Sauver des vies et des membres

  • 21 Dec. 2009 -
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  • Mis à jour le: 15 Jan. 2010 10:46

Dans le monde, les personnes vivant dans les anciennes zones de guerre risquent d’être tuées ou gravement blessées par des munitions non explosées et abandonnées. Pour traiter ce problème, la Jordanie bénéficie d’une aide dans le cadre de deux projets faisant appel à un fonds d’affectation spéciale parrainés par l’OTAN.

« Grâce à ces travaux, peut-être qu’il sera possible d’éviter les accidents comme celui dont j’ai été victime » explique Taha, qui a perdu ses deux jambes lorsqu’il avait seize ans. « Peut-être que ça n’arrivera pas à quelqu'un d'autre, ou à mes enfants. »

Taha a été mutilé il y a plusieurs années, alors qu'il travaillait dans l'atelier d'un forgeron à Zarqa, la deuxième plus grande ville de Jordanie. Les employés essayaient de récupérer le métal d’une bombe censée avoir été désamorcée, lorsque celle-ci a explosé, tuant deux personnes et en blessant une troisième.

Des milliers de Jordaniens comme Taha aimeraient pouvoir vivre dans un environnement plus sûr. Entre 1948 et 1975, le pays a connu plusieurs conflits qui ont laissé des restes explosifs de guerre éparpillés dans les campagnes et autour des villes, ce qui représente un risque important pour les communautés locales.

Il ne s’agit pas uniquement d’un problème pour la sécurité des personnes, mais aussi d’un problème économique : tant que ces munitions non explosées n’auront pas été retirées du sol, des centaines d’hectares ne pourront pas être utilisés en toute sécurité.

Renforcer les capacités

En décembre 2007, l’OTAN a lancé un projet faisant appel à un fonds d’affectation spéciale afin d’aider la Jordanie à se débarrasser de ces munitions dangereuses.

La première étape consistait à recenser les zones prioritaires en matière de risque. Une étude a été menée en coopération avec le Comité national jordanien de déminage et de réhabilitation (NCDR).

« Nous avons cent soixante-quatre communautés qui sont touchées […] principalement dans le nord. L’année dernière, en 2008, nous avons eu à déplorer treize accidents, qui ont causé la mort de six personnes », explique S.A.R. le prince Mired Ra’ad Al‑Hussein, qui préside le Conseil d’administration du NCDR.

Le projet a également permis de fournir du matériel de recherche spécialisé et d’aider les forces armées jordaniennes à renforcer leur capacité à rechercher et détruire en toute sécurité les munitions non explosées ainsi qu’à gérer les stocks de munitions.

Grâce à l’expérience acquise et aux résultats obtenus dans le cadre du premier projet, un deuxième projet a pu être lancé en novembre 2009. Il consiste à financer un programme de formation sur les mines et les restes explosifs de guerre qui sera mené par le NCDR dans les provinces d'Ajloun, de Jerash et de Zarqa.

Ce nouveau projet porte également sur l’acquisition, l’installation et la mise en service d’équipements pour les installations de démilitarisation des munitions récemment construites à Zarqa. Une formation technique et en matière de gestion sera assurée si nécessaire.

Renforcer la confiance

Ces activités en Jordanie sont les premiers projets faisant appel à des fonds d’affection spéciale à être lancés dans le cadre du Dialogue méditerranéen de l’OTAN.

« Cette approche pratique, qui vise des résultats concrets […] devrait permettre de renforcer la confiance mutuelle et de montrer à la population jordanienne les avantages qu’il y a à coopérer avec l’Alliance dans le cadre du Dialogue méditerranéen », a déclaré le secrétaire général délégué de l’OTAN, l’ambassadeur Claudio Bisogniero, lors du lancement du deuxième projet.

Financés par des contributions volontaires des pays membres et partenaires de l’OTAN, les projets faisant appel à des fonds d’affectation spéciale soutiennent des projets pratiques de démilitarisation et de réforme dans le secteur de la défense, en fournissant des conseils et des ressources.

La Norvège, l'Espagne et la Suisse avaient mené le premier projet en Jordanie, avec d’autres contributions de l’Autriche, de la Belgique, de la République tchèque, du Danemark, de la Finlande, de l’Islande, de l’Italie, de la Jordanie et de la Turquie. Le coût total était estimé à environ 3,4 millions d’euros. Le deuxième projet, mené par l’Italie, a un coût total d’environ 2,6 millions d’euros. L’Agence OTAN d'entretien et d'approvisionnement (NAMSA) joue le rôle d’agent exécutif et supervise la mise en œuvre du projet.