Le sommet de 1990 : un tournant dans les relations « Est-Ouest »

  • 18 Dec. 2014 -
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  • Mis à jour le: 22 Dec. 2014 10:40

La chute du mur de Berlin en 1989 a radicalement modifié la sécurité en Europe. Dès juillet 1990, les dirigeants des pays de l'OTAN avaient évoqué l'impact de cet événement historique, en présentant, au sommet de Londres, des propositions pour développer la coopération avec les pays d'Europe centrale et orientale. « (…) La Guerre froide appartient à l'histoire, notre Alliance est en train de passer de la confrontation à la coopération » déclarait le secrétaire général de l'OTAN Manfred Wörner dans son allocution d'ouverture.

Family portrait at the Spencer House

Compte rendu textuel du sommet tenu à Londres en 1990

La déclassification et la mise en lecture publique du compte rendu textuel du sommet de Londres (C-VR(90)36) ont été approuvées. Ce document donne accès aux débats des chefs d’État et de gouvernement, au cours desquels ils ont fait le point sur les incidences énormes qu'un tel événement avait sur la sécurité des pays membres de l'OTAN, sur l'ensemble du continent européen, et au-delà.

Il témoigne de la cohérence de l'approche de l'OTAN vis-à-vis de l'Est depuis la fin de la Guerre froide. Les débats se sont concentrés principalement sur le désarmement et sur les relations avec l'Union soviétique et les autres pays d'Europe centrale et orientale. Les dirigeants des pays de l’OTAN ont également envisagé une coopération passant par des activités politiques et militaires, ainsi que par l'établissement de liaisons diplomatiques régulières avec ces pays. Une autre conclusion, exprimée par le président américain George Bush lors d'une intervention au Conseil, était que : « (…) nous devons construire une Alliance transformée pour la nouvelle Europe du XXIe siècle ». Et, dans le même ordre d'idées, son homologue britannique, le premier ministre Margaret Thatcher a déclaré : « le message issu de cette réunion doit rester un message de détermination en matière de défense, un message de détermination et d'unité dans le domaine de la défense, combiné à une volonté de tendre une main amicale à l'Europe orientale et à l'Union soviétique ».

Tendre une « main amicale »

À Londres, l'OTAN a tendu une « main amicale » aux anciens pays du Pacte de Varsovie, les invitant à nouer de nouvelles relations avec l'OTAN. Le compte rendu textuel exprime également le souhait de l'OTAN de s'ouvrir aux pays d'Europe centrale et orientale, sans pour autant isoler l'Union soviétique. Le président français François Mitterrand a déclaré, « (…) nous devons tenir compte des intérêts de tous les pays européens, y compris ceux qui sont encore membres du Pacte de Varsovie, et (…) – je l'affirme sans hésitation – de l'Union soviétique ».

Lorsque les dirigeants des 28 pays membres de l'OTAN se sont réunis au pays de Galles cette année, ils ont évoqué le dernier sommet que l'OTAN avait tenu au Royaume-Uni. Dans la déclaration du sommet du pays de Galles sur le lien transatlantique, le sommet de Londres de 1990 est mis en évidence comme un moment clé de l'histoire, où l'OTAN s'est adaptée pour répondre aux réalités de l'époque.

Les fondements d'une nouvelle relation

Un an après le sommet de 1990, l'OTAN, l'Union soviétique et onze autres pays ont formé le Conseil de coopération nord-atlantique (CCNA). Ce forum avait un caractère novateur en ce sens qu'il permettait une consultation et une coopération politiques multinationales, et un renforcement de la confiance entre l'OTAN et ces pays. Dans un premier temps, les débats au CCNA étaient axés sur les préoccupations de sécurité héritées de la Guerre froide, mais, à mesure que la coopération s'est développée, le Conseil a débouché sur la création du Partenariat pour la paix, un programme OTAN de collaboration et de coopération pratique signé en 1994 par la Russie et par une dizaine d'autres pays qui avaient fait partie de l'Union soviétique et du Pacte de Varsovie.

En fin de compte, ce sommet a jeté les bases d'une OTAN nouvelle et modernisée. Ce document a révélé quelques facettes du discours, des positions politiques et des plans des membres de l'OTAN au moment de ce tournant historique.