Conférence de presse du secrétaire général
du secrétaire général Anders Fogh Rasmussen
- French
- English
Je vais essentiellement vous parler de la principale priorité d’aujourd’hui et de cette semaine, qui est également celle de l’Alliance : l’Afghanistan.
Hier soir, le président Obama a prononcé un discours très important. Il a reconfirmé ce que nous savons tous : nous ne serons pas en sécurité dans nos pays et dans nos foyers tant que le terrorisme ne sera pas vaincu en Afghanistan.
Il a fait part de la détermination des États-Unis à faire le nécessaire, aussi longtemps qu’il le faudra – mais pas un jour de plus - pour finir le travail.
Passant de la parole aux actes, il a annoncé le déploiement d’un grand nombre de soldats et exposé une stratégie politique et militaire très claire pour assurer le succès de la mission.
Je félicite le président Obama pour sa détermination et la vision stratégique dont il a fait preuve.
Mais cette guerre n’est pas seulement celle de l’Amérique.
Ce qui se passe en Afghanistan constitue manifestement aujourd’hui une source de danger pour les citoyens de tous nos pays. Le terrorisme, qui pourrait frapper dans nos rues, nos aéroports, nos métros. L'extrémisme, qui sème la violence dans le monde entier. La drogue, que l’on retrouve dans nos écoles et dans nos arrière-cours, et qui tue 100 000 personnes chaque année.
L’instabilité en Afghanistan crée l’insécurité pour nous tous.
Si nous voulons rendre l’Afghanistan plus stable, et si nous voulons être plus en sécurité, nous devons tous faire davantage. Les États-Unis ont suivi une approche multilatérale pour cette opération. Nous devons maintenant apporter la preuve que le multilatéralisme donne des résultats concrets.
C’est notre combat, nous le menons ensemble, et nous devons le terminer ensemble. À ce moment très important, l’OTAN doit une fois de plus montrer son unité et sa force. Concrètement, cela signifie que tous les pays de l’Alliance et les pays partenaires participant à notre mission doivent faire des efforts supplémentaires.
Pour toutes ces raisons, j’ai passé les dernières semaines à m’entretenir directement avec les responsables de tous les pays de l’Alliance qui sont susceptibles, selon moi, de mettre davantage de forces à disposition. Et je peux confirmer que les pays alliés ainsi que nos Partenaires feront plus. Beaucoup plus. En 2010, les pays autres que les États-Unis participant à la mission enverront sur le terrain au moins cinq mille soldats supplémentaires, et probablement encore quelques milliers de plus. Ceuxci viendront s’ajouter aux plus de 38 000 hommes que ces pays ont déjà déployés en Afghanistan.
Notre stratégie est très claire : transférer aux Afghans, le plus tôt possible, la responsabilité principale de la gestion de leur pays.
Cela signifie qu’une transition va s’opérer : les forces afghanes vont prendre le relais et nos forces auront plutôt un rôle de soutien. J’insiste auprès des pays alliés et des pays partenaires pour qu’ils fournissent toutes les ressources et tous les fonds nécessaires à notre mission de formation. L’objectif est d'entraîner et de former les soldats et les policiers afghans. C'est ainsi, en effet, que nous pourrons accélérer la concrétisation du transfert de responsabilité aux Afghans.
Mais permettez-moi de souligner ceci : transition n‘est pas synonyme de stratégie de sortie. Il s’agit d’une transition vers un rôle différent. Nous n’avons nullement l’intention de relâcher notre effort avant la ligne d’arrivée, après avoir parcouru une telle distance et consenti un si grand sacrifice.
Nous resterons aussi longtemps qu’il le faudra pour finir le travail. Et notre mission en Afghanistan s’achèvera lorsque les Afghans seront capables de sécuriser et de gérer euxmêmes leur pays.
Mais les populations veulent voir des progrès. Celle de l’Afghanistan, et aussi celles des pays fournisseurs de troupes. Et nous ferons en sorte que des progrès soient effectivement réalisés.
Il me semble réaliste d’amorcer, dès l’année prochaine, le transfert de responsabilité aux Afghans dans certains districts.
Demain et après-demain, nous débattrons de toutes ces questions à la réunion des ministres des Affaires étrangères qui se tiendra ici à Bruxelles. Mais nous ne parlerons pas uniquement de l’opération militaire. Nous nous concentrerons également sur la stratégie politique au sens large, et notamment sur ce que nous attendons du nouveau gouvernement afghan.
Une bonne gouvernance est le meilleur moyen d’asphyxier les talibans. Compte tenu de tout ce que nous avons engagé dans cette mission, nous avons le droit d’insister sur ce point.
Le président Karzaï a fait des déclarations très claires, qui sont les bienvenues. Je constate avec plaisir que des enquêtes sur des affaires de corruption ont été ouvertes. C’est un bon début, et cela aidera à asseoir la crédibilité qu’attendent le peuple afghan et la communauté internationale. La conférence qui doit se tenir en janvier à Londres sera là aussi d’une grande importance car elle permettra de passer un nouveau contrat entre le gouvernement afghan et la communauté internationale.
Cette semaine marque le début d’une nouvelle phase de notre mission.
En 2010, il y aura sur le terrain des forces nettement plus nombreuses, qui s’attacheront principalement à défendre la population afghane.
Nous commencerons à transférer la responsabilité principale de la sécurité aux forces afghanes, district par district, là où les conditions le permettront.
Il y aura de la part du gouvernement afghan des engagements clairs, et je l’escompte, des mesures claires, visant à gagner le soutien du peuple afghan.
Il y aura plus d’aide au développement, à commencer par la promesse de dons du Japon de 5 milliards de dollars. Et le volet civil de l’effort global sera lui aussi intensifié, notamment au travers du plan d’action de l’Union européenne.
C’est grâce à tout cela que nous verrons bientôt cette mission prendre un nouvel élan.
L’Afghanistan est certes le point le plus important à l’ordre du jour de la réunion des ministres des Affaires étrangères, mais il n'est pas le seul. Il y aura en particulier trois autres questions à l’examen.
Premièrement, la politique de la porte ouverte appliquée par l’OTAN. Elle a déjà contribué à stabiliser une bonne partie de l’Europe, et les pays de l’Alliance estiment que les pays des Balkans occidentaux devraient tous être accueillis au sein de l’OTAN et de l’Union européenne lorsqu’ils respecteront les normes requises.
Le Monténégro et la Bosnie Herzégovine ont tous deux introduit une demande de participation au plan d’action pour l’adhésion (MAP). Les ministres décideront si chacun d’eux, sur la base de leurs propres mérites, ont accompli suffisamment de réformes pour respecter les normes qu’exige leur participation au MAP. Nous prendrons cette décision demain.
Deuxièmement, les relations OTAN-Russie. Le ministre russe des Affaires étrangères, M. Lavrov, rejoindra ses 28 collègues à la réunion du Conseil OTAN-Russie qui se tiendra vendredi. Je suis certain que les débats seront très instructifs et tournés vers l’avenir. Mon objectif, à la présidence du Conseil OTAN-Russie, est que nous puissions approuver la conduite d'une revue conjointe des défis et menaces du XXIe siècle, que nous établissions un plan de travail concret nous permettant de collaborer davantage pour faire face à ces menaces, dans l’intérêt commun de tous les pays membres du Conseil OTAN-Russie, et que nous approuvions une voie à suivre en vue de réformer les méthodes de travail du Conseil OTAN Russie.
Troisièmement, nous nous réunirons avec la Géorgie et avec l’Ukraine. L’engagement pris à Bucarest à l’égard de ces deux pays est toujours valable. Ils deviendront membres de l’OTAN lorsqu’ils respecteront les normes et s’ils le souhaitent. Nous parlerons des progrès accomplis dans les réformes, que l’OTAN continuera de soutenir. Nous remercierons également les deux pays pour les contributions qu'ils apportent à nos opérations et à nos missions, et je tiens à saluer en particulier la Géorgie, qui envoie un très important contingent en Afghanistan.
Le programme de notre réunion ministérielle, qui se tient au cours d’une semaine très importante, est donc bien rempli.
Q : Jamel Majida, Agence de presse des Émirats arabes unis. Excellence, quels ont été les résultats de la réunion d’Abou Dhabi et pourquoi n’invitez-vous pas les ministres des pays de l’ICI à assister à ces réunions ministérielles à Bruxelles ? Merci.
ANDERS FOGH RASMUSSEN (Secrétaire général de l’OTAN) : Tout d’abord, je dois dire que le séminaire et la conférence qui se sont déroulés il y a quelques semaines aux Émirats arabes unis ont été une grande réussite et que j'y ai eu des rencontres bilatérales très fructueuses avec les dirigeants politiques du pays.
Comme vous le savez, il est pour moi prioritaire de poursuivre le développement et le renforcement de nos partenariats dans le cadre de l'Initiative de coopération d'Istanbul, et également du Dialogue méditerranéen. C'est également pour cette raison que nous avons organisé des réunions avec nos partenaires au niveau des ambassadeurs, et que nous en prévoirons d’autres tout prochainement. Je n’exclus pas la possibilité de tenir ultérieurement des réunions au niveau ministériel, mais nous nous sommes engagés dans un dialogue très intense avec les pays faisant partie de ces partenariats.
Nous n’avons pas organisé de réunions avec tous nos partenaires cette semaine car nous avons un programme très chargé. Vous vous imaginez bien qu’il nous faut nous concentrer en particulier sur l'Afghanistan cette semaine.
Q : Hans (inaudible), Radio Zet (Pologne). Monsieur le secrétaire général, la Pologne souhaite envoyer 600 soldats de plus en Afghanistan. S'agit-il selon vous d'une contribution importante ? Peut-être aviez-vous compté sur davantage de troupes ?
Et une seconde question : quel type de troupes la Pologne a-t-elle promis de fournir ?
ANDERS FOGH RASMUSSEN : En fait, j'apprécie beaucoup l’engagement de la Pologne. J’ai récemment eu des réunions à Varsovie, et les discussions ont été très constructives. Nous comptons beaucoup sur une contribution supplémentaire de la Pologne.
Je ne souhaite pas entrer dans le détail au sujet des éléments spécifiques de cette contribution. Comme vous le savez peut-être, une conférence de génération de forces aura lieu la semaine prochaine, au cours de laquelle nos responsables militaires examineront de quelle manière les contributions apportées par chacun des pays de l’Alliance pourraient être intégrées au mieux dans le dispositif général.
Q : Lorne Cook, AFP. Dans son discours, le président Obama a évoqué la crédibilité de l'OTAN, et vous avez juste un peu parlé de ce que les pays alliés doivent faire s’ils veulent intensifier leurs efforts. Après les attentats du 11 septembre, nous avons invoqué l’article 5, et cette situation reste d’actualité. Le président Obama a pris une mesure audacieuse, qui pourrait très bien mettre en jeu sa présidence. Que doivent donc faire de plus les pays européens ? Je sais que vous ne pouvez pas quantifier les effectifs militaires à fournir, mais n'est-il pas temps que les dirigeants des pays alliés européens prennent des engagements similaires ?
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Il s’agit véritablement d’une mission de l’Alliance. Les 28 pays membres de l’OTAN sont soudés dans cet effort et, en outre, 15 pays partenaires au sein de la coalition de la FIAS contribuent également à notre opération en Afghanistan. C’est donc vraiment une opération de l’Alliance. Et il faut que cela reste ainsi.
J’apprécie beaucoup l’approche multilatérale des États-Unis et c’est aussi la raison pour laquelle je me suis efforcé d’encourager les pays alliés autres que les États-Unis et les partenaires à fournir de nouvelles contributions.
En fait, je pense que les pays alliés autres que les États-Unis ont donné la preuve de leur engagement clair à l'égard de notre opération en Afghanistan. Permettez-moi de vous rappeler que, ces trois dernières années, les pays alliés autres que les États-Unis ont pratiquement doublé leurs contributions, leurs véritables contributions à l’opération en Afghanistan. Comme je l’ai dit dans mon introduction, j'attends à présent d'eux de nouvelles contributions, à hauteur d'au moins 5 000 hommes, et probablement encore quelques milliers de plus.
Q : Jim Neuger, Bloomberg. Sur ce point précis, quels sont les pays dont vous attendez qu'ils fournissent des troupes supplémentaires et n'êtes-vous pas préoccupé par le fait que ces pays ne se sont pas manifestés immédiatement après le discours du président Obama, mais semblent attendre la conférence du mois de janvier, voyant cela comme l’une ou l’autre forme de condition avant l’annonce de nouveaux déploiements de troupes ?
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Oui, j’ai eu beaucoup de réunions et de pourparlers ces dernières semaines, mais il appartient à chacun des pays de l’Alliance d’annoncer leurs contributions concrètes. Après ces pourparlers, je suis certain que nous pouvons compter sur pas mal d’engagements. Il se peut que certains pays souhaitent attendre les conclusions de la conférence internationale du 28 janvier avant d’annoncer effectivement leurs contributions concrètes.
Pour moi, la chose la plus importante, ce n’est pas le calendrier, mais le fait que ces pays vont vraiment fournir davantage de troupes. Je pense donc que certains engagements seront pris dès à présent, d’autres à un stade ultérieur, mais dès le début de 2010, et on assistera alors à un renforcement des troupes dans le courant de l’année prochaine.
Q : Oui, Monsieur le Secrétaire général, David Brunnstrom de Reuters. Pourriez-vous nous donner quelques éclaircissements, vous avez mentionné 5 000 soldats supplémentaires au moins, et éventuellement quelques milliers de plus. Combien de ces soldats font partie des effectifs qui se trouvent déjà sur le terrain et y ont été envoyés dans le cadre des renforts pour les élections ?
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Eh bien, je ne suis pas en mesure de faire cette distinction de façon précise à l’heure actuelle. En fait, ce nombre de 5 000 correspond à une contribution supplémentaire par rapport à ce que nous avions prévu, pour 2010. Et j’espère pouvoir tabler sur un millier de soldats en plus de ce nombre. Je pense que c’est ce qui compte. Comprenez-moi bien, si un pays avait prévu de retirer certains soldats en 2010, nos commandants sur le terrain n’auraient normalement pas pu les intégrer dans leur dispositif. Alors, si ces soldats restent, il est un fait que cela renforce notre opération en Afghanistan.
James Appathurai (porte-parole de l'OTAN) : Slobo.
Q : Oui, Monsieur le Secrétaire général, dans presque tous les pays membres européens, l’opposition du grand public à cette guerre n’a cessé de croître à mesure que le nombre de soldats augmentait au cours des trois dernières années. Que proposez-vous pour contribuer à contenir cette opinion devenue majoritaire, et le scepticisme quant aux arguments selon lesquels les talibans représentent en quelque sorte une menace existentielle pour l’Europe ?
ANDERS FOGH RASMUSSEN : L’érosion du soutien du public à notre présence en Afghanistan que nous avons constatée dans les sondages d’opinion constitue bien entendu une source de préoccupation. Je pense que les gens veulent voir des progrès sur le terrain. Je le veux aussi. Et c’est également la raison pour laquelle il est tellement important de faire en sorte de transférer la responsabilité aux Afghans, aussi bien sur le plan de la sécurité qu’en ce qui concerne le développement. Et, pour ce qui est de la sécurité, cela signifie que nous transférerons la responsabilité principale en la matière aux forces de sécurité afghanes, district par district, province par province, à mesure que leur propre capacité s’accroîtra et que les conditions le permettront.
Il s’agira d’un transfert de responsabilité sous conditions aux Afghans, mais d’après ce que nous savons de la situation de sécurité dans différentes zones du pays, j’estime réaliste de penser que nous pourrons transférer la responsabilité principale aux Afghans dans 10 à 15 régions et districts dès l’année prochaine. Je tiens toutefois à souligner que ce transfert de responsabilité aux Afghans se fera sous conditions. Nous ne partirons pas sans être certains que les forces de sécurité afghanes peuvent réellement assumer la responsabilité de la sécurité dans les districts ou provinces en question.
Q : Oui, Brooks Tigner, Jane's Defence Weekly. Changeons de sujet et passons à la Bosnie. Si l’Alliance accorde un MAP à la Bosnie, elle fera évidemment valoir qu’il s’agit d’une mesure de stabilisation, mais on pourrait également affirmer, à l’inverse, qu’il est très risqué d’accorder un MAP à une entité fédérale d’une grande faiblesse intrinsèque et confrontée à de très vives tensions entre ses entités constitutives.
Monsieur Rasmussen, reconnaissez-vous ce risque ? Merci.
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Eh bien, permettez-moi de souligner qu’aucune décision n’a encore été prise, et je ne préjugerai pas de l’issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères. Je me suis rendu en Bosnie-Herzégovine vendredi dernier et je trouve encourageant de constater que la décision de solliciter un Plan d’action pour l’adhésion est une décision qui fait l’unanimité, non seulement au sein de la présidence bosniaque, mais aussi par-delà les clivages communautaires et politiques. Je trouve cela encourageant.
Et je pense que, conformément à la position commune de l'Alliance en la matière, l’objectif à long terme devrait être de voir la Bosnie-Herzégovine, de même que tous les autres pays des Balkans occidentaux, adhérer à l’OTAN et à l’Union européenne. La question n’est donc pas de savoir s’il faut accorder un Plan d’action pour l’adhésion à la Bosnie-Herzégovine, mais quand le moment sera venu de le faire.
Néanmoins, je crains de ne pas pouvoir répondre à votre question sans préjuger d’une manière ou d’une autre du débat des ministres, et c’est une chose que je ne veux pas faire. Je suis persuadé que nous aurons une discussion très franche et très ouverte et que les ministres pèseront le pour et le contre quand la décision finale sera prise, probablement demain.
Q : (Inaudible...), agence de presse nationale de l’Ukraine. Toujours au sujet des stratégies d’élargissement. Les ministres examineront-ils certaines décisions au sujet de l’accession de la Géorgie et de l’Ukraine au MAP ? Ces pays sont-ils moins prêts à obtenir un MAP que, par exemple, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro ? Merci.
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Je pense que les ministres confirmeront les décisions déjà prises aux sommets de Bucarest et de Strasbourg-Kehl concernant la Géorgie et l’Ukraine, et nous saluerons les progrès accomplis par ces deux pays dans le cadre de leurs programmes nationaux annuels.
Q : TV géorgienne. La situation en territoire géorgien occupé est très complexe (?). Des soldats russes ont enlevé 11 ressortissants géorgiens, dont quatre adolescents. L’OTAN évoquera-t-elle la situation dans les régions occupées de la Géorgie pendant la réunion du Conseil OTAN-Russie ? Et, autre question, comme vous le savez, l’intégration dans l’OTAN figure au sommet des priorités de la politique étrangère géorgienne. Quel sera le message des ministres des Affaires étrangères des pays de l’OTAN à l’opinion publique géorgienne à l’occasion de cette réunion ministérielle ?
Merci beaucoup.
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Je pense qu’il y a deux messages importants. D’abord, que nous insistons sur le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la Géorgie. Et ensuite, que la décision prise à Bucarest est toujours valable, et nous savons tous que nous avons décidé à Bucarest que la Géorgie et l’Ukraine deviendront membres de l’OTAN, pour autant, bien entendu, qu’elles répondent aux critères applicables.
Je pense qu’il s’agit là des deux principaux messages.
Q : Alain Franco, Radio Suisse Romande et RTL et Radio-Canada. Une question en français si vous pouvez éventuellement répondre en français pour moi et pour les autres radios francophones ici dans cette salle.
Êtes-vous déçu par la fin de non-recevoir présentée par le président Sarkozy au président Obama concernant l'Afghanistan ? Est-ce que vous allez essayer de convaincre la France de revenir sur cette décision et si vous pouvez en quelques mots nous rappeler en français donc combien de nouvelles troupes vous espérez obtenir à quel terme et sous quelles conditions? Merci.
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Au contraire, je suis encouragé par les commentaires du président Sarkozy. Le président Obama a annoncé une augmentation significative du nombre des troupes américaines en Afghanistan. Et dans cette situation, il est crucial à mon avis que les autres Alliés soient à la suite. Et en particulier, je tiens à accentuer deux points.
Premièrement l'équilibre au sein de l'Alliance est en jeu, il est important que l'opération en Afghanistan ne soit pas perçue comme une opération américaine pure et simple. Et, deuxièmement, nous avons demandé aux États-Unis d’adopter une approche multilatérale, mais je crois que les États-Unis commenceront à mettre en doute cette approche s’ils estiment que les autres Alliés n'assument pas leur part du fardeau. Donc, j'appelle tous les Alliés à augmenter le nombre de troupes en Afghanistan.
Q : De Rituerto, El País. Monsieur le secrétaire général, vous avez dit qu’il n’est pas question, ici, aujourd’hui, de stratégie de sortie d'Afghanistan. Or le président Obama a déjà fait part de son intention d’amorcer le redéploiement des troupes à la mi-2011. Et la presse évoque, annonce et souligne que les États-Unis envisagent d’ores et déjà de quitter l’Afghanistan. Comment conciliez-vous ces deux éléments, à savoir la déclaration du président Obama selon laquelle « nous commencerons le retrait en 2011 » et la vôtre, selon laquelle « nous resterons aussi longtemps que cela sera nécessaire » ?
Je vous remercie.
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Je pense en effet qu’il s’agit d‘une question très importante, et qu’il faut absolument interpréter ces éléments correctement. Personne n’a mentionné de date de sortie ; ce dont nous parlons, c’est d’une transition. Une transition vers le leadership afghan. J’ai répété maintes fois à quel point il est important de montrer la lumière au bout du tunnel, de montrer les progrès tangibles accomplis sur le terrain. Voilà pourquoi le passage du relais aux Afghans est si important.
Nous ne parlons donc pas d’une stratégie de sortie, mais d’une stratégie de transition qui, bien entendu, lorsque les conditions le permettront, conduira à un retrait des troupes internationales. Il faut toutefois souligner qu’il s’agit d’un processus subordonné à certaines conditions. Nous n’allons pas tout simplement abandonner les Afghans à leur propre sort. Nous allons rester et mener nôtre tâche à bien. Notre mission prendra fin lorsque les Afghans seront en mesure d'assurer eux-mêmes la sécurité et la gestion de leur pays.
Permettez-moi également de vous rappeler que la transition implique un remplacement progressif des troupes étrangères par des forces de sécurité afghanes. Il ne sera donc pas question d’un affaiblissement de la sécurité en Afghanistan. En effet, notre but est de former et d’entraîner un nombre croissant de militaires et de policiers afghans, afin qu'ils puissent assumer la responsabilité principale et que nous puissions évoluer progressivement vers un rôle de soutien au cours de cette transition.
Il ne s’agit donc pas de se précipiter vers la sortie, mais bien d'assurer la transition vers le leadership afghan.
Q : Paul Schneider, NOS (radiotélévision néerlandaise). Les Néerlandais ont déjà planifié leur retrait d’Afghanistan pour 2010. Suite à ce nouvel appel du président Obama pour l’envoi de troupes de l’OTAN supplémentaires, est-ce que vous pressez les Pays-Bas à rester plus longtemps ? Si c’est le cas, avez-vous déjà pris contact avec le gouvernement néerlandais à ce sujet ?
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Je reformulerais cela en ces termes : j'espère que les Alliés garderont à l’esprit à quel point il importe que cette mission reste une mission de l’Alliance et j’espère que d’autres Alliés suivront l’exemple des Américains, qui ont décidé d’envoyer un nombre substantiel de troupes supplémentaires pour nos opérations en Afghanistan.
Je suis convaincu que le gouvernement néerlandais, ainsi que d’autres gouvernements, prendront tous ces éléments en considération.
Q : (Inaudible...). Laissons de côté la confrontation militaire ; qu’en est-il du dialogue politique avec les talibans ?
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Je suis résolument favorable à un processus de réintégration et de réconciliation en Afghanistan. Je pense que c’est la voie à suivre. Mais il faut premièrement que certaines conditions soient remplies, à savoir qu'il s'agisse bien d'un processus dirigé par les Afghans. Un processus dont le gouvernement afghan doit prendre les rênes. Nous sommes bien entendu disposés à l’assister mais, fondamentalement, le processus doit être dirigé par les Afghans.
Deuxièmement, je pense qu’il est essentiel que les communautés et les parties engagées dans le processus de réintégration et de réconciliation acceptent et respectent la Constitution afghane.
Si ces conditions sont réunies, je pense qu’un processus de réintégration et de réconciliation en Afghanistan serait bénéfique pour l’ensemble de la société afghane.
Q : (Inaudible) de Tunisie. Monsieur le secrétaire général, vous savez que les journalistes du monde arabe se posent de nombreuses questions. Nous essayons donc de trouver quelques réponses à ces questions. Qu’en est-il du rôle de l’OTAN dans la région méditerranéenne et, deuxième question, de la confiance du peuple afghan ? Comment établir la confiance et changer la situation alors qu'au même moment et chaque jour ont lieu des pertes civiles, principalement civiles – des enfants, des femmes – dues aux frappes de l’OTAN ?
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Tout d’abord, permettez-moi d'insister sur le fait que nous sommes en Afghanistan pour protéger le peuple afghan. Je regrette profondément ces pertes civiles. Je sais que nos militaires sur le terrain mettent absolument tout en œuvre pour réduire à un minimum le nombre de pertes civiles.
Mais permettez-moi aussi de vous rappeler que la grande majorité des pertes civiles sont dues aux talibans. C’est un fait. Pouvez-vous me rappeler votre première question ?
Q : Le rôle de l’OTAN dans la région méditerranéenne.
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Oui. Comme je l'ai déclaré très clairement dès ma prise de fonctions en tant que nouveau secrétaire général de l'OTAN, l’une de mes priorités est de développer davantage nos partenariats avec les pays du Dialogue méditerranéen et de l'Initiative de coopération d'Istanbul.
J’ai rencontré tous les ambassadeurs de nos pays partenaires afin de m’entretenir avec eux de la façon dont nous pourrions approfondir notre coopération, à la fois sur le plan bilatéral, entre l’OTAN et chaque pays, et multilatéral, au sein de ces deux partenariats.
Dans quelques semaines, les 28 Alliés et les pays du Dialogue méditerranéen se réuniront au niveau des ambassadeurs. Je pense que cette réunion sera suivie d'une rencontre similaire avec les pays de l'Initiative de coopération d’Istanbul. Et d’ailleurs, nous venons de participer à un séminaire très réussi aux Émirats arabes unis. Nous sommes donc sur la bonne voie, et je prévois la poursuite du développement de ces partenariats pendant mon mandat de secrétaire général.
Q : Khalid Hameed Farooqi, Geo Television, Pakistan. Monsieur le secrétaire général, chaque fois que l’on entend parler dans les capitales des pays occidentaux du transfert de responsabilité aux Afghans ou du fait de quitter certains districts, en particulier dans le sud-est de l’Afghanistan, le gouvernement d’Islamabad s’inquiète. Hier encore, le ministre des Affaires étrangères a affirmé que l’OTAN devrait rester encore au moins cinq ans en Afghanistan, et le premier ministre a déclaré qu’une augmentation des troupes de l’OTAN en Afghanistan mettra de la pression sur les combattants talibans, qui passeront alors au Pakistan à travers le Nord-Waziristan. Quelles sont les mesures qui sont prises pour empêcher ces combattants d’entrer dans le Nord-Waziristan ?
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Tout d’abord, permettez-moi de souligner qu’en fait, nous avons accru l'effectif international dans le sud mais également dans l'est de l'Afghanistan au cours de l'année écoulée.
En outre, le renforcement des troupes auquel nous allons assister se concentrera aussi en grande partie sur ces régions de l’Afghanistan, notamment dans le sud.
J’ajouterai qu’il est, bien sûr, d’une importance cruciale de coopérer étroitement avec le Pakistan, et je saisis l’occasion qui m’est offerte pour rendre hommage au gouvernement et aux militaires pakistanais pour la lutte déterminée qu’ils mènent contre les terroristes dans la région frontalière. Comme vous l’avez souligné à juste titre, nous ne pourrons pas réussir sans conjuguer nos efforts dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme dans ces régions.
JAMES APPATHURAI : Il reste juste assez de temps pour une dernière question.
Q : Denis Doubrovine, ITAR-TASS. Monsieur le secrétaire général, hier, l’ambassadeur de Russie, Dimitri Rogozine, a affirmé que certains pays de l’OTAN bloquaient la préparation des documents destinés à la réunion ministérielle du Conseil OTAN-Russie parce que l’OTAN ne souhaite pas que les travaux du Conseil OTAN-Russie aient pour objectif principal de débattre de la nouvelle configuration de la sécurité européenne.
Cette question est-elle si difficile à débattre entre la Russie à l'OTAN, au point que l’on risque de compromettre la première réunion ministérielle officielle du Conseil OTAN-Russie depuis un an ? Merci.
ANDERS FOGH RASMUSSEN : Tout d’abord, permettez-moi de souligner que je ne compte pas faire de commentaires au sujet de négociations et de discussions en cours au sein du Conseil OTAN-Russie. Je dirais simplement qu'il n'est pas honnête de désigner tel ou tel pays à ce sujet. Nous sommes en plein processus de négociation et il est assez naturel d’avoir des discussions juste avant une réunion des ministres des Affaires étrangères où nous allons prendre des décisions importantes. Et certaines négociations sont rudes, je peux le confirmer. Mais je suis persuadé que tous les pays membres du Conseil OTAN-Russie sont résolus à trouver des solutions constructives, c’est tout ce que je peux dire pour le moment. Nous tiendrons la réunion des ministres des Affaires étrangères vendredi, et je suis pratiquement certain que nous trouverons les compromis nécessaires et que nous prendrons des décisions importantes ce jour-là.
JAMES APPATHURAI : Nous n’avons plus assez de temps pour d’autres questions.