Explications sur les zones d’exclusion aérienne

  • 01 Apr. 2011 -
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  • Mis à jour le: 07 Apr. 2011 16:37

Le colonel Geoff Booth, qui a pris part à l’application de la zone d’exclusion aérienne au dessus de la Bosnie-Herzégovine dans les années 1990, explique ce que l’on attend d’un équipage aérien menant ce type d’opération.

Français/French IS2011-6002-082 22 mars 2011 Trapani, Italie  De retour d'une misison, un CF-188 Hornet du 425e Escadron tactique de chasse de Bagotville est immobilisé et inspecté par des techniciens, à Trapani en Italie, le 22 mars 2011.  Les Forces Canadiennes utiliseront six chasseurs CF-188 Hornet afin de participer à la mise en oeuvre de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies 1973 (2011). Cette contribution augmente le soutien fournis par le Navire Canadien de Sa Majesté Charlottetown qui est déployé dans la mer Méditerranée avec le 1er Groupe de la flotte navale permanente de l'OTAN.  Le 425e Escadron d'appui tactique de chasse fait partie intégrante de NORAD ainsi que de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN). En temps de paix, des chasseurs de l'escadron assurent la surveillance constante de la côte Est du Canada. De plus, l'escadron doit se tenir prêt à se déployer rapidement à l'échelle mondiale afin de supporter les activités de contingence ou de l'OTAN.  Crédit photo : Caporal Marc-Andre Gaudreault, Caméra de Combat des Forces Canadiennes © 2011, DND-MDN Canada

« Il n’y aura jamais deux opérations similaires, » explique le colonel Booth, « c’est pourquoi vous devez analyser la situation afin d’élaborer un plan ; l’élément essentiel à retenir, c’est qu’en fait, vous contrôlez l’espace aérien d’un autre pays sans sa permission.

Les questions qui se posent sont les suivantes : quelle est la menace ? quelle est la superficie de la zone à contrôler ? en quoi consiste notre mission ? autrement dit, quels appareils devons-nous intercepter ?

Il s’agit presque certainement d’une opération menée 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et qui nécessite donc des ressources importantes. Vous devez alors vous poser la question suivante : quel est le rapport entre les ressources nécessaires et les ressources disponibles ?

Il existe des besoins dans les domaines suivants : surveillance, renseignement, aéronefs tactiques pour des missions air-air et éventuellement air-sol, bases pouvant accueillir des porte-avions, commandement et contrôle, ravitaillement en vol (il s’agit d’un « multiplicateur de forces », car il permet à des aéronefs tactiques de rester sur l’objectif beaucoup plus longtemps), directives du commandant et règles d’engagement claires. »

Quelle sont les tâches habituelles ?

Celles-ci varient en fonction du moment où le contingent ou l’escadrille exécutent l’ordre de mission aérienne (programme de vol opérationnel). Elles dépendent également de la capacité : par exemple, s’agit-il d’une opération de jour uniquement, de jour/de nuit, par temps clair, tout temps ? En d’autres termes, un équipage aérien peut souvent être envoyé en mission à toute heure du jour ou de la nuit.

La préparation de la mission commence quatre heures environ avant le décollage par une série de briefings, notamment :

  • point de situation ;
  • renseignements disponibles ;
  • détails de la mission en fonction de la météorologie (par exemple, où se trouvent les aéronefs d’appui ?);
  • règles d’engagement ;
  • SPINS (instructions spéciales contenues dans l’ordre de mission aérienne) ;
  • procédures d’urgence, y compris en cas d’éjection au-dessus d’un territoire hostile

L’équipage aérien prépare ensuite son équipement personnel, qui comprend un gilet de survie en zone de combat, de l’eau et un peu de nourriture. Il se rend auprès de l’aéronef une heure environ avant le décollage et vérifie tous les systèmes et toutes les armes. Il est toujours nécessaire d’avoir un ou deux aéronefs de remplacement pour faire en sorte de pouvoir s’acquitter de toutes les tâches opérationnelles.

Il est essentiel de prendre en compte le personnel de soutien au sol qui intervient sur l’aéronef avant l’arrivée de l’équipage – ces personnes jouent un rôle essentiel dans l’équipe pour le lancement de l’opération.

Après le décollage, l’équipage doit normalement accomplir les tâches suivantes :

  • Procéder à un nouveau contrôle intégral de tous les systèmes afin de vérifier que tout va bien avant de pénétrer dans la zone des opérations ;
  • À l’entrée de la zone, contacter l’autorité de contrôle – probablement un AWACS –, qui fera un bref point de situation tactique ;
  • Une fois que l’on est en « feet dry », c’est-à-dire au-dessus d’un territoire hostile, il faut se tenir prêt à réagir à tout événement pouvant survenir. Si un aéronef pénètre dans la zone d’exclusion aérienne, il convient de déterminer s’il y est autorisé ou non, s’il est « hostile » ou s’il est simplement entré dans la zone d’exclusion aérienne par erreur ;
  • Utiliser tous les capteurs et assurer la connaissance de la situation, pour soi-même et pour tous autres acteurs – en particulier les AWACS ;
  • Réagir rapidement, faire savoir s’il est nécessaire d’obtenir la décision ou l’autorisation du commandant, faire face à tout ce qui peut se produire pendant un tour de garde ;
  • Rester à son poste jusqu’à ce que la relève arrive, faire appel au ravitaillement en vol si nécessaire. En règle générale, la durée sur objectif lors de l’opération DENY FLIGHT en Bosnie-Herzégovine était de 3 heures, soit une mission de 4 à 5 heures du début à la fin ;
  • Regagner la base en toute sécurité, ne pas se déconcentrer une fois que l’on est en « feet wet » – sur le chemin du retour – pour éviter de commettre des erreurs (dangereuses) ;
  • Remettre l’aéronef aux techniciens, et signaler les éventuels problèmes ou défaillances.

C’est à ce moment-là – et à ce moment-là seulement – que vous pouvez commencer à vous relaxer.