Le corps d’artillerie afghan fait son chemin dans la province du Helmand
En Afghanistan, les avancées se mesurent souvent en petits pas plutôt qu’en pas de géant. Ce mois ci, cependant, dans la ville de Gereshk (province du Helmand), les balbutiements du progrès ont cédé le pas à la cacophonie tonitruante des armes lourdes, le corps d’artillerie de la brigade 3/215 de l’armée nationale afghane (ANA) faisant en sorte que chacun mesure le chemin parcouru pour passer du statut d’une force en formation à celui d’une unité afghane forte et autonome.
ANA Artillery soldiers from 3/215 Brigade based at Artillery Hill in Gereshk, Helmand Province fire their big guns in support of an ANA-ANP led operation in the town, in conjunction with ISAF troops.
Une dizaine de soldats de l’ANA responsables des obusiers sur la bien nommée « colline de l’artillerie » ont passé ces derniers mois à collecter toutes les informations possibles auprès d’un groupe de mentors internationaux. Des Australiens, des Britanniques, des Danois et des Américains partagent leur camp, qui surplombe la rivière Helmand à Gereshk. Le camp jouit non seulement de points de vue véritablement splendides sur l’ensemble de la vallée, mais également d’une position stratégique au dessus d’une ville qui fourmille toujours d’insurgés, que les forces de sécurité nationales afghanes (ANSF) et les troupes de la FIAS sont déterminées à dominer.

Jusqu’à présent, les soldats afghans passaient leurs journées à prendre soin de leurs précieuses armes. À l’occasion, ils étaient appelés pour tirer des fusées éclairantes à l’appui des opérations menées sur le terrain par les forces afghanes et la FIAS, pour éclairer toute la campagne environnante afin d’empêcher les insurgés de se terrer.
Pourtant, ce mois-ci, le temps est venu pour ces troupes démontrer toutes leurs compétences à l’épreuve des tirs réels. Tandis que l’exercice commençait, l’effervescence était palpable dans les rangs.
« C’est l’épreuve de vérité pour eux », explique le commandant Mike Lynskey, officier britannique du régiment des Irish Guards, qui travaille depuis six mois avec la brigade 3/215 dans le cadre du groupe consultatif de la 3e brigade parachutiste. « C’est l’occasion pour eux de confirmer tout ce qu’ils ont appris, et de démontrer toutes leurs compétences », dit-il.
Compte tenu du coût d’un obus (£ 500, soit € 650/US $750 la pièce) et de la présence de milliers d’habitants dans la plaine en contrebas, il n’y avait pas de marge d’erreur possible.
Les canons de gros calibre eux-mêmes ont une cinquantaine d’années, et bien qu’ils soient « dorlotés », ils ont également leurs faiblesses. Au cours de l’exercice à tirs réels, l’une des armes s’est enrayée et un soldat afghan est arrivé en courant avec un maillet pour la réparer. Quoi qu’il ait pu faire, cela a marché, et l’exercice a pu reprendre. Mais l’équipe de pièce a pris la précaution de se retrancher derrière une barrière Hesco avant-souffle de tirer à nouveau à l’aide d’une corde.
« Nous n’en sommes encore qu’aux prémices », a déclaré le sergent Paul Challoner, conseiller britannique du Royal Horse Artillery, mais il était de toute évidence satisfait des progrès enregistrés. « Nous sommes encore en train d’effectuer certains réglages », nous dit il.

Une fois que les stocks de munitions des Afghans sont épuisés – toutes les munitions ayant atteint leur cible sans incident – les troupes danoises profitent de l’occasion pour démontrer leur maîtrise des mortiers.
La campagne en faveur de l’augmentation des effectifs des ANSF bat son plein. Des milliers de nouvelles recrues participent à des stages de formation, et des cérémonies de remise de diplômes pour policiers et militaires ont lieu presque chaque semaine dans l’ensemble de l’Afghanistan. Même s’il s’agit surtout de former suffisamment de personnes pour permettre au gouvernement afghan de faire une véritable démonstration de force, ces personnes devront prendre en charge toutes les fonctions accomplies actuellement par les soldats de la FIAS. Cela signifie que l’ANA a autant besoin d’experts que de fantassins. Après une formation de base, les combattants afghans ont la possibilité de se spécialiser dans des domaines tels que le génie de combat, la neutralisation de bombes, la logistique, les procédures médicales sur le terrain et l’artillerie.
Les mentors internationaux présents sur la « colline de l’artillerie » insistent sur le fait qu’il s’agit d’un travail en cours, qui en définitive préparera le terrain en vue du départ de toutes les troupes de la FIAS d’Afghanistan, même si les gens comme eux seront probablement les derniers à partir. Le lieutenant colonel australien Kane Mangin déclare : « Je pense qu’il faudra entre quatre et dix ans avant que les Afghans soient en mesure de se prendre entièrement en charge. »