Éviter un drame : l'OTAN et l'Ukraine détruisent les armes et les munitions vieillissantes
En Ukraine, des stocks excédentaires considérables d'armes légères et de petit calibre (ALPC) et des tonnes de munitions vieillissantes pourraient menacer la sécurité du public s'ils tombaient entre de mauvaises mains ou s'ils explosaient accidentellement. Mais avec l'aide de l'OTAN, l'Ukraine est en train de détruire ses stocks excédentaires, et, grâce à une assistance internationale, elle s'est engagée dans le projet de démilitarisation le plus important du monde. Une cérémonie tenue au siège de l'OTAN a marqué le lancement de la deuxième phase du projet, le 21 septembre 2011.
Un héritage dangereux
Au moment de son indépendance vis-à-vis de l'Union soviétique, en 1991, l'Ukraine a hérité d'un certain nombre de dépôts remplis de munitions et d'armes qui n'étaient plus nécessaires pour la défense du pays. À défaut d'un entretien et d'un stockage adéquats, les composants des munitions se dégradent et deviennent hautement instables.
Depuis octobre 2003, dix explosions imprévues ont été signalées dans des dépôts de munitions du pays. En 2003, une étincelle lors de travaux de soudure effectués près d'un dépôt à Artemivsk, dans la région de Donetsk, a déclenché une explosion qui a provoqué des dégâts s'élevant à environ huit millions d'euros.
L'année suivante, des explosions survenues dans un dépôt près de Melitopol, dans la région de Zaporojie, ont tué cinq personnes et en ont blessé beaucoup d'autres. Dans un rayon de trois kilomètres, mille cinq cents bâtiments ont été endommagés et près de 7 000 personnes ont été évacuées de la zone. D'après les estimations, le montant des dégâts se situait entre cinq cents millions et un milliard d'euros.
De telles explosions pourraient causer des ravages au-delà des frontières ukrainiennes et dévaster l'environnement, même au-delà des frontières. Ces nombreuses munitions, stockées dans des conditions médiocres, sont également une tentation pour les trafiquants d'armes, qui peuvent porter le danger beaucoup plus loin.
La coopération : un élément essentiel
Après la demande d'assistance formulée par l'Ukraine il y a près de dix ans, l'Alliance a lancé le plus important projet, à ce jour, relevant d'un fonds d'affectation spéciale. « L'Ukraine apprécie vivement l'aide que l'OTAN lui apporte pour régler ce problème, » a déclaré M. Victor Korendovych, chef adjoint de la Mission d'Ukraine auprès de l'OTAN, lors de la cérémonie de signature de la phase II. Il a ajouté que le projet aidait les Ukrainiens « à admettre l'intérêt d'une coopération avec l'OTAN. »
Depuis 2006, l'Alliance a aidé le pays à détruire 1 000 systèmes portatifs de défense aérienne (MANPADS), 15 000 tonnes de munitions conventionnelles (munitions d'armes de petit calibre, obus d'artillerie, armes à sous-munitions et obus de mortier, entre autres) et 400 000 armes légères et de petit calibre (ALPC).
Steve Costner, directeur adjoint du Bureau pour l'élimination et la réduction des armes (Département d’État américain), a indiqué que ce problème était bien connu aux plus hauts niveaux du gouvernement américain. En 2005, Barack Obama, alors sénateur, a effectué une visite dans les dépôts ukrainiens et observé le processus de destruction à l'œuvre.
[Grâce aux programmes de destruction d'armes], nous avons l'espoir de pouvoir commencer à exploiter nos ressources pour démanteler ces systèmes d'armes et créer un avenir plus pacifique et plus sûr pour le peuple ukrainien et pour tous les peuples du monde, » a déclaré le sénateur Obama au Chicago Tribune.
Renforcement de la capacité de démilitarisation
Estimée à 25 millions d'euros, la deuxième phase du projet vise à détruire 366 000 ALPC, 76 000 tonnes de munitions conventionnelles et 3 millions de mines terrestres antipersonnel PFM-1 (engins explosifs antipersonnel). En outre, 80 Ukrainiens environ seront recrutés dans les années à venir.
La destruction des munitions fait suite à un processus industriel qui recycle autant de matériaux que possible afin de compenser le coût du processus, explique M. Frédéric Peugeot, gestionnaire des projets relevant de fonds d'affectation spéciale à l'Agence OTAN d'entretien et d'approvisionnement (NAMSA), chargée d'exécuter le fonds. À ce jour, le projet a permis de recycler 7 500 tonnes de fer, de cuivre, de laiton, d'aluminium, d'explosifs et de poudre pour armes provenant de munitions, ainsi que 400 tonnes de fer provenant d'ALPC.
Par ailleurs, afin d'aider l'Ukraine à renforcer sa capacité de poursuivre la démilitarisation, l'OTAN a apporté son soutien à la mise en place d'une installation de destruction des ALPC en Ukraine occidentale ainsi que d'un incinérateur de déchets explosifs à Donetsk.
Tirer parti du succès des fonds d'affectation spéciale
En comptant les États-Unis qui font office de pays chef de file, 18 pays – plus l'Union européenne – ont contribué à la première phase du projet. À ce jour, les pays ayant contribué à la phase II sont les États-Unis et la Turquie. Le projet dans son ensemble vise à détruire 133 000 tonnes de munitions et 1,5 million d'ALPC en 4 phases.
Les pays participants de l'OTAN financent une grande partie des coûts de démilitarisation. L'Ukraine finance le reste au titre de son budget national et apporte des contributions en nature telles que la sécurité sur les sites de démilitarisation, des effectifs d'inspection, un soutien médical et des bureaux.
Les fonds d'affectation spéciale de l'OTAN permettent aux pays de mutualiser leurs ressources à l'appui des projets de démilitarisation et de réforme de la défense menés dans les pays partenaires. Il s'agit du deuxième projet relevant d'un fonds d'affectation spéciale de l'OTAN mené en Ukraine. Le premier, achevé en mai 2003, a permis la destruction de plus de 400 000 mines terrestres antipersonnel interdites par la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel.