À la KFOR, les questions de genre gagnent du terrain

  • 17 May. 2011 -
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  • Mis à jour le: 26 May. 2011 11:15

Assise au premier rang, en treillis et chaussures montantes, écoutant attentivement un exposé fait par des enfants, la lieutenante-colonelle Ivette Galarza ne passe pas inaperçue. Non seulement en raison de sa tenue vestimentaire, ou de sa nationalité américaine, mais surtout parce qu'elle est une femme. Pour la plupart des enfants et de leurs mères présents aux festivités organisées à l'occasion de la Journée internationale de la Femme au Centre de la femme et de l'enfant à Pristina, elle est l'une des rares femmes soldats avec lesquelles ils ont des contacts.

En sa qualité de toute première conseillère pour les questions de genre au sein de la Force pour le Kosovo (KFOR), la lieutenante-colonelle Galarza, 46 ans, représente un changement radical dans les politiques d'engagement de la KFOR. Occupant cette fonction depuis quelques mois, elle a profité des festivités de la Journée internationale de la femme pour renforcer les contacts de la KFOR avec les femmes et les enfants de la région.

« Je pense qu'en tant que femme soldat, j'ai été considérée de manière très positive, du fait que nous apportons un soutien à cette communauté et parce que les membres de cette communauté nous considèrent comme des modèles, » dit-elle. « Parmi les femmes et les enfants, certains étaient impressionnés et curieux de voir une femme en uniforme, et d'autres ont montré qu'ils étaient heureux de notre présence ».

Faire face au sexisme

Le nouveau rôle de la lieutenante-colonelle Galarza est similaire à celui de conseiller pour les questions de genre créé récemment au sein de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan. Cela témoigne de l'attachement de l'Alliance à la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui vise notamment à promouvoir le rôle des femmes dans les opérations dirigées par l'OTAN.

Cette résolution historique, qui reconnaît que les guerres et les conflits ont des effets disproportionnés sur les femmes et les enfants, a été adoptée en octobre 2000. Elle appelle à mettre un terme à l’inégalité historique entre hommes et femmes pour ce qui est de la participation à l'instauration de la paix et à la protection des femmes dans les zones de guerre et de conflit.

« Il m'est arrivé, » explique la lieutenante-colonelle Galarza, « de rencontrer des collègues hommes sexistes, qui ne me voyaient pas comme soldat ou décideur, mais uniquement comme femme… Mais ce n'est pas la règle générale, seules quelques personnes m'ont traitée de cette manière. »

Changer les mentalités

Modifier cette impression fait partie de son rôle au sein de la KFOR. Au moment où elle a pris ses fonctions, cela faisait dix mois que la lieutenante-colonelle Ivette Galarza était au Kosovo. Forte d'une expérience de 24 ans dans le domaine de l'égalité des chances au sein des forces armées américaines, elle estime être toute désignée pour faire avancer la dimension de de genre au sein de la KFOR.

Depuis qu'elle a commencé son travail en tant que conseillère pour les questions de genre, elle dit que de nombreux personnels civils et militaires sont venus lui demander en quoi consistaient ses responsabilités et qu'ils souhaitaient en savoir plus sur les liens entre son rôle et les opérations dirigées par l'OTAN. « Je me suis rendue compte que j'allais devoir commencer à partir de zéro, » explique-t-elle. « Ma stratégie a consisté à préparer un exposé sur la dimension de genre à l'intention des hauts responsables et du personnel clé. J'ai également créé un bulletin sur la dimension de genre, une brochure, un prospectus et des cartes à publier et à distribuer dans l'ensemble de la KFOR, » dit-elle, ajoutant que le soutien des hauts responsables est essentiel à sa réussite.

C'est la première fois que la KFOR a un conseiller pour les questions de genre. L'un des aspects les plus importants de son travail consiste donc à faire mieux connaître son poste et le rôle que la sensibilisation à la dimension de genre joue dans les opérations de l'OTAN.

« L'intégration de la dimension de genre doit s'inscrire dans le cadre d'une stratégie globale, notamment d'une planification opérationnelle et d'un processus d'exécution, » déclare le lieutenant-colonel Pierre Duchesne, du Commandement allié Opérations, au Grand Quartier général des Puissances alliées en Europe (SHAPE). « Outre le respect des principes généraux visant à éviter de nuire aux femmes et aux enfants, il s'agit de prendre en compte les effets des opérations et des programmes de développement, en particulier sur les femmes ».

L’amiral Giampaolo di Paola, président du comité militaire de l’OTAN, ne dit pas autre chose. « La dimension de genre devrait faire partie intégrante des activités de chaque division, de chaque opération - prévue ou en cours -, que ce soit sur le plan des ressources, du renseignement, du budget et des finances, » dit-il. « Cela devrait faire partie de la mentalité des gens, et devenir quelque chose de totalement normal ».

Grâce à un renforcement du soutien apporté par les hauts responsables, la lieutenante-colonelle Galarza dit espérer que ces informations seront ensuite intégrées dans les différents systèmes nationaux. « Je suis bien consciente que notre rôle se limite à encourager les pays à améliorer la parité hommes-femmes dans les opérations au plus haut niveau, mais si nous n'encourageons pas et ne favorisons pas la mise en application de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU, cela n'arrivera jamais ».