Cornemuse et développement des capacités
L’officier de liaison militaire de l’OTAN auprès de l’Union africaine nous fait partager ses expériences
En sa qualité d’officier de liaison de l’OTAN auprès de l’Union africaine (UA), le colonel Marc Forterre a effectué de nombreux voyages sur le continent africain, mais le fait de jouer de la cornemuse, à l’aéroport d’Addis Abeba, devant un agent des douanes éthiopiennes qui ne s’y attendait pas, constitue certainement l’expérience la plus particulière de sa carrière d’officier de liaison militaire de haut rang.
« La première chose que l’agent féminin des douanes a découverte dans ma malle était l’étui pour le fusil standard de l’armée française, que j’utilise habituellement pour y ranger ma cornemuse », raconte le colonel Forterre. Il explique que l’appareil à rayons X habituellement utilisé étant défectueux, il a été conduit à un entrepôt choisi au hasard où ses bagages ont été inspectés manuellement.
« La fonctionnaire est automatiquement passée d’une attitude ouverte et aimable à une attitude plus méfiante » raconte-t-il. Lorsqu’elle a ouvert l’étui et découvert les différents éléments de ma cornemuse, son regard s’est encore assombri. »
Dans une dernière tentative visant à écarter ce soupçon, le colonel Forterre, qui pratique la cornemuse avec enthousiasme, s’est mis à jouer un air pour prouver à l’agent des douanes confuse que son instrument n’était pas une arme.
« L’Afrique étant ce qu’elle est, la température était élevée, et l’ambiance était bruyante et colorée. » Le son produit par son instrument était si inhabituel que tout le monde a interrompu ses activités pour l’observer. « En l’espace de quelques instants, les gens ont commencé à pousser des acclamations, à applaudir et à danser. »
Son concert impromptu de dix minutes figure désormais parmi ses souvenirs les plus mémorables depuis qu’il a commencé à jouer cet instrument il y a vingt ans. Alors qu’il joue habituellement pour des amis ou à des occasions particulières, il a continué de pratiquer cet instrument depuis son arrivée en Éthiopie, où il a pris la direction d’une équipe de six agents de l’OTAN.
Sur un ton plus sérieux …
Après avoir passé 25 ans dans l’armée française et avoir également servi sous les couleurs de l’OTAN au Kosovo, le colonel Forterre a été muté du Commandement de forces interarmées (JFC) Lisbonne à Addis Abeba en octobre dernier, où il restera jusqu’en juillet 2011. Avant cette affectation, il a travaillé pendant deux ans au JFC Lisbonne en tant que membre de l’équipe OTAN chargée d’apporter un soutien à l’Union africaine.
L’Alliance aide l’Union africaine depuis 2005, et la Force africaine en attente depuis 2007, à développer des capacités de maintien de la paix à long terme.
« Le développement de capacités se réfère souvent à l’aide apportée à des entités, généralement aux sociétés dans les pays en voie de développement, qui ont un besoin de développer un certain savoir-faire ou une certaine compétence ou d’améliorer leurs performances en général », explique le colonel Forterre.
Bien que l’équipe de liaison OTAN-UA soit de petite taille, certains agents de l’OTAN sont ponctuellement envoyés en Éthiopie dans le cadre de missions temporaires pour coopérer avec l’Union africaine dans un certain nombre de domaines.
L’engagement de l’OTAN aux côtés de l’Union africaine ne se limite pas au développement de capacités. « L’OTAN fournit les compétences militaires dont l’UA a besoin pour mener ses opérations militaires », explique le colonel Forterre, qui détaille les activités menées par son équipe en ce qui concerne les ressources humaines et dans les domaines juridique et organisationnel.
« Il s’agit avant tout de comprendre et d’évaluer les besoins de l’Union africaine, et d’être en mesure de juger la manière dont l’OTAN peut utiliser ses propres capacités pour apporter l’aide appropriée », explique-t-il.
« Mon rôle de liaison constitue l’aspect le plus important ». Il ajoute que chaque membre de l’équipe doit être capable de communiquer et de promouvoir les compétences de l’OTAN et qu’il doit être en mesure d’écouter les gens et de comprendre leurs besoins.
Bien que l’équipe se soit bien intégrée dans la communauté locale, « l’aspect le plus difficile de cette mission et de toute autre, est d’être séparé aussi longtemps de ses proches. »
Soutien de l’OTAN à l’Union africaine
En 2005, l’Union africaine a demandé à l’OTAN de l’aider à réduire certaines des insuffisances essentielles de sa mission au Darfour (MUAS) en augmentant ses effectifs. L’Alliance a contribué à faire entrer au Darfour 32 000 des 45 000 soldats et véhicules de l’UA dans le cadre de la MUAS, et à les en faire sortir ensuite. Ce soutien a pris fin avec le transfert de la MUAS à la force hybride ONU/UA à la fin de 2007. Depuis, l’UA a formulé des demandes similaires d’assistance pratique.
« L’OTAN a cherché à garder un profil bas en apportant son soutien », explique Michel Soula, secrétaire général adjoint délégué par intérim de la Division Opérations de l’OTAN. « En dernière analyse, l’objectif principal de l’OTAN a toujours été d’encourager et d’appuyer des solutions africaines à des problèmes africains, et, par conséquent, son soutien à l’UA a été régi par le principe de l’appropriation africaine, l’assistance étant fournie exclusivement sur la base des demandes et des besoins formulés par l’UA. »
Le nouveau concept stratégique de l’OTAN souligne l’importance des partenariats que l’OTAN conclut avec de nombreux pays non membres ainsi qu’avec des organisations internationales et régionales, telles que l’Union africaine, dans le but de renforcer la sécurité internationale. Le mandat de soutien prendra fin en juin 2012.
« Actuellement, il y a un équilibre parfait entre ce que l’OTAN peut offrir et ce dont l’UA a besoin », ajoute M. Soula. L’OTAN a un certain avantage ainsi qu’une expérience et des compétences uniques dans le domaine du développement de capacités de maintien de la paix, ce qui est d’une grande utilité pour l’UA, qui cherche à développer ses propres capacités ».