Synthèse du débat de fond sur la prise en compte de la dimension de genre dans la question des enfants et des conflits armés

  • 17 Jan. 2023 -
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  • Mis à jour le: 23 Mar. 2023 14:32

Le 17 janvier 2023, le Bureau de la conseillère pour les questions de genre (GENAD) de l’État-major militaire international de l’OTAN a tenu son septième débat de fond, consacré cette fois à la prise en compte de la dimension de genre dans la problématique des enfants et des conflits armés. Il a notamment été question du rôle de l’OTAN s’agissant de traiter de la question des enfants et des conflits armés tout en intégrant la dimension de genre, ainsi que des défis militaires à prendre en compte dans la lutte contre les violations commises à l’encontre de filles et de garçons en temps de conflit.

Deep Dive Recap: Children and Armed Conflict and the Gender Perspective

Plusieurs experts étaient présents – le lieutenant-colonel Francisco Gonzalez, conseiller en gestion des conflits au SHAPE, Mme Aysegul Binali, chargée des affaires humanitaires et GENAD suppléante au Commandement terrestre allié de l’OTAN (LANDCOM), le commandant Jason Wright, officier responsable de la sécurité humaine pour la 77e brigade de l’armée de terre du Royaume-Uni, et M. James Denselow, chef de la Section Conflits, politique humanitaire et sensibilisation pour l’organisme Save the Children UK.

La question des enfants et des conflits armés à l’OTAN

Le lieutenant-colonel Gonzalez a ouvert le débat de fond par un survol de la manière dont la question des enfants et des conflits armés est prise en compte dans les mandats et les documents d’orientation de l’OTAN. Il a expliqué comment l’OTAN, de concert avec d’autres acteurs de la communauté internationale, remplissait son rôle en matière de protection des enfants, et l’importance qu’elle attache à l’application des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur la protection des enfants touchés par des conflits armés.

Le lieutenant-colonel Gonzalez a décrit le soutien de l’OTAN en ce qui concerne les mécanismes de surveillance et de communication de l’information de l’ONU et la prise en compte des résolutions des Nations Unies dans diverses activités de l’OTAN comme la planification, les opérations et missions, la formation, l’entraînement, les exercices et l’évaluation. Il a par ailleurs insisté sur la nécessité de trouver un équilibre entre engagement et financement, afin que suffisamment de ressources soient affectées à la réalisation des missions dont le mandat porte clairement sur la question des enfants et des conflits armés.

Mme Binali a enchaîné sur l’exposé du lieutenant-colonel Gonzalez en expliquant comment la question des enfants et des conflits armés est intégrée aux opérations, formations et évaluations de l’OTAN, ainsi que les différentes considérations que l’OTAN doit prendre en compte dans son approche de cette problématique. Mme Binali a expliqué les méthodes et les procédures de travail de l’OTAN relatives aux enfants en temps de conflit armé, le partage d’information, les activités appuyant le mécanisme de surveillance et de communication de l’information, et, enfin, le mode d’archivage et de conservation des documents. Mme Binali a ensuite souligné qu’il était important que l’OTAN considère la question des enfants et des conflits armés comme un « impératif moral et une obligation juridique relevant de la paix et de la sécurité internationales ».

Comprendre et aborder la question des enfants et des conflits armés

Experte de la protection de l’enfance et ancienne juriste spécialiste du droit international à l’ONU, Mme Binali a également recensé les six violations graves commises contre des enfants ; elle a défini la question des enfants dans les conflits armés et a décrit les différents facteurs d’incitation et d’attraction susceptibles de mener au recrutement d’enfants soldats. Citant les statistiques mondiales relatives aux enfants et aux conflits armés du rapport 2022 du Secrétaire général de l’ONU, Mme Binali a insisté sur la prévalence des violations commises contre des filles et des garçons victimes de guerres et de conflits, et a décrit leurs besoins différenciés. Elle a expliqué que toutes les violations étaient genrées dans une certaine mesure, donnant comme exemples les violences sexuelles et sexistes liées aux conflits, l’exploitation sexuelle, la maltraitance et la traite des êtres humains, qui illustrent parfaitement le caractère essentiel de l’intégration de la dimension de genre pour comprendre les besoins particuliers des enfants.

Le commandant Wright a ensuite expliqué comment mieux intégrer la question des enfants et des conflits armés en tant que thématique transversale et a indiqué d’autres éléments à prendre en compte dans la planification et la conduite des opérations. Il a fait remarquer qu’il était nécessaire que la question des enfants et des conflits armés soit intégrée dans l’ensemble des éléments d’état-major militaire et a insisté sur l’importance de ce fait de données désagrégées en fonction du sexe et de l’âge. Le commandant Wright a précisé qu’au Royaume-Uni, la question des enfants et des conflits armés relève de la sécurité humaine et qu’elle est, à ce titre, intégrée à tous les aspects des opérations. Il a par ailleurs expliqué que le Royaume-Uni s’attache à intégrer la sécurité humaine dans tous les domaines militaires. Il a ensuite rappelé l’importance cruciale du renforcement du caractère transversal de cette problématique. Il convient pour cela de tenir compte du lien entre la question des enfants et des conflits armés et d’aspects tels que le genre, la traite des êtres humains, le développement de l’intégrité et, plus largement, la protection des populations civiles. Le commandant Wright, à l’instar du lieutenant-colonel Gonzalez, a dit estimer qu’il convenait d’équilibrer les ressources pour permettre l’exécution du mandat de la mission, et a évoqué le recours à une expertise et une coopération externes au niveau approprié.

Enfin, M. Denselow a abordé la coordination en matière de protection de l’enfance entre l’OTAN et d’autres acteurs de la communauté internationale concernés, et a expliqué le fonctionnement du mécanisme de surveillance et de communication de l’information de l’ONU en tant qu’outil de compte rendu. Il a évoqué la formation, le recours à des structures civilo-militaires et diverses possibilités de coopération permettant d’aider l’OTAN à intégrer la question des enfants et des conflits armés à sa structure.

M. Denselow a également fait savoir qu’il était nécessaire d’utiliser activement les mécanismes d’obligation de rendre compte aux niveaux national, régional et international en ce qui concerne les violations graves commises à l’encontre d’enfants lors de conflits. Il a par ailleurs expliqué que le mécanisme de surveillance et de communication de l’information de l’ONU avait vocation à être un outil de compte rendu.

Il a précisé qu’il s’agissait d’un mécanisme essentiel pour rendre compte des violations graves commises envers des enfants par des groupes armés étatiques et non étatiques. Il a ajouté que le fait de recenser ces acteurs dans les annexes du rapport du Secrétaire général de l’ONU revenait à les tenir responsables de leurs actes. Il s’agit par là d’inciter les acteurs concernés à coopérer avec les organismes internationaux à l’élaboration de programmes de prévention et d’intervention en réponse aux violations dont ils sont les auteurs.

L’OTAN joue un rôle essentiel à l’appui du mécanisme de surveillance et de communication de l’information de l’ONU, et sa coopération avec d’autres organismes internationaux en matière de formation et de partage de l’information peut aider l’Alliance à mieux remplir son engagement en faveur de la protection des enfants touchés par des conflits armés.

La protection des filles et des garçons en temps de conflit armé est une question humanitaire prioritaire. L’approche axée sur la sécurité humaine et ses principes directeurs récemment adoptés par l’OTAN, qui rappellent les incidences des violations graves commises contre des enfants, visent à renforcer l’efficacité opérationnelle et à contribuer à une paix et une sécurité durables. Les normes sociétales étant un facteur important à prendre en compte dans les violations liées aux conflits et les vulnérabilités des filles et des garçons, il est indispensable de comprendre et d’intégrer la dimension de genre dans la réflexion de l’OTAN sur la problématique des enfants et des conflits armés.