Video interview

avec Christian Lambert, contrôleur financier de l'OTAN 

  • 21 Apr. 2004 -
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  • Mis à jour le: 04 Nov. 2008 00:24

Q: Bonjour, Monsieur Lambert.

Lambert: Bonjour.

Q: Une première question très directe. Combien coûte l'OTAN?

Lambert: Tout dépend de ce que l'on inclut dans le périmètre de l'OTAN. Si vous considérez uniquement le secrétariat international, pour l'année 2004 le budget tourne aux alentours de 170 millions d'euros. Mais il y a plus que secrétariat international, il y a la partie militaire, le budget pour l'année 2004, le budget militaire de l'OTAN s'élève à une somme aux alentours de 810 million d'euros. Mais il y a plus que le secrétariat international et le budget militaire. Il y a un budget d'infrastructure qui fonctionne sur une base tout à fait particulière et très différente des autres budgets, et il y a plus encore, il y a un certain nombres d'agences auxquels certains États membres en participent et d'autres pas.

Globalement ce que je peux affirmer c'est que l'ensemble de tous ces budgets totalisent environ un demi pourcent de l'ensemble des budgets des ministères de la défense des pays membres. Ce qui globalement ne représente pas une somme énorme.

Maintenant comment finance-t-on les différents budgets de l'OTAN? C'est très particulier pour chacun de ces budgets il y a une clé de répartition entre les États membres. Cette clé de répartition est différente selon le budget et chaque État membre connaît bien entendu son pourcentage de cotisations au budget et donc lorsque nous appelons les contributions des États membres nous demandons à chaque état de nous financer à concurrence du pourcentage qui lui est affecté.

Q: Certaines organisations internationales ont parfois des problèmes à faire payer aux pays-membres leurs contributions à l'organisation. Est-ce le cas pour l'OTAN?

Lambert: Pas à ma connaissance et pas depuis que je travaille à l'OTAN. Ce que l'on peut dire, c'est qu'en règle générale, les états-membres paient rapidement lorsque nous faisons appel à leur contribution. Il y a une certaine souplesse. Nous n'exigeons pas que les états-membres paient dans un délai extrêmement bref, mais jusqu'à présent, les états-membres ont toujours payé dans un délai tel que nous n'avons jamais eu de problèmes de trésorerie.

Q : Et mis à part les budgets civils et militaires, il y a un troisième budget qui finance l'infrastructure nécessaire aux forces armées des pays membres. Pouvez-vous expliquer comment cela fonctionne et qui paie?

Lambert : C'est assez compliqué. Je vais essayer d'expliquer ça le plus clairement possible et donc je vais schématiser. Il y a effectivement un budget qui finance les infrastructures. Alors, le principe qui est derrière le fonctionnement de ce budget est le suivant : Chaque état-membre cotise je veux dire sur papier, cotise virtuellement au budget de ces infrastructures et le comité de l'infrastructure se voit présenter par chaque état-membre des projets d'infrastructure à réaliser dans chaque état-membre en particulier, projets d'infrastructure qui sont admis ou non-admis par le comité de l'infrastructure. S'ils sont admis au financement par le comité de l'infrastructure, on passe une opération budgétaire sur papier qui revient à déduire de la cotisation de l'état-membre le financement réalisé par cet état-membre sur son propre territoire pour une infrastructure que le comité de l'infrastructure a accepté de financer.

Et donc, in fine, nous arrivons à une situation où l'on a des états-membres qui ont beaucoup de travaux d'infrastructure qui se réalisent sur leur territoire et pour lesquels leur cotisation est inférieure à la somme des travaux d'infrastructure réalisé. Donc, ces états-membres se voient créditer par l'infrastructure. Les états-membres qui au contraire ont peu de travaux d'infrastructure, quelle qu'en soit la raison, peu de travaux d'infrastructure acceptés par le comité d'infrastructure, ces états-membres là sont in fine débiteurs.

Et donc, le total des débits est égal au total des crédits et c'est alors que se déroulent des transferts financiers d'un état-membre vers l'autre.

Q : Et qui finance les coûts supplémentaires liés au lancement d'une nouvelle opération militaire telle que celle menée en Afghanistan?

Lambert : Pour le dire d'une manière très courte, ce sont les nations. C'est l'ensemble des nations membres de l'OTAN qui financent via un supplément au budget militaire, qui vont financer une action nouvelle. Que ce soit en Afghanistan ou ailleurs, toute action nouvelle qui n'a pas été prévue au budget nécessite forcément un budget supplémentaire, lequel est payé par les nations en fonction des clés de répartition dont j'ai parlé tout à l'heure.

Q : Et les chefs d'état et de gouvernement de l'OTAN ainsi que les ministres des Affaires étrangères et de défense se rencontrent de façon régulière à l'OTAN ou donc dans un autre pays. Qu'en est-il des ministres des Finances? Pourquoi ils ne se rencontrent pas? Et s'ils se rencontraient, serait-ce constructif?

Lambert : C'est une question très politique. Je me suis laissé dire que dans un passé très lointain, les ministres des Finances des pays-membres de l'OTAN se rencontraient. La pratique a été abandonnée il y a très longtemps également. Je n'en connais pas la raison mais ce que je peux dire, c'est que s'il est un fait qu'aujourd'hui les ministres des Finances des pays membres de l'OTAN ne se rencontrent pas dans un cadre OTAN, je ne suis pas persuadé que cela soit nécessaire que les ministres des Finances se rencontrent dans le cadre OTAN. Ça pourrait avoir une utilité. Ce n'est pas à moi d'en juger de l'utilité en question. Mais je constate que l'ensemble de l'organisation fonctionne et fonctionne bien sans cela.