Alliés ont reculé l'an dernier de plus de 56 milliards de dollars en termes réels. »
Il était inévitable que la crise économique, s'aggravant, ait un impact sur les dépenses de défense, car les gouvernements confrontés à un ralentissement ou à une atonie de la croissance, à une hausse du chômage et à un alourdissement de la charge de la dette ont dû faire face à un conflit de priorités. La perspective de l'évolution de l'opération militaire menée par l'OTAN en Afghanistan vers une mission de formation à la fin 2014 ajoute au risque que l'attention et les ressources continuent d'être détournées des investissements de défense durables. M. Rasmussen a insisté sur la nécessité de renouer avec l'investissement de défense, dès lors que les conditions seront réunies : « Nous avons besoin d'un redressement économique et, forts de cette reprise, d'un redressement dans le secteur de la défense. »
La sécurité : une condition préalable à la stabilité et à la croissance
Pendant plus de 60 ans, l'OTAN a été un pilier de stabilité et de sécurité. Après la Deuxième Guerre mondiale et durant la Guerre froide, l'attachement des Alliés à la défense collective a contribué au maintien d'un environnement sûr, et à la création des conditions nécessaires à la croissance économique.
À la fin de la Guerre froide, la garantie de sécurité de l'OTAN s'est encore étendue. La participation de nouveaux pays au Partenariat pour la paix et les perspectives d'adhésion à l'OTAN ont contribué à renforcer la sécurité régionale en Europe centrale et orientale. Cela a favorisé l'émergence d'un climat propice à l'ouverture et à la coopération économiques et, partant, à la croissance et à la stabilité dans les économies en transition.
La sécurité est indissociable du bien‑être économique. Investir dans la défense permet de protéger les infrastructures critiques et les activités économiques vitales que sont le commerce, les échanges et l'investissement. C'est aussi un moyen de garantir la circulation des ressources énergétiques essentielles, ou autres, ainsi que la communication économique et stratégique indispensable. Il importe donc que l'Europe continue, aux côtés des États‑Unis et du Canada, d'investir dans la sécurité dure, qui sera un gage de stabilité et de croissance à l'avenir.
Être présent et prêt
Nul ne peut tenir la sécurité pour acquise. On ne peut faire face aux menaces qui pèsent sur la sécurité au xxie siècle, comme la prolifération des armes de destruction massive, le terrorisme international, les conflits régionaux, les États défaillants et les cyberattaques, que par une action cohérente et coordonnée.
Étant donné la pression exercée sur les ressources, il est essentiel que l'OTAN adopte des approches multinationales pour le développement des forces et des capacités nécessaires si elle veut garder l'avantage.
L'OTAN est déjà bien engagée sur cette voie. L'initiative de défense intelligente permettra à l'Alliance de créer les capacités de défense modernes dont elle a besoin par la coopération multinationale, en mettant l'accent sur la mutualisation et le partage, la priorisation et la spécialisation. L'initiative d'interconnexion des forces, pour sa part, porte surtout sur le développement de l'efficacité opérationnelle des forces par le renforcement des approches multinationales pour l'entraînement, la formation et les exercices.
« Au sommet de Chicago en mai, nous nous sommes fixé l'objectif suivant : « Les forces de l'OTAN à l'horizon 2020 » – c'est‑à‑dire des forces qui soient plus compétentes, plus compatibles et plus complémentaires. Et nous pouvons y arriver grâce à la défense intelligente et à l'initiative d'interconnexion des forces – si elles sont accompagnées de la volonté politique nécessaire », a déclaré le secrétaire général de l'OTAN.
Partager le fardeau
Au‑delà de la baisse générale des dépenses de défense, un problème particulièrement préoccupant est celui des disparités en matière de dépenses de défense et de capacité militaire entre les Alliés européens, d'une part, et entre les Alliés européens et les États‑Unis, d'autre part.
« L'année dernière, seuls deux des Alliés européens ont consacré plus de 2 % de leur produit intérieur brut à la défense. Quatre y ont consacré moins de 1 % », a expliqué M. Rasmussen. « C'est inquiétant. Et les chiffres révèlent une autre tendance inquiétante. Depuis 1991, la part hors États‑Unis du montant total des dépenses de défense de l'OTAN est tombée de 35 % à 23 % ».
« Ce fossé transatlantique grandissant est intenable », a‑t‑il souligné. « Il fragilise le principe de solidarité cher à l'Alliance. L’OTAN repose sur le partage. Les Alliés partagent les risques et les responsabilités, tout comme ils partagent les avantages sur le plan de la sécurité. »
Pendant ce temps, les investissements de défense dans les grandes puissances émergentes ou en voie de redressement sont en hausse. « D'ici 2015, la Chine dépensera plus que les huit grands Alliés européens réunis. Et la Russie compte doubler son budget de défense, qui passerait ainsi de 3 % à 6 % de son produit intérieur brut, au cours des dix prochaines années », a fait observer le secrétaire général. Même si ces puissances ne représentent pas une menace directe pour l'OTAN, les Alliés verront leur influence diminuer sur la scène internationale s'ils continuent à réduire leurs investissements dans le secteur de la défense.
« Notre Alliance a bien résisté à l’épreuve du temps, dans les périodes fastes comme dans les moments plus difficiles », a déclaré le secrétaire général. « Malgré les difficultés économiques actuelles, elle reste le cadre qui permet aux Alliés d'obtenir ensemble une bien plus grande sécurité que celle qu'ils obtiendraient individuellement. Voilà pourquoi notre Alliance doit rester forte. »