Les communications par satellite (SATCOM)
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Le milieu spatial est essentiel dans le dispositif de dissuasion et de défense de l’Alliance : l’OTAN y exerce toute une série d’activités, du recueil du renseignement à la navigation en passant par le suivi de forces dans le monde entier et la détection des tirs de missiles. Forte de quinze ans d’expérience de l’acquisition de services SATCOM, l’Organisation a lancé dans ce domaine un nouveau projet, baptisé NSS6G (services SATCOM de l’OTAN de 6e génération), afin de renforcer les capacités de l’Alliance.
- En 2019, l'OTAN a autorisé un montant d'un milliard d'euros pour l'acquisition de services SATCOM au cours des quinze prochaines années.
- Pour que l'OTAN puisse bénéficier, de janvier 2020 à fin 2034, de services SATCOM essentiels, l'Agence OTAN d'information et de communication (NCIA) a établi pour cette période de quinze ans un mémorandum d'entente avec quatre Alliés – la France, l'Italie, le Royaume-Uni et les États-Unis.
- Aux termes de cet accord, les quatre pays peuvent mettre à la disposition de l'Organisation des capacités spatiales développées dans le cadre de leurs programmes de SATCOM militaires, ce qu'ils ont commencé de faire dès le 1er janvier 2020.
- La NCIA est chargée d'exploiter la capacité SATCOM au profit de l'OTAN.
- Cet accord, qui fera date, offre à l'OTAN une capacité spatiale plus importante, plus résiliente et plus souple, à l'appui de ses opérations et de ses exercices.
- Le projet NSS6G succède au projet SATCOM post-2000 de l'OTAN, grâce auquel l'Alliance a pu disposer de services SATCOM de 2005 à 2019, et qui était considéré comme correspondant à la 5e génération de capacités OTAN dans ce domaine.
- La capacité alliée de surveillance terrestre (AGS) s'appuie sur des moyens aéroportés et sur les communications par satellite de l'OTAN. Elle a atteint en février 2021 sa capacité opérationnelle initiale. Les SATCOM lui sont fournies par les quatre pays susmentionnés, mais également, au travers de contrats signés avec l'industrie, par le Luxembourg et par la Norvège.
Pour en savoir plus
La capacité dont dispose l’OTAN grâce aux NSS6G est constituée d’un segment spatial et d’un segment sol.
Composantes du segment spatial
Les NSS6G combinent les trois éléments suivants :
- la bande SHF (super haute fréquence), pour couvrir les besoins en liaisons SATCOM haute capacité des utilisateurs déployés ou fixes ;
- la bande UHF (ultra haute fréquence), qui répond aux besoins en faibles débits de données des utilisateurs au niveau tactique ;
- la bande EHF (extrêmement haute fréquence), pour les services SATCOM à haute survivabilité répondant à des besoins utilisateur particuliers.
Les trois projets correspondants permettent à l’OTAN d’avoir accès aux segments militaires de quatre systèmes nationaux de communications par satellite : SYRACUSE (France), SICRAL (Italie), Skynet (Royaume-Uni) et WGS (États-Unis).
Composantes du segment sol
Par l’intermédiaire de plus de 100 experts et opérateurs militaires, la NCIA gère plusieurs SGS (stations au sol). Quatre de ces stations sont en cours de modernisation, ce qui améliorera les capacités d’ancrage dont dispose l’OTAN : la zone au sol couverte par les SATCOM va pratiquement doubler, et l’OTAN disposera ainsi, avec moins de stations, de plus de capacités. Ces quatre stations au sol se répartissent comme suit :
- deux grandes SGS :
- la SGS-S01, située à Kester (Belgique). La réception provisoire du site de Kester, entièrement reconstruit, a été prononcée le 29 novembre 2019 ;
- la SGS-S02, située à Lughezzano (Italie). Une modernisation de grande ampleur de cette station, comprenant notamment l’installation de trois nouvelles antennes, est en cours ;
- deux SGS plus petites, qui seront toutes deux réaménagées et modernisées :
- la SGS-S03, située à Atalanti (Grèce) ;
- la SGS-S04, située à Oglananasi (Turquie).
Évolution du contrat
Entre 2005 et 2019, l’Organisation s’est fournie en services SATCOM auprès de la France, de l’Italie et du Royaume-Uni, au travers du projet SATCOM post-2000.
L’accord de 2020 sur les NSS6G a permis d’augmenter les capacités de 15 % dans la bande SHF et de 25 % dans la bande UHF, l’utilisation de la bande EHF constituant, elle, une nouveauté pour l’OTAN.
En 2015, la NCIA a par ailleurs coordonné l’élaboration de l’accord sur les SATCOM de l’AGS.
Mécanismes
Le Bureau conjoint de gestion des services, situé dans les locaux de la NCIA à Mons (Belgique), joue, pour les questions d’administration et de gestion, le rôle d’interface entre les quatre pays et le directeur du programme SATCOM au sein de l’Agence.
Le Bureau conjoint de prestation des services, composé d’un représentant des fournisseurs de chacun des quatre pays, joue, lui, le rôle d’interface entre les centres nationaux de communications par satellite et les gestionnaires de prestations de services au sein de l’Agence.
Le Commandement allié Opérations (ACO), conjointement avec la NCIA, planifie et établit les besoins opérationnels de l’OTAN, qui sont ensuite examinés par ces deux bureaux dans le but de s’assurer qu’une capacité satellitaire suffisante est disponible pour faire face à leur évolution. Au quotidien, les demandes d’accès aux satellites sont ensuite traitées par la NCIA, qui oriente le trafic utilisateur en fonction de la capacité disponible.
Historique
Après 17 années d’existence seulement, l’Alliance a commencé à examiner comment l’exploitation du milieu spatial pourrait lui permettre de renforcer ses capacités. En 1970, alors que seuls trois pays au monde disposaient de capacités spatiales, l’OTAN entamait ensuite au profit de l’Alliance un programme d’acquisition et d’exploitation de satellites de communication, qui devait prendre fin en 2005. Ces satellites apportèrent à l’OTAN des capacités tant tactiques (bande UHF) que stratégiques (bande SHF).
L’organisme aujourd’hui connu sous le nom de NCIA fournissait à l’OTAN cette capacité SATCOM d’importance capitale. Pendant ces années, le coût de mise en orbite d’un satellite a considérablement baissé à mesure des progrès de la technologie, et le nombre de pays détenteurs de satellites a rapidement augmenté, passant de 3 à 50.
En 2005, en raison de cette évolution de l’environnement, l’OTAN a adopté une autre approche des services SATCOM : il s’agissait cette fois, en coordination avec les pays et au travers de l’organisme prédécesseur de la NCIA, d’acquérir des services spatiaux auprès de l’industrie.
Après 15 ans d’expérience dans ce domaine de l’achat de services SATCOM, l’OTAN a signé un nouveau mémorandum d'entente appelé NSS6G, et a mis en place des communications par satellite spécifiques au profit des drones de la capacité alliée de surveillance terrestre, l’AGS.