La mission de la FIAS en Afghanistan (2001-2014)
L’OTAN a pris la direction de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan le 11 août 2003. Créée en vertu d'un mandat de l'ONU, la FIAS avait pour objectif premier d'aider le gouvernement afghan à assurer efficacement la sécurité dans tout le pays et à mettre en place de nouvelles forces de sécurité pour faire en sorte que l’Afghanistan ne redevienne plus jamais un sanctuaire pour les terroristes. À partir de 2011, la responsabilité de la sécurité a progressivement été transférée aux forces afghanes, qui ont pris la direction des opérations de sécurité dans l’ensemble du pays à l'été 2013. Le processus de transition s'est achevé et les forces afghanes ont assumé l'entière responsabilité de la sécurité à la fin de l'année 2014, au terme de la mission de la FIAS. Une nouvelle mission « non combattante » de plus petit format (Resolute Support) a été lancée le 1er janvier 2015 dans le but de poursuivre les activités de formation, de conseil et d’assistance au profit des forces et des institutions de sécurité afghanes.
La FIAS a été l'une des plus grandes coalitions de l'histoire et c'est la mission la plus difficile menée par l'OTAN à ce jour. À son apogée, la force comptait plus de 130 000 hommes, provenant de 51 pays membres et partenaires de l'OTAN.
Déployée à l'origine pour assurer la sécurité dans la capitale, Kaboul, et aux environs, la FIAS a progressivement élargi son champ d'action jusqu’à couvrir la totalité du pays au second semestre de 2006. À mesure que la FIAS s'étendait à l'est et au sud, ses troupes ont dû livrer des combats de plus en plus intenses face à une insurrection grandissante, en 2007 et 2008, tout en contribuant à la reconstruction de l'Afghanistan. En 2009, une nouvelle contre-insurrection a été lancée, et 40 000 hommes supplémentaires ont été déployés.
La FIAS a apporté son concours au gouvernement afghan en aidant les forces de sécurité nationales afghanes (ANSF) à conduire des opérations de sécurité dans tout le pays, contribuant ainsi à amoindrir la capacité de l’insurrection.
L'une des priorités majeures de la FIAS était de renforcer les capacités et les compétences des forces afghanes. C'est devenu le but principal de la mission à partir de 2011, la responsabilité de la sécurité étant progressivement transférée aux Afghans et la mission de la FIAS évoluant d’un rôle de combat vers un rôle de formation, de conseil et d’assistance.
La force multinationale a également aidé à créer un environnement propice et les conditions de base nécessaires à une meilleure gouvernance et au développement socioéconomique, ouvrant la voie à une stabilité durable.
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Renforcement des capacités et transfert de responsabilité aux Afghans
La FIAS a apporté un soutien au gouvernement afghan et à la communauté internationale en matière de réforme du secteur de la sécurité, notamment en assurant le mentorat, la formation et le soutien opérationnel de l’armée nationale afghane (ANA) et de la police nationale afghane (ANP). L’objectif était de mettre sur pied des forces professionnelles, indépendantes et soutenables, qui soient en mesure de garantir la sécurité de la population afghane dans tout le pays. À cette fin, la mission OTAN de formation en Afghanistan (NTM-A) et le Commandement interarmées de la FIAS (IJC) ont uni leurs efforts et collaboré avec la Mission de police de l’Union européenne en Afghanistan (EUPOL Afghanistan) et divers acteurs nationaux de premier plan. La NTM-A a mis l’accent sur la formation des nouvelles recrues et sur la mise en place d’une capacité de formation institutionnelle au sein des ANSF, tandis que l’IJC se chargeait de prodiguer aux unités des ANSF constituées les conseils et l’assistance nécessaires à leur perfectionnement.
À mesure que les effectifs et les compétences des ANSF s'étoffaient, une transition progressive vers la prise en charge totale par les Afghans de leur sécurité a été lancée en juillet 2011, afin que les forces afghanes puissent assumer la pleine responsabilité de la sécurité dans tout le pays à la fin de 2014, un objectif fixé d'un commun accord avec le gouvernement afghan au sommet de l’OTAN à Lisbonne en 2010 et réaffirmé aux sommets de l’OTAN tenus à Chicago en 2012 et au pays de Galles en 2014.
En conséquence, le rôle de la FIAS a progressivement évolué, passant de la direction des opérations à un soutien visant à mettre les forces de sécurité afghanes en mesure de conduire elles-mêmes des opérations en parfaite autonomie. Ainsi, la mission de la FIAS a évolué d'une mission axée principalement sur le combat vers un rôle d'assistance aux forces de sécurité (SFA), axé sur la formation, le conseil et l'assistance au profit des partenaires afghans afin de les préparer à assumer pleinement leurs responsabilités en matière de sécurité à la fin de 2014.
À mesure que les ANSF s'approchaient de cet objectif, les forces de la FIAS se retiraient progressivement et prenaient le chemin du retour vers leurs bases d’attache. Ce désengagement s’est effectué de façon coordonnée, mesurée et graduelle, en fonction de la capacité des ANSF à gérer la situation sécuritaire. Une étape majeure a été franchie le 18 juin 2013, lorsque la cinquième et dernière tranche géographique de la transition a été annoncée par le gouvernement afghan. De ce fait, les ANSF ont pris la direction des opérations de sécurité dans tout le pays, étape critique de la transition vers la prise en charge totale de la sécurité par les Afghans à la fin de 2014.
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Appui aux travaux de reconstruction et de développement
La FIAS a également participé aux efforts de reconstruction et de développement de l’Afghanistan grâce à des équipes de reconstruction provinciales (PRT) multinationales – dirigées par divers pays de la FIAS – qui sécurisaient des zones dans lesquelles les travaux de reconstruction étaient effectués par des acteurs nationaux et internationaux. Lorsque les circonstances s'y prêtaient – dans le respect des priorités afghanes et en étroite coopération et coordination avec le gouvernement afghan et la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) – la FIAS a aussi apporté un appui concret aux travaux de reconstruction et de développement, ainsi qu'aux actions d'aide humanitaire menées par d’autres acteurs.
Les PRT ont aussi aidé les autorités afghanes à renforcer les institutions nécessaires à l'instauration progressive de la bonne gouvernance et de l’état de droit, ainsi qu’à la promotion des droits de l'homme. À cet égard, les PRT avaient pour mission principale de renforcer les capacités afghanes, de soutenir le développement des structures de gouvernance et de favoriser des conditions propices à l’amélioration de la gouvernance.
À la fin de 2014, toutes les PRT avaient progressivement disparu et leurs fonctions avaient été transférées au gouvernement afghan, aux acteurs de développement traditionnels, à des organisations non gouvernementales ou au secteur privé.
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Le mandat de la FIAS
Au départ, la FIAS a été déployée en 2001 en réponse à une demande d'assistance des autorités afghanes et en vertu d'un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU, qui autorisait la mise sur pied de la force pour aider le gouvernement afghan à maintenir la sécurité à Kaboul et dans les régions avoisinantes – en particulier pour permettre aux autorités afghanes et au personnel de l'ONU de travailler dans un environnement sûr.
À l'époque, l'opération était limitée à la zone de Kaboul, et son commandement était assuré à tour de rôle par les pays contribuant à la FIAS.
En août 2003, à la demande de l'ONU et du gouvernement de la République islamique d’Afghanistan, l'OTAN a pris le commandement de la FIAS. Peu de temps après, l'ONU autorisait la FIAS à étendre progressivement ses opérations en dehors de Kaboul.
Bien qu'elle ne fût pas à proprement parler une force des Nations Unies, la FIAS était une force internationale qui agissait en vertu d'un mandat de l'ONU, conformément aux dispositions du chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Dix-huit résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU concernaient la FIAS. Il s'agit des résolutions 1386, 1413, 1444, 1510, 1563, 1623, 1707, 1776, 1817, 1833, 1890, 1917, 1943, 2011, 2069, 2096, 2120 et 2145.
Un accord militaro-technique détaillé conclu entre le commandant de la FIAS et l'Autorité de transition afghane en janvier 2002 fournissait des directives supplémentaires pour les opérations de la FIAS.
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Origine et élargissement de la FIAS
La FIAS a été créée à l'issue de la Conférence de Bonn en décembre 2001. Les dirigeants de l'opposition afghane présents à cette conférence ont lancé le processus de reconstruction de leur pays en créant une nouvelle structure de gouvernement : l'Autorité de transition afghane. C’est à cette occasion qu’est né le concept d'une force internationale sous mandat de l’ONU qui aurait pour mission d'aider cette nouvelle Autorité de transition afghane, le but étant d’instaurer un environnement sûr à Kaboul et aux alentours et de soutenir le processus de reconstruction de l’Afghanistan.
Ces accords ont ouvert la voie à la création d'un partenariat à trois entre l'Autorité de transition afghane, la MANUA et la FIAS.
L'OTAN prend le commandement de la FIAS
C'est le 11 août 2003 que l'OTAN a pris la direction des opérations de la FIAS, mettant ainsi un terme aux rotations nationales de six mois. L'Alliance assurait dès lors le commandement, la coordination et la planification de la force, fournissant notamment le commandant de la force et un quartier général sur le terrain en Afghanistan.
Grâce à ce nouveau rôle joué par l'OTAN, il a été possible de résoudre le problème que représentait la recherche continuelle de nouveaux pays à même de prendre la tête de la mission, ainsi que les difficultés suscitées par la nécessité d'établir un nouveau quartier général tous les six mois dans un environnement complexe. Un quartier général OTAN permanent permet aussi aux petits pays, moins aptes à assumer une responsabilité de direction d'ensemble, de jouer un rôle important au sein d'un état-major multinational.
Extension de la présence de la FIAS en Afghanistan
À l'origine, le mandat de la FIAS consistait seulement à assurer la sécurité à Kaboul et aux environs. En octobre 2003, l’ONU a étendu le mandat de la FIAS à l'ensemble de l'Afghanistan (résolution 1510 du Conseil de sécurité), ouvrant la voie à l'extension de la mission à tout le pays.
- Phase 1 : vers le nord
En décembre 2003, le Conseil de l'Atlantique Nord a autorisé le Commandant suprême des forces alliées en Europe de l’époque, le général d’armée James Jones, à lancer l'élargissement de la FIAS en assumant le commandement de l'équipe de reconstruction provinciale (PRT) dirigée par l'Allemagne à Kunduz. Les huit autres PRT opérant en Afghanistan en 2003 demeuraient sous le commandement de l'opération Enduring Freedom, l'opération militaire que les États-Unis continuaient de diriger dans le pays.
Le 31 décembre 2003, la composante militaire de la PRT de Kunduz passait sous le commandement de la FIAS, à titre de projet pilote et de premier jalon de l'extension de la mission.
Six mois plus tard, le 28 juin 2004, les dirigeants alliés annonçaient, lors du sommet de l’Alliance à Istanbul, des plans visant à créer quatre PRT supplémentaires dans le nord du pays, à Mazar-i-Charif, Maimana, Faizabad et Baghlan.
Ce processus s'est achevé le 1er octobre 2004, marquant la fin de la première phase d'extension de la FIAS, dont la zone d'opérations couvrait alors environ 3 600 kilomètres carrés dans le nord du pays. La mission pouvait ainsi exercer une influence sur la sécurité dans neuf provinces septentrionales.
- Phase 2 : vers l'ouest
Le 10 février 2005, l'OTAN annonçait une nouvelle extension de la FIAS, vers l'ouest de l'Afghanistan.
Ce processus a commencé le 31 mai 2006, date à laquelle la FIAS a pris le commandement de deux nouvelles PRT, dans les provinces de Herat et de Farah, et d'une base de soutien avancée (une base logistique) à Herat.
Au début du mois de septembre, deux PRT supplémentaires dirigées par la FIAS devenaient opérationnelles dans l'ouest du pays, respectivement à Chagcharan, capitale de la province de Ghor, et à Qala-i-Naw, capitale de la province de Badghis, achevant ainsi l'extension de la FIAS vers l'ouest.
Avec cette extension de la mission, neuf PRT au total, dans le nord et l'ouest, apportaient une assistance en matière de sécurité sur 50 % du territoire afghan. L'Alliance a continué ses préparatifs en vue d'une nouvelle extension de la FIAS, vers le sud du pays.
En septembre 2005, l'Alliance déployait en outre, à titre temporaire, 2 000 hommes supplémentaires en Afghanistan, en vue d’apporter un soutien à l’occasion des élections provinciales et législatives du 18 septembre.
- Phase 3 : vers le sud
Le 8 décembre 2005, les ministres des Affaires étrangères des pays de l’Alliance ont entériné un plan ouvrant la voie à une nouvelle extension du rôle et de la présence de la FIAS en Afghanistan. Le premier élément de ce plan consistait en une extension de la mission de la FIAS vers le sud en 2006 – désignée sous le nom de phase 3.
Cette décision a été mise en œuvre le 31 juillet 2006, date à laquelle la FIAS a pris la relève du commandement de la région sud de l'Afghanistan, précédemment assuré par les forces de la coalition dirigée par les États-Unis, sa zone d'opérations couvrant alors six provinces supplémentaires – Daykondi, Helmand, Kandahar, Nimruz, Uruzgan et Zabul ; elle prenait en même temps le commandement de quatre PRT supplémentaires.
La FIAS commandait donc, au total, 13 PRT dans le nord, l'ouest et le sud, couvrant ainsi environ les trois quarts du territoire de l'Afghanistan.
Les effectifs de la FIAS présents dans le pays augmentaient aussi de façon significative, passant de quelque 10 000 hommes avant l'extension à environ 20 000 après.
- Phase 4 : la FIAS s'étend vers l'est, et assume la responsabilité de la totalité du pays
La phase finale de l'extension est intervenue le 5 octobre 2006 dans l’est de l’Afghanistan, lorsque la FIAS y a assumé le commandement des forces militaires internationales jusqu’alors subordonnées à la coalition dirigée par les États-Unis.
Non seulement le plan opérationnel révisé élargissait la zone d'opérations de l'Alliance, mais il ouvrait également la voie à un renforcement du rôle de la FIAS dans le pays, notamment sous la forme du déploiement d’équipes de formation et de mentorat auprès d'unités de l'armée nationale afghane à divers échelons de commandement.