Intervention

de Monsieur Hatem BEN SALEM, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre des Affaires Etrangères, chargé des Affaires Européennes à la clôture du colloque sur « Le Dialogue Méditerranéen de l’OTAN » à Tunis, Tunésie

  • 18 Jun. 2007 -
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  • Mis à jour le: 14 Dec. 2009 12:32

Tunisian Secretary of State for Foreign Affairs H.E. Mr. Ilatem Ben Salem delivering his speech

Messieurs les Secrétaires Généraux Adjoints,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Permettez moi tout d’abord de saluer les honorables invités de la Tunisie, les intellectuels, les chercheurs et les universitaires qui ont répondu aussi nombreux à l’invitation à ce colloque organisé conjointement par l’Institut Diplomatique tunisien pour la Formation et les Etudes et la Division de la Diplomatie Publique de l’OTAN.

Je souhaiterais, également, dire mon appréciation pour la richesse des débats, leur diversité, la pertinence de l’approche adoptée par les organisateurs qui a favorisé l’émergence d’échanges francs et constructifs, et qui ne peuvent qu’avoir un apport positif sur les relations entre les deux rives de la Méditerranée, d’une façon générale, et le Dialogue méditerranéen de l’OTAN, en particulier.

L’ensemble des sous thèmes abordés, tels que la transformation de l’OTAN, la mise en œuvre du Dialogue méditerranéen, la nouvelle place de l’Environnement dans les relations internationales ainsi que toutes les réflexions liées aux défis sécuritaires dans la région, forment un angle d’analyse multifocale qui élargit les discussions et enrichit notre vision de la situation générale.

Excellences,
Mesdames et Messieurs, 

Face à l’ampleur des changements survenus aux équilibres prévalant sur la scène internationale et au spectre des nouvelles menaces, les autorités politiques se heurtent  de plus en plus à la difficulté de cerner les contours de plus en plus évanescents des enjeux stratégiques de la région méditerranéenne.

Dans un contexte international où le calendrier impose comme priorité le règlement des questions liées à la sécurité mondiale et relègue au second plan l’impératif de mettre en œuvre les instruments d’une mondialisation maîtrisée, humanisée, il est de notre devoir, à tous, de faire de la centralité des questions sécuritaires un atout pour la paix internationale. Ceci est possible avec une Organisation de l’Atlantique Nord ouverte aux attentes de son environnement géo-stratégique, à l’écoute de ses partenaires et, je le pense sincèrement, en quête de changement de son image d’Organisation exclusivement militaire.

Notre souhait le plus ardent est, donc, que le dialogue méditerranéen favorise tout autant le renforcement de la sécurité régionale qu’un engagement plus grand des pays membres de l’OTAN pour atténuer les déséquilibres économiques, sociaux, culturels et environnementaux qui s’accentuent entre les deux rives.

Il me plait de rappeler, dans ce contexte, l’appel lancé par Monsieur le Président de la République, Zine El Abidine BEN ALI, dans son discours à l’occasion du premier Sommet 5+5, tenu en décembre 2003 à Tunis, invitant nos partenaires à « la poursuite de l’action commune en vue de renforcer la sécurité, la stabilité et la complémentarité économique ». Par la voix de son Président, la Tunisie a toujours été le chantre d’une Méditerranée qui unit, une mer d’échanges et de rencontres, un espace de paix, de stabilité et de bonne intelligence mutuelle.

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Considérer la Méditerranée comme « un grand couloir Ouest-Est », intégré à celui du Grand Moyen Orient, ne peut qu’exacerber la fragmentation de cet espace et rendre plus complexe la donne politico-stratégique qui se met difficilement en place dans la région. En effet,  la prise en considération des différences stratégiques et culturelles aussi bien que les disparités des niveaux de développement pourront aider à optimiser les résultats d’un dialogue qui, en aucune manière, ne peut être à sens unique et sans concertation préalable.

La militarisation des frontières, l’émergence du terrorisme en tant que donnée permanente dans les relations internationales, les politiques unilatérales de l’immigration et la réticence à admettre la diversité culturelle ne peuvent que concourir au renforcement de perceptions négatives, et à l’émergence de réponses contreproductives, voire dangereuses tel que l’extrémisme sous toutes ses formes. Il nous paraît, donc, primordial, de donner au dialogue méditerranéen de l’OTAN toutes les chances de réussite. Plus important encore, il faudra réfléchir à créer des synergies avec d’autres dialogues, tel que celui qui a trait à l’alliance des civilisations au niveau des Nations Unies. 

C’est essentiellement pour ces raisons que le contexte méditerranéen nous offre une occasion propice à réfléchir des deux cotés de la Mare Nostrum à propos de la conceptualisation et de la mise en place d’une approche de coopération rénovée en vue de mieux cibler les priorités et agir simultanément sur l’ensemble des dimensions, aussi bien politiques que sécuritaires et de développement.

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Il est des valeurs qui, plus que d’autres, motivent et mobilisent les opinions publiques. Ces valeurs sont celles qui s’attachent à préserver la dignité humaine, la co-existence pacifique entre les Nations, la solidarité internationale qui, à notre sens, doit occuper une place prépondérante dans toute future réflexion. Et c’est pour la défense et la préservation de ces valeurs que nous devons réussir cette entreprise de rapprochement, de compréhension et de respect mutuels.

Le Dialogue méditerranéen qui prend en considération les défis générés par la globalisation, devra ainsi s’inscrire dans une nouvelle approche géo-politique, économique, socio-culturelle et environnementale pour construire une nouvelle conception de la sécurité mondiale fondée sur l’égalité et le respect de la souveraineté étatique. Il s’agit là d’une condition sine qua non d’un dialogue apaisé excluant toute forme de cloisonnement entre le binôme sécurité/défense et la diplomatie afin d’assurer une vision globale et une complémentarité d’actions souhaitée par toutes les parties.

De ce fait, il sera possible de dégager une perception commune de l’environnement stratégique de la Méditerranée à travers la consolidation d’un processus de consultation continue, créant les conditions d’une confiance partagée et cernant, de façon objective, les menaces futures auxquelles est confrontée la Méditerranée.

Une telle approche pourrait être réalisée à travers la promotion d’un cadre de coopération largement participatif dans tous les domaines d’intérêt commun, ouvert à l’innovation, porteur d’espérance pour tous les peuples de la région et au delà.

Faut-il, d’ailleurs, souligner ici-même, l’imbrication de l’espace méditerranéen dans d’autres, tels que le moyen-oriental ou particulièrement l’africain qui constituent, sans conteste, l’arrière-fond stratégique de notre région. Tout changement, tout dysfonctionnement au sein de ces espaces peut avoir des conséquences directes sur les conditions de sécurité et de stabilité de la région euro-méditerranéenne.

Or, que constatons-nous aujourd’hui suite aux promesses sans cesse renouvelées et rarement honorées du G8 vis-à-vis de l’Afrique par exemple ? un continent qui se retrouve quasiment seul pour faire face à la fois aux exigences de la sécurité et aux impératifs du développement.

En 2006, plus de 1400 milliards de dollars ont été dépensés en achats d’armement, la moitié de cette somme permettrait une véritable vertébration infrastructurelle de l’Afrique et, par voie de conséquence, créerait des dizaines de millions d’emplois et, surtout, donnerait l’espoir d’une vie meilleure à des centaines de millions d’êtres humains.

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Au terme de ce colloque, il me plait vous adresser, ainsi qu’aux organisateurs de ce colloque, mes remerciements pour l’intérêt continu manifesté pour la région méditerranéenne et les efforts constants déployés pour le renforcement de ce dialogue multiculturel interactif.

Je suis convaincu que les conclusions de vos travaux viendront enrichir cette réflexion et contribueront à ouvrir de nouvelles perspectives pour l’émergence de réponses et solutions adéquates aux défis que suscitent les profondes mutations auxquelles aura à faire face notre région.

 Le Dialogue méditerranéen pourrait, de ce fait, répondre aux attentes de nos peuples et fonder nos relations sur les principes de co-développement et, partant, de co-responsabilité consolidant ainsi la paix, la sécurité et la prospérité de l’espace euro-méditerranéen. 

Je vous remercie de votre attention.