Sécurité des frontières en Europe orientale : enseignements pour l'OTAN et ses partenaires
Des experts et des responsables du secteur public et de diverses institutions internationales se sont réunis à l'occasion d'un atelier les 9 et 10 juin 2016 à Kiev (Ukraine) pour débattre de questions liées à la sécurité des frontières et à la résolution des conflits touchant l'Europe méridionale et orientale.
Plus de 40 participants venus d'Europe et des États-Unis ont participé à cet atelier, parmi lesquels des invités issus de groupes de réflexion, d'organisations non gouvernementales, des secteurs public et militaire et de corps de gardes-frontières. Compte tenu du large éventail de domaines et de nationalités représentés, les participants ont pu tenir un débat exceptionnel, se caractérisant par une dimension multinationale et combinant aussi, de manière tout à fait originale, expertises stratégiques/militaires et analyses politiques.
Comme l'Ukraine était le pays hôte, l'atelier a accueilli un nombre particulièrement élevé de participants ukrainiens, notamment des représentants du Service d'État des gardes-frontières, du ministère de la Défense, du ministère de l'Intérieur et du Parlement ukrainien ainsi que des experts d'organismes non gouvernementaux.
Cet atelier de deux jours a débuté par un dîner au cours duquel Mme Ivanna Klympouch‑Tsyntsadze, vice-première ministre ukrainienne en charge de l'intégration européenne et euro‑atlantique, et Mme Irina Friz, de la commission parlementaire ukrainienne de la sécurité nationale et de la défense, ont chacune prononcé un discours liminaire. L'information et la guerre hybride, les stratégies de gestion des frontières ainsi que l'engagement de l'Occident en Europe méridionale et orientale ont été au cœur des discussions.
Michael Gaul, conseiller principal à la Division Défis de sécurité émergents de l'OTAN, a ouvert l'atelier par ces mots : « Il est vrai que l'OTAN n'est pas principalement connue pour être une organisation s'occupant de la sécurité des frontières, mais ce domaine d'activité importe pour faire face pratiquement à tous les défis sécuritaires asymétriques auxquels il est impossible de répondre par des moyens exclusivement militaires. Et finalement, l'OTAN subit aussi les développements politiques et sécuritaires intervenant au-delà de ses frontières ».
À cet égard, les débats ont principalement porté sur les menaces hybrides actuelles qui représentent de nouveaux défis pour l'environnement de sécurité d’aujourd’hui. Ainsi que l'a affirmé M. András Rácz, de l'Institut finlandais des affaires internationales, « la guerre hybride ne remplace pas la guerre conventionnelle. Elle fait appel à des moyens militaires et non militaires ».
Le premier adjoint du chef du Service d'État des gardes-frontières d'Ukraine, le général de corps d'armée Vassyl Servatiouk, a ajouté que la sécurité des frontières de l’Europe orientale a aujourd'hui pris une dimension nouvelle du point de vue qualitatif. Le renforcement de la sécurité des frontières doit reposer sur les principes de la confiance absolue, de la coopération et de la coordination entre les pays partenaires, qui partagent les mêmes valeurs européennes et transatlantiques.
L'atelier a également été l'occasion d'aborder dans le détail les aspects techniques de la sécurité et de la gestion des frontières lorsque la population et les forces de l'ordre locales sont concernées.
La vice-première ministre ukrainienne a souligné les difficultés que pose le terme « conflits gelés », notamment dans le contexte de la République de Moldova, de la Géorgie et de l'Ukraine. Faisant écho à ces propos, Jan Pieklo, directeur exécutif de la Fondation PAUCI (pour la coopération entre la Pologne et l’Ukraine), a déclaré que « le terme "conflits gelés" n'est plus politiquement correct » et qu'« il importe d'appeler les choses par leur nom ».
Les participants à l'atelier ont poursuivi leurs débats en établissant des comparaisons entre les trois grands « conflits gelés » de l'Europe du Sud-Est et en s'interrogeant sur l'existence d'une stratégie globale visible qui relierait ces différents conflits.
Comme résumé par Andrew Tesoriere, chef de la mission de l'Union européenne d'assistance à la frontière entre la République de Moldova et l'Ukraine, « la sécurité des frontières et la gestion des frontières sont complémentaires. Il faut assurer l'une pour renforcer l'autre ».
L'atelier a été organisé par le bureau de Varsovie du German Marshall Fund, en partenariat avec l'Institute of World Policy (Ukraine) et la Foreign Policy Association (République de Moldova) et avec le soutien du Programme OTAN pour la science au service de la paix et de la sécurité.