Développer l’intégrité

Un projet du CPEA contribue à la lutte contre la corruption au sein des institutions de défense

  • 01 Apr. 2010 -
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  • Mis à jour le: 09 Apr. 2010 09:25

« Traduire le mot ‘intégrité’ en ukrainien est difficile », explique Nataliya Altyntseva, capitaine au sein du Service de sécurité ukrainien (SBU), qui achève un stage de perfectionnement professionnel spécial de six mois au siège de l’OTAN.

« L’intégrité a deux significations en français : d’une part, elle est synonyme d'honnêteté, et d’autre part, elle traduit la force ou la solidité. Il n’existe pas, dans la langue ukrainienne, de mot unique ayant ces deux significations, alors nous nous efforçons de faire comprendre le sens exact de ce mot à nos concitoyens », explique Nataliya. C’est ainsi que l’Initiative OTAN relative au développement de l’intégrité s’intitule buduvannya cilisnosti ta vyhovannya dobrochesnosti en ukrainien : littéralement, « renforcer l’unité indivisible et inculquer le principe de la vérité ».

Lancée en juillet 2008 dans le cadre plus large du plan d’action du Partenariat sur l’établissement d’institutions de défense, cette initiative vise à réduire la corruption au sein des institutions de défense, tant dans les pays membres que partenaires de l’Alliance.

Trois pays – la Pologne, la Suisse, le Royaume Uni – ont pris l’initiative de constituer un fonds d’affectation spéciale, qui permet de fournir un soutien pratique pour promouvoir la bonne gouvernance et les meilleures pratiques au sein des institutions de défense. Plus d’une douzaine de pays ont activement contribué à la première phase de ce fonds.

Les activités visant à réduire le risque de corruption au sein des institutions de défense sont menées en coopération avec l’organisation non gouvernementale Transparency International et avec un certain nombre de partenaires pour ce qui est de la mise en œuvre, notamment des Centres de formation du Partenariat pour la paix et des représentants de la société civile.

Lutter contre la corruption

La bonne gouvernance est une condition indispensable à la paix et à la stabilité, mais elle peut être sapée par la corruption. Le secteur de la défense, comme tous les autres secteurs, doit être responsable des ressources qui lui sont allouées. « L’argent provenant de la corruption se retrouve très souvent dans le commerce illicite, qu’il s’agisse d’êtres humains, d’armes ou de drogue », explique Huguette Labelle, présidente du conseil d’administration de Transparency Internantional. « Évidemment, ces phénomènes peuvent réellement déstabiliser des pays, causer des dégâts et créer une grande insécurité pour les populations ».

La transparence et la responsabilité sont particulièrement importantes au lendemain de la crise financière, estime Susan Pond, administrateur senior au sein de la Direction Économie de la défense et de la sécurité au siège de l’OTAN : « Étant donné la situation économique actuelle, il est d’autant plus important de veiller à ce que les ressources limitées soient employées efficacement pour développer les capacités de défense. La corruption sape la confiance du public et rend les forces de défense inefficaces ».

L’Initiative relative au développement de l’intégrité se fonde sur plusieurs principes, et tout d’abord sur l’idée que la situation de chaque pays lui est spécifique, et que les plans d’action visant à développer l’intégrité doivent être spécialement adaptés à un pays donné, en consultation avec le gouvernement de celui-ci.

De plus, les responsables politiques et militaires doivent adopter et promouvoir activement des procédures de lutte contre la corruption. Il faut adopter des règles anticorruption dans le cadre d’un code de conduite formel, et la mise en application effective d’un tel code nécessite souvent l’action d’un contrôleur déterminé et indépendant. Mais avant tout, les institutions de défense doivent faire de la transparence un principe fondamental.

Constituer des capacités

L’un des aspects importants du programme de travail de l’Initiative relative au développement de l’intégrité consiste à déployer des équipes mobiles d’experts pour aider les Partenaires et les Alliés à concevoir et à mettre en œuvre des plans nationaux d’intégrité.

Les avantages que procurent de telles activités compensent généralement le coût relativement faible d’une participation à des stages de formation. La baisse de la corruption contribue à améliorer l’efficacité militaire, la confiance du public vis-à-vis des forces armées et la légitimité des pouvoirs publics dans leur ensemble.

Plus de 200 représentants de pays membres du Conseil de partenariat euro-atlantique (CPEA) ont participé, au titre du développement de l’intégrité, à des activités relatives à la constitution de capacités dans les pays du CPEA et en Afghanistan. Le programme de travail actuel prévoit également des événements spécifiquement adaptés à des pays donnés, à l’image de la ‘Journée des hauts responsables’ que Nataliya a contribué à organiser en mai 2009 en Ukraine.

En décembre 2008, Nataliya a suivi un stage de formation pilote sur la corruption organisé à Sarajevo, où elle a rencontré des représentants de Transparency International, de l’OTAN et du Centre de Politique de Sécurité (Genève), et elle a été invitée à rejoindre l’équipe chargée de concevoir les futurs stages : « Lorsque vous rencontrez de vraies personnes, et qu’elles vous disent qu’il existe certains mécanismes qui fonctionnent, vous comprenez que ça fonctionne ».

Apprendre par la pratique

Nataliya a ensuite été sélectionnée pour suivre un stage au siège de l’OTAN : « Ces stages sur l’intégrité sont organisés et financés par le Royaume Uni » dans le cadre d’un effort global visant à encourager le perfectionnement professionnel des personnels du secteur de la sécurité en Ukraine. Transparency International propose des stages semblables sur l’intégrité.

Quelques mois après le début de son stage, Nataliya a présenté un exposé faisant le point sur l’Initiative relative au développement de l’intégrité devant des diplomates des pays membres et partenaires de l’Alliance, lors d’une réunion du CPEA. Parmi les objectifs du programme pour 2010-2012, elle a notamment relevé une conférence sur le développement de l’intégrité prévue à la US Naval Postgraduate School, à Monterey (Californie), plusieurs stages sur le développement de l’intégrité qui se tiendront en Norvège, en Turquie et dans d’autres lieux, ainsi que des journées pour les hauts responsables.

Nataliya, qui pourrait elle-même devenir une dirigeante de haut niveau, va retourner dans son pays mettre en application les connaissances acquises à l’OTAN : « Je suis certaine que mon expérience sera utile en Ukraine ». Peut-être aura-t-elle aussi l’occasion de partager avec d’autres ce qu’elle a appris.