Le secrétaire général délégué rend hommage aux porte-drapeaux de la cause "femmes, paix et sécurité"

Le deuxième prix de l'intégration de la dimension de genre jamais décerné par le siège de l'OTAN est attribué à la Division Investissement de défense

  • 12 May. 2020 -
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  • Mis à jour le: 29 May. 2020 15:41

À l’occasion de l’édition 2020 de la Journée internationale des femmes, l’équipe Femmes, paix et sécurité a organisé la deuxième cérémonie de remise du prix de l’intégration de la dimension de genre de l’OTAN. Ce prix est une marque de reconnaissance accordée à la division du Secrétariat international qui a fait le plus progresser l’intégration de la dimension de genre dans ses travaux. En outre, il salue les efforts des personnes dont le dévouement au service de l’intégration de la dimension de genre à l’OTAN mérite d’être reconnu. Le secrétaire général délégué de l’OTAN, Mircea Geoană, a aimablement accepté de présider la cérémonie et de remettre les récompenses.

Cette année, les mentions honorables ont été décernées à William Alberque, Diana DeVivo et Krisztian Meszaros. Merci à tous les quatre pour vos formidables contributions à cette lettre d'information !

Nous avons interviewé les lauréat(e)s de cette année et nous leur avons posé quelques questions pour en savoir plus sur l'intégration de la dimension de genre dans leur travail. Nous nous sommes entretenus avec Camille Grand, qui, en sa qualité de secrétaire général adjoint pour l'investissement de défense, s'exprimait au nom de la division lauréate. Camille, qu'avez vous fait, vous et votre équipe, pour la promotion de l'agenda « femmes, paix et sécurité » au sein de votre division ?

Camille: Même si au sein de la Division, nous avons bénéficié de l’engagement d’une petite équipe qui a joué un rôle déterminant dans nos efforts, la promotion de l’agenda FPS est l’affaire de tous. Je suis également convaincu que les responsables à tous les niveaux du siège et au-delà doivent s’engager de manière visible et sincère à accroître la sensibilisation et à maintenir ce point à l’ordre du jour par des actes et par des mesures concrètes. Le changement et les progrès ne sont pas automatiques - nous devons y travailler. En 2019, nous avons plus spécifiquement mis l’accent sur la manière de mettre en œuvre une politique de recrutement au niveau de la Division en examinant de plus près notre approche du recrutement du début à la fin, depuis le langage que nous utilisons dans les avis de vacance de poste jusqu’à la façon dont nous constituons les jurys en passant par lorganisation, pour toutes les personnes concernées, de formations sur les préjugés inconscients, afin d’améliorer la qualité et l’analyse de nos sélections et de nos entretiens. Il s’agit là d’un effort concerté qui vise à améliorer la manière dont nous recrutons et nous fidélisons un ensemble de collaborateurs plus diversifié. Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine, y compris dans notre division, mais nous avons instauré un état d’esprit et une approche qui intègrent la prise de conscience des préjugés sexistes tout au long du processus.

Comment votre bureau a-t-il intégré la dimension de genre dans ses politiques et ses activités en 2019 ? Pourriez-vous nous donner un ou deux exemples concrets ? Quelle différence cela a-t-il fait ou espérez-vous que cela fera à l'avenir ?

Camille: Avant tout, j’ai conscience d’avoir la chance d’être soutenu par une équipe FPS innovante et créative, dont l’approche positive, et nécessairement persévérante, nous a conduit à voir de manière beaucoup plus inclusive et plus honnête comment la Division peut aborder l’intégration de la dimension de genre dans nos activités. Nous avons lancé notre plan 2019 en prenant le temps, en tant que division, de mener une réflexion poussée sur l’impact des politiques genrées et de recueillir le point de vue de notre équipe afin d’envisager les changements qui auraient un réel impact à la fois au niveau de la Division et sur notre travail avec les pays et en leur nom.

Pour vous donner un exemple précis dont je suis fier, je citerai le lancement d'un travail avec la Conférence des directeurs nationaux des armements (CDNA) afin de considérer l'intégration de la dimension de genre dans le développement des capacités militaires. Mais pourquoi se tourner plus particulièrement vers la CDNA ? Ce n'était pas un choix évident, même pour la communauté de l'armement.

Eh bien, la CDNA, avec ses structures subordonnées, est franchement énorme ; elle compte plus de 100 structures différentes impliquant les pays membres et les pays partenaires de l'OTAN, qui donnent à l'Organisation sa profondeur technique en matière de développement capacitaire. Pour moi, si nous parvenons à nous mettre d'accord sur un ensemble de mesures concrètes pour intégrer plus systématiquement la dimension de genre dès le début du développement des capacités, nous aurons eu un impact significatif sur l'orientation donnée aux lignes de développement, y compris l'équipement, la formation, la doctrine et l'interopérabilité.

Cest important car trop souvent ce n'est qu'au stade du produit fini que nous nous demandons comment intégrer la dimension de genre, au lieu de tenir compte de 50 % de la population dès le départ ! Le cas des gilets pare-balles en était un exemple typique. Prendre en considération le genre au début du cycle capacitaire est une approche gagnant-gagnant pour toutes les parties prenantes et nous rendra plus efficaces et plus efficients en tant qu'Alliance.

Diana: Ces deux dernières années, la NCIA a lancé une série d'initiatives pour intégrer la dimension de genre dans toutes ses tâches et fonctions et pour inclure et ancrer l'agenda FPS dans l'ensemble de ses politiques, programmes et projets, l'accent étant mis sur la technologie, l'autonomisation des femmes et l'égalité des genres au sein de l'Agence. En conséquence, un « mouvement » d'agents du changement au sein de l'Agence, déterminés à faire la différence dans ce domaine, a vu le jour et la prise de conscience sur ces sujets s'est considérablement accrue. En 2019, nous avons mis en œuvre plusieurs projets pour faire avancer le programme FPS - depuis une interaction avec des écoles pour promouvoir les STEM (science, technologie, ingénierie, mathématiques) auprès des filles jusqu'à des petits-déjeuners de travail de haut niveau organisés régulièrement pour partager les bonnes pratiques et les enseignements tirés dans ce domaine avec d'autres organisations internationales, le secteur privé et le monde universitaire.

William: La maîtrise des armements a très souvent été perçue comme un domaine plus concerné par les aspects techniques que par les questions de politique et, en tant que tel, réservé à des hommes chevronnés (aux cheveux blancs). Je suis très conscient de ces caractéristiques du monde de la maîtrise des armements, mais je suis aussi extrêmement satisfait des efforts de l'OTAN. Nous nous efforçons d'intégrer la dimension de genre dans l'ADN de la maîtrise des armements. Laissez-moi vous donner un exemple précis.

Dès 2016, l'OTAN a élaboré - avec tous les acteurs internationaux concernés - des lignes directrices pour la prise en compte systématique de la dimension de genre dans les activités liées aux armes légères et de petit calibre, en s'attachant à fournir des conseils et des orientations clairs et complets aux décideurs, aux spécialistes sur le terrain et aux autres parties prenantes en matière d'intégration de la dimension de genre. En 2019, ces lignes directrices ont été révisées pour s'assurer qu'elles répondent aux besoins des défis de sécurité actuels et tiennent compte des résultats obtenus par rapport à l'agenda FPS. Nous élaborons également un plan de mise en œuvre clair avec des outils concrets pour leur application pratique (formation, etc.). Nous ne voulons pas que ces lignes directrices soient juste un document de plus dans les tiroirs. Permettez-moi de souligner qu'il ne s'agit pas d'un effort visant simplement à augmenter les chiffres. Ça va au-delà des chiffres. Avec cette démarche, nous voulons réfléchir aux hypothèses qui sous-tendent notre manière de travailler.

Krisztian: Au Cabinet, nous sommes dans une situation particulière - certains diraient privilégiée - car l'équipe Femmes, paix et sécurité fait partie du Bureau du secrétaire général. C'est donc Clare et ses collègues qui veillent à ce que les questions de genre, ainsi que des considérations plus larges de sécurité humaine, soient présentes dans notre travail. Clare fait partie du premier cercle de prise de décision du secrétaire général, elle participe aux réunions quasi quotidiennes du Cabinet, et elle est la première conseillère de notre direction pour toutes les questions de genre.

 

Le saviez-vous ?

Il y a 25 ans, des femmes du monde entier se sont rassemblées à Pékin pour la 4e Conférence mondiale sur les femmes. Cette conférence a abouti à un consensus international sur douze domaines préoccupants jugés essentiels pour atteindre légalité des genres dans le monde. Ces douze domaines préoccupants, y compris les femmes et les conflits armés, sont décrits dans le programme d'action de Beijing (BPfA) qui, avec la Convention de l'ONU sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, constitue le cadre juridique et politique international pour la promotion des droits des femmes, l'autonomisation des femmes et l'égalité des genres.

Cette année marque le 25e anniversaire du BPfA. Si l'événement organisé par l'ONU en mars 2020 a été considérablement réduit en raison de la pandémie de COVID-19, les délégations se sont réunies pendant une journée pour reconnaître quen dépit de certains progrès significatifs, il reste encore trop de lacunes à combler. La réunion a abouti à une déclaration politique réitérant l'engagement des participant(e)s en faveur des principes du programme d'action de Beijing et accélérant les mesures visant à atteindre l'égalité des genres.

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Cela étant, j'ai un rôle particulier au sein du Cabinet en tant que point de liaison pour les questions de genre. Je gère les portefeuilles « femmes, paix et sécurité » et « sécurité humaine », et je m'assure que les décisions pertinentes soient préparées à temps pour le secrétaire général, le secrétaire général délégué et le directeur du Cabinet. Je donne des avis à Clare et à son équipe sur la meilleure manière de procéder du point de vue du Cabinet. Et j'essaie de faire en sorte que toutes nos décisions soient prises en tenant compte de la dimension de genre.

Le meilleur exemple, et le plus récent, est la façon dont le secrétaire général a pris ses décisions quant au groupe qu'il a créé pour soutenir ses travaux sur le processus de réflexion visant à renforcer la dimension politique de l'OTAN. Dès le début des discussions, il a clairement indiqué qu'il voulait une parité hommes-femmes au sein du groupe, et pas seulement une représentativité géographique. Et il y est parvenu en composant un groupe de cinq femmes et cinq hommes venant de différents pays de l'Alliance.

Il est important de garder les questions de genre à l'esprit lors de toute décision et de se demander quel sera l'impact sur les hommes et les femmes. Nous faisons aussi beaucoup de travail de fond, comme les démarches que nous avons menées l'an dernier auprès des Alliés pour l'adoption d'une robuste politique sur la prévention de l'exploitation et des abus sexuels et sur les moyens d'y réagir.

Quels principaux défis avez-vous rencontrés pour l'intégration des questions de genre dans votre travail ? Pourriez-vous nous faire part d'une situation qui a été source de frustration, ou au contraire d'inspiration ?

Camille: Nous savons tous que faire avancer le débat sur les questions de genre n’est pas tâche facile. Pour moi, le plus grand défi est de savoir comment changer fondamentalement de perspective. Pour trop de gens et trop d’organisations, le concept d’intégration de la dimension de genre est une question mineure, que lon aborde dans un deuxième temps, plutôt qu’un élément qui aide à formuler la bonne réponse. Je pense que, lorsque nous aurons cassé ce genre d’habitude, les choses iront beaucoup mieux !

Pour ce qui est de l’inspiration, je mentionnerai le fait que les membres du personnel, même ceux et celles qui étaient sceptiques au départ, ont rapidement reconnu l’importance d’intégrer une dimension de genre dans leur travail et ont fait preuve d’une incroyable volonté de s’adapter et de promouvoir le changement.

Diana: Selon moi, le principal défi est que l’intégration des questions de genre dans la technologie est quelque chose de nouveau. Ce nest que maintenant que nous commençons à parler des préjugés sexistes potentiellement ancrés dans le développement de l’intelligence artificielle et de l’impact du big data/de l’apprentissage automatique sur les femmes, entre autres. Il y a encore beaucoup de choses à comprendre et de recherches à mener à ce sujet, mais c’est certainement un domaine qui doit être examiné. La frustration concerne en particulier le soutien plus large qui pourrait être apporté par les dirigeants et le manque de compréhension des enjeux FPS et des raisons pour lesquelles cette question est importante pour nous chez certains collègues, gestionnaires et responsables.

Tout au long de ce parcours, de nombreux moments nous ont inspirés, notamment lorsque nous avons eu le plaisir d’organiser un événement avec l’ancienne secrétaire générale déléguée de l’OTAN, Mme Rose Gottemoeller, qui a fait une intervention marquante sur l’intégration des questions de genre dans la technologie.

"En 2019, nous avons mis en œuvre plusieurs projets pour faire avancer le programme FPS - depuis les débuts d'une interaction avec des écoles pour promouvoir les STEM (science, technologie, ingénierie, mathématiques) auprès des filles jusqu'à des petits-déjeuners de travail de haut niveau organisés régulièrement pour partager les bonnes pratiques et les enseignements tirés dans ce domaine avec d'autres organisations internationales, le secteur privé et le monde universitaire. "

 

Le saviez-vous ?

l'OTAN, les conseillers et conseillères pour les questions de genre (GENAD) existent depuis un certain temps déjà. Nous avons adopté notre première politique sur la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU - qui a officiellement créé le programme pour les femmes, la paix et la sécurité - en 2007. Peu après, les autorités militaires de l'OTAN ont élaboré une directive (la directive 40-1 des deux SC) sur l'intégration de la dimension de genre dans la structure de commandement de l'OTAN, notamment par le recours à des GENAD qualifié(e)s et formé(e)s.

En 2009, l'OTAN a pour la première fois nommé des GENAD, auprès de la Force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan, du Commandement allié Transformation (ACT) à Norfolk, en Virginie, et du Commandement allié Opérations (ACO) à Mons, en Belgique. Depuis lors, des fonctions à plein temps ou à temps partiel de GENAD ont été créées dans de nombreux commandements de l'OTAN et dans toutes les opérations et les missions de l'Alliance.

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William: En 2000, la Force de stabilisation (SFOR) dirigée par l’OTAN, et plus tard l’EUFOR, ont commencé à mener des opérations Harvest en Bosnie-Herzégovine. Ces opérations comprenaient des campagnes médiatiques de collecte d’armes visant à encourager les gens à récupérer et à remettre les armes illégales de la région. Cependant ces campagnes ciblaient principalement les hommes, et beaucoup d’entre eux ne voulaient pas rendre leurs armes car ils les considéraient généralement comme un moyen de protéger leur famille. Les campagnes ont ensuite été réorientées et conçues pour cibler aussi les femmes, les informant des risques liés à la présence d’armes illégales à la maison, notamment pour les enfants. Et c’est ainsi que beaucoup plus d’armes illégales ont été récupérées et détruites.

Dans le même temps, cet exemple reflète les grands défis auxquels nous sommes encore confrontés : l’importance d’une participation significative des femmes à la formulation des politiques et à la prise de décision - dès le début du processus et non après coup, l’importance d’avoir des données ventilées par genre afin de mieux prendre la mesure de la situation actuelle en matière de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération des ADM et de s’éloigner des références anecdotiques, et l’importance d’un suivi systématique de la mise en œuvre et de l’évaluation des progrès réalisés.

Krisztian: Ce n’est sans doute pas une surprise, mais le principal défi est l’état d’esprit, de tout le monde, y compris moi. J'ai la chance de travailler avec une équipe très qualifiée et très compétente, mes collègues directeurs et directrices délégué(e)s du Cabinet. Nous testons nos idées les uns sur les autres, pour tous nos travaux. Et plusieurs fois nous nous sommes corrigés sur des questions liées à la dimension de genre, les préjugés et les stéréotypes. Cela m'a beaucoup servi dans mon travail, mais cela m'a aussi aidé à changer ma manière de voir les choses.

La rencontre de l'ancienne secrétaire générale déléguée (DSG), Rose Gottemoeller, avec un groupe d'étudiant(e)s en Géorgie, a été une grande source d'inspiration. Une étudiante était tellement intimidée qu'elle ne parvenait pas à aller au bout de la question qu'elle voulait poser à la DSG. Après la réunion, je me suis assuré qu'elle puisse poser sa question, en tête-à-tête, à Rose. Et celle-ci a aussi incité l'étudiante à ne jamais s'excuser de poser une question. Je crois vraiment que ce jour-là, Rose a changé le point de vue de cette étudiante sur la vie et sur ce qu'elle-même pouvait réaliser pour améliorer les choses.

Comment voyez l’avenir ? Quels seraient les signes d’une mise en œuvre réussie du programme FPS dans votre domaine de travail dans 5 ans ?

Camille: Tout d'abord, je suis personnellement très rassuré que l'OTAN prenne cette question au sérieux. Le vif soutien des Alliés et du secrétaire général, renforcé par des mesures pratiques, dans la conduite du programme FPS est un signe encourageant et une raison d'être optimiste. Mais quand on regarde l'ensemble de l'Organisation, on se rend compte que nous devons tous et toutes faire plus pour avancer ensemble dans cette direction et maintenir la pression pour que les choses changent. Si je devais me réveiller demain en 2025, j’espérerais voir un certain nombre de changements dans le développement capacitaire. Tout d'abord, et c'est une évidence, pour moi, le succès serait concrétisé par la présence d'un plus grand nombre de femmes dans des postes de direction à la Division Investissement de défense et autour de la table dans les comités soutenus par la Division. Et pas seulement des femmes, mais des femmes issues de milieux divers et sous-représentés.

L’actuelle proportion hommes-femmes dans les comités traitant d'investissement de défense est nettement inférieure à ce que nous pourrions espérer ; nous devons travailler ensemble pour faire évoluer la situation. Dans cinq ans, je me réjouirais à l'idée de participer à un autre fructueux forum OTAN-industrie avec une large représentation des genres et certainement pas avec des panels entièrement masculins !

Enfin, pour moi, la réussite signifierait également l'intégration dès le départ de politiques tenant compte de la dimension de genre dans tout ce qui touche au développement capacitaire, politiques qui seraient considérées non pas après coup ou traitées comme une contrainte bureaucratique supplémentaire, mais qui seraient véritablement intégrées.

Diana: Mon rêve serait que le pourcentage de femmes dans le secteur de la technologie augmente nettement. Nous avons besoin que les femmes se penchent sur ces questions, et nous avons besoin que les questions relatives aux femmes soient intégrées dans le développement des nouvelles technologies. Aujourd'hui, le pourcentage de femmes dans le cyber n’est que de 11 %. Il reste encore beaucoup à faire dans ce domaine.

Mon autre rêve serait de lier sécurité et développement grâce à la technologie et d'utiliser celle-ci pour autonomiser les femmes et les filles dans les pays en voie de développement. Je serais ravie de voir les entreprises technologiques de pointe s'impliquer davantage dans les efforts de renforcement des capacités et de développement à l'avenir, par exemple en enseignant le codage informatique aux filles en Afrique.

William: Nous avons mis en place des outils et des mécanismes ainsi qu'un impressionnant réseau de partenaires pour renforcer encore la prise en compte de la dimension de genre dans tous les aspects de notre travail, et en ce qui concerne les questions de maîtrise des armements, de désarmement et de non-prolifération (MADNP) c’est un chantier plutôt vaste. Dans mon domaine, je souhaite donc voir se renforcer notre détermination à intégrer davantage les femmes dans tous les aspects MADNP. Je voudrais que la dimension de genre soit au cœur de notre contribution aux questions MADNP - je voudrais voir des efforts ciblés pour accroître la sensibilisation à la dimension de genre et à la thématique MADNP, par la formation, le développement de cadres de sécurité et l'élaboration et la mise en œuvre de normes. Beaucoup dépend bien sûr du soutien des pays, car plusieurs de ces activités sont mises en œuvre à l'échelon national. Mais je suis convaincu qu'avec une orientation claire et le soutien des dirigeants, nous pouvons inverser les perceptions et faire en sorte que la communauté MADNP soit vraiment inclusive.

Je veux que les questions de genre figurent non plus dans les préambules ou les déclarations introductives mais bien dans les paragraphes clés des traités et des accords. La diversité et les différences de points de vue enrichissent les débats. Je voudrais voir une volonté consciente et authentique d'améliorer l'engagement et la participation des femmes dans les travaux sur les questions MADNP. C'est là une approche de bon sens qui débouchera sur des opinions et des travaux plus inclusifs, plus positifs et plus représentatifs.

Krisztian: Le véritable succès serait de parvenir à ce que toutes les politiques liées au programme «femmes, paix et sécurité», adoptées et à venir, soient pleinement mises en œuvre et financées, et quelles soient comprises par tous comme faisant partie du cœur de métier de l'OTAN. Et je pense que c'est ce vers quoi nous nous dirigeons. Je pense également que ce serait un succès si, dans cinq ans, nous considérions la dimension de genre comme tout aussi importante que les implications financières et médiatiques lorsqu'il s'agit de prendre des décisions et de faire des analyses et des évaluations. Pour que tout cela devienne réalité, je ne peux que souligner de nouveau l'importance de changer les mentalités, de faire des questions de genre une partie intégrante de nos réflexions sur tous les sujets que nous traitons, toutes les décisions que nous prenons.

William Alberque est le directeur du Centre pour la maîtrise des armements, le désarmement et la non-prolifération des ADM (ACDC) à la Division Affaires politiques et politique de sécurité. Diana DeVivo s’occupe de l’interaction avec les parties prenantes - communication stratégique et partenariats - au sein de l’Agence OTAN d’information et de communication ; Camille Grand est secrétaire général adjoint pour l’investissement de défense ; Krisztian Meszaros est directeur délégué au Cabinet du secrétaire général

Article tiré de l’édition du printemps 2020 du Bulletin FPS de l’OTAN. Téléchargez le numéro complet ici. (ENG / FRE)